El Haboussi, A., Hilali, M.K:, Loukid,
M., 2017. Evaluation de l’activité physique et son association avec
l’embonpoint (obésité incluse) chez des adolescents scolarisés dans la ville
de Marrakech et la province d’Al-Haouz
au Maroc. Antropo, 37, 37-47. www.didac.ehu.es/antropo
Evaluation de
l’activité physique et son association avec l’embonpoint (obésité incluse) chez
des adolescents scolarisés dans la ville de
Marrakech et la province d’Al-Haouz au Maroc
Evaluation of physical
activity and its association with overweight (including obesity) in adolescents
attending school in the city of Marrakech and the province of Al-Haouz in
Morocco
Abdelmoujoud El Haboussi, Mohamed-Kamal Hilali,
Mohamed Loukid
Laboratoire
d’Ecologie Humaine, Faculté des Sciences
Semlalia, Université Cadi Ayyad Marrakech Maroc.
Correspondance: Abdelmoujoud El Haboussi. Laboratoire
d’Ecologie Humaine, Faculté des Sciences
Semlalia, Université Cadi Ayyad Marrakech Maroc, BP 2390 Boulevard
Prince My Abdellah Code Postal 40000. a.elhaboussi@gmail.com
Mots clés: activité physique; adolescents scolarisés;
embonpoint; obésité; Marrakech; Maroc.
Keywords: Physical activity; school adolescents;
overweight; obesity; Marrakech; Morocco.
Résumé
Objectifs
L’activité physique,
constitue l’un des principaux facteurs de l’état de santé et du bien-être. Le présent
travail, propose l’étude de l’association qu’a l’activité physique avec l’embonpoint (obésité incluse) chez des adolescents scolarisés dans la ville
de Marrakech et la province d’Al-Haouz au Maroc.
Matériel et méthodes
L’enquête rétrospective a porté sur la pratique
de l’activité physique habituelle en plus d’un examen anthropométrique auprès
de 720 adolescents scolarisés âgés entre 15 et 17 ans dans la ville de
Marrakech (milieu urbain) et la province d’Al Haouz (milieu rural). Le niveau
d’activité physique a été déterminé en se basant sur la dépense énergétique et
la dose recommandée en activité physique.
Résultats
91,5 % des scolarisés ne sont pas assez actifs
par rapport aux recommandations internationales et seule 8,5 % qui sont
suffisamment actifs. Cependant, le niveau d’activité physique dépend du genre
et du milieu de résidence, à peu près une fille contre cinq garçons est suffisamment
active (3,2 % contre 15 %). Presque deux élèves citadins pour trois ruraux sont suffisamment actifs (6,5
% contre 9,9 %). La prévalence de l’embonpoint avec l’obésité est
de 9,5 % (11,5 % chez les filles contre 7,5 % chez les garçons) et elle est
deux fois plus en urbain qu’au rural (14 % contre 7 %). Les adolescents plus
actifs sont moins exposé à l’embonpoint et l’obésité par rapport à leurs
homologues moins actifs (χ2 = 6,35; ddl = 2; p < 0,05).
L’activité physique est significativement
associée à l’embonpoint, et par conséquent, elle impacte positivement l’état de
santé. Nous insistons sur l’encouragement des adolescents pour être actifs dans
leurs activités au quotidien, ainsi que dans leurs loisirs.
Abstract
Objectives
Physical activity is one of the main factors of health and well-being. This work proposes the study of the association
between physical activity and overweight (including obesity) among adolescents
attending schools in the city of Marrakech and the province of Al-Haouz
Morocco.
Materials and methods
The retrospective survey focused on the practice of habitual physical activity in addition to an
anthropometric examination among 720 school adolescents aged between 15 and 17
years in the city of Marrakech (urban area) and the province of Al Haouz (rural
area). The level of physical activity was determined based on energy
expenditure and physical activity recommended dose.
Results
91.5 % of school adolescents are not enough active compared to international recommendations and only 8.5 % are
active enough. However, the physical activity level depends on the gender and
area of residence, about one girl against five boys is
sufficiently active (3,2 % against 15 %). Almost two urban students for three
rural are active enough (6.5 % against 9.9 %). The prevalence of overweight and
obesity was 9.5 % (11.5 % for girls against 7.5 % for boys) and is twice more
in urban than rural (14 % against 7 %). The most active adolescents are less
exposed to overweight and obesity than their less active counterparts (χ2 = 6.35, df = 2, p < 0.05).
