Colloques du Groupement des Anthropologistes de Langue Française (GALF)
Anthropologie, environnement
et santé
Anthropology, environment and health
Charles Susanne
Université libre de Bruxelles.
Lab. Anthropologie (CP 192). 50 av F. Rossevelt. 1050 Bruxelles.
E-mail: scharles@vub.ac.be
Mots clés : santé, croissance, obésité, évolution séculaire, nutrition
Keywords : health, growth, obesity, secular evolution, nutrition
L'anthropologie étudie l'homme sain dans son milieu
naturel, elle étudie la normalité et ses variations dans le temps (comme les
effets de l'âge), dans l'espace (comme les différences rural-urbain), dans le
champ socio-économique (comme les effets de différences nutritionnelles, de
santé, d'exposition à des risques, ...).
L'anthropologie est donc habituée à utiliser des méthodes
épidémiologiques et statistiques, à relier ses observations aux conditions
mésologiques, à interpréter en termes d'évolution, de sélection et donc de
santé, à utiliser ses résultats en termes d'analyse historique du
paléo-environnement, à l'appliquer en termes d'extrapolation vers le futur des
populations humaines (Susanne, C. et coll. 2003). "Anthroplogy is holistic, evolutionary, cross-cultural,
comparative and population-based" (Lasker, 1969).
L'anthropologie permet de mieux appréhender les besoins nutritionnels
de l'espèce humaine, et de mieux définir les conditions de stress où des aides
extérieures seraient éventuellement nécessaires. Les conditions de stress sont fréquentes et doivent être
étudiées en fonction de nombreux facteurs locaux, biotopes extrêmes, climats
difficiles, contraintes saisonnières, catastrophes naturelles, déplacements
(forcés) de populations.
Anthropology studies healthy human beings in its
natural environment, it studies the normality and its variations with time (such
as the effects of age), in space (such as rural-urban) differences, in the
socio-economical sphere (as the effects of nutritional differences, of health,
of exposition to risks, ...).
Anthropology is thus used to utilise epidemiological and statistical
methods, to link observations to environmental conditions, to make interpretations
in function of evolution, of
selection and thus of health, to utilise these results in terms of historical
analysis of the paleo-environment, to apply it in terms of extrapolation to the
future of human populations (Susanne, C. et coll. 2003). "Anthroplogy is holistic,
evolutionary, cross-cultural, comparative and population-based" (Lasker,
1969).
Anthropology allows to better examine the nutritionnal needs in the human
species, and to better define the stress conditions where the external help
would be eventually necessary. The stress conditions are frequent and must be
studied in function of numerous local factors , extreme biotopes, difficult
climates, seasonal fluctuations, natural catastrophies, (forced) movements of
populations.
Introduction
L'anthropologie
étudie l'homme sain dans son milieu naturel, elle étudie la normalité et ses
variations dans le temps (comme les effets de l'âge), dans l'espace (comme les
différences rural-urbain), dans le champ socio-économique (comme les effets de
différences nutritionnelles, de santé, d'exposition à des risques, ...)
(Rosetta, 2003). L'anthropologie
est donc habituée à utiliser des méthodes épidémiologiques et statistiques, à
relier ses observations aux conditions mésologiques, à interpréter en termes
d'évolution, de sélection et donc de santé, à utiliser ses résultats en termes
d'analyse historique du paléo-environnement, à l'appliquer en termes
d'extrapolation vers le futur des populations humaines (Susanne, C. et coll.
2003). "Anthroplogy is
holistic, evolutionary, cross-cultural, comparative and population-based"
(Lasker, 1969).
L'éthique
environnementale ne conçoit plus la nature de manière anthropocentrique, elle est
écocentrique. Ainsi, l'être humain
n'est qu'un des éléments de l'écosystème général, il fait partie intégrante de
la nature et il ne peut s'en dissocier.
Le respect et la protection de la nature peuvent faire partie d'une
politique de gestion, à court terme donc ; cependant, une politique à long
terme de développement durable s'impose, si on veut respecter les droits des
générations futures.
Les
atteintes aux équilibres naturels, ou les accidents écologiques, ne peuvent
plus être considérés comme des événements locaux : l'écologie est devenue
globale et l'écologie humaine celle d'un grand village de 6 milliards
d'habitants. Différentes formes de
pollution de l'eau et de l'air (Gopal, Seveso, Tchernobyl, ...), le traitement
des déchets dangereux, la diminution de la couche d'ozone, les pluies acides et
le réchauffement du climat sont des atteintes à un patrimoine commun et
inaliénable.
L'anthropologue
étudie l'individu et/ou la population humaine et donc implicitement aussi la
nature sociale de l'être humain.
La biologie humaine est tellement liée et intimement intégrée à la
culture humaine, que l'étude des seuls facteurs biologiques ou des seuls
facteurs sociaux ne peut plus se justifier. L'adaptabilité humaine n'est autre que l'intégration de
l'ensemble de ces facteurs. En d'autres termes, l'adaptation de l'Homme n'est,
le plus souvent, pas uniquement la seule réponse aux effets environnementaux,
souvent la culture atténue les pressions environnementales.
Les facteurs
culturels interviennent dans des domaines aussi essentiels que l'alimentation
et la santé, que ce soit pour les maladies d'origine infectieuse ou parasitaire
ou celles non transmissibles de type dégénérative. L'âge moyen au décès dépend aussi de facteurs culturels et
sociétaux : maîtrise des maladies infectieuses entraînant une diminution des
mortalités périnatale et infantile, ainsi que de celles des jeunes adultes
(contrôle de la tuberculose par exemple).
Cette amélioration de l'hygiène et les progrès de la médecine ont
abaissé le niveau de mortalité mais n'ont pas été suivis (directement) par une
baisse de la fécondité : le résultat en est une explosion démographique. Avec six milliards d'Hommes et 10 à 12
milliards prochainement, sur un seul vaisseau, la Terre, il nous faut inventer les
règles d'harmonie entre populations.
La culture
humaine est devenue par son ampleur "inhumaine" et les moyens
techniques, qui en découlent, sont tels que l'être humain a acquis les moyens
de modifier radicalement la biosphère et peut-être d'en guider les
transformations. Les modifications en terme de lutte contre les maladies, et
même contre les risques génétiques, nous conduisent à essayer de gérer la
qualité de la vie humaine. Le tout
est de voir "jusqu'où aller" et de ne pas développer une peur de l'avenir,
de ne pas se réfugier dans les rituels du passé ou de ne pas consulter, sans
esprit critique, "voyantes ou autres gourous".
