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Les facteurs d’inactivité physique et de sédentarité chez les enfants scolarisés au Maroc : Cas de la Wilaya de Marrakech

 

Sedentary lifestyle and its associated factors among school children in Morocco: Case of the Wilalya of Marrakech

 

Kamal Kaoutar, Mohamed Kamal Hilali, Mohamed Loukid

 

Laboratoire d’Ecologie Humaine, département de Biologie, Faculté des Sciences Semlalia, Université Cadi Ayyad, Marrakech, Maroc.

 

Correspondence : Dr Kamal Kaoutar, Laboratoire d’Ecologie Humaine, département de Biologie, Faculté des Sciences Semlalia, Université Cadi Ayyad, Marrakech, Maroc. Kamal.kaoutar@edu.uca.ma

 

Mots-clés: Mode de vie, Lieu de résidence, Genre, Enfants scolarisés, Marrakech, Maroc.

 

Keywords: Lifestyle, Area of residence, Gender, School children, Marrakesh, Morocco.

 

Résumé

Objectif : Appréhender l'effet du milieu de résidence (urbain-rural) et du genre sur le mode de vie d’un groupe d’enfants scolarisés marocains.

Echantillon : 1407 enfants âgés de 12 à 18 ans dont 920 (65,4%) d’origine urbaine et 487(34,6%) d’origine rurale. Les résultats présentés dans ce travail proviennent d’une enquête transversale à visée étiologique réalisée entre 2008 et 2010 dans des établissements scolaires de la Wilaya de Marrakech. Notre matériel de base est constitué d'un questionnaire et de  mesures anthropométriques.

Le mode de vie des enfants a été évalué par le comportement sédentaire (pratique ou non d'une activité sportive extrascolaire, moyen de transport utilisé pour se rendre à l’école, temps passé devant la télévision ou de l’ordinateur).

Résultats : Au-delà de l’activité sportive scolaire, 48,6% de l’ensemble des adolescents enquêtés pratiquaient des activités physiques extrascolaires collectives et individuelles. La pratique des activités physiques extrascolaires chez les adolescents enquêtés varie de 1 à 6 fois par semaine, avec une moyenne de 1,15 fois par semaine (écart-type = 1,47). Selon le sexe, la pratique d’activité physique extrascolaire était fréquente chez les garçons que chez les filles : 67,7% contre 30,8% et ce quel que soit l’âge considéré. L’étude de la pratique des activités physiques extrascolaires selon le milieu de residence des enquêtés a révélé que cette habitude ne diffère pas entre les adolescents habitant le milieu urbain et leurs homologues du milieu rural, soit respectivement 48,7% et 48,5%.

Dans l’échantillon enquêté, 66,8% des adolescents utilisaient des transports actifs pour se rendre aux établissements scolaires avec 56,5% à pied et 10,3% par vélo.

L’étude du mode de transport des adolescents selon le milieu de résidence a montré que parmi les adolescents habitant le milieu rural, 83,1% utilisaient le transport actif pour se rendre à l’école. Au contraire, 59,1% des adolescents du milieu urbain se déplaçaient par des moyens de transports motorisés.

Les adolescents enquêtés consacrent en moyennes 12,88 heures par semaine à regarder la télévision, 7,21 heures devant l’ordinateur, et 6,72 heures aux jeux vidéo.

Selon le sexe, les filles globalement, consacrent plus de temps à la télévision que les garçons (t = -4,59 p< 0,001).

Conclusion : Il parait, selon les résultats de cette étude, que l’urbanisation a considérablement affecté le mode de vie des adolescents surtout en milieu urbanisé. La mise en oeuvre des politiques de santé publique ciblant l’enfant, afin de promouvoir les modèles alimentaires et de mode de vie plus sain sont amplement demandés.

 

Abstract

Objective: Understanding the effect of the area of residence (urban-rural) and gender on the lifestyle of a group of Moroccan school children.

Sample: 1,407 school children aged 12 to 18, of whom 920 (65.4%) are of urban origin and 487 (34.6%) are of rural origin. The results presented in this work come from a cross-sectional etiological survey conducted between 2008 and 2010 in schools in the Wilaya of Marrakesh. Our basic material consists of a questionnaire and anthropometric measurements.

The children lifestyle was assessed by sedentary behaviors (practice or not of out of school physical activity, means of transport used to get to school, time spent in front of the television or the computer).