Physical activity was
significantly associated with overweight and therefore it positively impacts
the health. We insist on encouraging adolescents to be active in their daily
activities and in their leisure time.
Introduction
Le mode
de vie actuel, associé à l’évolution, de plus en plus importante, des
technologies de l’information, des moyens de communication, des jeux de vidéo
et des mass-médias, se caractérise par une réduction, de plus en plus, marquée de
l’effort physique. Depuis un demi-siècle, de nombreuses études ont
mis en évidence les bénéfices, sur les plans physiologique et psychologique, de
la pratique d’une Activité Physique (AP) régulière et, a contrario, les conséquences néfastes de la sédentarité sur la
santé (Fentem, 1994; Blair et al., 2001; Haskell et al., 2007; Martinsen,
2008). Actuellement, vu la relation
étroite qu’elle a avec les facteurs de risque des maladies non transmissibles,
l’AP s’est démontrée à travers plusieurs recherches comme un paramètre
essentiel pour le maintien d’un état de santé favorable. Ainsi, les études sur
ce sujet ont pris plus d’importance, en particulier après l’extension rapide et
préoccupante des maladies chroniques liées à l’évolution de modes de vie et aux
désordres métaboliques engendrés, à savoir l’obésité, la dyslipidémie,
l’hypertension artérielle, le diabète type II, le stress, … etc. Toutefois, à
l’heure actuelle, les études consacrées à ce sujet, au Maroc, et en particulier
auprès des adolescents, sont très restreintes voire inexistantes.
Dans le présent travail nous nous sommes
proposé, dans un premier temps, de décrire le profil de pratique des activités
physiques et le statut pondéral, puis dans un deuxième temps, d’analyser l’association
entre le niveau d’activité physique (NAP) et l’embonpoint (obésité incluse)
auprès d’un groupe d’adolescents scolarisés dans la ville de Marrakech (milieu
urbain) et la région d’Al-Haouz (milieu rural) au Maroc.
Matériel et méthodes
Lieu et cadre de l’étude
Avec une
superficie de 39.167 km², soit 5,5 % du territoire national, la région de
Marrakech-Safi se situe au centre du pays et englobe une partie du Haut-Atlas.
Elle est composée de la préfecture de Marrakech et de 7 provinces (Al-Haouz, Chichaoua, El-Kelâa des
Sraghna, Essaouira, Rehamna, Safi et Youssoufia).
Selon le Haut-Commissariat au Plan, la population de la région est estimée à 4.520.569
d’habitants en 2014 (soit 13,4 % de la population nationale) dont 1.938.016 en
milieu urbain, enregistrant ainsi un taux d’urbanisation de l’ordre de 42,8 % (Direction
de la statistique, 2014). La
ville de Marrakech, chef-lieu de la région, représente en grande partie son
milieu urbain avec un taux d’urbanisation de 73,6% (Direction
de la statistique, 2014).
La province d’Al-Haouz, conserve la nature rurale dans sa grande partie avec un
taux d’urbanisation qui ne dépasse pas 14,7% (Direction
de la statistique, 2014).
Dans le cadre
d’un projet de recherche sur l’AP et l’état de santé des adolescents, nous
avons mené une enquête transversale en 2013, auprès des adolescents scolarisés
dans la ville de Marrakech (milieu urbain) et la province d’Al-Haouz (milieu
rural). L’échantillon formé de 720 lycéens âgés de 15 à 17 ans, a été constitué
dans certains établissements scolaires publics et privés de la zone d’étude.
L’enquête est
basée sur un questionnaire standardisé permettant la collecte d’informations
détaillées sur les conditions socio-économiques et culturel des ménages, le mode de vie en général, et particulièrement,
les activités physiques habituelles des élèves enquêtés, telles que celles
correspondant à la satisfaction des nécessités de la vie courante, sociale,
professionnelle, sportives et/ou de loisir, suivant de multiples facteurs (type
d’activités effectuées, leurs fréquences, leurs intensités ainsi que leurs
durées). Nous avons relevé pour chaque scolarisé inclus dans l’étude les
principales mensurations anthropométriques (poids, taille, masse grasse, tour
de taille, circonférence brachiale) et physiologiques (pression artérielle, VO2max).
