El-haina,
F.Z., Bendahmane, M., 2017. Comparaison du taux de succès de l’insémination
intra-utérine entre les couples infertiles Algériens et Hollandais pris en
charge dans un centre médical. Antropo, 37, 105-114. www.didac.ehu.es/antropo
Comparaison du taux
de succès de l’insémination intra-utérine entre les couples infertiles
Algériens et Hollandais pris en charge dans un centre médical
Comparison of intrauterine insemination
successful rate between Dutch and Algerian infertile couples supported in a
health medical center
Fatima Zohra El-hainaa,b
et Malika Bendahmanea,b
aDépartement de Biologie, Faculté des Sciences de la Nature et de la Vie (SNV), Djillali Liabes Université, Sidi Bel Abbes, Algérie. elhainafz@gmail.com
bLaboratoire de Recherche d'Environment et de Santé (LRES), Faculté de
Médecine, Hopital Université de Sidi Bel Abbes, Algérie.
Mots clés: IIU, taux de succès de grossesse, sperme, facteurs.
Keywords: IUI,
success rate of pregnancy, sperm, factors.
Résumé
Objectif
Analyser le taux de succès de l’insémination intra-utérine avec sperme du
conjoint chez les couples infertiles suivis dans un centre médical Algérien et
Hollandais. Cette technique d’AMP a été proposée aux patientes de moins de 39
ans tout en prenant en compte
l’impact de certains facteurs de risque tels que: l’âge, le tabagisme, le
mode de vie, les antécédents médicaux.
Patients et méthodes
Il s’agit
d’une étude prospective comparative entre un échantillon représentatif de la
population hollandaise et algérienne réalisée entre 2010 et 2012 sur 122
couples Hollandais suivis au laboratoire de fertilité de CHU Rijnland
Leiderdorp au Pays-Bas et 100 couples Algériens consultant entre 2009 et 2011
au laboratoire de spermiologie à Sidi-Bel-Abbès en Algérie.
Résultats
Le taux de grossesse diminue
significativement chez les femmes Hollandaises âgées au-delà de 38 ans, il
passe de 34.09 % (avant 30 ans) à 11.11 % après 30 ans (p < 0,01). Ce taux
est pratiquement similaire à celui obtenu chez les femmes Algériennes (10 %).
Le taux de succès de grossesses/cycle est légèrement élevé chez les patientes
hollandaises (27,45 %) par rapport à celui des algériennes (24,61%) et ceci
lorsque le nombre de spermatozoïdes mobiles progressifs inséminés est supérieur
à 2,2 millions mL-1.
Conclusion
La combinaison de certains facteurs
notamment, le nombre de
spermatozoïdes mobiles progressifs inséminés, les antécédents médicaux, ainsi
que l’état psychique est cruciale et permettent d’évaluer le pronostic en
termes de chance de grossesse.
Abstract
Objective
Analyze the success rate of intrauterine insemination with partner’s sperm in infertile couples followed in an Algerian and Dutch medical center. This Assisted Reproductive Technique (ART) proposed for women with maximum age of 39 years while enjoying some factors such as age, smoking, lifestyle and medical history.
Patients and methods
Prospective comparative study among a representative sample of the Dutch and Algerian population conducted between 2010 and 2012 on 122 Dutch couples tracked in Rijnland Hospital Leiderdorp fertility laboratory (the Netherlands) and 100 Algerian couples consultant between 2009 and 2011 in the laboratory of spermiology in Sidi Bel Abbes (Algeria).
Results
The pregnancy rate significantly decreased in older Dutch women above 38 years, from 34.09 % (before age 30) to 11.11 % after 30 years (p < 0.01). This rate is substantially similar to that obtained from Algerian women (10 %). The success of pregnancy rate/cycle is slightly increased in Dutch patients (27.45 %) compared to that of Algeria (24.61 %) and this when the progressive number of motile spermatozoa inseminated is more than 2.2 million mL1.
Conclusion
A combination of factors including the number of
progressive motile sperm inseminated, medical history and mental state is
crucial and to assess prognosis in terms of the chance of pregnancy.
