Benkou, F., Aouar, A., Chaif, O., 2018.
Caractérisation anthropososio-culturelle de la population endogame des Monts de
Traras (Beni Ouarsous) dans l’Ouest Algérien par la consanguinité et le lien de
parenté. Antropo, 39, 49-58. www.didac.ehu.es/antropo
Caractérisation anthropososio-culturelle de la
population endogame des Monts de Traras (Beni Ouarsous) dans l’Ouest Algérien par
la consanguinité et le lien de parenté
Anthropo socio-cultural characterization of the endogamous population of the Traras
Mountains (Beni Ouarsous) in Western Algeria by consanguinity and kinship
Fatiha Benkou1,
Ammaria Aouar Metri1,2, Okacha
Chaif 1
1Laboratoire
d’Anthropologie des Religions et Comparaison, Faculté des Sciences Humaines et Sociales,
Université Abou Bekr Belkaid de Tlemcen, Algérie.
2Laboratoire
de valorisation de l’Action de l’Homme pour la Protection de l’Environnement et
Application en Santé Publique (Equipe Environnement et Santé), Faculté des Sciences,
Université Abou Bekr Belkaid de Tlemcen, Algérie. aaouar@netcourrier.com
Auteur chargé de la
correspondance : Fatiha Benkou. Faculté des sciences
humaines et sociales, Université Hassiba Ben Bouali Chlef, Algérie. benkofatiha@yahoo.fr
Mots clés : Consanguinité, Population,
Béni Ouarsous, Statut social, Mariage, Tradition, Lien de parenté, Anthropologie.
Key words: Consanguinity, Population,
Beni Ouarsous, Marriage, Social status, Tradition, Relationship, Anthropology
Résumé
Notre travail porte sur la caractérisation
anthropo-biologique de la population de Beni Ouarsous dans les monts de Traras,
par la consanguinité et le lien de
parenté. Ce présent travail a pour objectif de décrire la perception des unions
consanguines ainsi à déterminer l'interaction entre le statut social et la
prévalence de la consanguinité.
L'enquête a été réalisée en 2012-2014
sur un échantillon de 560 couples qui sont originaires de la région. Nos
résultats obtenus montrent un taux de consanguinité de l'ordre de (38.33%) qui
l’arrange parmi les populations arabo-musulmanes. Les mariages consanguins
restent une pratique fréquente dans
notre population avec une préférence pour les unions entre cousins germains
parallèles patrilatéraux. Cette pratique matrimoniale dépond de plusieurs
facteurs en savoir, le niveau socio-économique des époux, l’âge du mariage, et
le degré d’implication des parents dans le choix du conjoint de leur enfant.
Abstract
Our work focuses on the anthropo-biological characterization of the population of Beni Ouarsous in the Traras Mountains, through consanguinity and kinship. This work aims to describe the perception of consanguineous unions and to determine the interaction between social status and the prevalence of consanguinity.
The survey was conducted in 2012-2014 on a sample of 560 couples from the region. Our results show a consanguinity rate of about 38.33% which suits it among the Arab-Muslim populations. Consanguineous marriages continue to be a frequent practice in our population, with a preference for unions between patrilateral parallel first cousins. This matrimonial practice depends on several factors, namely, the socio-economic level of the spouses, the age of the marriage, and the degree of involvement of the parents in the choice of their child's spouse.
Introduction
Les raisons sur les quelles se base le choix du
conjoint se différencient d’une région à une autre et d’une culture à une
autre. Certains auteurs considèrent que le mariage doit être basé sur une
égalité ethnique, sociale et culturelle pour réussir l’union. Ce choix de
conjoint à l’intérieur du groupe familial, renforce la stabilité et la cohésion
sociale du groupe.
Les bénéfices de ces mariages sont appris et
construits par l’intermédiaire de la socialisation et de la communication à
savoir la famille, la parenté et le voisinage, comme le rapporte certains
travaux ultérieurs concernant les populations de l’Ouest Algérien (Sidi Yekhlef
et Aouar Metri, 2013; Moussouni et al.,
2017; Mortad et al., 2015) où les traditions et les motivations
socioculturelles et économiques sont bien définies.