L’Activité physique et la dépense
énergétique
L’AP est
définie comme la somme, durant un temps donné (une semaine ou une journée), des
situations nécessitant la mise en jeu de la musculature squelettique avec
augmentation de la dépense énergétique par rapport aux conditions de repos (Caspersen,
1985).
En considérant cinq
grands champs de la vie quotidienne: domestique, déplacements, scolaire, loisirs
et sport structuré (dans les clubs et les associations sportives), nous avons
distingué cinq catégories d’AP correspondantes.
En se référant aux
travaux, d’Antoine-Jonville et al (2015), d’Ainsworth et al (2000), ainsi que aux différentes études publiées sur le sujet d’AP (Pate
et al., 1995; Nolin, 2006), nous
avons classé les activités physiques en 3 niveaux d’intensité selon la dépense
énergétique exprimée en équivalent métabolique de repos: MET (Metabolic
Equivalent of Task). L’AP dont l’intensité est strictement inférieure à 1,6 MET
est considérée comme activité sédentaire (Antoine-Jonville
et al, 2015) et de ce fait a été exclue des analyses. Le tableau 1 résume les 3
niveaux d’intensité considérés dans les calculs.
Niveau
d’intensité |
Dépense
énergétique (MET) |
Dépense
énergétique moyenne |
Légère |
<
3 MET |
1,6
MET |
Modérée |
3-6
MET |
4,5
MET |
Intense |
> 6 MET |
6
MET |
Tableau 1. Définition des niveaux d’intensité de
l’activité physique selon la dépense énergétique en MET. Sur l’échelle de la
fatigue, intensité légère: pas fatigante. Modérée: moyennement fatigante.
Intense: très fatigant (épuisement).
Table 1. Definition of intensity levels of
physical activity according to energy expenditure in MET. On the scale of
fatigue, light intensity: not exhausting. Moderate: moderately exhausting.
Intense: very exhausting.
Sachant que la dépense énergétique liée à
l’activité physique (DEAP) est fonction de la fréquence, de la durée, de
l’intensité et du type d’activité réalisée (Trivel et
al., 2006) nous avons proposé la
formule ci-dessous pour calculer la DEAP hebdomadaire, formule développée à
partir des études publiées (Pate et al.,
1995; Nolin, 2006; Barbosa et al., 2007; Antoine-Jonville et al,
2015)
Avec:
D: la durée globale (en heures) par
semaine, consacrée à l’AP d’une catégorie donnée;
I: la dépense énergétique moyenne
correspondant à l’intensité de l’AP (en MET);
n: l’indice de la catégorie de l’AP (selon la catégorie
ou le champ de pratique).
Selon la
dépense énergétique DEAP, cumulée pendant une semaine habituelle, par référence
aux douze (12) derniers mois, nous avons distingué 2 Niveaux d’Activité
Physique (NAP): "Moins Actif" et "Actif".
Selon les
recommandations internationales (Strong et al., 2005; OMS, 2010;
Vuillemin, 2011), la dose journalière préconisée
pour les enfants et les adolescents, est l’accumulation de 60 min (1 heure)
d’AP modérée chaque jour (soit 7 heures par semaine).
L’AP modérée
est l’équivalent d’une dépense énergétique de 4,5 MET (Tableau 1),
Donc, selon la
formule de DEAP ci-dessus, on obtient:
31,5 MET est donc, la valeur de DEAP
équivalente à la dose recommandée.
Dans la
présente étude nous avons considéré comme "Actif", le sujet qui atteint au moins 31,5 MET (la
dose recommandée). Le sujet qui ne cumule pas l’équivalent de la dite dose
recommandée est considéré comme étant "Moins Actif".