Introduction
L’infertilité est un réel problème
de santé publique, elle touche 10 à 15 % de la population mondiale (Commenges-Ducos et al. 1998). Au Pays-Bas, un couple sur six consulte pour des
difficultés à concevoir. Parmi ces couples, 3 % sont stériles, les 97 %
restants sont infertiles avec une forte probabilité de concevoir au cours de
l`année suivante. En Octobre 2009, la planification d`agence d'évaluation
environnementale a démontré une baisse d'une
moyenne de 3 enfants par femme
à 1,7 (Ferraretti et al. 2013). Parmi les causes d’hypofertilité, l’anovulation
ou la dysovulation sont impliquées dans 20 à 35 % des cas (WHO,
2010). En Algérie, une étude
préliminaire réalisée en 2010, par le conseil national économique et social
(CNES) qui a enregistré un taux d`infertilité concernerait environ 12 % des
couples algériens soit un taux de 7 % des couples en âge de procréer (Li et al., 2015). L’insémination intra-utérine
(IIU) est la plus simple des techniques d’Assistance Médicale à la Procréation
(AMP), son utilisation répond soit à la correction d’une anomalie mise en
évidence lors du bilan, étiologie possible de la stérilité, soit à une attitude
thérapeutique empirique dans les stérilités inexpliquées
(Geister et al. 2015). L’insémination artificielle avec
sperme de conjoint (IAC) répond, en Algérie comme au Pays-Bas, aux indications
suivantes: la stérilité cervicale par absence de migration des spermatozoïdes
dans la glaire cervicale et des anomalies de la glaire par défaut de
stimulation oestrogénique, les troubles éjaculatoires, et le traitement
empirique qui s’inscrit dans une stratégie de hiérarchisation des traitements
suite à une faute d’une étiologie à cibler. Le citrate de clomifène (CC),
prescrit depuis 1962, est le traitement de première intention des femmes. Il
induit une ovulation chez 60 à 85 % des cycles et une fertilité dans 40 à 60 %
des femmes, sur une période cumulative de 9 mois. Lorsque la grossesse tarde à
venir, les femmes consultent donc à un âge plus avancé, d’autant qu’elles sont
rassurées par certaines informations sur les progrès réalisés en AMP. Cette
diminution de la fertilité a été démontrée en cycle naturel chez des
populations n’utilisant pas de contraception mais aussi dans les résultats des
inséminations avec sperme du conjoint, s’amendant ainsi de facteurs confondants
tels que l`âge du partenaire, les paramètres spermatiques et la fréquence des rapports
(Elezaj et al. 2015). En cycle naturel, on observe une
diminution physiologique avec l’âge de la fertilité féminine. Cette chute de la
fertilité est liée à la diminution des chances de conception et à
l’augmentation du taux de fausse couche spontanée (Dhillon et
al. 2016).
Actuellement, les modalités de
réalisation de l’IAC ne sont pas clairement définies. Le type d’insémination,
l’utilisation ou non d’une stimulation de l’ovulation, le nombre de cycles réalisés
pour un même couple ou le nombre d’inséminations pratiquées dans le cycle
varient d’un centre à l’autre (Giordano et
al. 2015; Malik et al. 2015).
Dans
cette perspective, nous nous sommes proposés d’étudier et de comparer le profil
sociodémographique des patients Néerlandais et Algériens souffrant des troubles
d’infertilité, d’analyser les raisons de leur demande tardive de prise en
charge en AMP et enfin, d`évaluer le taux de succès de leur IIU.
Matériels et méthodes
Protocole d`IAC
Le
recueil du sperme est réalisé le jour même des inséminations par masturbation.
Il s’effectue après un délai d’abstinence sexuelle de 2 à 5 jours. Il est
indispensable que les hommes urinent juste avant le recueil afin de
"nettoyer l’urètre" pour éviter les contaminations bactériennes. Il
est demandé aux hommes de se laver soigneusement la verge et les mains à l’eau
et au savon. Le recueil est fait dans une pièce prévue à cet effet seul ou avec
la conjointe si le couple le désire (Baazem et al. 2010).
Préparation du sperme
La
préparation du sperme du conjoint s’effectue par une technique simple de
migration ascendante. Après liquéfaction du sperme, la mobilité et de la
numération des spermatozoïdes ont été déterminées et 2,5 mL de sperme ont été
déposés dans un tube conique, avec un même volume de milieu de lavage
(Sil-Select Plus) puis centrifugés à 400g pendant 15-18 mn (premier lavage).
Par la suite, l'échantillon spermatique récupéré centrifugé à 350 g pendant
15-20 mn. Après le retrait du surnageant, 2 à 3 mL de milieu de lavage du
sperme ont été ajoutés et centrifugés de nouveau (8 à 10 mn) à 300 g puis le
surnageant a été retiré.