Results: Beyond the school physical activity, 48.6% of all the adolescents surveyed practiced extracurricular physical activities. The practice of out-of-school physical activity among the adolescents surveyed varies from 1 to 6 times a week, with an average of 1.15 times (standard deviation = 1.47). According to sex, the practice of extracurricular physical activity was frequent among boys than among girls: 67.7% against 30.8% and whatever the age considered. The study of the practice of extracurricular physical activities according to the place of residence of the respondents revealed that this habit does not differ between the adolescents living in the urban environment and their counterparts of the rural environment, respectively 48.7% and 48.5%.

In the sample surveyed, 66.8% of adolescents used active transportation to get to school, with 56.5% walking and 10.3% cycling.

The study of the mode of transportation of adolescents by place of residence showed that 83.1% of adolescents living in rural areas used active transportation to get to school. On the contrary, 59.1% of urban adolescents get school by motorized means of transportation.

The adolescents surveyed spend an average of 12.88 hours per week watching television, 7.21 hours in front of the computer, and 6.72 hours in video games. By gender, girls overall spend more time on television than boys (t = -4.59 p <0.001).

Conclusion: It appears from the results of this study that urbanization has been affected the lifestyle of adolescents. Implementing public health policies targeting the child, in order to promote healthier eating and lifestyle patterns is strongly needed.

 

Introduction

Importante période de transition dans le cours du développement humain, l’adolescence est considérée comme une période centrale dans le développement de l’individu, et elle se caractérise par de nombreuses et importantes transformations qui touchent tous les aspects du développement (Calixte, 2007).

  Chez l’adulte la pratique d’une activité physique régulière est reconnue comme un déterminant majeur de l’état de santé des individus et des populations. A l’inverse, un mode de vie sédentaire est associé à une mortalité totale plus élevée et au développement des pathologies chroniques. Différentes études indiquent que les processus morbides associés à ces pathologies et favorisés par un comportement sédentaire, débutent  précocement, dans l’enfance ou l’adolescence (Simon et al., 2005).

Le mode de vie ou style de vie, est l’ensemble des manières à vivre. Il regroupe les loisirs qui occupent le temps libre des adolescents et peuvent générer un bénéfice pour l’adolescent qui les pratique. Ils jouent un rôle déterminent dans le processus d’intégration des adolescents dans leur environnement social, culturel et économique. A l’adolescence, le mode de vie des adolescents change, et ils deviennent plus intéressés par les loisirs qui occupent leurs temps libre (Beauvais, 2001).

  Dans les pays émergents, la présence du double fardeau de la malnutrition (maigreur et obésité) s’inscrit dans un contexte de « transition nutritionnelle » caractérisée par un développement urbain intense, « une modernisation » des habitudes alimentaires et une baisse de l’activité physique (Omran, 1997 ; Popkin, 2001 ; El Rhazi, 2010).

Au Maroc, au cours des 25 dernières années, l'introduction récente et la prolifération rapide de la technologie a rendu les enfants et les adolescents plus sédentaires. Regarder la télévision, utiliser un ordinateur, ainsi que jouer à des jeux vidéo (sur console ou PC) sont devenus des passe-temps très en vogue chez les jeunes au Maroc surtout en milieu urbanisé. Ceci notamment à cause de l'accessibilité et du coût à la baisse de cette technologie.

Selon l’enquête nationale anthropométrique réalisée par le Haut-Commissariat au Plan (HCP), et concernant la population adulte de 20 ans et plus, 33% d’entre elles sont affectées par le surpoids et 17,9% présentent une obésité sévère morbide (HCP, 2011). De manière générale, la prévalence du surpoids chez les marocains (adultes de 20 ans et plus) a sensiblement progressé entre 2001 et 2011 pour afficher un record de 33% alors qu’auparavant 27% en étaient affectés. Constat similaire et plutôt grave pour l’obésité sévère et morbide dont le taux de prévalence est passé de 10,7% à 17,9% (HCP, 2011).

Selon l’Enquête Nationale sur la Population et la Santé Familiale (Ministère de la Santé du Royaume du Maroc, 2012), la prévalence de surpoids incluant l’obésité chez les enfants de moins de cinq ans est de 12,5 %, le même taux est retrouvé chez les enfants urbains et ruraux. Les enfants issus du niveau socioéconomique le plus élevé sont les plus touchés par le surpoids avec 14,4% contre 11,9% chez les enfants issus du niveau socioéconomique le plus bas. Peu d’enquêtes documentent l’anthropométrie des enfants de plus de cinq ans et les adolescents. Ainsi, l’objectif principal de ce travail est d’étudier le mode de vie d’un groupe enfants scolarisés de la wilaya de Marrakech.