Mensurations anthropométriques
Les
mensurations anthropométriques ont été prises à l’aide du matériel et de
procédures valides. La taille et le poids de chaque sujet ont été mesurés selon
la procédure recommandée en vêtements d'intérieur, sans les chaussures. Le
poids a été mesuré à l’aide d’une balance pèse-personne type SECA, avec une
précision de 0,1 kg; la taille a été mesurée à l'aide d'une toise
anthropométrique démontable avec une précision de 0,1 cm.
L’IMC et le statut pondéral
L'indice de
masse corporelle (IMC), exprimé en kg/m2, est une grandeur qui
permet d’estimer la corpulence d’une personne et constitue une indication
importante de l’état de santé, il se calcule en fonction de la taille en mètre
et du poids en kilogramme selon la formule suivante:
L’IMC varie
physiologiquement avec l’âge et le genre. Bien qu’il ait été conçu au départ
pour les adultes de 18 à 65 ans, de nouveaux diagrammes de croissance
ont vu le jour au cours des dernières décennies pour les enfants de 0
à 18 ans.
Pour déterminer
le statut pondéral de chaque adolescent inclus dans l’enquête, nous avons utilisé
les diagrammes de l’International Obesity Task Force (IOTF) (Cole
et al., 2000). La valeur de l’IMC est ainsi reportée sur une
courbe, en fonction de l’âge et du genre, afin de déterminer si l’individu a un
poids insuffisant, normal ou excédentaire (embonpoint ou obésité).
Analyse et traitement statistique
La saisie et le traitement statistique des
données ont été réalisés à l’aide du logiciel SPSS-win, version 20. Le seuil de
signification statistique a été fixé à p = 0,05.
Considérations éthiques
L’enquête s’est
déroulée sous forme d’une interview avec chaque élève individuellement. Le principe
de volontariat pour la participation ainsi que la confidentialité et l’anonymat
du questionnaire ont été respectés.
Résultats
L’échantillon
L’échantillon, constitué de 720 individus dont
358 (50,3 %) filles, est réparti sur les deux milieux rural et urbain. 57,5 %
sont issus du milieu rural contre 42,5 % qui sont issus du milieu urbain. L’âge
des participants varie de 15 à 17 ans avec une moyenne de 16,70 ± 1,06 ans.
La pratique des AP et sportives
extrascolaires
Près de 72 % des lycéens enquêtés ont déclaré être
pratiquant habituellement d’une activité sportive de loisir (ASL) en dehors de
l’établissement scolaire (Figure 1). La pratique d’une ASL montre une nette
disparité entre les deux genres avec 85,9 % chez le genre masculin contre 56,8 %
chez le genre féminin. Les résultats montrent également que près de 41 % sont
actifs au moins pendant trois heures par semaine (soit une moyenne de 60 min/jour
en une fréquence de 3 fois par semaine), 30,8 % semble avoir une ASL mais avec
une dose relativement moins importante (moins de trois heures par semaine). La
proportion de lycéens ne pratiquant aucune ASL représente 28,1 %, avec la
prédominance du genre féminin sur le genre masculin (43,2 % des filles contre
14,1 % des garçons) (Figure 1). Les jeunes scolarisés résidant en milieu rural
semblent être plus actifs que leurs homologues citadins. En effet, près de 45 %
d’entre eux ont déclaré être pratiquants d’une ASL d’au moins trois heures par
semaine contre 36 % en milieu urbain (Figure 1).
Figure 1. La répartition des élèves en % selon la durée hebdomadaire consacrée à la
pratique des activités physiques de loisirs selon le genre et le milieu de
résidence.
Figure 1. The distribution of
students in % according to the weekly hours devoted to the practice of leisure
physical activity by gender and area of residence.
Le niveau
d’activité physique (NAP) des adolescents scolarisés
Les résultats (Tableau 2) montrent, dans
l’ensemble, que 91,5 % adolescents enquêtés sont moins actifs et ne répondent
pas aux recommandations internationales et seule 8,5 % qui sont classés au
NAP "Actif", de ce fait
c’est la proportion d’adolescents enquêtés qui atteignent la dose recommandé.
Le NAP, cependant, varie selon le genre, les filles sont moins actives que les
garçons; à peu près une fille contre cinq garçons est suffisamment active (3,2 %
contre 15 %). D’autre part le NAP varie selon le milieu de résidence. Les
élèves citadins sont moins actifs que leurs homologues ruraux. Presque deux
élèves citadins contre trois ruraux sont suffisamment actifs (6,5 % contre 9,9 %).