Analyses statistiques
Nous
avons utilisé le test du Chi² pour la comparaison des paramètres qualitatifs et
le test t de Student pour la
comparaison des moyennes. Les résultats obtenus correspondent au seuil de
significativité: p < 0,05.
Résultats
Taux et types d’anomalies de la numération des spermatozoïdes
L’étude
de la numération des spermatozoïdes chez les patients Néerlandais a montré que plus d’un tiers des patients infertiles (32 %)
présentaient une asthénospermie, 16,4 % une oligoasthénospermie et 9 % une
oligospermie. Le taux d’azoospermie et de spermatozoïdes immobiles étaient
respectivement de 5,73 % et 3,27 %. Ces résultats montrent une forte
concordance avec ceux retrouvés en Algérie dont le taux d’anomalies
spermatiques est presque similaire, 32 % d’asthénospermie, 10 % d’oligoasthénospermie
(Figure 1).
Répartition des patients selon le type de stérilité
En ce qui concerne le type de stérilité des couples
Néerlandais et Algériens, notre investigation a montré
que plus de deux tiers de ces patients présentaient respectivement une
stérilité primaire 67,20 % et 64,23 %. L’âge moyen des patientes était 31,9 ±
3.9 ans. L’âge des patientes ayant obtenu une grossesse après IIU-C (31,9 ± 3,9
ans versus 32,4 ± 4,2 ans respectivement) est pratiquement comparable chez les
deux groupes avec une durée moyenne de l’infertilité de 4,53 ± 2,26 ans. Ces
moyennes d’âge correspondent à celles publiées dans le rapport de l’année 2005
de la société européenne de la reproduction humaine et d’embryologie (ESHRE,
2005). Elles varient entre 32 et 36 ans pour l’Europe, 34,01 ans en
Allemagne, 35,56 ans en Suisse, 35,64 ans en Grèce et 33,64 ans en Belgique.
Figure 1. Répartition des patients selon le type de
spermogramme.
Figure 1. Distribution of patients according to type of
spermogram.
Taux de grossesses en fonction de l’âge de la patiente
Le taux de grossesse
obtenu aux Pays-Bas est deux fois plus élevé que celui rapporté en Algérie (17,33 %), il est de
34,09 % chez les patientes moins de 30 ans, puis diminue jusqu'à 22,64 % chez
les femmes âgées entre 30 et 34 ans. Cette différence est justifiée par une
forte consommation du tabac et une plus longue utilisation des contraceptifs
depuis l’âge de 16 ans. Aussi bien chez les femmes Néerlandaises
qu’algériennes, la tranche d’âge la plus touchée par la diminution du
taux de grossesses est celle âgée de 38 ans (11,11 % vs 10
%) (p < 0,05) (Tableau 1).
Age des femmes (ans) |
Nombres de tentatives |
Nombres de grossesses |
Pays-Bas n= 122 |
Algérie n= 100 |
< 30 |
88 |
30 |
34,09 % |
22,91 % |
30 - 34 |
106 |
24 |
22,64 % |
17,39 % |
35 - 38 |
52 |
15 |
28,84 % |
24,61 % |
> 38 |
9 |
1 |
11,11 % |
10 % |
Tableau 1. Taux de grossesses
par cycle après stimulation en fonction de l`âge de la patiente. (p>0,05). n:
nombre.
Table 1. Rate of pregnancies per cycle after stimulation according to the age of the
patient.
Les paramètres et rendement spermatique
L’analyse
du spermogramme lors des cycles spontanés et stimulés montre que la numération
des spermatozoïdes mobiles inséminés est en moyenne de 1,5 millions/mL. Lorsque
le nombre de spermatozoïdes progressifs inséminés est supérieur à 2,2 millions, le taux de grossesses par cycle est
respectivement de 27,45 % chez la tranche d’âge 30 et 34 ans et 28,84 % chez la
tranche d’âge 34 et 38 ans, ceux qui ne présentent aucuns problèmes
d’antécédents médicaux, environnementaux et toxiques. Par contre, lors des
cycles spontanés si le nombre de spermatozoïdes est inférieur à
2,2 millions le taux de grossesses/cycle (G/C) est de 20,45 %, cette différence
est significative (p < 0,05). Cependant, en Algérie ce taux de grossesse
reste légèrement faible (24,6 %) même si la concentration des spermatozoïdes
est supérieure à 2,2 millions/mL. Lorsque le nombre de
spermatozoïdes inséminés est faible (750.000/mL) le taux de (G/C) chute
significativement à 7,89 % (p < 0,001) (Figure 2).