 

Sujets et méthodes

Il s’agit d’une enquête transversale  à visée étiologique et rétrospective réalisée entre 2008 et 2010 auprès de 1.407 adolescents scolarisés de la wilaya de Marrakech, 481 garçons (47,2%) et 537 filles (52,8%), provenant de 11 établissements scolaires.

Un questionnaire a été adressé aux adolescents. Il comprend des informations sur les adolescents et leurs parents (l’âge, lieu de naissance, état familial, niveau d’instruction, activité, catégories socio-professionnelles selon quatre modalités (Orban-Segebarth, 1982) ; CSP1 : parents sans profession, CSP2 : les artisans, employés ouvriers, aides commerçants, agriculteurs, salariés, manœuvres, chauffeurs, CSP3 : les fonctionnaires et cadres moyens et CSP4 : les professions libérales, cadres supérieurs, et grands commerçants).

L’enquête s’est déroulée sous forme d’une interview avec chaque élève individuellement. Le principe de volontariat pour la participation ainsi que la confidentialité et l’anonymat du questionnaire ont été respectés.

Le comportement sédentaire a été évalué par la pratique ou non d’une activité sportive, le mode de transport (actif ou passif) et le nombre d’heures passé par jour devant un écran (télévision, ordinateur…) ; indicateur de sédentarité actuellement le plus utilisé impliquant une situation assise prolongée.

La saisie et le traitement statistique des données ont été réalisés à l’aide du logiciel SPSS, version 10*.

 

Résultats et discussion

Caractéristiques sociodémographiques et culturelles

L’âge chronologique des élèves enquêtés représente l’âge exact au moment de l’enquête, obtenu par la différence entre la date de l’enquête et la date de naissance (en jour, mois, année) (Tableau 1).

L’âge des enfants enquêtés varie de 12 à 18 ans avec une moyenne de 14,96 (écart-type = 1,66 ans).

L’écart entre les âges moyens des garçons et des filles est statistiquement non significative (test t de student = 0,047 ; p = 0,962).

 

 

Classes d’âge

Ensemble

Garçons

Filles

N

%

N

%

N

%

10-12 ans (prépubères)

217

14,5

97

14,8

120

16,0

13-15 ans (pubères)

735

52,2

348

53,0

387

51,5

16-18 ans (post pubères)

455

33,3

211

32,2

244

32,5

Total

1407

100

656

100

751

100

Tableau 1. Répartition des élèves par sexe et par classes d’âge

Table 1. Distribution of school children by sex and age group

          

L’âge des mères, en nombre de 1.351, varie de 26 à 60 avec une moyenne de 41,18 ans (écart-type = 5,47 ans), alors celui des pères, en nombre de 1.292 varie de 30 à 75 ans, avec une moyenne de 48,28 ans (écart-type = 6,32 ans).

Selon la répartition des parents par classe d’âge, nous constatons que 74,3%  des pères dépassent l’âge de 45 ans contre seulement 28% des mères (Tableau 2).

 

Variables

Modalités

Mères

Pères

N

%

N

%

Classes d’âge

 

 

25-34 ans

115

8,5

7

0,5

35-44 ans

858

63,5

325

25,2

45 ans et plus

378

28,0

960

74,3

Origine géographique

 

 

Marrakech

567

40,7

524

39,3

Autres régions de Marrakech

368

26,4

375

28,2

Autres villes de Maroc

459

32,9

433

32,5

Statut matrimonial

 

Marié (e) ou remarié (e)

1305

93,6

1317

98,9

Divorcé (e) ou veuf (ve)

89

6,4

15

01,1

Niveau d’instruction

 

 

 

Aucun

573

41,1

310

23,4

Primaire

142

10,2

207

15,5

Secondaire

331

23,7

327

24,5

Supérieur

348

25,0

488

36,6

Tableau 2. Caractéristiques sociodémographiques et culturelles des parents des enfants. N : Effectif ; % : Pourcentage

Table 2. Sociodemographic and cultural characteristics of parents of children

 

Au moment de l’enquête, l’étude du statut matrimonial des parents des adolescents enquêtés montre une dominance des parents en situation de mariage : 93,6% des mères et 98,9 % des pères.