La dépense énergétique liée à
l’activité physique: DEAP
Globalement,
la moyenne de la DEAP est de 19,45 MET (Tableau 3), toutefois cette moyenne
varie selon le genre et le milieu de résidence, Les garçons dépensent plus
d’énergie, de ce fait, ils sont plus actifs que les filles (22,76 contre 16,73
MET). De même les élèves ruraux dépensent plus d’énergie que leurs homologues
citadins (21,18 contre 16,77 MET).
|
Genre |
Milieu |
Total |
|||
Masculin |
Féminin |
Rural |
Urbain |
|||
Moins
actif |
N |
243 |
336 |
347 |
232 |
579 |
% |
85,0 |
96,8 |
90,1 |
93,5 |
91,5 |
|
Actif |
N |
43 |
11 |
38 |
16 |
54 |
% |
15,0 |
3,2 |
9,9 |
6,5 |
8,5 |
Tableau 2. La
répartition des élèves selon le Niveau d’Activité Physique, le genre et le
milieu de résidence. "Moins actif": moins de la dose recommandée.
Actif: atteint la dose recommandée. La dose recommandée pour les enfants et les
adolescents est de 60 min d’activité physique modérée par jour (OMS, 2010).
Table 2. Distribution of
students by Physical Activity Level, gender and area of residence. “Less
active”: less than the recommended dose. Active: attaining the recommended
dose. The recommended dose for children and adolescents is 60 minutes of
moderate physical activity per day (OMS, 2010).
|
Genre |
Milieu de résidence |
Total |
||
Garçons |
Filles |
Rural |
Urbain |
||
N |
286 |
347 |
385 |
248 |
633 |
Moyenne |
22,76 |
16,73 |
21,18 |
16,77 |
19,45 |
Ecart type |
8,99 |
7,88 |
8,31 |
9,16 |
8,91 |
Tableau 3. La dépense énergétique globale (DEAP)
exprimée en MET (Metabolic Equivalent of Task)
par genre et par milieu de résidence. La DEAP est calculée par référence
à une semaine habituelle, en tenant compte de la durée, la fréquence,
l’intensité et le type d’activité pratiquée.
Table 3. Global energy
expenditure (DEAP) expressed in METs (Metabolic Equivalent of Task) by gender
and area of residence. The DEAP is calculated by reference to a habitual week, taking
into account the duration, frequency, intensity and type of activity practiced.
Selon
le champ ou le type d’AP (Figure 2), la DEAP est considérablement variable. Dans
l’ensemble, ce sont les activités physiques domestiques qui viennent en premier
avec une dépense énergétique (DE) moyenne de 21,73 MET, suivies des activités
physiques de loisirs (19,07 MET). La DE la plus basse est celle liée aux
activités physiques pratiquées dans le cadre du sport structuré (7,52 MET).
Selon le genre, nous avons noté que le champ domestique est caractéristique des
filles, puisqu’elles font plus d’activités physiques domestiques, ce qui
explique la valeur élevée de leur énergie dépensée dans ce contexte (27,45
MET). Par contre, le contexte de loisirs est caractéristique des garçons (28,27
MET). Le sport structuré, même à faible DE (7,52 MET), est aussi
caractéristique du genre masculin. Les faibles différences de la DE entre les
deux genres ont été notées dans les contextes de transport et scolaire.
Figure 2. La
moyenne de la dépense énergétique (DEAP) exprimée en MET (Metabolic Equivalent
of Task) par genre selon le champ d’Activité Physique
Figure 2. The average energy
expenditure (DEAP) expressed in METs (Metabolic Equivalent of Task) by gender
according to the Physical Activity field
La
prévalence du surpoids (obésité incluse) par genre et par milieu de résidence
Près de 87 % des adolescents
enquêtés sont normo-pondéraux et 3,3 % ont
une insuffisance pondérale. La prévalence de surpoids (obésité incluse) dépasse
9 % (Tableau 4). Cependant, elle est plus marquée
chez les filles par rapport aux garçons (11,5 % contre 7,5 %). Selon le milieu
de résidence, la prévalence de poids excédentaire est deux fois
plus élevée en milieu urbain (près de 14 %)
par rapport au milieu rural (près de 7 %). L’association de cette
surcharge pondérale avec le milieu de résidence est statistiquement
significative (χ2 = 9,15; ddl = 2; p = 0,01).