Rang de la tentative
En
considérant que le rang de la tentative et les chances de grossesses ne sont
pas équivalentes dans notre série. Les résultats trouvés chez les
Néerlandaises, les chances ou le taux cumulatif de grossesses sont obtenues à
partir de la 4éme tentative d’insémination (28,57 %) et lorsque le
diamètre des follicules est > à 18 mm. Par contre, en Algérie, elles sont
obtenues qu’à partir du 6 me rang de
tentative avec une légère différence mais non significative (24,54 %) (Tableau
2).
Figure 2. Taux de grossesse par cycle selon le nombre de
spermatozoides mobiles progressifs inséminés.
Figure 2. Pregnancy rate per cycle according to the number of
inseminated progressive spermatozoa.
|
Pays-Bas |
Algérie |
Rang |
3-4 |
>6 |
Age (ans) |
31,9 ± 3,9 |
32,4 ± 4,2 |
Diamètre de follicule
(mm) |
18 |
>18 |
Nombre de grossesses |
30 |
27 |
Nombre de tentatives |
115 |
110 |
TG/Cycle |
28,57 % |
24,54 % |
Tableau 2. Influence des rangs de
tentative en fonction de l’âge des patientes. TG: taux de grossesse
Table 2. Influence des rangs de
tentative en fonction de l’âge des patientes. TG: taux de grossesse
Les types de stimulation de l`ovulation
L’analyse
des résultats du taux de réussite de grossesse/cycle, montre que sur 255
cycles, soixante-dix grossesses cliniques ont été obtenues chez les patientes
Néerlandaises, soit un taux de grossesses de 27,45 % (70/255) par cycle. 5,71 %
fausses couches spontanées, 2,85 % grossesses extra-utérine, 4,28 %
interruptions médicales de grossesses et enfin, 42,62 % de cas d’échec de
grossesse ont été également rapportés. Dans les cycles stimulés, le taux de
grossesses par cycle est plus élevé (28,57% (30/115), par rapport au cycle
spontané (26,08 % (40/140) (p > 0,05). En Algérie, le taux de grossesse par
cycle stimulé est de 24,61 % contre 19,71 % en cycle spontané (p < 0,05),
ces résultats sont sensiblement bas comparativement à ceux observés aux
Pays-Bas mais restent plus élevés par rapport à ceux trouvés dans la littérature.
En effet, (Klipstein et al. 2005) rapportent qu’au cours des
cycles stimulés, les TG/cycles varient selon la maturité des follicules et la
mobilité des spermatozoïdes (13,9 % en cycles stimulés versus 7 % en cycles
spontanés). Ces résultats concordent avec ceux de Hughes et al. (2000) qui révèle
sur 5.214 cycles étudiés, un effet significativement positif de l’IIU en cycles
stimulés 9 % contre 2 % en cycles spontanés (Tableau 3).
Etudes (année) |
Nbre (n) et âge des femmes
(ans) |
TG/cycles |
|
Citrate de clomifène |
Cycles spontanés |
||
Pays-Bas(2010-2012) |
(n=122) 31,9 ± 3,9 |
28,57 % |
26,08 % |
Algérie (2009-2011) |
(n=100) 32,4 ± 4,2 |
24,61 % |
19,71 % |
Klipstein [12] 2005 |
(n= 381) 39,85 ± 2,1 |
13,9 % |
7 % |
Hugues [13] 1997 |
(n= 247) 32,1 ± 3,6 |
9 % |
2 % |
Tableau 3. Influence de
la stimulation ovarienne sur l’obtention
du TG/cycles. n:
nombre.
Table 3. Influence of
ovarian stimulation on pregnancy rate.
Le style de vie et les facteurs d’infertilité du couple
Le
style de vie peut contenir des facteurs délétères aux confins de l’étiologie.