Ce type
d'union a pour but primordial de préserver les biens familiaux, sources de
revenus collectif qui visent la conservation des terres au sein de la même
famille, notamment par les unions entre cousins paternels (Khlat, 1986).
Les
populations arabo-musulmanes sont plus concernées par cette pratique. De même la consanguinité en milieu
rural est plus importante qu'en milieu urbain ( Zaoui et Biémont, 2002).
Comme dans
d’autres pays arabes, la pratique des mariages consanguins en Algérie constitue
encore aujourd’hui un phénomène social particulièrement important. Plusieurs
populations de l’ouest Algérien pratique cette forme de mariage (Aouar et
al., 2011; Sidi Yekhlef et Aouar Metri, 2013; Mortad et al, 2015; Moussouni
et al., 2017). En effet, c’est une tradition arabe et musulmane, au nom
d’une sécurité financière et affective.
Certains
travaux sur les populations Algériennes (Benallegue et Keji, 1984; Zaoui et
Biémont, 2002; Aouar et al., 2011, Moussouni et al., 2017) ont
souligné l'importance de cette pratique matrimoniale qui reste présente avec
une moyenne de 38,30%. Les effets de ce type d’union ont fait également l’objet
des travaux en santé publique. Certains de ces travaux ont montré des effets
défavorables sur la reproduction et la mortalité infantile (Benallegue et
Kedji, 1984, Aouar et al., 2011, Moussouni et al, 2017). Alors
que d’autres études ont montré un effet
bénéfique (Bener et al., 2009).
Des études multiples ont cherché à
expliquer ce choix matrimonial dans certaines populations.
Ces travaux ont souligné qu'un grand nombre de
facteurs liés aux caractéristiques des femmes, et qui pourraient être des déterminants de choix de
ce type de mariage, à savoir le niveau d’instruction (Al Husain et Al Bunyan,
1997; Hussain et Bittles, 1998; Alper et al., 2004), le milieu social (Hussain et Bittles,
1998), la profession (Khlat, 1988; Jurdi et Saxena, 2003, Sidi Yekhlef et Aouar
Metri, 2013), et l'âge du mariage, etc, (Afzal et al., 1994; Hussain et
Bittles, 1999; Gunaid et al., 2004).
Dans ce contexte et dans le but
d'enrichir la base de donnée anthropo-génétique et anthropo-biologique des
populations Algériennes en général et des populations de l’Ouest Algérien en particulier qui est le projet de
recherche de notre équipe, la présente étude cherche à évaluer le taux de la
consanguinité et les
différentes facteurs liés à cette pratique, au sein de la population
berbère de Béni Ouarsous,
dans les Monts de Traras. Cette population est une communauté géographiquement
montagneuse. Les familles mènent plus ou moins une vie rurale basée sur une
organisation tribale.
Matériel et méthodes
L'étude a portée sur la région de Béni Ouarsous
dans les Monts de Traras qui se situe au Nord Ouest de la face Méditerranéenne
de l’Algérie. Elle est située à 43 Km au Nord-Ouest de la ville de Tlemcen, et
10 Km au bord de la mer (Figure 1). Elle s’étend sur une superficie de l’ordre
de 170Km2, dont le nombre d’habitants est de 12111 (selon le
recensement de 2008, APC de Beni Ouarsous).
Cette région connue par le nom de
« Traras » ou « Trare » qui signifie « Berbère »
(Mármol Carvajal, 1599) est peuplée par une communauté berbère (Benkou, 2011).
Figure 1. Situation géographique de la
commune de Beni Ouarsous (Aouar et al., 2012)
Figure 1. The géographical situation of the municipality of Beni Ouarsous (Aouar
et al., 2012)
Echantillonnage et tests statistiques
Cette étude a été réalisée en 2012-2014 par une
enquête menée auprès de 316 couples qui sont originaires de la région de Beni Ouarsous.
Cette enquête procure un grand nombre d’informations sur l’origine
ethnique, les variables socioculturelles
et anthropologiques.
