Diallo, T., Denou, A., Coulibaly, B.F.,
Dakouo, B., Coulibaly, B., 2017. Dispensation des antipaludiques dans les
officines privées du district de Bamako, Mali. Antropo, 37, 161-168.
www.didac.ehu.es/antropo
Dispensation
des antipaludiques dans les officines privées du district de Bamako, Mali
Dispensation of antimalarial
in private pharmacy in the district of Bamako, Mali
T. Diallo1,2, A. Denou1, B. F. Coulibaly1,
B. Dakouo1, B. Coulibaly2,3
1 Département Sciences du Médicament, Faculté de Pharmacie, Université
des Sciences, des Techniques et des Technologies de Bamako, Mali
2 Centre d’Information Pharmaco-thérapeutique de Bamako, Mali
3 Pharmacie de la Côte, Sogoniko, Kamako, Mali
Auteur
correspondant : Docteur
Tidiane Diallo, Département Sciences du Médicament, Faculté de Pharmacie,
Université des Sciences, des Techniques et des Technologies de Bamako, Mali.
Email : t_diallo2003@yahoo.fr
Mots clés : Antipaludiques, Dispensation, officines privées,
Bamako-Mali.
Key words: Antimalarials,
Dispensation, private pharmacy, Bamako-Mali.
Résumé
Le pharmacien d’officine est un acteur sanitaire de proximité à travers
ses actions quotidiennes (conseils, dispensations), il joue un rôle important
dans la prise en charge du paludisme. L’objectif de notre étude était d’étudier
la prise en charge officinale du paludisme à travers la dispensation des
antipaludiques dans les officines privées du district de Bamako, Mali.
Il s’agissait d’une étude transversale
descriptive sur la dispensation des antipaludiques. Elle s’est déroulée de
novembre 2014 à août 2015 dans les officines privées du district de Bamako,
capitale du Mali. Nous avons retenue dans notre étude tous les patients porteurs
d’ordonnance contenant au moins un antipaludique.
Durant notre étude
nous avons collecté 547 ordonnances qui contenaient au moins un antipaludique
entre autre des Combinaisons Thérapeutiques à base d’Artémisinine (CTA) et des
monothérapies. Ces antipaludiques étaient quelques fois associés aux
antibiotiques. Dans 70,6% des cas le porteur de l’ordonnance n’est pas le
malade pour lequel la prescription est faite. Les CTA figurent sur 71,4% des
ordonnances, dans 93,6% des cas ces CTA sont recommandés pas le PNLP. La
Quinine a constitué 43,7% des autres antipaludiques prescrits. Les
antalgiques-antipyrétiques ont été présents dans 87,9% des ordonnances et le
plus prescrit est le paracétamol. Quant aux antibiotiques 55,4% des ordonnances
en contiennent et la Ceftriaxone était la plus prescrite. Le coût médian de
l’ordonnance était 7130FCFA, celle payé était 6450FCFA, celui
des antipaludiques qui y figurent sur l’ordonnance et qui a été payé étaient de
2870 FCFA ainsi celui des CTA 2670 FCFA.
L’usage rationnel des antipaludiques à travers une bonne dispensation permettra de diminuer considérablement le taux de mortalité et de morbidité liés au paludisme.
Abstract
The pharmacy dispenser is a local health actor through its daily actions
(advice, dispensations), it plays an important role in the management of
malaria. The objective of our study was to study the management of malaria by
the dispensation of antimalarials in the private dispensaries of the district
of Bamako, Mali.
This was a cross-sectional descriptive study on the delivery of
antimalarials. It took place from November 2014 to August 2015 in private
pharmacies in the district of Bamako, capital of Mali. We included in our study
all patients with prescriptions containing at least one antimalarial.
During our study we collected 547 prescriptions that contained at least one
antimalarial medication including Artemisinin-based Therapeutic Combinations
(CTA) and monotherapies. These antimalarials were sometimes associated with
antibiotics. In 70.6% of cases the bearer of the prescription is not the
patient for whom the prescription is made. CTAs are listed on 71.4% of
prescriptions, 93.6% of which are not recommended by the NMCP. Quinine
accounted for 43.7% of other prescribed antimalarials. Analgesics-antipyretics
were present in 87.9% of prescriptions and the most prescribed is paracetamol.
As for antibiotics, 55.4% of prescriptions contain ceftriaxone and ceftriaxone
was the most prescribed. The median cost of the prescription was 7130 CFA
francs, the paid amount was 6450 CFA francs, the cost of the antimalarials
listed on the prescription and paid was CFA 2870 and the CFA 2670 CFA.