|
Genre |
Milieu |
Total |
|||||||
|
Masculin |
Féminin |
Rural |
Urbain |
||||||
|
N |
% |
N |
% |
N |
% |
N |
% |
N |
% |
Insuffisance |
11 |
3,6 |
9 |
3,0 |
12 |
3,1 |
8 |
3,7 |
20 |
3,3 |
Normal |
271 |
88,9 |
259 |
85,5 |
355 |
90,0 |
178 |
82,0 |
533 |
87,2 |
Surpoids |
23 |
7,5 |
35 |
11,5 |
27 |
6,9 |
31 |
14,3 |
55 |
9,5 |
Tableau 4. La
répartition des élèves en effectifs et en %
selon le statut pondéral, par genre et par milieu de résidence.
Table 4. The distribution of
students in numbers and in % by Weight Status, by gender and area of residence.
L’association
entre le NAP et l’Embonpoint (obésité
incluse)
La statistique Chi-2 (Tableau 5), montrent que le
statut pondéral est dépendant du NAP: les individus moins actifs sont plus susceptibles
à être en embonpoint et par conséquent à devenir obèse, alors que ceux plus
actifs parcourent moins de risque de devenir obèse.
|
Insuffisance
pondérale |
Normal |
Embonpoint
obésité incluse |
Test
de Chi-2 |
|
Moins
actif |
Obs.
(Thé.) |
17
(17,2) |
454 (459,0) |
56(50,8) |
χ2=6,35 ddl=2 p<0,05 * |
Résidus |
-0,2 |
-5,0 |
+5,2 |
||
Actif |
Obs.
(Thé.) |
2
(1,8) |
52
(47,0) |
0
(5,2) |
|
Résidus |
+0,2 |
+5 |
-5,2 |
Tableau 5. L’association entre le niveau d’activité
physique et le statut pondéral. Obs.: effectif observé; (Thé.):
Effectif théorique. *: significatif.
Table 5. The association
between the level of physical activity and weight status.
Discussion
Quant à la pratique d’ASL, près de 41 % des
scolarisés enquêtés, sont actifs au moins pendant trois heures par semaine (à
raison de 60 min/jour en une fréquence de 3 fois par semaine). Les résultats de
la présente étude ont montré qu’environ 28 %
des scolarisés enquêtés ont déclaré n’avoir aucune ASL extrascolaire, ce
pourcentage est deux fois plus élevé par rapport à un groupe de collégiens (enfants
et adolescents) français, dont seulement 14 % déclarant n’avoir jamais pratiqué
de sport en dehors de l’établissement scolaire (Laure
et Binsinger, 2009); il est
également trois fois plus élevé par rapport à une autre étude canadienne auprès
des jeunes québécois, où seulement 9,9 % de garçons et 11,8 % de filles qui ont
déclaré n’avoir aucune AP de loisir (Nolin et
al., 2000). Ce constat prône pour la nécessite de fournir plus d’effort
pour encourager et promouvoir l’AP et le sport de loisir chez les adolescents
et les jeunes adultes scolarisés dans la zone d’étude.