L'internationalisation du capital connaît ces dernières années une
accélération sans précédent agissant comme un moteur de globalisation. Cette globalisation est une épée à
double tranchant. Elle présente
des aspects positifs comme une conscience planétaire, une solidarité accrue
(potentiellement en tous les cas), une citoyenneté mondiale, une sensibilité
aux droits de l'Homme, une communication globalement accélérée. Est globalisé aussi le développement de
normes internationales (droits du travail, droits de l'Homme) et même la
création d'une cour pénale internationale. Mais, inversement, la même globalisation s'avère négative,
puisque liée à une inégalité croissante entre nations et entre individus au
sein de chaque nation, à un "colonialisme" organisé par des
multinationales, à une homogénéisation culturelle (américanisation), à une
marchandisation de tous les aspects de la vie, y compris de l'éducation, de la
santé et de la culture. Il est
difficilement concevable que l'on continue la politique actuelle de
globalisation dans un chaos grandissant d'exclusion sociale, de violence, de
dégradation de l'environnement, de sous-développement culturel et politique,
dans une situation qui n'est pas seulement immorale mais inhumaine. Les populations contraintes de vivre
dans des conditions déplorables (selon la Banque Mondiale en 2000, 24% de la
population mondiale vit avec moins d'un $ par jour, 44% en Asie du Sud et 46%
en Afrique subsaharienne), privées aujourd'hui de tout ce qu'elles savent, par
l'ouverture du monde exister ailleurs, ne resteront pas toujours sans
protester.
Le concept
d'humanité est donc, aujourd'hui plus que hier, d'importance primordiale. L'histoire de nos sociétés est une
histoire de définition de territoires, de limites géographiques et de
tentatives de préserver ces territoires, de les agrandir, de les étendre. Mais, les conditions de vie des
populations humaines ont changé : l'humanité est confrontée à une
surpopulation, à une accélération des échanges de personnes ou de marchandises
et à un échange instantané des informations. L'humanité n'a plus qu'un seul territoire, peut-être que les
Hommes ne le réalisent pas encore toujours.
L'être
humain ne peut être défini par sa seule biologie et génétique, il faut
l'expliquer également par des critères linguistiques, sociaux et
culturels. Les êtres humains par
le langage, par l'écriture, par les nouveaux moyens de communications ont créé,
et créeront encore, des structures qui n'existent que par l'Homme
lui-même. Les Hommes les
acceptent, les décident ; ils devraient donc veiller à ce que les structures
les rendent plus libres et ne les asservissent pas. L'Homme est tel que "l'homme est fait de tous les
hommes" (J.P. Sartre).
1. Croissance et nutrition
Il s'agit
d'une discipline classique de l'anthropologie, dont les applications sont
importantes. Ces études restent
indispensables pour situer l'état de santé à la fois d'un individu ou d'une
population.
En termes
individuels, les enquêtes de croissance permettent d'établir des normes et donc
de situer les enfants sortant de la normalité, aussi bien en excès qu'en
insuffisance. Elles permettent
donc d'aborder des problèmes aussi divers que celui de l'obésité, des carences
nutritionnelles, des maladies ou des syndromes génétiques, des différences
socio-économiques, voire même de facteurs psychologiques.
Ces études
impliquent de développer des normes locales afin d'éviter la comparaison avec
des normes internationales où les individus étudiés diffèrent par leur
potentialité génétique et par leur niveau de santé et de nutrition. Quel sens donner en effet à une
comparaison de normes internationales développées à partir d'enfants bien
nourris de pays développés avec des enfants chroniquement mal nourris de pays
en voie de développement ? La
priorité doit donc être donnée à des normes locales sur des populations dont le
mode de vie sera décrit avec détails.
chroniquement
mal nourris de pays en voie de développement ? La priorité doit donc être donnée à des normes locales sur
des populations dont le mode de vie sera décrit avec détails (fig. 1).
De même,
dans le domaine nutritionnel, il nous faut tenir compte de différents facteurs
de variation, âge, sexe, niveau socio-économique, mode de vie, saisonnalité des
ressources alimentaires, habitudes culturelles, état physiologique (des femmes
notamment), facteurs comportementaux.
Déjà
Quételet (1796-1874) nota cette
relation entre nutrition et
croissance pour le poids et la taille de nouveau-nés à l’Hospice de la
Maternité de Bruxelles, ainsi que pour les courbes de croissance observée à
Bruxelles. Il inventa l’indice de l’indice de Quételet (poids en kg divisé par
la taille au carré) , connu par après comme l’indice de masse corporelle (IMC
ou BMI de la littérature anglaise).
Figure 1. A titre d’exemple une courbe de croissance
établie pour la taille des filles de Quito (Monnier et coll. 2003)
Figure 1. As an example, a curve of growth established for
the stature of girls of Quito
(Monnier et al, 2003)
Figure 2. Besoins énergétiques et pourcentage de l’énergie
nécessaire pour la croissance en relation avec le poids
Figure 2. Energy intake and percentage of energy required
for growth, in relation to body weight.
Le maintien
des fonctions corporelles exige de l’énergie liée à la masse corporelle, il
exige d’ailleurs toujours la majorité de l’apport énergétique. Pour la
croissance, le pourcentage d’apport énergétique est de 30% à un mois, seulement
2% à 1 an et 1% à la fin de la seconde année (Bergmann and Bergmann, 1986). Des
apports inadéquats de nourriture ou une nourriture trop peu calorique est la
principale cause de croissance trop peu élevée spécialement pendant les
périodes où la vitesse de
croissance est élevée. Au contraire, lorsque l’apport nutritionnel est en excès
par rapport aux besoins, une accumulation de graisse peut en résulter. De
nombreux exemples existent dans la litérature comme dans des pays en voie de
développement où une carence nutritionnelle peut exister, comme dans les cas de
famine des deux guerres mondiales (Wolff, 1935; Markowitz, 1955; Kimura, 1984).
Robertson (1988) a montré des effets de la guerre de Bosnie entre décembre 1993
et mai 1994: le poids était en clair déficit avant le cessez le feu, et un
regain de poids a été observé par après. L’IMC était plus affecté en milieu
urbain qu’en milieu rural plus auto-suffisant en terme alimentaire.
