Antropo, 8. www.didac.ehu.es/antropo

Le débat


Concernant le point du vue du taoisme sur la création, il me semble qu'un malentendu s'est glissé dans la publication. En effet, la création existe dans la philosophie taoiste.
La Tao, principe fondateur, immuable et éternel est à l'origine de la création de deux forces complémentaires: le yin et le yang. Celles-ci par leurs mélanges multiples ont donnés naissance à l'Univers. Les êtres n'ont alors de cesse (par la méditation, une conduite morale juste et autres rituels) de retourner au principe fondateur et de s'unir avec le Tao. (dictionnaire de la sagesse orientale, Lafon, 1997).
Certains voient dans cette conception de la création du monde une analogie avec la théorie du big-bang et des univers-bulles: A partir du vide (selon les écrits chinois, le Tao ne serait que vacuité), se seraient créés de multiples univers, certains faits de matière, d'autres d'antimatière.

Je vous remercie pour cet article érudit, mettant en relief toute l'importance de l'enseignement de la biologie dans le secondaire.

Sébastien Auriol,
Etudiant agrégatif en sciences de la vie et de la Terre, France.


Cher Charles,

Je vois que ton récent article publié dans ANTROPO est mentionné dans un site intéressant publié à Milan http://www.eversincedarwin.org/darw/appro.asp?idnotizia=206 Le nom du site consacré à l’évolution est Pikaia
http://www.eversincedarwin.org/

En lisant ton article, je vois qu’en ce qui concerne la position du Vatican par rapport à l’évolution, tu écris “Ce n'est seulement qu'en 1996 que le pape
Jean-Paul II mentionne à l'académie pontificale des sciences que des connaissances récentes amènent à reconnaître que la théorie de l'évolution est plus qu'une hypothèse (récentes ??)”. En fait tu ne considères pas le document Fides et Ratio (1998):
http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_15101998_fides-et-ratio_en.html
Ce document, que j’ai trouvé récemment et qui lui aussi n’a pas été utilisé dans la discussion en Italie, me semble cependant plus important que la lettre de 1996 puisqu’il s’agit d’une lettre encyclique. Le paragraphe 54 cite l’évolutionisme en se référant à l’encyclique Humani Generis (1950) et ne mentionnant pas la lettre de 1996 du pape actuel.

Si, par après, l’évolutionisme n’est plus jamais cité, les sciences sont mises en comparaison, comme au paragraphe 88, avec la philosophie et la théologie et deviennent très légèrement du scientisme lorsqu’elles mettent certains principes théologiques en danger.

D’ailleurs la lettre de 1996 mentionnait déjà que l’évolution “est de la compétence de l’analyse et de la réflection philosophique, alors que la théologie y apporte sa signification ultime conforme aux plans du Créateur”. Cette phrase, conforme aux deux encycliques me semblent donc plus importante que les mots "des connaissances récentes amènent à reconnaître que la théorie de l'évolution est plus qu'une hypothèse".

Je te signale aussi l’existence d’une version anglaise de Interdisciplinary Encyclopaedia of Religion and Science où certains termes sont accessibles http://www.disf.org/en/default.asp
comme
EVOLUTION: http://www.disf.org/en/Voci/64.asp, écris par un zoologiste de Pisa, intéressé à Teilhard de Chardin et aussi professuer d’évolution biologique à la School for Religion Teachers de Pisa.
CREATION http://www.disf.org/en/Voci/45.asp par le directeur de cette encyclopédie
Anthropic Principle: http://www.disf.org/en/Voci/31.asp par le directeur de cette encyclopédie
Man, Origin and Nature: http://www.disf.org/en/Voci/121.asp written par le prof. Facchini.
Documents about Faith and Science: http://www.disf.org/en/documentation.asp

Cordialement
Daniele Formenti
E-mail: formenti@unipv.it
| Dip.Biologia Animale, Lab. Antropologia. Tel:xx39/0382/986324
/ \ P.za Botta 10, 27100 PAVIA ITALY. Fax:0382-0431140
Dept.Web homepage: http://www.unipv.it/webbio/welcome.htm
Lab. page: http://www.unipv.it/webbio/labweb/primantr/baantrop.htm


Cher Daniele,

Merci de tes informations très utiles !
En effet, je n’avais pas connaissance de cette encyclique Fides et Ratio, qui ne correspond en rien avec ce que l’on avait cru percevoir dans la lettre de 1996: utiliserait-on un autre langage devant l’académie pontificale des sciences que pour le reste du monde ?

Ce qui me frappe dans le paragraphe 54 est notamment la phrase : “Le Pape Pie XII à son tour fit entendre sa voix quand, dans l'encyclique Humani generis, il mit en garde contre des interprétations erronées, liées aux thèses de l'évolutionnisme, de l'existentialisme et de l'historicisme. Il précisait que ces thèses n'avaient pas été élaborées et n'étaient pas proposées par des théologiens, et qu'elles avaient leur origine « en dehors du bercail du Christ ». Il n’est nulle part fait allusion à la lettre de 1996 et on reste donc purement et simplement à la position de l’Eglise en 1950.

Plus loin le même paragraphe dit “Les théologiens et les philosophes catholiques, qui ont la lourde charge de défendre la vérité humaine et divine, et de la faire pénétrer dans les esprits humains, ne peuvent ni ignorer ni négliger ces systèmes qui s'écartent plus ou moins de la voie droite.” On en revient donc à la Vérité !! D’ailleurs les autres paragraphes tournent souvent autour de cette vérité (paragraphe 50: “nous, évêques, avons le devoir d’être « témoins de la vérité »)

Comme tu le signales justement, le paragraphe 88 est intéressant à plus d’un titre “Le scientisme est un autre danger qu'il faut prendre en considération. .... La science s'apprête donc à dominer tous les aspects de l'existence humaine au moyen du progrès technologique.”. Je crois qu’en fait ce qui est dérangeant pour l’Eglise sont essentiellement ces connaissances biologiques qui analysent et décortiquent la vie, et questionnent donc le sens de la vie. Le paragraphe 81 est intéressant à ce niveau “On doit noter que l'un des aspects les plus marquants de notre condition actuelle est la « crise du sens ». Les points de vue sur la vie et sur le monde, souvent de caractère scientifique, se sont tellement multipliés que, en fait, nous assistons au développement du phénomène de la fragmentation du savoir. C'est précisément cela qui rend difficile et souvent vaine la recherche d'un sens. “

Ces encycliques sont toujours un langage particulier. Comment comprendre par exemple le paragraphe 49 ? « Une philosophie qui ne procéderait pas à la lumière de la raison selon ses principes propres et ses méthodes spécifiques ne serait pas d’un grand secours » alors que deux phrases plus loin on écrit « Une philosophie consciente de son « statut constitutif » ne peut pas ne pas respecter non plus les exigences et les évidences propres à la vérité révélée. »

Merci à nouveau donc pour tes commentaires qui enrichissent, je crois, ce débat.
Amicalement
Charles Susanne