The rational use of antimalarials through a good dispensation will greatly
reduce malaria mortality and morbidity rates.
Introduction
Au Mali, le paludisme constitue 44% des motifs de consultation. Il a
été enregistré en 2012 dans les établissements de santé, 2.171.739 cas
cliniques de paludisme (1.508.672 cas simples et 663.067 cas graves) dont 1.894
décès, soit un taux de létalité de 0,9‰ (INSTAT, 2013). Il constitue donc un problème majeur de santé publique
au Mali. En plus des pertes en vies humaines, le coût cher en dépenses de santé
publique. Enfin, le paludisme constitue un facteur d’aggravation de la
pauvreté, une cause d’inégalité et un frein au développement.
Le pharmacien d’officine dans ces pratiques quotidienne de dispensation (l’analyse
pharmaceutique de l’ordonnance médicale;
la préparation éventuelle des doses à administrer la mise à disposition des
informations et les conseils nécessaires au bon usage des médicaments), peut
jouer un rôle important dans la prise en charge biologique des patients et de
l'usage rationnel des médicaments antipaludiques, conformément aux objectifs du
plan stratégique national
2013-2017 de lutte antipaludique au Mali (Ministère
de la Santé, 2013).
C’est dans ce contexte que la présente étude a été élaborer avec comme
objectif d’étudier la prise en charge officinale du paludisme à travers la
dispensation des antipaludiques dans les officines privées du district de
Bamako, Mali.
Population et méthodes
Il s’agissait d’une étude transversale
descriptive sur la dispensation des antipaludiques qui s’est déroulée de
novembre 2014 à août 2015 dans les officines privées du district de Bamako,
capitale du Mali.
La ville de Bamako compte environ 45% des
officines du pays (CIOPF, 2016).
Elle est traversée d’Ouest en Est par le fleuve Niger et territorialement
divisée en six communes (les communes I à IV sur la rive gauche, V et VI sur la
rive droite du fleuve) avec une population de 1.926.748 habitants en 2012 (CPS et al, 2014). Chaque commune est divisée
en aires de santé et dans chaque aire se trouve plusieurs officines et au moins
un centre de santé communautaire (CSCOM) créé et géré par les populations
regroupées en association de santé communautaire (ASACO).
Nous avons retenue
dans notre étude tous les patients porteurs d’ordonnance reçus dans les
officines du district de Bamako durant notre période d’étude pour une raison de
dispensation d’antipaludique. L’ordonnance doit comporter au moins un
antipaludique et qu’elle soit portée par un patient de plus de 15 ans afin que
la réponse à nos questions soit correcte, dès la validation du
questionnaire. Après quelques essais avant l’étude, nous avons commencé
l’enquête.
La taille de
l’échantillon des patients n’était pas prédéfinie, la collecte était en
fonction de la fréquentation des officines par les clients porteurs
d’ordonnance antipaludique et consentants pour l’étude durant notre présence. Nous
avons passé une demi-journée dans toutes les officines pour la réalisation de
l’enquête. Nous avons pris place dans les pharmacies, les pharmaciens et les
vendeurs en pharmacie nous envoyaient tous les clients dont leur ordonnance
comportait au moins un antipaludique. Une fois face au client nous faisons une
petite présentation de l’étude après leur consentement nous procéderons à la
phase question réponse dans la langue maternelle et enfin nous avons recopié
les produits de l’ordonnance.
Dans notre questionnaire nous avons pris en
compte les variables suivantes :
- Caractéristiques de la personne enquêtée.
- Analyse du traitement et évaluation de
l’ordonnance.
- Comportement des clients porteurs
d’ordonnances et compréhension du traitement.
- Aux sources d’informations des patients sur
le traitement et la prévention du paludisme.
Le logiciel statistique Epi-info7 a servi à la saisie et à l’analyse de
nos données.
Pour la réalisation de l’enquête le conseil national de l’ordre des
pharmaciens du Mali nous a remis une lettre d’introduction pour faciliter
notre introduction auprès des pharmaciens concernés. Au début de l’enquête nous
avons obtenu le consentement éclairé de tous les pharmaciens pour les enquêtes
à travers leurs avis favorables. Au cours de l’enquête, nous avons donné un
code pour chaque officine en vue de garder l’anonymat et la confidentialité des
résultats.