Des
comportements alimentaires, tels qu'anorexie ou boulimie, sont pathologiques
mais de jeunes sportifs/ves peuvent décider de réduire leur apport alimentaire
également et des effets de mode peuvent avoir le même effet.
L'anthropologie permet ainsi
de mieux appréhender les besoins nutritionnels de l'espèce humaine, et de mieux
définir les conditions de stress où des aides extérieures seraient
éventuellement nécessaires. Les
conditions de stress sont fréquentes et doivent être étudiées en fonction de
nombreux facteurs locaux, biotopes extrêmes, climats difficiles, contraintes
saisonnières (Pagézy, 2003), catastrophes naturelles, déplacements (forcés) de
populations.
1.1. Etat nutritionnel
L'état
nutritionnel peut être considéré comme la condition corporelle résultant de
l'équilibre entre l'ingestion d'aliments et leur utilisation par
l'organisme. Il peut être évalué
de manière indirecte par l'analyse du régime alimentaire : cette analyse
s'effectue par interviews rétrospectifs, où la personne se remémore les
aliments consommés pendant les journées antérieures, ou par enquêtes
prospectives, où la personne note ce qu'elle ingère durant un intervalle de
temps déterminé. Ces enquêtes
doivent être simples et envisager non seulement les quantités d'aliments mais
aussi des facteurs culturels tels que le type de cuisine, d'horaire et de
nombre de repas, de variation liée aux journées festives.
De manière
plus directe, l'analyse biochimique mesure les niveaux d'excrétion de
métabolites dans les liquides corporels (Tableau 1, tiré de Marrodan,
2003). Derrière leur objectivité,
l'interprétation est affectée par l'âge, le sexe, l'état physiologique, le
stress, la consommation de certains médicaments.
DEFICIENCE NUTRITIONNELLE |
TEST CLASSE 1 (*) |
TEST CLASSE 2 (**) |
Protéino-calorique |
Protéines totales du sérum Albumine sérique (g/l) Urée dans l'urine (g/g créatinine) |
Fractions protéiniques (transferrine, préalbumine) par électrophorèse Acides aminés Excrétion de créatinine urinaire par unité de temps (mg/24h) |
Lipides |
Cholestérol total (mmol/l) Triglycérides (mmol/l) |
Lipoprotéines HDL |
Vitamine A |
Rétinol sérique (mg/100 ml) Carotène sérique (µg/ml) |
|
Vitamine C |
Acide ascorbique sérique (mmol/ml) |
Acide ascorbique (µmol/g p.leucocyte) Acide ascorbique dans l'urine (mmol/24h) |
Vitamine D |
Phosphatase alcaline sérique (IU/l) |
Calcium sérique (mmol/l) |
Riboflavine |
Riboflavine urinaire (mg/g créatinine) |
Glutathion réductase érythrocytaire |
Vitamine B12 |
Acide méthylmalonique urinaire (mg/g créatinine) |
Vitamine B12 sérique |
Fer |
Hémoglobine (g/dl) Hématocrite (%) |
Fer sérique (µmol/l) Transferrine (% saturation) |
Iode |
Iode urinaire (µmol/l) |
Test d'évaluation thyroïdienne |
* Test de classe I : de
réalisation relativement simple et le plus fréquemment utilisé
dans des études
nutritionnelles de population générale
** Test de classe II : inclut des preuves
de méthodologie plus compliquée, cependant plus sensible
à la déficience nutritionnelle
et permettant un diagnostic plus certain
Tableau 1. Preuves biochimiques les plus fréquentes dans
l'évaluation de l'état nutritionnel (à partir de Marrodan, 2003)
Table 1. Biochemical tests in the evaluation of the
nutritional status (from Marrodan, 2003)
La technique anthropométrique est non
invasive, simple, rapide et reproductible, elle est adéquate au travail sur le
terrain et dans des enquêtes épidémiologiques. Taille, poids, périmètre du bras, plis sous-cutanés sont de
bons indicateurs des conditions nutritionnelles, ainsi que les périmètres
abdominal et de la hanche dans l'indication du type d'obésité. Elles peuvent servir au dépistage de
malnutrition protéino-énergétique ainsi que de l'obésité.
L'indice de Quételet, ou indice de masse
corporelle (IMC), est souvent utilisé (IMC=poids/taille2). L'OMS a établi des valeurs limites
(Rebato, 2003) :
<18,5 kg/m2 : déficit calorique
18,5-25 kg/m2 : normal
25-30 kg/m2: surpoids
>30 kg/m2: obésité
Il s'agit
donc d'un paramètre très facile à calculer permettant de mesurer la condition
nutritionnelle (de la dénutrition à l'obésité), de diagnostiquer l'anorexie
nerveuse et le profil du risque cardio-vasculaire. Par exemple, Herrera et coll. 2003 démontrent clairement une
corrélation entre IMC et apport énergétique chez des étudiants vénézuéliens ,
malgré une assez grande homogénéité de cet apport dans l’échantillon étudié (figure 3).
Figure 3. Corrélation entre IMC et apport énergétique chez
des étudiants vénézuéliens
(Herrera et coll, 2003)
Figure 3. Correlation between BMI and the energetical
supply in venezuelian students (Herrera et al, 2003)
La graisse sous-cutanée
représente approximativement 80% du total de la graisse corporelle et donc
l'épaisseur des plis adipeux sous-cutanés est une bonne estimation de la
réserve calorique. Ils sont
souvent utilisés dans l'identification de l'obésité, comme le pli tricipital,
bicipital, subscapulaire et suprailiaque ainsi que la somme de ces plis.
L'indice
abdominal/hanche (rapport des périmètres abdominal/hanche) est un indice
d'adiposité différenciant le mode d'accumulation adipeux en type androïde et
gynécoïde.
"Durant
l'enfance et l'adolescence, la monitorisation de la croissance et du
développement est une des meilleures stratégies pour estimer le niveau
nutritionnel ; ceci justifie que l'UNICEF l'a inclue comme une des 4 priorités
dans les programmes de vigilance épidémiologique des pays du Tiers Monde. De tels programmes, créés en 1984, sont
connus par le sigle GOBI, s'occupant des facteurs primordiaux dont il faut
tenir compte pour améliorer la nutrition et réduire la mortalité infantile : G
pour la monitorisation de la croissance (growth), O pour l'hydratation
"orale" comme thérapie antidiarrhéique, B pour la promotion de la
lactation maternelle (breastfeeding) et I pour l'"immunité" que
confèrent les vaccinations contre les principales maladies infectieuses"
(Marrodan, 2003).