L’ensemble des données sont composés des couples
étudiés, leurs parents ainsi que leurs grands parents, nous a permis
d’esquisser les principaux caractéristiques des mariages consanguins et les
liens de parenté dans la famille de Beni Ouarsous.
Les données ont été traitées par le test de χ2 (programme minitab v16) pour la
comparaison des proportions des différentes catégories étudiées.
Résultats et discussion
Fréquence de la consanguinité
Nos résultats obtenus montrent que cette
population, représente un taux de consanguinité de l’ordre de 38,33% pour la
génération des couples étudiés, 41,57% pour celle de leurs parents et 45,2%
pour celle de leurs grands parents, avec une tendance croissante des unions
consanguines en allant de la génération des couples à la génération des grands
parents (Tableau 1).
Ce qui signifie la continuité et le suivie de
cette forme d’union selon ces générations. Ces résultats s’accordent avec ceux
qui avaient été préalablement obtenus par Al-Awadi et al (1985) au
Koweit, Khoury et Massad (1992) en Jordanie, Bittles et al (1993) en
Inde, Hussain et Bittles (1998) au Pakistan et Saadat et al (2004) en
Iran.
Ce taux reste comparable à celui de la moyenne
Algérienne qui est de l’ordre de 38,30% (FOREM, 2007) et à celui de la moyenne
de l’Ouest Algérien qui est de l’ordre de 33 % (Aouar Metri et al,
2004).
Génération |
MC |
MNC |
Total |
Les
couples |
46 (38,33%) |
74 (61,66%) |
120 |
Les
parents |
79 (41,57%) |
111 (58,42%) |
190 |
Les
grands parents |
113 (45,2%) |
137 (54,8%) |
250 |
Tableau 1. Fréquences de la
consanguinité dans la population de Béni Ouarsous. MNC : Mariage non
consanguin, MC : Mariage
consanguin,
Table 1. Consanguinious
frequency in the population of Beni Ouarsous. MNC : Non consanguineous marriage, MC : Consanguineous marriage
Concernant l’évolution de
la consanguinité au cours du temps (Figure 2), nous constatons, une décroissance, qui reste non
significative (p>0,05).
Figure 2
Diagramme des proportions de la consanguinité chez la génération des couples
étudiés au cours du temps.
Figure 2. Diagram of the proportions
of inbreeding in the generation of couples studied over time.
Nature des mariages consanguins
Degré
de parenté entre les conjoints
Les résultats qui concernent le type de parenté entre les
conjoints (Tableau 2) montrent une
préférence pour les mariages entre cousins germains aussi bien chez la
génération des couples de l'échantillon que chez la génération de leurs
parents.
Ce résultat ne rejoint pas celui trouvé en Algérie par
Benallègue et Kedji, (1984). En effet, ce type d’union est un trait spécifique des populations
arabo-musulmanes (Khuri, 1970; Khlat et Khudr, 1986; Zlotogora, 1997).
De même, une
prédominance des unions consanguines patrilatérales (cousins germains
patrilatéraux et cousins éloignés patrilatéraux) est observée pour les trois
générations (Tableau 3). Ces résultats corroborent les travaux de Zaoui et
Biémont (2002) et Aouar Metri et al (2004) où les mariages
consanguins entre cousins parallèles patrilatéraux sont préférés dans la
société algérienne.
|
Cousins
germains |
Cousins
éloignés |
Total |
Les
couples étudiés |
31(67,39%) |
15(32,60%) |
46 |
Les
parents |
43(54,43%) |
36(45,56%) |
79 |
Les
grands parents |
64(56,63%) |
49(43,36%) |
113 |
Tableau 2. Répartition inter-génération des fréquences des cousins germains et
cousins
éloignés
Table 2. Inter-generation distribution of first
cousins and distant cousins
|
CGP |
CGM |
CEP |
CEM |
Les
couples étudiés |
23
(74,19%) |
08(25,8%) |
10
(66,66%) |
05(33.33%) |
Les
parents |
33(76,74%) |
10(23,25%) |
29(80,55%) |
07(19.44%) |
Les
grands parents |
35((54,68%) |
29(45,31%) |
40(81,63%) |
09(18.36%) |
Tableau 3. Répartition inter-génération des fréquences des cousins germains et
cousins éloignés (patrilatéraux et matrilatéraux). CGP : Cousin germain
patrilatérale, CGM : Cousin germain matrilatérale, CEP: Cousin éloigné
patrilatérale, CEM : Cousin éloigné matrilatérale.