 

Activité physique extrascolaire 

Au-delà de l’activité sportive scolaire, 48,6% de l’ensemble des adolescents enquêtés pratiquaient des activités physiques extrascolaires collectives et individuelles. La pratique des activités physiques extrascolaires chez les adolescents enquêtés varie de 1 à 6 fois par semaine, avec une moyenne de 1,15 fois par semaine (écart-type = 1,47).

La fréquence des enfants de notre échantillon qui pratiquaient une activité physique extrascolaire était supérieure à celle trouvée chez les enfants de la ville de Marrakech en 2009-2010 et qui était de 32,8% (Laassakri, 2014), mais largement inférieure à celles de leurs homologues français respectivement, 63,5% (Génolini et Escalon, 2010), 73,8% (HBSC, 2007) et 83,0% (Thibault et al., 2010).

Selon le sexe, la pratique d’activité physique extrascolaire était fréquente chez les garçons que chez les filles : 67,7% contre 30,8% et ce quel que soit l’âge considéré. La fréquence de la pratique des activités physiques extrascolaires n’est pas uniforme entre les filles et les garçons. Ces derniers déclaraient les pratiquer plus que les filles soit respectivement 1,70 fois par semaine (écart-type = 1,56) et 0,63 fois par semaine (écart-type = 1,56). La différence entre les deux moyennes est statistiquement significative (t= 10,50 ; p < 0,001).

Nos résultats concordent avec ceux des études françaises qui ont montré aussi que le niveau d’activité sportive est plus important chez les garçons que chez les filles (HBSC, 2007 ; Thibault et al., 2010 ; Génolini et Escalon, 2010).

Par rapport aux classes d’âge, la pratique de l’activité physique extrascolaire était maximale entre l’âge de 13 et 15 ans chez les deux sexes (Figure 1).

 

Figure 1. Activité physique extrascolaire par sexe et par classes d’âge

Figure 1. Out of school physical activity by sex and age group

 

L’étude de la pratique des activités physiques extrascolaires selon le milieu de residence des enquêtés a révélé que cette habitude ne diffère pas entre les adolescents habitant le milieu urbain et leurs homologues du milieu rural, soit respectivement 48,7% et 48,5%. L’analyse statistique n’a montré aucune différence significative entre ces 2 variables. Pourtant, plusieurs travaux ont montré la présence d’une corrélation entre la situation socioéconomique et la pratique des sports de loisirs (Coggins et al., 1999 ; Kremarik, 2000 ; Dowler, 2001). Cette différence peut être expliquée par le fait que les adolescents vivants dans des conditions socio-économiques modestes ont moins de possibilités financières pour accéder aux équipements, aux programmes et aux activités favorisant un mode de vie dynamique (Popkin et al., 2005). De plus, les parents appartenant au groupe défavorisé sont en général moins instruits, moins conscients des bienfaits de l’activité physique (Kafatos et al., 1999 ; Dowler, 2001) et disposent de revenus bas (Sobal et al., 1989), de plus, leurs enfants se sentent moins sûrs dans leurs environnements et s’inquiètent davantage de la criminalité et de l’absence de sécurité dans leurs voisinage (Peters, 2002).

 

Moyen de transport des adolescents

Différents moyens de transport sont utilisés par les élèves pour se rendre à leurs établissements scolaires. Ils dépendent de la proximité de ces établissements du lieu de résidence, de l’accessibilité, et de la disponibilité du moyen de transport utilisé (El Youbi, 2004). Dans l’échantillon enquêté, 66,8% des adolescents utilisaient des transports actifs pour se rendre aux établissements scolaires avec 56,5% à pied et 10,3% par vélo.

L’étude du mode de transport des adolescents selon le milieu de résidence a montré que parmi les adolescents habitant le milieu rural, 83,1% utilisaient le transport actif pour se rendre à l’école. Au contraire, 59,1% des adolescents du milieu urbain se déplaçaient par des moyens de transports motorisés. Le mode de transport des adolescents apparait bien lié aux conditions socioéconomiques de leurs familles (chi-deux = 104,34 ; p<0,001). Les adolescents issus du milieu urbanisé poursuivaient plus leurs études dans des établissements scolaires privés, de ce fait, ils bénéficiaient plus de moyens de transport motorisés (transport scolaire, emmené par leurs parents, ou avoir leurs propre moyens motorisés).