Les courbes
de croissance permettent de constater si un individu est situé au sein des
limites de variabilité normale de sa population d'âge et de sexe, on parle de
normes ou de standards. Les normes
basées sur la population nord-américaine (NCHS, Hamill et coll., 1977) ont été
largement utilisées dans diverses enquêtes mondiales, ainsi plus récemment que
celles du NHANES (National Health and Nutrition Examination Survey, Frisancho,
1990). Cependant, il s'agit de normes
surestimant la prévalence de la dénutrition : il est difficile, en effet, voire
absurde, de comparer des populations nord-américaines bien nourries avec
certaines populations africaines par exemple dont le style de vie est très
différent. Il est donc préférable
d'utiliser les standards nationaux basés sur des sujets de même potentiel
génétique. Un déficit du poids
pour l'âge ou pour la taille représente en général une situation de
malnutrition et un déficit de la taille pour l'âge une forme de sous-nutrition
de plus longue durée, donc une malnutrition chronique ou un retard de
croissance (Tableau 2, tiré de Marrodan, 2003).
CAT. |
Percentile |
Score Z |
Taille/Age |
Poids/Age |
1 2 3 4 5 |
0.0-5.0 5.0-15.0 15.0-85.0 85.0-95.0 95.0-100.0 |
<-1.65 -1.64<Z<-1.04 -1.03<Z<1.30 1.03<Z<1.64 Z>1.64 |
PEM chronique ? En dessous de la moyenne Moyen Au-dessus de la moyenne Elevé pour son âge |
PEM aiguë ? En dessous de la moyenne Moyen Au-dessus de la moyenne Poids excessif |
Tableau 2. Classification anthropométrique pour l'évaluation
de la condition nutritionnelle durant la croissance (à partir de Marrodan,
2003)
Table 2. Anthropometrical classification for the
evaluation of the nutritional condition during growth (from Marrodan, 2003)
La littérature montre clairement que les périodes de
malnutrition affectent la croissance et qu’une malnutrition sévère résulte en
des enfants, adolescents et adultes de taille, poids et plis cutanés peu élevés
(Eveleth et Tanner, 1990). Des problèmes associés sont le parasitisme, les
maladies chroniques et même des troubles psychologiques. Les implications à
court terme de la malnutrition infantile sont, en effet, un retard de
croissance physique, une diminution du diamètre des fibres musculaires
reflétant la mobilisation rapide des protéines musculaires, une susceptibilité
croissante aux maladies infectieuses, un taux élevé de mortalité infantile et
quelques modifications comportementales (apathie, activité physique faible)
(Chavez et Martine, 1975). A long terme, les effets peuvent résulter en une
croissance trop faible, des risques de croissance cérébrale déficitaire
(Winick, 1969; Winick et Rosso, 1969; Winick et coll., 1970), et un retard
intellectuel (Freeman et coll.,
1977).
Les effets de la malnutrition ont été mis en évidence dans
de nombreuses populations comme des villages Thai (Bailey et coll., 1984), des
villages guatémaliens (Behar, 1977), en Inde (Satyanarayana et coll., 1980), au
Péru (Frisancho et coll., 1973), à la ville de Gatémala (Bogin et McVean,
1983).
La malnutrition protéino-énergétique (PEM) affecte les
groupes vulnérables dans les pays en voie de développement. Mais, la PEM n’est
pas précise en ce sens qu’elle peut mélanger des insuffisances quantitatives
(malnutrition énergétique) et qualitatives (malnutrition protéinique, niveaux
trop bas de vitamines ou d’autres nutrients pouvant amener au kwashiorkor).
Dans des enquêtes de terrain, l’anthropométrie peut aider le diagnostic. L’ OMS
(1969), par exemple, a proposé 4 mesures squelettiques (taille, hauteur
ilio-spinale, diamètres biacromial et bicrête) et 4 mesures de masse (poids,
circonférence du bras, plis cutanés tricipital et subscapulaire).
1.2. Ecologie de
l'alimentation et de la nutrition
L'écologie
de l'alimentation et de la nutrition fait partie de l'écologie humaine par
l'analyse de l'environnement physique (et de l'identification des ressources
alimentaires des êtres humains), par l'examen socio-économique de la production
des aliments (et les stratégies socio-économiques dans les pratiques agricoles,
les migrations, les technologies), et par l'analyse des effets biologiques sur
l'Homme (et d'indicateurs biochimiques, génétiques, anthropologiques) (Cresta
et Vienna, 2003).
L'histoire
de l'Homme a été, jusqu'à récemment, caractérisée par une alimentation liée à
son environnement physique. C'est
le cas encore de certains groupes de chasseurs-cueilleurs qui trouvent leur
énergie dans leurs biotopes par la chasse, la pêche et la cueillette des
tubercules et des fruits. La
culture des plantes alimentaires, depuis 8000 ans dans le "croissant
fertile", permet à l'Homme de ne plus se déplacer pour tirer de son
environnement physique sa nourriture.
Ces cultures sont liées à des facteurs sociaux, augmentation de la
population et début de l'urbanisation, mais elles sont liées également aux
conditions physiques de l'environnement.
C'est ainsi que sont nées les typologies alimentaires que nous
connaissons encore actuellement.
Ainsi, le réchauffement du climat et une plus grande pluviosité à la fin
de la glaciation de Würm (8000 ans) permettent dans le "croissant fertile"
la culture des graminées (froment, orge) et des légumineuses (pois,
lentilles). En Chine méridionale,
le climat à mousson permet le développement, il y a 6000 ans, de la culture du
riz. Il y a 5000-6000 ans, aux
environs du Mexique, apparaissent les premières cultures du maïs, de haricots,
de la tomate, des piments et dans les zones plus froides du Pérou de la pomme
de terre. Le manioc, l'igname et
le taro vont se cultiver dans les zones de type tropical en Afrique, Amérique
du Sud et Asie insulaire.
Dans ces différents
écosystèmes alimentaires, les disponibilités sont généralement à base de
graminées ou de féculents. Les
besoins nutritionnels sont satisfaits de manière différente suivant cette
typologie. En effet, "les
graminées sont riches en protéines et en énergie (respectivement 10-12 g/100 g
et 340-360 kcal) mais elles ont un rendement plutôt bas (500-600 kg/ha) si on
n'utilise pas des aides agronomiques comme les fertilisants, l'irrigation,
etc. Les féculents sont à haut
rendement (4-5 t/ha), mais n'ont qu'une basse valeur protéique (1-2 g/100
g). L'interrelation avec
l'environnement alimentaire dépend donc, dans le cas des céréales, de la
pression exercée par la population sur le territoire, c'est-à-dire qu'elle est
en rapport avec le nombre d'individus qui doivent vivre sur un hectare de
céréales. Dans le cas des
féculents, des aliments riches en protéines complémentaires à l'aliment de base
peuvent faire partie du régime alimentaire" (Cresta et Vienna, 2003).