Le mode de vie chez les couples Néerlandais est marqué par les effets
délétères du tabagisme, de l’alcoolisme et de la consommation de caféine. En
effet, 32,78 % des Hollandais fument plus de 10 cigarettes/jour, 26,22 %
consomment de l’alcool (20 verres/semaine), et 4,9 % consomment quotidiennement
du café (>12 tasses/jour). Il est à signaler que seulement, 6,55 % des
patients pratiquent un sport intensif régulier (Figure 3). Certaines affections
médicales liées aux difficultés de conception chez les deux conjoints ont été
rapportées à savoir: le stress (19,67 %), les troubles ovulatoires (18,03 %),
les infections (14,75 %), les problèmes tubaires (4,91 %), l’endométriose
légère (3,27 %). Cependant, 21,31 % des patients hommes et 18,07 % femmes ne
présentaient aucun antécédent médical. Les mêmes affections mais avec des
degrés plus ou moins différents ont été rapportées chez les couples Algériens:
le stress et dépression (25 %), l’obésité (19 %), les infections (13 %), le
tabagisme (9 %), les troubles ovulatoires (7 %), les problèmes tubaires (6 %).
Un tiers des patients algériens (30 %) n’avait aucun antécédent médical (Figure
4). Dans la culture musulmane algérienne, la naissance
d`un bébé stabilise le foyer et constitue une bénédiction pour le couple, son
absence engendre des drames sociaux entre autre le divorce, la polygamie, le
rejet et la frustration. Il a été rapporté que le style de vie peut induire une
stérilité par l’impact des différents facteurs thérapeutiques évoqués sur
l’efficacité de la conception d`un enfant (Grynberg et al. 2010). Si l’espoir
de grossesse d’un couple hors facteurs délétères est de 83 % à un an, cet
espoir n’est plus que de 61 % en présence de deux facteurs délétères et
seulement 38 % en présence de quatre facteurs (Rossin et al. 2009).
Figure 3. L'impact des facteurs de risques environnementaux
sur la fertilité chez les couples hollandais et algériens.
Figure 3. The impact of environmental risk factors on
fertility in Dutch and Algerian couples.
Figure 4. Influence des antécédents médicaux sur la fertilité
des couples.
Figure 4. Influence of medical history on couples' fertility.
Discussion
Cette étude prospective comparative réalisée
entre la population Algérienne et Hollandaise en 2010-2012 sur le taux de
succès de l’insémination avec sperme du conjoint (IIU-C) a tenté
de montrer l’importance pronostique
de l’IIU-C à l’égard de succès,
d’analyser quelles sont les raisons de la demande tardive de la prise en charge
et enfin, de former un modèle de
réussite à partir duquel les
résultats de la suite des cycles
pourraient être prédits avec plus de précision qu'auparavant. L’exploration de l’infertilité
de ces couples s’est basée sur l’analyse de quatre
critères indispensables: le nombre de follicules, le
diamètre folliculaire (> 18
mm), la durée de l'infertilité et
l’évaluation des caractéristiques du sperme (la motilité progressive et le nombre des spermatozoïdes). Le but principal
de notre étude était de déterminer l’efficacité de la prise en charge des
couples en IIU, associant des cycles spontanés à des
cycles stimulés par citrate de clomifène et une préparation du sperme par
migration ascendante sur un milieu Sil-Select Plus. Les résultats de notre
investigation a montré que plus de deux tiers des
couples Néerlandais et Algériens souffraient d’une stérilité primaire (67,20 %
versus 64,23 %) et que l’âge moyen des patientes était similaire (31,9 ± 3,9
ans). Plus de soixante cinq pourcent (65,57 %) des patients Néerlandais ont
fait leur recueil au laboratoire, alors que 61 % des prélèvements spermatiques
sont faits à domicile chez les patients algériens. Il faut noter que le
prélèvement à domicile ne garantit pas la qualité du recueil ni les
conditions d’acheminement. Le
délai moyen préconisé entre la fin de la préparation du sperme et
l’insémination ne doit pas dépasser pas les 40,2 minutes. En effet, Geoffroy-Siraudin et al. (2012) admettent qu’il existe une différence significative entre les
cycles ayant donné (37,6 minutes) ou pas une grossesse (40,3 minutes) (p < 0,05). Dans les cycles où le délai est supérieur à
40 minutes, le taux de grossesse était de 20,3 % alors qu’il est plus élevé (27,7 %) lorsque ce délai
est inférieur à 40 minutes. Il est à noter que parmi les couples infertiles Néerlandais, 27,04 %
avaient des conjointes ayant déjà obtenu une grossesse avec d’autres
partenaires. Les résultats de l’analyse de la numération des spermatozoïdes
montrent une grande similitude entre les hommes Néerlandais et Algériens à savoir 32 % des patients
présentaient une asthénospermie et 10 % une oligoasthénospermie. Cette dernière
anomalie a été rapportée également par les chercheurs
Néerlandais dans le sud de la Hollande par
Donckers et al. (2003) en 2001 et 2003 qui ont montré la présence de taux
élevé de protéines carbonylées (marqueurs d’oxydation protéique) dans le
liquide séminal de ces patients. Ces taux élevés de protéines sont positivement
corrélés à des anomalies acrosomiales des spermatozoïdes. Concernant l’étude du
taux de succès de grossesse par cycle chez les patients Néerlandais, les
résultats montrent que 27,45 % de grossesses cliniques ont été obtenues contre
42,62 % d’échec de grossesse, 5,71 % de fausses couches spontanées, 2,85 %
grossesses extra-utérine et 4,28 % interruptions médicales de grossesses.