Résultats
Durant notre étude
nous avons collecté 547 ordonnances qui contenaient au moins un antipaludique
entre autre des Combinaisons Thérapeutiques à base d’Artémisinine (CTA) et des
monothérapies. Ces antipaludiques étaient quelques fois associés aux
antibiotiques.
Caractéristiques des personnes enquêtées
Dans 70,6% des cas
le porteur de l’ordonnance n’est pas le malade pour lequel la prescription est
faite (Tableau 1); le p-value était hautement significatif. Les moins de 5 ans
ont constitué 17,5% des patients. Le sexe ratio était en faveur des femmes soit
1,5 avec un p-value hautement significatif et dans 17,7% des cas ces femmes
étaient enceintes.
Caractéristiques des clients |
Proportion (%) |
p |
Statut du client (n= 547) Le client est le
malade |
29,3 |
<0,00001 |
Le client n’est
pas le malade |
70,6 |
|
Statut inconnu Tranche d’âge des patients (n= 547) Moins de 5 ans 5 à 19 ans 20 à 59 ans 60 ans et plus Inconnu Sexe (n= 547) Masculin Féminin Inconnu Femme enceinte (n=271) Oui Non Inconnu |
0,1 17,5 21,7 48,3 7,4 5,1 36,9 56,3 6,8 17,7 58,3 24 |
<0,00001 |
Tableau
1. Caractéristiques des clients
porteurs d’ordonnances à la pharmacie, Bamako, 2015
Analyse du traitement et évaluation de
l’ordonnance
Les prescripteurs sont dominés par les médecins dans 81,9% des cas et
45,3% de ces professionnels exercent dans le secteur public.
Un prélèvement sanguin a été effectué chez 38,2% des patients et dans
77,3% des cas c’était une demande d’analyse de confirmation du paludisme
(goutte épaisse ou test de diagnostic rapide) avant la mise en route du
traitement.
Sur les 1897
prescriptions médicamenteuses, 22% était des génériques et dans 14% des cas les
prescriptions étaient en forme injectable. Les antipaludiques étaient associés
aux antibiotiques dans 16% des prescriptions.
Le nombre médian de
médicaments sur une ordonnance était de 3 médicaments prescrits, celui des
génériques en de DCI comme celui des d’antibiotiques était de 1 contre 2 pour
les injectables.
Médicaments prescrits |
Proportion (%) |
CTA (n= 529) Autres antipaludiques (n=529) CTA recommandées (n=378) |
71,4 28,6 93,6 |
Quels sont ces autres antipaludiques (n=
151) Quinine Sulfadoxine+Pyrimethamine Amodiaquine Autres |
43,7 33,1 4,0 19,2 |
Antalgiques-fébrifuges (n= 449) Paracétamol Ibuprofène Aspirine Novalgin Paracétamol+codéine Tramadol Paracétamol+ibuprofène Paracétamol et tramadol |
87,9 82,6 5,6 3,3 2,9 2,9 1,3 0,9 0,4 |
Antibiotiques (n= 303) Quels sont les antibiotiques prescrits (n=
229) Ceftriaxone et autres céphalosporines Amoxicilline et autres Bêtalactamines Ciprofloxacine et autres fluoroquinolones Cotrimoxazole Métronidazole et autres macrolides Autres |
55,4 29,7 26,6 24,5 9,6 8,3 1,3 |
Tableau
2. Types de médicaments
prescrits, Bamako, 2015
Les CTA figurent sur
71,4% des ordonnances, dans 93,6% des cas ces CTA sont recommandés pas le PNLP
(Tableau 2). La Quinine a constitué 43,7% des autres antipaludiques prescrits.
Les antalgiques-antipyrétiques sont présents dans 87,9% des ordonnances et le
plus prescrit est le paracétamol. Quant aux antibiotiques 55,4% des ordonnances
en contiennent et la Ceftriaxone était la plus prescrite.
Le coût médian de
l’ordonnance est 7130FCFA, celui payée était 6450FCFA.
Celui des antipaludiques qui y figurent sur l’ordonnance et qui a été payé
étaient de 2870 FCFA ainsi celui des CTA 2670 FCFA (Figure
1).
Figure 1. Coût de l’ordonnance, Bamako, 2015
Comportement des clients porteurs
d’ordonnances et compréhension du traitement.
Si 10,2% des clients ont consulté une autre personne avant de voir un
professionnel de santé pour une consultation médicale, la proportion de ceux
qui ont pris des médicaments avant de le faire atteint 25,4% (Tableau 3).