"En
Afrique, par exemple, si elle n'a pas à sa disposition 2-3 hectares de terre
cultivable, une famille de 5-6 personnes, qui vit dans une zone de savane
aride, dont le sorgho est l'aliment de base, ne peut produire la quantité
moyenne de 160 kg de céréales par an par personne, nécessaire à assurer au
moins 70% des besoins énergétiques moyens de la famille. La surface de terre cultivable peut
être disponible, mais il n'est pas certain que l'on puisse fournir la quantité
de travail humain nécessaire pour pouvoir la cultiver. Du fait du travail, en
effet, on se trouve en face d'un autre affrontement avec l'environnement de
production alimentaire, dont le résultat est souvent une des causes du stress
nutritionnel pour les populations" (Cresta et Vienna, 2003).
La rationalité biologique et alimentaire
va évoluer donc des sociétés de chasseurs et de cueilleurs vers un mode
agricole de subsistance et finalement une économie de marché où le rendement
des productions va augmenter et où la rationalité va devenir économique.
Le rendement
économique ne correspond pas à un rendement énergétique : avec les
chasseurs-cueilleurs, le rendement alimentaire du point de vue énergétique peut
être favorable et de l'ordre de 7 fois l'énergie utilisée, dans l'agriculture
de subsistance de céréales le rendement est plus élevé (12-13) et il atteint
des valeurs plus élevées encore (17-18) pour les tubercules. Dans la rationalité économique, même si
le tonnage de céréale augmente, le rendement énergétique baisse (2,5 environ) :
dans ce dernier cas, les produits ne sont pas déterminés par l'environnement
mais par la demande et les revenus augmentent en fonction de la productivité du
système national (PIB).
Dans les
populations récentes, l'étude de l'écologie de l'alimentation s'appuie
essentiellement sur les études de la consommation alimentaire (typologie
alimentaire avec le pourcentage de l'énergie provenant des différents groupes
alimentaires et comparaison des apports en énergie avec les besoins) et sur les
bilans économiques des ménages (importance de l'alimentation dans l'économie
générale et dépenses en fonction de la demande et de la culture alimentaire).
L'intérêt anthropologique de
l'écologie de l'alimentation concerne les conditions de stress nutritionnel par
apport énergétique et nutritionnel insuffisant, ou par apport excessif, ou par
apport de substances xénobiotiques dans les aliments. L'organisme réagit à ces stress en 3 phases : celle d'alerte
lorsque l'organisme ne peut s'adapter au stress et que des indicateurs
biochimiques apparaissent, celle de résistance où l'organisme retarde les
effets provoqués par le stress (adaptation) et celle de fatigue où la
résistance disparaît et où les altérations deviennent pathologiques.
En ce qui
concerne le stress dû aux apports insuffisants que l'environnement physique ou
socioculturel peut offrir, l'adaptation se fait par un contrôle du poids
corporel, une réduction du métabolisme basal, une augmentation de l'efficacité
du travail musculaire et une économie d'énergie par l'intermédiaire de
mécanismes biochimiques. Le
ralentissement de la croissance en conditions de stress nutritionnel dans les
pays en voie de développement répond à cette hypothèse, la taille sera aussi
affectée et la période de croissance allongée.
Dans le cas d'apports
excessifs dépassant l'énergie utilisée, l'organisme accumule cette énergie
excédentaire sous forme de graisses.
Les indicateurs sont essentiellement anthropométriques (poids, stature,
IMC, composition corporelle, ...) et ceux de risque de pathologies à forte
composante nutritionnelle (diabète, hypertension, altération du niveau
lipidique dans le sang, ...).
La présence
de substances xénobiotiques dans les aliments (engrais, pesticides,
insecticides, additifs, colorants) est typique des pays à technologies
avancées. La seule ligne de défense
est culturelle par l'édiction de normes et de législation, le problème
cependant est que cette culture ne répond plus à une rationalité biologique
mais à une rationalité économique.
1.3. Pauvrete et
sous-nutrition
Actuellement,
quelque 800 millions d'individus (18% de la population des régions en voie de
développement, 40% dans le cas de l'Afrique sub-Saharienne) sont chroniquement
malnourris et pauvres.
Plus de 150
millions d'enfants souffrent de ces problèmes de nutrition et souffrent donc de
problèmes physiques, voire mentaux, de croissance et de développement (Fischer
et coll., 2002). La faim et la
pauvreté sont naturellement liées.
La pauvreté est liée également au manque d'éducation, d'eau potable, de
soins de santé, de système de sécurité sociale. 75% des personnes pauvres vivent dans des régions rurales et
dépendent uniquement de l'agriculture, elles sont souvent politiquement et
socialement discriminées. La
globalisation s'est aussi la manière inégale dont les nations exploitent leurs
milieux. Si la planète entière
partage les mêmes écosystèmes, des océans et une atmosphère commune, si les
coûts des pollutions sont en théorie partagés de manière égale, les bénéfices
de l'activité économique qui produisent ces pollutions ne favorisent qu'une
minorité.
De nombreux
facteurs contribuent à la vulnérabilité sociale tels qu'une rapide croissance
de populations, pauvreté et faim, mauvais statut de santé, faible taux
d'éducation, inégalité des sexes, manque d'accès aux connaissances
technologiques. La sous-nutrition
par exemple, si elle a globalement diminué durant les dernières 30 années, a en
fait augmenté dans l'Afrique sud-Saharienne et en Asie de l'Est.
Ces
populations vulnérables n'ont qu'une capacité limitée de se protéger des aléas
environnementaux, tels qu'actuellement sécheresse et inondations et qu'à plus
long terme les changements climatiques, la dégradation des terres et la perte
de biodiversité (figures 4 a et b).
De plus, les capacités scientifiques et technologiques n'atteignent que
difficilement ces populations : par ailleurs, pour ces capacités, le fossé
entre régions développées et en voie de développement s'agrandit. Sciences et (bio)technologie auraient
les potentialités d'éradiquer la faim, si ce n'est que les résultats de recherche
sont brevetés et donc que de nombreux pays ne peuvent se permettre ces
nouvelles (bio)technologies.