Aucune différence significative entre cycle spontané et stimulé n’a été trouvé, le taux de grossesse
par cycle stimulé est de 28,57 % et
cycle spontané est de 26,08 % (p > 0,05). Par ailleurs, les taux de succès
sont deux fois plus importants aux Pays-Bas par rapport à ceux rapportés
en France en 2002 par l’équipe de Ferrara et
al. (2002) (13 % versus 11,2 %). En Algérie, le taux de grossesse par cycle stimulé est
significativement plus important (24,61 %) par rapport au cycle spontané (19,71
%) (p < 0,05). Ces résultats sont sensiblement bas par rapport à ceux
obtenus aux Pays-Bas. Ces données indiquent une certaine vision inquiétante de
la réalité du problème économique particulièrement faible en Algérie dans le
domaine de la santé. Ces taux
faibles de grossesses sont vraisemblablement liées à des anomalies des
caractéristiques du spermogramme chez
les patients Algériens: en particulier le pH acide (< 7,2) (82 %) qui est le
reflet d`un défaut de secrétions prostatiques. La viscosité prend elle aussi sa
place dans la détermination de l’échec des chances de grossesse car 83 % des
patients algériens ont une viscosité anormale, ce qui explique une liquéfaction
incomplète par une insuffisance prostatique. Ikechebelu et
al. (2009) ont fait une méta-analyse
de 70 études, ont abouti à des conclusions en faveur de l’IIU associée à la
stimulation de l’ovulation. Les taux de succès en cycle spontané rapportés sont
21 % en cas d’IIU versus 35,4 % après induction par citrate de clomifène. En
effet, le taux de succès est assuré lorsque le nombre de spermatozoïdes
inséminés est > l,5x106/mL. Nos résultats corroborent avec ceux
de Ikechebelu et al. (2009) et
confirment que motilité progressive et le nombre de spermatozoïdes dans
l`inséminât représentent les deux valeurs pronostiques de succès de l’insémination
en migration ascendante. Les indications du recours à l’insémination artificielle dans notre série sont globalement similaires à
celles rapportées dans le bilan annuel de la fédération française des CECOS (Hennebicq et al. 2012). La présence d`un facteur ovulatoire féminin
d`infertilité modifie dans notre série la réussite et la prise en charge en
IIU-C. L’étude de l’influence de certains facteurs de risques toxiques tels que
alcool, tabac, médicaux (infections,
troubles ovulatoires) et psychiques (stress et dépression) nous a permis de
révéler une prédominance du tabagisme chez 32,78 % des patients. Freour et al.
(2011) ont rapporté dans leur
étude que les substances comme la cotinine (métabolite de la nicotine) ou le
cadmium franchissent la barrière hématotesticulaire et sont retrouvées dans le
plasma séminal des fumeurs à des taux proportionnels aux taux sériques et
ont tendance à provoquer une diminution
de la numération des spermatozoïdes en relation avec une atrophie testiculaire
et une altération de la spermatogenèse. Les résultats rapportant 52 grossesses
non évolutives suite à des antécédents d`endométriose (3,27 %) chez les
patientes Hollandaises et 11 % chez la population Algérienne concordent avec
ceux de Selvi et al. (2016) qui ont précédemment signalé un taux de grossesse de 50
% inférieurs chez les patientes souffrant d'endométriose par rapport à
l’infertilité idiopathique chez les patientes traitées avec IIU-C seul. Bodri et al.