Seul
17,9% des clients possèdent une assurance maladie. Ils sont 83,2% à pouvoir
acheter la totalité de leur ordonnance. Pour ceux qui n’ont pas acheté tous les
médicaments, 53,2% avancent des raisons financières et 36,7% était lié au non
disponibilité du médicament.
Dans 89,9% les
patients connaissaient les posologies de leur traitement, seulement 2% étaient
informés sur les effets indésirables des médicaments qu’ils possédaient. Quant
à la durée du traitement, près de 60% ont affirmé avoir en connaitre.
Actions
entreprises |
Proportion (%) |
Consultation d’une
autre personne avant un professionnel (n= 547) |
10,2 |
Personnes consultées (n= 56) Tradipraticien Membre de la
famille Infirmier Voisin Autre personne Prise de médicaments avant de voir un
professionnel Type de médicaments pris (n= 139) Antalgiques/antipyrétiques Antipaludiques Antibiotiques Autres médicaments Sans réponse |
25 12,5 10,7 7,1 55,3 25,4 48,2 10,1 2,2 22,3 17,3 |
Tableau
3. Comportement des clients
avant de consulter un professionnel de santé, Bamako, 2015
Informations générales sur le paludisme
Ils sont 32,2%, sur
l’ensemble des patients enquêtés, déclarant avoir reçu des informations sur la
bonne utilisation des médicaments. Les sources de ces informations sont
principalement la télévision (41%) et la radio (15%) (Figure 2).
Dans 85% des clients possèdent des moustiquaires. Le centre de santé
(47%) et les ONG à travers les dons (19%) constituent les principaux lieux où
ils s’en sont procurés.
Parmi ces clients qui en possèdent, 76,6% déclarent que leurs
moustiquaires sont imprégnées d’insecticide et 85,6% s’en servent pour se
protéger au moment du sommeil.
Le recours aux
médicaments traditionnels est noté chez 28,7% des clients pour prévenir le paludisme
et chez 41,1% pour le traiter (Tableau 4). Les principales sources
d’approvisionnement de ces clients sont le Tradipraticien (65,1%) et le marché.
Le soulagement par l’utilisation des plantes médicinales était affirmé par
84,5% des utilisateurs
Figure 2. Informations générales sur le traitement antipaludique, Bamako, 2015
Utilisation de médicaments traditionnels |
Proportion (%) |
Pour prévenir le paludisme (n= 547) |
28,7 |
Pour traiter le paludisme (n= 547) Soulager par le médicament traditionnel (547) Lieu d’obtention des médicaments traditionnels (n= 106) Tradipraticien Marché Pharmacie Autre Le client affirme être soulagé par le médicament traditionnel (n=
233) |
41,1 36 65,1 12,3 4,7 17,9 84,5 |
Tableau
4. Recours aux médicaments
traditionnels
Discussion
La lutte contre le paludisme nécessite l’implication de tous les
acteurs de la santé aussi bien du secteur public que privée (officine de
pharmacie).
Le Mali compte plus de 536 officines en 2016 ouvert pendant 14 heures
par jour avec au moins un pharmacien par officine et plus de 100 visiteurs par
jours (CIOPF,
2016). Face
à l’évolution de ces missions officinales, le pharmacien d’officine doit avoir
une bonne maîtrise des nouvelles stratégies thérapeutiques enfin de mieux
répondre aux besoins de sa clientèle. Le paludisme étant la première maladie
mortelle au Mali, et l’officine étant le premier recours de la population
malienne avant d’aller voir un médecin, il est nécessaire que le pharmacien
d’officine ait une grande maitrise de cette pathologie conformément aux
directives du Programme National de Lutte contre le Paludisme au Mali.
Dans notre étude, les caractéristiques des
personnes enquêtées (clients porteurs d’ordonnance dans les officines privées
de Bamako) ont mis en évidence une grande difficulté dans la dispensation avec
70,6% des détenteurs d’ordonnance n’étaient pas le malade. Dans ce cas la
transmission des explications sur l’usage rationnel du médicament au malade
peut être souvent incomplète, c’est ce qui explique le retour de nombreux
clients à la pharmacie pour une nouvelle explication sur l’usage rationnel du
médicament malgré les signes utilisés sur les boîtes des médicaments par le
dispensateur. Seulement 32% des enquêtés affirment avoir reçu des informations
sur l’usage rationnel des médicaments, la télévision et la radio sont les
principales sources d’information.
La tranche d’âge des moins de 5 ans a
constitué 17,5% des malades et 17,7% des femmes étaient enceinte. Ce résultat
met en évidence la non application totale de la gratuité de la prise en charge
du paludisme pour ces couches de la population malienne (République du Mali,
Primature, 2011).