La
vulnérabilité économique de l'agriculture dépend elle aussi de nombreux
facteurs, tels que les aides financières, les investissements, la politique
(internationale) des prix, l'économie nationale globale. Ces facteurs pénalisent à nouveau les
pays pauvres, où la proportion de la population liée à l'agriculture est
particulièrement élevée. Ainsi, en
Afrique, on estime qu'en moyenne 65% de la population active est engagée dans
l'agriculture (de 50 à 90% suivant les pays). En termes de GNP, la contribution agricole est en moyenne de
30% (mais atteint parfois 70%) (A. Thiam, 2003).
S'y ajoute
une vulnérabilité environnementale, en termes de réchauffement climatique, dont
les conséquences sur les écosystèmes naturels et sur la productivité pourraient
être dévastatrices. Ces
conséquences auront un impact disproportionné sur les populations rurales
pauvres dépendantes directement des ressources naturelles. C'est uniquement dans ces populations
pauvres que la sécheresse résulte en famines et en déplacement de populations.
Figure 4 a. Carte géographique de la distribution des climats
1960-1990
Figure 4 a. Geographical map of the distribution of climates
1960-1990
Figure 4b. Carte géographique de la distribution des climats
prévus en 2080 : on y voit notamment l’extension des zones tropicales et
subtropicales.
Figure 4b. Geographical map of the distribution of climates
foreseen in 2080 : one can foreseen for instance the extension of tropical
and subtropical zones.
Le
réchauffement du climat (G.
Fischer et coll., 2002) entraîne une expansion des zones tropicales qui
couvriront par exemple l'ensemble du territoire africain, excepté une petite
zone de l'Afrique du Sud et le long de la Méditerranée, une réduction des
écosystèmes arctiques et boréaux, une extension des zones tempérées en Sibérie
et au Canada. Des changements de
pluviosité seront aussi observés avec une extension des zones arides et semi-arides
: les résultats négatifs seront présents pour plus de 60% en Afrique
sub-Saharienne. En termes de
productivité agricole, une majorité de pays verra une diminution de cette
productivité, bien que les changements de climat et de pluviosité pourraient
dans certains cas entraîner une amélioration.
Tous les
scénarios prédisent également une augmentation de la sous-nutrition : de 70 à
170 millions d'individus en plus vers les années 2080, dont 20 à 50 millions en
Afrique (G. Fischer et coll., 2002).
1.4. Obesité
Même s'il
existe des obésités de type génétique ou de type hormonal (hypothalamique ou
surrénal par exemple), l'obésité résulte essentiellement d'une consommation
relativement basse d'énergie par rapport à l'ingestion énergétique. L'excès d'énergie s'accumule alors sous
forme de graisse (triglycérides) au niveau sous-cutané ou viscéral. Le surpoids se réfère plutôt à un poids
corporel élevé lié à la masse musculaire ou osseuse mais non de tissu adipeux. En d'autres termes, si la majorité des
obèses présentent un surpoids, tous les individus en surpoids ne sont pas
obèses. On peut distinguer
l'obésité hypertrophique lorsque le volume des adipocytes est augmenté et
hyperplasique lorsque le nombre d'adipocytes augmente. On parlera aussi d'obésité de type
centripète (abdominal ou androïde) ou d'obésité de type périphérique (gynécoïde
au niveau des cuisses et des jambes).
L'obésité
est l'observation clinique la plus fréquente dans nos sociétés développées,
elle est de 10% environ dans nos pays européens. Les études épidémiologiques démontrent un lien avec
l'hypertension, les maladies cardiaques et artérielles, l'ostéo-arthrite, le
diabète mellitus non dépendant de l'insuline et certains types de cancer. Le risque est plus élevé quand la
graisse se concentre dans la région abdominale (Rebato, 2003). Les quantités de graisse sont hautement
corrélées aux indices socio-économiques, elles sont plus élevées parmi les
classes pauvres dans les pays industrialisés.
Il existe
diverses méthodes d'évaluation de l'obésité, comme celles par absorption
gazeuse, dilution isotopique, tomographie axiale, résonance magnétique
nucléaire, densitométrie (voir une description dans Roche et coll., 1996). Mais, ces méthodes sophistiquées sont
souvent invasives et non adaptées à des études sur le terrain. A ce niveau, les techniques
anthropométriques sont plus adaptées (voir 2.1. état nutritionnel). L'indice de Quételet (ou IMC) est recommandé
comme indicateur d'obésité dans les études épidémiologiques, sa corrélation
étant faible avec la taille et élevée avec le % total de graisse. L'indice circ. abdominale/circ. hanche
est considéré comme un bon indicateur de l'obésité centripète associée à des
risques cardio-vasculaires élevés.
L’estimation de distribution de
graisse peut également s’effectuer
à partir d’une analyse en composantes pricincipales (PCA) (Mueller et
Reid 1979, Ramírez et Mueller 1980, Rebato et coll., 1998), qui peut inclure
des mesures absolues de plis cutanés ainsi que des indices dérivés. Le tissu
adipeux forme 10-30%
du total du poids corporel (en moyenne 12% chez les hommes et 25 % chez les
femmes), sauf cas d’obésité sévère (Holliday, 1986). Durant la croissance, des
changements ont lieu aussi bien de quantité de graisse que de distribution. Le
total des plis sous-cutanés est plus élevé chez les filles que chez les garçons
à tous les âges, mais les différences sexuelles deviennent plus marquées à la
puberté: chez les filles, le gain de poids pubertaire serait dû essentiellement à un gain de graisse alors que
chez les garçons il serait plutôt dû à de la masse corporelle non graisseuse.