(2015) ont démontré que la vitesse de disparition des ovocytes varie d’une femme à l’autre
mais, elle s’accélère à partir de 38 ans, ces résultats corroborent avec nos
résultats obtenus en IIU qui confirment qu’à partir de 39 ans le taux de
grossesse chute et atteint 11,11 %. Notre étude a montré
que les taux de grossesses varient de façon significative en fonction du nombre
de spermatozoïdes progressifs inséminés mais pas en fonction de l’âge des conjoints infertiles. Ce qu’on peut dire que la diminution du taux
de grossesse en fonction de l’âge mais en fonction de certains facteurs
perturbateurs externes de l’infertilité, telle qu’une alimentation
déséquilibrée et déficiente en certaines vitamines (vitamine E et D). Cette
déficience en cette vitamine a été rapportée également en 2012 par une équipe de l’université de Milan en
Italie Paffoni et al. (2014) qui ont
prouvé que le déficit en vitamine D peut affecter la fertilité chez les
mammifères, mais les données sur l’humain sont moins convaincantes, rares et
contradictoires, en particulier concernant la FIV. Sur ce point,
l’équipe de Paffoni et al. (2014) a recherché le déficit en
25-hydroxy-vitamine D [25 (OH) D] sérique (< 20 ng/mL). Un dosage sanguin de
25 (OH) D a été réalisé sur 154 femmes dont le taux compris < 20 ng/mL
et 181 de > 20 ng/ mL, donne un taux
de grossesse respectivement de 20 % et 31 %.
Parmi
les clés de succès de l’insémination artificielle du conjoint est la fréquence
des rapports coïtaux tous les 2 ou 3 jours par semaines pendant la période de
l’ovulation. Nos résultats indiquent que 65,57 % optent pour un rapport sexuel
tous les 2 à 3 jours plus le moment opportun de la femme et le moment de
l`excitation de la femme qui ne doit pas avoir une certaine anxiété ou un
stress. Notre étude montre que la technique de centrifugation sur gradient de
densité donne des résultats satisfaisants. Elle pourrait être d’utilisation
plus simple que de la technique mini Swim-up pour certains laboratoires.
Conclusion
Le
protocole de l’insémination intra-utérine avec sperme du conjoint mis en place
dans notre équipe depuis quelques années et proposé aux patientes de moins de
38 ans dans un centre de fertilité
(Holland) et en Algérie permet d’obtenir un taux de grossesses par cycle
de 27,45 %. La stimulation de l’ovulation, la préparation du sperme, le nombre
de spermatozoïdes mobiles progressifs inséminés influencent fortement le taux
de succès de grossesses. Le taux de grossesses obtenu par cycles stimulés est
plus élevé (28,57 % vs 24,61 %) par rapport au cycle spontané (26,08 % vs 19,71
%) aussi bien chez les couples hollandais qu’algériens, cependant, les taux de
grossesses obtenus en Algérie sont plus faibles par rapport à ceux obtenus en
hollande. L’information des couples est un élément primordial de la prise en
charge. En particulier, il faut inciter les couples à ne pas reculer l’âge de
première grossesse, car les risques de se retrouver confronté à une infertilité
seront augmentés et les chances de succès de l’IIU avec sperme du conjoint
seront plus faibles. L’incitation à l’arrêt du tabac en particulier, mais aussi
une hygiène de vie plus saine (diminution de la consommation du café, d’alcool,
stress, dépression) font partie intégrante du traitement lors de la prise en
charge des patients infertiles.
Références Bibliographiques
Baazem A, Belzile E, Ciampi A, and Dohle G. 2010.
Varicocele and male factor infertility treatment: A new meta-analysis and
review of the role of varicocele repair. European Urol; 60:796-808.
Bodri D, Sugimoto T, Serna JY, et al., 2015. Influence of different oocyte
insemination techniques on early and late morphokinetic parameters:
retrospective analysis of 500 time-lapse monitored blastocysts. Fertil
Steril, 15, 1711-1712.
Commenges-Ducos,
M., Tricaud, S., Papaxanthos-Roche, A., Dallay, D., Horovitz, J., Commenges, D.
1998. Modelling of the probability of success of the stages of in-vitro
fertilization and embryo transfer: stimulation, fertilization and implantation.
Human reproduction (Oxford, England), 13(1), 78-83.
Dhillon RK, McLernon DJ, Smith PP, and
al.,2016. Predicting the chance of live birth for women undergoing IVF: a novel pretreatment counselling tool. Hum Reprod,1,84-92.