Table 3. Inter-generation distribution of distant
cousins and distant cousins (patrilateral and matrilateral)
CGP: Cousin
germain patrilatérale, CGM: Cousin germain matrilateral, CEP: Remote
patrilateral cousin, CEM: Remote cousin matrilateral.
Position généalogique
des conjoints
Quant-à-
la position généalogique des conjoints (Tableau 4 et 5), les résultats révèlent
que l’union entre cousins parallèles est plus répondue par rapport à celle
entre cousins croisés. Ainsi, une tendance de prédominance des mariages entre
cousins parallèles patrilatéraux aussi bien chez les couples étudiés que leurs
parents.
Ces
résultats corroborent certains travaux (Al-Gazali et al., 1997; Hussain et Bittles,
2000; Zlotogora et al., 2002; Bou-Assy et al., 2003; Saadat et
al., 2004).
Cette
situation rappelle que, dans les sociétés rurales, le mariage constitue une
tendance à la transmission et à la conservation du patrimoine économique et
culturel au sein de la lignée agnatique (Baali, 1994). Cela signifie
l’appellation du mot « oueld ammi » qui veut dire mon cousin germain
paternel et qui s’applique indistinctement par tous les membres de la famille
et de la fraction.
|
Cousin parallèle |
Cousin croisé |
Total |
Les couples étudiés |
26(83.87%) |
05(16,12%) |
31 |
Les parents |
30(69,67%) |
13(30,23%) |
43 |
Les grands parents |
39(60,93%) |
25(39,06%) |
64 |
Tableau 4. Distribution
inter-génération des fréquences des mariages consanguins entre cousins germains
parallèles et croisés
Table 4. Inter-generation distribution of the frequencies of consanguineous
marriages between parallel and crossed first cousins
|
CGPP |
CGPM |
Total |
Les couples étudiés |
19(73,07%) |
07(26,92%) |
26 |
Les parents |
20(66,66%) |
10(33,33%) |
30 |
Les grands parents |
25(64,10%) |
14(35,89%) |
39 |
Tableau 5. Distribution inter-génération
des fréquences des mariages consanguins entre cousins germains parallèles
patrilatérales et matrilatérales. CGPP : Cousin germain parallèle
patrilatérale, CGPM : Cousin germain parallèle matrilatérale
Table 5. Inter-generation distribution of the frequencies of consanguineous
marriages between patrilateral and matrilateral parallel first cousins. CGPP:
Cousin german parallel patrilateral, CGPM: cousin germain parallel matrilateral
Hérédité
de la consanguinité
Notre
étude sur l’hérédité matrimoniale (Tableau 6), révèle une relation hautement
significative aussi bien pour les hommes (p<0,01) que pour les femmes
(p<0,001). Ce résultat nous emmène à dire que le mariage consanguin reste un
phénomène héritable des parents à leurs enfants, autrement dit une relation
entre ascendance descendance. Cette forme d’hérédité trouve ses ripostes,
aussi, dans l’intervention des parents lors du choix du conjoint. En effet, les
parents, convaincus de la réussite de leur mariage consanguin tendent à le
reproduire au niveau de leurs enfants.
Les corrélats sociaux
Selon
plusieurs études, les mariages endogamiques semblent être étroitement liés au
statut socio-économique et culturel des populations. Dans ce sens, nous avons
cherché à identifier les principaux facteurs déterminants les mariages
consanguins et à préciser dans quelle mesure les variables étudiées sont
associées à la pratique de cette forme d’union, autrement dit pouvant prédire
la probabilité de ce phénomène.