Dans une étude au pays basque, Rebato et coll. (1998) trouvent, sur base d’une
PCA de 5 plis cutanés (triceps, mollet, subscapulaire, suprailiaque et
abdominal), un premier composant stable selon l’âge et le sexe, lié à une
distribution de graisse centripétale versus périphérique. La variation de
distribution est telle que les facteurs sont négatifs dans l’enfance (de 4 à 12
ans chez les filles et de 4 à 14 chez les garçons) et deviennent positifs par
après montrant que les enfants plus âgés ont une distribution plus centrale de
la graisse corporelle. D’autres analyses PCA ont aussi révélé un contraste dans
les tendances de dépôt graisseux au niveau du tronc ou des membres (Johnston,
1992). A la fin de la période de croissance, la centralisation de graisse est
plus élevée chez les garçons que chez les filles car les garçons accumulent
plus de graisse au niveau du tronc que des membres comme l’a démontré aussi une
étude semi-longitudinale française (Rolland-Cachera et coll., 1990). Dans une analyse PCA sur un échantillon
d’étudiants universitaires basques, Rebato et coll (2003) extraient un premier
facteur responsable pour 88.26% de la variance et lié à la distribution
centrale-périphérique et un second facteur responsible de 6.82% de la variance
et lié à un contraste entre membres inférieur et supérieur . La distribution
centrale était nettement masculine (71% chez les étudiants pour 9,3 % chez les
étudiantes) et la tendance inverse pour la distribution périphérique (2,5 %
chez les garcons pour 41.4% chez les filles) , le ICM étant plus élévé chez les
individus centralisés par rapport aux périphériques (23.9 vs. 19.4 chez les
garçons, 24.9 vs. 21.2 chez les filles).
D'un point de
vue épidémiologique, le "rebond d'adiposité" a une fonction
prédictive : une croissance rapide de la quantité de graisse se déroule vers 6
ans (Rolland-Cachera et coll., 1984).
Un rebond précoce, avant 5,5 ans, serait lié à un risque majeur
d'obésité à l'âge adulte. Durant
l'adolescence, les différences sexuelles de distribution de graisse se font
plus nettes, l'adiposité adolescente est meilleure prédictrice de l'adiposité
adulte.
L'obésité
est plus fréquente chez des personnes sédentaires. Les changements de mode de vie dans les dernières décades
peuvent d'ailleurs être responsables de l'augmentation de l'obésité dans les
pays développés : le travail physique a diminué et les habitudes sédentaires
ont augmenté (automobile, téléviseur, etc.). La sédentarité est un facteur favorisant, ou peut-être
déclenchant, chez des personnes prédisposées.
La graisse corporelle a souvent été perçue comme positive et
l’est encore dans des contrées telles que la Malaisie et Samoa, elle est
actuellement connotée négativement dans les pays européens. La définition
sociale de l’obésité fluctue en effet suivant les sociétés et les périodes.
Obésité et tissu adipeux sont en général considérés comme désirables dans des
sociétés où des pénuries alimentaires existent. Cette désirabilité sociale
diminue avec la modernisation quand l’alimentation devient accessible à tous et
lorsque les effets négatifs sur la santé se font sentir .
L’évolution durant les dernières décades du rapport
poids/taille et de la prévalence de l’obésité est cependant variable suivant
les pays européens. Certaines
études indiquent une évolution vers un type corporel plus longiligne:
c’est le cas de la population belge
(Hauspie et coll., 1997) et particulièrement chez les filles (Susanne, 1985)
(fig 5), de la population suédoise également (Ljung et coll., 1974). L’inverse
a été récemment observé à Stockholm (Cernerud, 1993), en Angleterre, aux USA,
au Canada et en Australie (Himes, 1979), en Norvège (Liestol et Rosenberg,
1995), et particulièrement dans les groupes sociaux peu élevés (Eveleth et
Tanner, 1990). Les groupes socio-économiques plus défavorisés tendent à
consommer proportionnellement plus d’aliments riches en carbohydrates car
meilleur marché (Cook et coll., 1973; Froment, 1986).
Figure 5. Evolution séculaire chez des filles belges du
rapport diamètre bicrête/ longueur de la jambe,
évolution entre 1960 et 1980
Figure 5. Secular evolution in belgian girls of the ratio
bicristal diameter/ leg length, evolution between 1960 and 1980
1.5. Variations
saisonnieres
"Diversement
exposées aux variations saisonnières de l'environnement physique (température,
lumière, humidité), les populations se protègent des rigueurs du climat, qu'il
soit tropical ou polaire, par l'utilisation des produits de l'environnement
social comme le logement, le chauffage ou l'habillement. La plupart des contraintes
saisonnières, qui s'exercent sur l'organisme ne proviennent donc pas
directement de l'environnement physique mais de la dimension saisonnière de
l'environnement biologique ou social : consommation alimentaire de ressources
saisonnières, activités physiques, milieu pathogène" (H. Pagézy, 2003).
Les
contraintes saisonnières sont donc diverses et d'intensité variable. La période infantile, où la vitesse de
croissance est élevée, est une période de plus grande vulnérabilité. Le rattrapage ("catch up")
est cependant possible, dans la mesure où une saison de stress est suivie par
une bonne saison. Les effets à
long terme apparaissent quand la mauvaise saison n'est pas suivie par une
amélioration des conditions de vie et que les capacités adaptatives ne
résistent pas aux années de disette.
L'état
nutritionnel est naturellement directement sous l'influence de la disponibilité
saisonnière des ressources alimentaires.
Dans les sociétés de subsistance, céréales et tubercules sont
saisonniers ainsi que fruits, noix, légumes mais aussi les espèces animales ont
des mobilités saisonnières.
"En Afrique, la période de soudure des régions sahéliennes est liée
à l'épuisement des réserves céréalières alors que les nouvelles récoltes ne
sont pas prêtes. Dans les régions
forestières qui reposent sur des aliments de base non saisonniers, les
tubercules, la période de soudure, de courte durée, concerne plutôt l'aliment
protéique d'accompagnement, viande, poisson ou chenilles" (Pagézy, 2003).
Des
variables sanguines permettent de mettre en évidence des effets saisonniers sur
l'organisme, comme le taux d'hémoglobine ou l'hématocrite (lors d'une carence
en fer abaissant la capacité de travail, la résistance à l'effort), les IgM
(pour un état récent d'infection), les taux d'albumine et de transferrine
(associé à la composante alimentaire).
Les variables anthropologiques sont également largement utilisées. Les variations saisonnières du poids
peuvent être de l'ordre de 4 kg, avec le poids le moins élevé à la saison de
"faim" où l'activité est la plus intense également.
La
croissance des enfants est naturellement aussi affectée et présente une
bimodalité des saisons. La période
de sevrage est particulièrement sensible, cette période, vers 12-24 mois dans
de nombreuses populations en économie de subsistance, se caractérise par un
amaigrissement saisonnier et rend l'enfant vulnérable à de nombreuses maladies. La dégradation de l'état nutritionnel
sera encore plus importante si une bonne saison ne suit pas et ne permet pas un
"catch up", c'est le cas lors de disette ou de catastrophe naturelle.