Quant à l’accumulation de l’équivalent de 60
min d’AP modérée chaque jour, moins de 9 % des scolarisés enquêtés (15 % des
garçons contre 3,2 % des filles) sont classés au NAP "Actif", c'est-à-dire
ce sont ceux qui accumulent l’équivalent de la dose recommandée en AP, par
conséquent ce sont ceux qui répondent aux recommandations internationales (OMS,
2010). Le NAP plus important chez les garçons explique encore la valeur élevée de la
DEAP chez eux par rapport aux filles (22,73 contre 16,73 MET) ces constatations
restent en concordance avec les données de plusieurs études internationales où
le genre masculin est systématiquement plus actif que le féminin (Van Mechelen et al., 2000; Trost et al., 2002; Riddoch et al.,
2004, 2007; Teixeira et al., 2008;
Blaes et al., 2011). Quant au types
ou champs d’AP, les filles font plus d’AP domestiques que les garçons et
inversement, ces derniers font plus d’AP en dehors du foyer (AP de loisir et
sport structuré) par rapport aux filles. Ceci peut trouver, en partie, son
explication dans certains rites marocains, selon lesquels le genre féminin
s’occupe des activités au foyer plus que le masculin qui lui s’occupe des
activités en dehors. Le NAP par milieu de résidence a été en faveur du milieu
rural. La DEAP moyenne chez les adolescents ruraux, qui sont plus actifs, a été
plus élevée par rapport aux adolescents citadins (21,18 contre 16,77 MET). Même
si les élèves citadins ont plus de possibilités pour pratiquer des AP plus variées
et plus structurées dans les institutions sportives (des clubs et/ou
associations sportives), ceux en milieu rural sont plus actifs en pratiquant
leurs loisirs dans un cadre non structuré en plus de la pratique d’autres
activités dans le cadre domestique (travail au champs, aide familial, …etc.) et
en adoptant le transport actif (le vélo et la marche) comme mode principal pour
rejoindre l’établissement scolaire plus que les scolarisés citadins. La
géographie rurale elle-même peut avoir une influence sur la DEAP, car les
établissements scolaires, en milieu rural, sont le plus souvent situés loin de
l’habitat des élèves, ce qui implique davantage des déplacements plus importants.
9,5 % des adolescents sont en surpoids (obésité incluse), ce
résultats est en concordance avec celui d’une étude assez similaire réalisée
récemment, par Kaoutar et al. (2013), sur des adolescents scolarisés
(12 à 18 ans) dans la même zone de la Wilaya de
Marrakech; ce résultat est également en concordance avec les données d’une
étude, réalisée à Rabat sur des solarisés âgés de 7 à 14 ans (Dekkaki et al., 2011). Grosso modo, la surcharge
pondérale (obésité incluse) au Maroc reste moins importante par rapport aux
données évoquées par des études internationales. Une étude française menée
dans le département des Hauts-de-Seine a montré que 17,6 % des élèves sont en
surcharge pondérale (Souames et al.,
2005). En Espagne comme au Canada (enfants et adolescents de 12 à 17 ans), elle
est estimée à 29 % (Shields, 2006; Prado
et al., 2009).
La surcharge pondérale et l’obésité sont associés au NAP, rappelons
que les individus moins actifs sont plus
exposés à l’embonpoint et par conséquent à devenir obèse alors que ceux qui
sont plus actifs parcourent moins de risque de devenir obèses, ces résultats sont
en accord avec plusieurs études internationales réalisées sur différentes
populations et différentes tranche d’âge, selon lesquelles, les
personnes qui sont sédentaires durant leurs loisirs sont plus susceptibles
d’être obèses que celles qui sont physiquement actives. D’après des données
canadiennes, les garçons sédentaires étaient plus susceptibles d’être obèses que
leurs homologues actifs (16 % contre 9 %) (Shields, 2006). D’autres études ont
montré qu’il existe un rapport évident entre l’AP intensive et la stabilité
pondérale (Erlichman et al., 2002;
Ruiz et al., 2006). Les effets de l’AP
sur le contrôle du poids passent à la fois par la dépense d’énergie au-dessus
de la valeur de repos (consommation des réserves musculaires en glycogène
pendant l’effort, et reconstitution de ces réserves après l’arrêt de l’effort)
et par un meilleur contrôle des apports alimentaires entourant la pratique de
l’AP. De façon générale, l’AP a des effets positifs sur le plan psychologique
en améliorant l’humeur, la sensation de bien-être et l’estime de soi (Fox, 1999;
De Moor et al., 2006). Cet effet
participe à la limitation de la prise de poids au cours des années (Wagner et al., 2001; Hu et al., 2003).
Il
est préférable de prévenir le gain de poids, d’autant que le traitement de l’obésité
est très difficile et que le maintien de poids après amaigrissement est souvent
impossible. En effet, 40 % des enfants et 70 % des adolescents obèses le
demeurent à l’âge adulte (Bar-Or et al.,
1998), de ce fait l’AP demeure une habitude à ancrer dans le mode de vie des
adolescents.