Statut du mariage |
Statut du mariage des parents
des maris |
|
Mariage consanguin |
Mariage non consanguin |
|
Maris |
|
|
Mariage consanguine |
28 (23,33%) |
18 (15%) |
Mariage non consanguine |
2 5(20,83%) |
49 (40.83%) |
Femmes |
|
|
Mariage consanguine |
30 (27,77%) |
16 (14,81%) |
Mariage non consanguine |
15 (13,88%) |
47 (43.51%) |
Tableau 6. Matrice de l’hérédité
du mariage chez les époux
Table 6. Matrimony of marital inheritance among spouses
Concernant le statut de mariage selon le niveau
d’éducation des conjoints (Figure 3), aucune variabilité n’est observée aussi
bien pour les femmes que pour les hommes. Cette constatation est signalée
également dans la région de Doukkala au Maroc par Talbi et al (2008),
qui peut être expliquée par la dominance de l’analphabétisme dans cette
génération qui empêche l’expression de la différence entre les instruits et les
non instruits. Par contre ces résultats ne sont pas similaires à ceux
obtenus par d’autres recherches (Khoury et Massad, 1992; Benhamadi, 1997; Jurdi
et Saxena, 2003; Raz et al., 2003; Barbour et Salameh, 2009) où le
niveau d’instruction reste un
facteur important quant au statut du
mariage.
|
|
Figure 3. Niveau d’instruction
chez les conjoints en fonction de la consanguinité.
Figure 3. Level of education among spouses according to inbreeding.
Concernant le facteur «statut
professionnel» et le type de mariage (Tableau 8), nous notons une corrélation (p<0,05) qui provient
d’une part des « Agriculteurs » qui sont consanguins et d’autres
part des « Employés » et « Commerçants » qui ne sont pas
consanguins. Cette constatation explique la thèse du maintient de l’héritage
qui reste important dans le milieu rural. De même, ça explique le proverbe qui
dit «Notre huile servira dans notre maison ». Ce résultat est en accord avec les résultats trouvés
par Khlat, 1988 et Jurdi et Saxena, 2003.
L’étude de l’association de la date du mariage des
conjoints et la consanguinité (Figure 4), nous révèle une relation trés
significative (p<0,01). Ce résultat indique que plus les conjoints sont
jeunes plus ils sont soumis à cette tradition.
Cette tendance est en accord avec les travaux de Bittles (1994), Givens
et Hirschman (1994), Jurdi et Saxena (2003), Hussain et Bittles (2000) et
Sidi-Yakhlef et Aouar (2013).
|
Couples consanguins |
Couples non
consanguins |
Total |
Femmes |
|
|
|
0 |
35 (45,45%) |
42 (54,54%) |
77 |
1 |
9 (33,33%) |
18 (66,66%) |
27 |
4 |
2 (26,3%) |
14 (71,42%) |
16 |
Maris |
|
|
|
2 |
28 (50,9%) |
27 (49,09%) |
55 |
3 |
4 (18,18%) |
18 (81,81%) |
22 |
4 |
8 (36,36%) |
14 (63,63%) |
22 |
5 |
6 (28,57%) |
15 (71,42%) |
21 |
Tableau 7. Répartition des
proportions de statut professionnel des conjoints selon le statut de mariage. 0 : Sans profession,
1 : Artisans, 2 : Agriculteurs,
3 : Commerçants, 4 : Ouvriers et employés non qualifiés, 5 :
Employés qualifiés et cadres et professions intellectuelles supérieurs.
Table 7: Distribution of Spousal Status
Proportions by Marital Status. 0: Without profession, 1: Craftsmen, 2: Farmers,
3: Merchants, 4: Workers and unskilled employees, 5: Skilled employees and
managerial and higher intellectual professions.
|
|
Figure 4. Proportions de la
consanguinité en fonction de l’âge de mariage des conjoints.
Figure 4. Proportions of consanguinity according to the marriage age of spouses.
Le contexte anthropologique
Les analyses des indicateurs anthropologiques peut
nous fournir des éléments de réponses concernant les motivations et les
attitudes de la population isolée et rurale et endogame de Beni Ouarsous,
vis-à-vis la pratique de la consanguinité qui reste encore courante dans cette
région.