Pagézy et
Hauspie (1985) ont montré une telle bimodalité chez des enfants de 0 à 4
ans Oto (population grande) et Twa
(pygmés), considérés comme deux castes de l’ethnie Ntomba, cette bimodalité de
vitesse de croissance était synchronisée aux alternances de saisons séches et
de pluie.
1.6 Changements
seculaires
Les changements séculaires en Europe ont été déjà
largement décrits (Bodzsar et Susanne, 1998; Susanne et coll., 2001;
Vercauteren, 2003): ils correspondent
à une augmentation moyenne de taille et de poids et à une diminution de
l’âge où la maturation sexuelle est atteinte, observées depuis la moitié du
19ème siècle (fig. 6).
Ces changements séculaires de croissance et de développement
vont de pair avec des changements de nutrition et d’habitudes alimentaires dans
une perspective historique, illustrés par Otterloo (1990) pour les Pays-bas,
par Facchini et coll. (1982), Ulizzi et Terrenato (1982) pour l’Italie, par
Ochoa Zamora et coll. (1981), Tojo et coll. (1987), Rebato (1998) pour
l’Espagne, et par Bielicki (1986), Bielicki et coll. (1997) pour la Pologne.
Au niveau pré-industriel, la majorité des habitants
vivent de féculents, tels que pommes de terre ou riz. L’apport alimentaire est
limité, fluctue en fonction des saisons, ne peut être transporté efficacement,
ne peut être préservé et des périodes de famine existent. La situation était
souvent meilleure en milieu rural qu’urbain. Avec l’industrialisation, la
distribution alimentaire devient graduellement meilleure grâce à une
amélioration des conditions de transport. La consommation de viande et de
graisse augmente lentement, bien que ces aliments étaient trop chers pour les
ouvriers, qui dépensaient au moins 2/3 de leur salaire à l’alimentation. La
société devient de plus en plus consciente de l’influence de la qualité
alimentaire et de l’hygiène sur la santé et la croissance des enfants.
Figure 6. Variations de la taille en Belgique entre 1830
et 1980
Figure 6. Variations of stature in Belgium between 1830 and
1980
En Europe après 1900, cette conscience résulte en une
attention politique et en certains contrôles gouvernementaux en terme de distribution
et d’éducation. Les populations urbaines commencent à avoir un meilleur
prognostic de croissance que les populations rurales, mais les groupes
économiquement pauvres restent extrêmement sensibles . La vulnérabilité de ces
groupes socio-économiques peu favorisés est évidente durant la crise économique
des années 1930 et durant les deux guerres mondiales. L’augmentation de
richesse ne deviendra évidente qu’à partir des années 1955. Aujourd’hui, les
problèmes d’approvisionnement, de transport, de conservation, de distribution
ont été résolus. Les aliments de l’ensemble du monde sont disponibles et
circulent largement, les fluctuations saisonnières ont disparu, les
préparations alimentaires sont plus hygiéniques et seul environ 15 % des
revenus sont consacrés en moyenne à l’alimentation.
Les changements séculaires en Europe sont clairement en
relation avec l’industrialisation et les changements associés des normes de vie
(Vercauteren et Susanne, 1997): cela explique que les changements séculaires n’ont
pas débuté à la même époque dans les différents pays européens, débutant au
19ème siècle en Angleterre, par après dans des pays comme la Belgique
(Vercauteren et coll. 1998) et les pays scandinaves, seulement au début du
20ème siècle en France (Demoulin, 1998) et même par après en Espagne (Rebato,
1998).
L’influence de la consommation de protéine sur l’évolution
séculaire a été parfois mise en évidence
(Takahashi, 1984; Susanne et coll. 2001). Au Japon, des changements
alimentaires dans les années 1950 et 1960, resultant en une diminution de la
consommation de riz et une augmentation de la consommation de viande et de
lait, peut avoir contribuer à l’augmentation spectaculaire de taille des
enfants japonais (Takahashi, 1984). En Europe, par une analyse de données de
l’OCDE (1985), Susanne et coll (1987), Susanne (1993), Susanne et Lepage (1990,
1992), Susanne et Bodzsar (1998) montrent l’évolution de consommations
alimentaires en Europe et leur influence. Susanne et coll. (2001) montrent en
particulier que l’évolution séculaire de taille, de poids et du rapport
poids/taille est liée aux changements de consommation de protéines animales. La
relation est moins évidente pour la consommation de graisse animale et est
absente pour la consommation de sucre.
2. Conclusion
L'interprétation des changements séculaires doit
tenir compte des facteurs génétiques et mésologiques, puisque les facteurs
envisagés sont polygéniques.
Au niveau génétique, le problème est que les
populations humaines changent continuellement par l'intermédiaire des
migrations. Comment considérer ces nouvelles populations? Une solution pourrait
être de considérer pour les études de changements séculaires futures uniquement
les enfants issus de parents autochtones. Cela faciliterait la comparaison avec
les données plus anciennes, mais ce ne serait pas tenir compte du devenir d'une
population, qui intégrerait les enfants issus de mariages mixtes ou même
d'enfants de couples nouvellement nationalisés.
Mais, même dans des populations considérées comme
homogènes, l'influence de migrations internes n'est peut-être pas négligeable.
Des migrations sélectives ou de la vigueur hybride, bien que jamais démontrées
dans des populations humaines, ne peuvent être exclues. Dans des populations
plus hétérogènes, telles que l'Espagne, la France, l'Italie, la présence de
sous-populations doit être considérée.
Les facteurs mésologiques, de santé
et de nutrition, semblent essentiels. Des parallélismes existent entre des
changements séculaires et les revenus moyens ou le produit national brut, mais
ils existent également pour les facteurs nutritionnels en termes quantitatifs,
de consommation de protéines, de graisse et/ou de sucre. Les éléments les plus
significatifs semblent être la consommation de viande ou de protéines animales.
Les changements positifs doivent donc être
interprétés en fonction de l'ensemble de ces facteurs, aussi lorsqu'ils sont
négatifs pendant les périodes de crise. L'arrêt de changements observés
actuellement dans certains pays européens doit aussi en tenir compte: il y
a-t-il arrêt d'amélioration des conditions de vie? Voire même une situation
mésologique moins favorable? ou les conditions ont-elles atteintes une qualité
telle que le potentiel génétique s'exprime de manière idéale?
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