 

Figure 2. Moyen de transport des élèves par milieu de résidence

Figure 2. Means of transportation of students by area of residence

 

Temps passé devant un écran

Les écrans (télévision, ordinateur, consoles de jeux, portables, tablettes, smartphones, …) envahissent les foyers, et absorbent une part importante du temps libre des enfants et des adolescents. Les adolescents enquêtés consacrent en moyennes 12,88 heures par semaines à regarder la télévision, 7,21 heures devant l’ordinateur, et 6,72 heures aux jeux vidéo.

Selon le sexe, les filles globalement, consacrent plus de temps à la télévision que les garçons (t = -4,59 p< 0,001).

Dans la même ligne d’idées, les résultats de cette enquête montrent que les enfants du milieu urbain passaient plus de temps à regarder ou à utiliser la télévision, l’ordinateur et l’internet que leurs homologues du milieu rural (Tableau 3).

 

 

Total

Urbain

Rural

Test t

Télévision

12,88 (7,28)

14,28 (7,77)

10,36 (5,39)

9,92 ; p<0,001

Ordinateur

7,21 (9,17)

10,01(9,73)

1,96 (4,76)

17,27 ; p<0,001

Internet

6,72 (9,1)

9,52(9,73)

1,47 (4,27)

17,32 ; p<0,001

Tableau 3. Temps moyen hebdomadaire (en heures) passé devant un écran selon le milieu de résidence.

Table 3. Average weekly time (in hours) spent in front of a screen by area of residence.

 

Le développement socioéconomique et sanitaire des ménages, avec l’urbanisation accélérée de la société marocaine et l’entrée massive de la technologie de l’information et de la communication (TIC) aux ménages, avec la facilité d’accès à l’internet ont contribué majoritairement  au changement de mode de vie des adolescents surtout en milieu urbanisé.

Par ailleurs, selon  les résultats d’une  enquête ayant porté sur un échantillon de 723 élèves de la ville de Marrakech, près de 84% se sont avérés avoir des valeurs d’IMC «normales» et 16 % présentent un problème nutritionnel lié à l’insuffisance pondérale ou à la surcharge pondérale voire à l’obésité. Selon le sexe, la prévalence des problèmes nutritionnels (insuffisance pondérale ou surpoids et obésité) était plus importante chez les garçons que chez les filles qui affichent des prévalences respectives de 19,5% et de 13,8% (Kaoutar et al., 2012). Dans cette étude  les auteurs ont révélé que la surcharge pondérale (surpoids et obésité) était plus importante chez les enfants qui sont utilisateurs d’ordinateur et d’internet à raison de plus de deux heures par jour. En plus, le surpoids et l’obésité étaient présents de manière proéminente chez les élèves qui sont motorisés ou qui utilisent la voiture familiale comme moyen de transport pour aller à l’école (Kaoutar et al., 2012).

En effet, l’activité physique et la sédentarité sont deux facteurs indépendants exerçant un effet inverse sur le risque de surpoids (Schneider et al., 2007 ; Lioret et al., 2007). L’augmentation des activités sédentaires au cours des dernières décennies exerce un effet délétère sur la balance énergétique, en diminuant les dépenses liées à l’activité physique et en augmentant les apports caloriques alimentaires à travers une augmentation du grignotage et de la taille des portions consommées. La nature des activités sédentaires aggrave le risque de surpoids, l’usage de la télévision semblant induire le risque le plus élevé, notamment chez les jeunes enfants (Rey-López et al., 2007).

Il est alors nécessaire de tirer la sonnette d’alarme et de réagir dans le but de préserver la santé des adolescents. Pour cela, il est nécessaire de mettre en place des programmes d’éducation nutritionnelle, en se basant sur le programme scolaire, et sur les médias, et de combattre les comportements sédentaires. De plus, sensibiliser les adolescents des bienfaits des sports extrascolaires et du danger de l’usage excessif des écrans sur leur santé et sur leurs relations familiales. En effet, il est indispensable de faciliter l’accès à la pratique d’activité physique en créant  et en augmentant les lieux publics dédiés, et ceci pour tous les adolescents quels que soient les niveaux sociaux et économiques.

 

Remerciements. Nous tenons à remercier très vivement tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à la réalisation de ce travail, particulièrement les directeurs, les professeurs et les élèves ainsi que la Direction de l’Académie Régionale de l’Education et de la Formation de la Région Marrakech Tensift-Al Haouz.

 

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