À travers les réponses des individus concernant le
type de foyer, nous ne constatons aucune variabilité entre ce facteur et l’endogamie
(Tableau 8).
|
Couple consanguin |
Couple non consanguine |
Total |
Etendu |
19 (39,58%) |
29 (60,41%) |
48 |
Nucléaire |
27 (37,5%) |
45 (62,5%) |
72 |
Total |
46 |
74 |
120 |
Tableau 8. Distribution des
proportions du statut de mariage en fonction du type de foyer.
Table 8. Distribution of marriage status proportions by household type
Pour le type de mariage (traditionnel ou moderne),
les résultats indiquent l’existence d’une relation très significative entre le
mariage traditionnel et la pratique endogamique (Tableau 9).
Ces résultats corroborent des travaux qui
révèlent que, le contrôle qu’exercent les parents sur le choix du conjoint de
leurs enfants semble également influencer le choix de ce type de mariage
(Demirel et al., 1997; Hussain et Bittles, 1998; Audinarayana et
Krishnamoorthy, 2000; Tfaily, 2005; Abbasi Shavazi et al., 2006).
Type de marriage |
Couple consanguin |
Couple non consanguin |
Total |
Traditionnel |
37 (51,38%) |
35 (48,61%) |
72 |
Moderne |
9 (18,38%) |
39 (81,25%) |
48 |
Total |
46 |
74 |
120 |
Tableau 9. Distribution des
proportions de la consanguinité en fonction du type de mariage.
Table 9. Distribution of consanguinity proportions according to type of
marriage.
Quant-au milieu de résidence des conjoints avant
le mariage, il ne semble pas avoir un effet sur le choix de cette
forme d’union. De même pour la polygamie, aucune variabilité n’est marquée.
Tendis qu’un effet significatif est observé pour le travail de la femme et le
statut de mariage. En outre, le travail domestique est considéré par les
parents comme une tâche principalement féminine qui doit être un pole de
l’éducation traditionnelle de leurs filles.
Les individus de notre échantillon ont été
interrogés auprès de leurs foyers au sujet de leurs comportements matrimoniaux
à l’aide d’un questionnaire préétablis par notre équipe, dans le but de mesurer leur degré d’adhésion
à des propositions relatives aux mariages entre apparentés.
Les données recueillies révèlent que la plus part
des répondants déclarent que la consanguinité reste une pratique courante dans
la région de Beni Ouarsous, en tant qu’une population conservatrice et fermée.
Ainsi plus de la moitié des interrogés considèrent
le mariage consanguin comme un arrangement avantageux en raison de stabilité de
la famille, la garantie de fidélité de l’épouse et la garantie d’une égalité de
statut social. Ce type de mariage on le retrouve généralement chez les cousins
paternels en raison de garder le même
non, et de conserver le patrimoine économique à l’intérieur de la lignée
agnatique.
Conclusion
L’Anthropologie de cette région, ainsi que ses
faits historiques en plus de son caractère bédouin et son origine agricole ont
crée une vie sociale, consistant dans les coutumes et les traditions que
conserve encore la région les quelles sont la cause de leur cohésion et de leur
solidarité. Ce mode de vie apparaît clairement dans les différentes occasions et
notamment dans les règles matrimoniales à savoir les mariages endogamiques. Les
Beni Ouarsous préfèrent ce type d’union en vue de préserver leur culture, leur
lignée, leur généalogie et leur propriété.
A l’issus de cette étude,
la population de Beni Ouarsous présente une consanguinité très importante de
l’ordre de 38,33% avec une préférence des unions entre cousins germains
parallèles patrilatérales.
Ce
type d’union est un trait spécifique des populations arabo-musulmanes
(Zlotogora; 1997).
Ce mariage consanguin
est loin d’être aléatoire. Il s’agit d’un comportement héritable, et dépend de
plusieurs facteurs économiques, socio-culturels et démographiques à
savoir la profession socio-économique, l’âge précoce du mariage et le degré
d’implication des parents dans le choix du conjoint de ses enfants.
Cette pratique matrimoniale est due à sa position
géographique, culturelle et démographique de la région. Ainsi ce milieu rural
garde encore le profil traditionnel, où les familles communautaires préfèrent
les mariages consanguins. Par ailleurs l’isolat géographique et le nombre
réduit des individus constituent l’originalité de la population de Beni
Ouarsous.
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