Les ordonnances
étaient prescrites par un médecin dans 82%, suivis par les sages-femmes et
infirmiers avec 10,8% des cas. Les ordonnances venaient du secteur public dans
45,3%. Nos résultats sont supérieurs à ceux d’une étude réalisée par Sangaré et al (2010) sur la qualité de la
prescription et de la dispensation des CTA à Bamako, qui ont trouvé que 42,3%
des prescripteurs étaient des médecins.
Dans notre série,
38,2% des patients ont effectué une analyse sanguine et cette analyse était du
Test de Diagnostic Rapide (TDR) du paludisme dans 77% des cas. Ce résultat
montre que seulement 29% de nos patients ont fait un diagnostic biologique de
confirmation du paludisme avant de commencer leur traitement. Cette pratique
est contraire aux recommandations de l’OMS (2014) qui demande une confirmation
parasitologique rapide par examen microscopique ou par TDR avant de commencer
le traitement chez tous les malades pour lesquels il y a suspicion de paludisme.
La prise en charge thérapeutique du paludisme nécessite une
harmonisation du schéma thérapeutique conformément à la ligne directrice du
PNLP. Dans notre étude, 71% des ordonnances contenaient une CTA dont 94%
étaient recommandés par le PNLP, ce résultat est voisine de celui d’une étude
similaire au Bénin qui ont trouvé 90% des prescriptions étaient des CTA (Ougouyemi-Hounto et al., 2009). Nos résultats sont supérieurs à ceux de Sangaré et al (2010) dont 58% des ordonnances
contenaient une CTA. Cette différence de résultat peut être due au nombre d’année entre les
deux études ainsi qu’aux nombreux campagnes de formation et de sensibilisation
des médecins sur les directives du PNLP entre les années 2008 et 2014.
Parmi les autres antipaludiques prescrits, la Quinine venait en tête
suivie de la Sulfadoxine-pyrimetamine et Amodiaquine. La prescription de ces
molécules s’expliquerait d’une part par la contre-indication des CTA au premier
trimestre de la grossesse et d’autre part par le traitement préventif
intermittent chez la femme enceinte. La prescription de l’Amodiaquine ne
respecte pas le protocole du PNLP, tout de même quelques médecins continus à le
prescrire.
Dans 55% des ordonnances antipaludiques, il y avait un antibiotique
associé. Ce résultat est similaire à celui de l’enquête démographique et de
santé au Mali qui a obtenu 45% de co-prescription antibiotique/antipaludique
dans le traitement du paludisme à Bamako (CPS et al., 2014) ces résultats montrent un traitement probabiliste du
paludisme ou de la fièvre typhoïde. Dans 98% des cas, les antibiotiques prescrits
étaient: ceftriaxone, amoxicilline, ciprofloxacine, cotrimoxazole et
métronidazole qui ne font pas parties de la classe des schizonticides
érythrocytaires antimétaboliques.
L’accessibilité financière a été la principale raison du non payement
des médicaments dont le coût médian des ordonnances était de 7130 FCFA (soit
11 euro). Ceci corrobore avec une étude réalisé par Koné et al (2015) qui ont obtenu 10000FCFA (soit 15 euro).
Au Mali, l’usage des
MIILD et l’utilisation des plantes médicinales restent les moyens privilégiés
de prévention contre le paludisme. Nos résultats reflètent la tendance
nationale à travers l’enquête démographique et de Santé qui affirme qu’au Mali,
84% des ménages possèdent, au moins, une MIILD (CPS et al., 2014). Aujourd’hui les stratégies classiques développées
par les programmes dans la Lutte Anti-Vectorielle des pays d’endémie palustre
en Afrique sont basées, sur l’utilisation des Moustiquaires Imprégnées
d’Insecticide à Longue Durée (MIILD), ou la Pulvérisation Intra-Domiciliaire (Brogdon
et McAllister, 1998; Traoré et Koné,
2010). Plusieurs études de
terrain ont montré l’efficacité de leur utilisation à grande échelle (Nevill et al., 1996).
Conclusion
Les officines constituent une réalité de l’offre de soins qui correspond à une demande croissante de la population. Le pharmacien d’officine étant au centre des soins de santé, avec une meilleure synergie d’action médicale à travers leur implication dans la lutte contre le paludisme permettra de diminuer considérablement le taux de mortalité et de morbidité liés au paludisme.
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