Donckers J, Evers JLH and Land JA., 2011. The
long-term outcome of 946 consecutive couples visiting a fertility clinic in
2001-2003. Fertil Steril,96,160-164.
Elezaj S, Gashi Z, Zeqiraj A, and al., 2015. Treatment of Infertility in Men with
Post-traumatic Stress Disorder (PTSD) with the Method of Intrauterine Insemination. Med Arch, 4,256-259.
ESHRE,
2005. Fertility and ageing. Hum Reprod Update, 11, 261-276.
Ferrara I, Balet R and Grudzinskas J.G., 2002. Intrauterine insemination with frozen donor sperm.
Pregnancy outcome in relation to age and ovarian stimulation regime. Hum Reprod, 17, 2320-2324.
Ferraretti
A.P, Goossens V and Kupka M., 2013. Assisted reproductive technology in
Europe, 2009: results generated from European registers by ESHRE. Hum Reprod, 9, 2318-2331.
Freour
T, Dessolle L, Jean M. and Barriere P., 2011. Smoking among French infertility
specialists: habits, opinions and patients management. Eur J Obstet Gynecol
Reprod Biol, 155, 44-48.
Geister KA, Brinkmeier ML,
Cheung LY, and al.,2015. LINE-1 Mediated Insertion into Poc1a (Protein of
Centriole 1 A) Causes Growth Insufficiency and Male Infertility in Mice. PLoS Genet,23,11-10.
Geoffroy-Siraudin C, Loundou
AD, Romain F and Achard V., 2012. Decline of semen
quality among 10932 males consulting for couple infertility over a 20-year
period in Marseille, France. Asian Journal
of Andrology,14,584-590.
Giordano JO, Stangaferro
ML, Wijma R, Chandler WC, and Watters RD., 2015. Reproductive
performance of dairy cows managed with a program aimed at increasing
insemination of cows in estrus based on increased physical activity and
fertility of timed artificial inseminations. J Dairy Sci, 4, 2488-2501.
Grynberg, M., Roux, I., Frydman, R., 2010 Assistance médicale à la
procréation et filiation. Elsevier Masson SAS
Hughes, E., Collins, J., Vandekerckhove, P. 2000. Clomiphene citrate for
unexplained subfertility in women. Cochrane Database Syst Rev, 3.
Ikechebelu J.I and Okeke C.A.F., 2007.
Intrauterine insemination with controlled ovarian stimulation for treatment of
infertility: An audit of a new IUI programme in a low resource setting. Journal
of Obstetrics and Gynaecology, 27, 61 – 64.
Klipstein S, Regan M, Ryley DA et
al., 2005. One last chance for pregnancy: a review of 2,705 in-vitro
fertilization cycles initiated in women age 40 years and above. Fertility and
Sterility, 84, 435-445.
Li XF, Fan HR, Sheng Y, Sun M, Zhonghua Nan Ke Xue., 2015. Factors affecting the success rate of artificial insemination with donor sperm.
Zhonghua Nan Ke Xue,3,234-238.
Malik N, Kriplani A, Agarwal N, Bhatla N,
Kachhawa G, and Yadav RK., 2015. Dehydroepiandrosterone as an adjunct to
gonadotropins in infertile Indian women with premature ovarian aging: A pilot
study. J Hum Reprod Sci,3,135-141.
Paffoni, A.,
Ferrari, S., Viganò, P., Pagliardini, L., Papaleo, E., Candiani, M., et al. 2014. Vitamin D deficiency and
infertility: insights from in vitro fertilization cycles. The Journal of
Clinical Endocrinology & Metabolism, 99(11), E2372-E2376.
Rossin B, Pouly JL, Belaisch-Allart J, et de Mouzon J., 2009. La stimulation de l'ovulation pour
fécondation in vitro, en France: choix et résultats en fonction des protocoles
et des gonadotrophines. Gynécologie Obstétrique
& Fertilité, 37, 864- 872.
Selvi, D. F., Cottenet, J.,
Douvier, S., Sagot, P. 2016. Quality of life after deep pelvic endometriosis
surgery: Evaluation of a French version of the EHP-30. Journal de Gynecologie,
Obstetrique et Biologie de la Reproduction, 45(3), 249-256.
WHO 2010.
Mother or nothing: the agony of infertility. WHO Bulletin, 88, 877-953.