En
agissant à la fois sur les plans physiologique et psychologique, l’AP impacte
significativement le statut pondéral. En effet, l’excès de la masse corporelle
est nocif pour l’organisme car il exerce une surcharge sur les articulations
ainsi que sur les tissus et augmente le risque de maladies chroniques (maladies coronariennes, diabète
type 2, l’hypertension artérielle). Dans la présente étude, la prévalence de la
surcharge pondérale chez les adolescents scolarisés dans le milieu urbain est
plus élevée que chez leurs homologues en milieu rural et de ce fait ils sont fort
probablement plus exposés aux problèmes de santé au cours de leur vie. Le
surpoids acquis au cours de l'enfance ou de l’adolescence peut persister à
l'âge adulte et augmenter le risque d'avoir, plus tard au cours de la vie, des
maladies liées à l’obésité et qui compromettraient le pronostic fonctionnel et
vital des sujets affectés (Guo et al.,
2002; Boreham et al., 2004). A
l’inverse, les personnes qui pratiquent régulièrement une AP avec une dose
assez suffisante peuvent non seulement maintenir un poids normal, mais aussi
atténuer le risque de développer des maladies chroniques, tout en préservant
leurs indicateurs biométriques dans l’intervalle de valeurs saines.
Conclusion
Les
résultats ont montré, dans l’ensemble, que les adolescents masculins sont plus
actifs que les adolescentes, de même qu’ils le sont les adolescents scolarisés
en milieu rural par rapport à ceux en milieu urbain. Le NAP est
significativement associé à l’embonpoint (obésité incluse), et du fait qu’un
NAP élevé aide à réduire la prise de poids et à maintenir un statut pondéral
sain, l’AP impacte positivement l’état de santé. Compte tenu de l’accroissement
du phénomène de l’obésité et des problèmes de santé qui lui sont associés, avec
un mode de vie actuellement en évolution rapide vers la sédentarité et
l’inactivité physique, l’AP devrait être d’une part, une routine quotidienne de
chacun, à domicile, à l’école et pendant ses déplacements, et d’autre part, la
base des loisirs régulièrement pratiqués.
La
prévalence du surpoids au Maroc reste moins importante par rapport aux pays de
la France, Canada et l’Espagne, néanmoins une attention particulière doit être
accordée aux adolescents dans les programmes de promotion de l’AP, vu que leur
mode de vie connaît une transition vers la sédentarité et l’inactivité
physique. Et sachant que les habitudes d’AP qu'on acquiert pendant l'enfance et
l'adolescence sont plus susceptibles de se maintenir le reste de la vie, ainsi
qu'un comportement sédentaire pendant la jeunesse probablement persistera.
Perspective
Dans
cette zone d’étude, les individus qui font moins d’AP, sont moins en surpoids;
néanmoins cette association ne peut être vue seulement dans un sens
unidirectionnel qui stipule que l’AP fait diminuer l’IMC, mais aussi il se peut
que les sujets en surpoids font souvent moins d'exercice physique. De ce fait,
d’autres études doivent être menues pour confirmer le sens de ce lien et le
dégrée de la relation de causalité. Notamment, un suivi de la relation
dose-effet selon un programme d’exercice physique et la mesure de l’envi et de
l’acceptabilité des sujets en surpoids à s’adonner aux exercices physiques.
Remerciements. Nos vifs remerciements vont au Directeur
Régional de l’Académie Régionale de l’Education et la Formation de
Marrakech-Safi, qui nous a aimablement autorisé à avoir accès aux différents
établissements scolaires relevant de son autorité. Nos sincères remerciements
s’adressent également aux Directeurs des établissements scolaires ainsi qu’aux
Professeurs d’éducations physique et sportive qui nous ont créé les bonnes
conditions pour la réalisation de l’enquête. Enfin, nos remerciements vont
spécialement aux élèves ayant accepté de participer à l’enquête et aux
collègues du Laboratoire d’Ecologie Humaine qui ont contribué, de près ou de
loin, à la réalisation de ce travail.
Liens d’intérêt. Les
auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet
article.
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