Lamri, D., Khiam, M., Hassouni, T., 2016. Impact de l’estime de soi sur
la performance sportive chez les jeunes adolescents scolarisés. Antropo, 36,
85-90. www.didac.ehu.es/antropo
Impact
de l’estime de soi sur la performance sportive chez les jeunes adolescents
scolarisés
Impact of self-esteem on
sports performance in young adolescents attending school
D. Lamri1, M. Khiam1 et T. Hassouni2
1 Centre Régional des Métiers de l’Education et de la Formation, Taza, Maroc
2 Centre Régional des Métiers de l’Education et de la Formation, Meknès, Maroc
Corresponding
author: Driss Lamri (Lamri_driss@yahoo.fr)
Mots clés: estime de soi, performance sportive, adolescent, échelle Rosenberg.
Keywords: self-esteem, sports performance adolescent,
Rosenberg scale.
Résumé
Une étude d’évaluation de l’impact de
l’estime de soi sur la performance sportive à été menée entre Janvier
et Mai 2015 auprès d’un échantillon de 200 jeunes adolescents scolarisés. Nous
avons utilisé l’échelle de Rosenberg pour évaluer l’estime de soi et pour
évaluer la performance sportive, nous avons choisi la gymnastique au sol comme
discipline sportive. Les résultats de cette étude ont montré que 44% de
population étudiée ayant une moyenne estime de soi. Alors que 1% présente une très faible estime de soi. Les
données de test de la performance sportive ont souligné une moyenne performance
sportive. Les filles s’estiment moins et sont moins performantes que les
garçons. En termes d’âge, les adolescents âgés entre 12 et 13 ans s’avèrent
plus performants par rapport aux adolescents plus âgés. Les analyses
corrélationnelles ont montré que l’estime de soi est fortement liée avec la
performance (r=0,954; p<0,005) si l’estime de soi est faible il agit
négativement sur la performance sportive. Au terme de cette étude, il se dégage
que l’estime de soi est un facteur déterminant pour la performance sportive.
Abstract
The aim of the present work is to
evaluate the impact of the self-esteem on the sportive performance in a sample
of 200 young adolescents attending school between January and May 2015. We used
the Rosenberg scale known for the assessment of self-esteem and to evaluate
sport performance, we chose the floor gymnastics as a sport. The results of
this study showed that 44% of population with an average self-esteem. While 1%
has very low self-esteem and sports performance in this group of averagely.
Girls displayed lower self-esteem and lower performance compared to boys. As
far as the age is concerned, adolescents who are between 12 and 13 years old
present higher performance compared to older ones. The correlation analysis
showed that self esteem has a positive effect on sports performance (r=0.954
p<0.005).
Introduction
Dans les sociétés traditionnelles, l'intégration sociale de l'individu par
le biais de l'éducation était l'œuvre exclusive des parents et du clan. Mais
aujourd'hui, bien que la famille soit perçue comme première ressource vouée au
développement de l'enfant, elle ne semble plus être le seul lieu privilégié de
l'éducation car l'évolution du monde actuel et ses exigences font de l'école un
point incontournable dans la vie de tout enfant. Parmi les matières d’acquisition dans l’école
on trouve l’éducation physique et sportive qui travaille sur toutes les aspects
de la personnalité de l’individu et chaque activité technique et artistique à
certain degré de performance corporelle, nécessite la connaissance de soi et
doivent posséder des qualités physiques et techniques (Vallerand et Losier,
1999).
La connaissance de soi est un construit sociopsychologique qui permet
d’évaluer les conduites des individus et la perception de leur propre valeur (Rosenberg,
1979). Ce concept est aujourd’hui identifié comme un état (Ninot et al., 2004) qui évolue donc en
fonction des facteurs spatiotemporels du
contexte environnemental. L’estime de soi suppose une connaissance de ses
forces, de ses difficultés et de ses limites personnelles (Duclos, 2000; Eloirdi
et al., 2014). En effet chez les adolescents, l’estime de
soi est un problème prédominant (Guillon et Crocq, 2004). Deux périodes sont
souvent données comme pouvant caractériser le vécu psychologique de l’adolescence,
la première étant une phase de détresse, communément appelée crise, et la
seconde une phase de séparation- individuation (Marcelli et Braconnier, 1999).
D’autant plus qu'à ces périodes, l'estime de soi n'évolue pas nécessairement de
la même façon chez les filles et les garçons. Plusieurs auteurs ont noté la présence
de différences en faveur des garçons dans l'estime de soi globale à
l'adolescence (Alsaker et Olweus, 1993; Seidah et Bouffard, 2007).
La pratique des activités physique et
sportive chez les adolescents (filles et garçons) ne présentant pas de handicap,
l’estime de soi est significativement plus élevée chez ceux pratiquant une
activité physique et sportive régulière que chez ceux qui n’en pratiquent pas (Modrain
et al., 1998; Fox, 2000). Le modèle de Fox et Corbin (1989)
présente l’estime de soi comme étant reliée au domaine corporel par la valeur
physique perçue, elle-même déterminée par la condition physique, la compétence,
l’apparence physique et la force.
Par la présente étude nous cherchons
donc à évaluer l’impact de l’estime de soi sur la performance sportive chez
un groupe d’adolescents marocains.
Méthodologie du travail
Afin de comprendre l’impact de performance sur l’estime de soi, la présente
étude a été effectuée sur un échantillon de 200 élèves choisis au hasard de 4
établissements scolaires de la délégation de Taza et présentant tous une bonne
aptitude physique qui leur permet la pratique sportive. L’échantillon est
réparti de la façon suivante (Tableau 1)
.
|
Âge |
|||
|
18-19 |
16-17 |
14-15 |
12-13 |
Garçons |
28 |
28 |
27 |
30 |
Filles |
19 |
23 |
25 |
20 |
Total |
47 |
51 |
52 |
50 |
Tableau 1. Répartition
des adolescents selon l’âge et le sexe.
Table 1. Distribution of Adolescents by Age and Sex
Nous avons choisi la gymnastique au sol
pour l’évaluation de la performance et afin d’évaluer l’estime de soi globale,
nous avons utilisé l’échelle de Rosenberg (1965) traduite et validée par
Vallières et Vallerand (1990). Cet
auto-questionnaire est composé de dix items. La moitié des items sont présentés
de façon positive (e.g., "J’ai l’impression d’avoir un certain nombre de
belles qualités", "J’ai une attitude positive vis-à-vis de
moi-même") et l’autre moitié sous forme négative (e.g., "Il m’arrive
de penser que je suis un(e) bon(ne) à rien", "Je sens peu de raison
d’être fier(e) de moi"). Les réponses sont notées sous forme d’une échelle
de Likert à degrés´s croissants (1, tout a` fait en désaccord; 2, plutôt en
désaccord; 3, plutôt en accord; 4, tout a` fait en accord). Le score varie de 10 à 40. Si le score est
inférieur à 25, l’estime de soi est très faible, s’il est entre 25 et 31,
l’estime de soi est faible. Un score compris entre 31 et 34 implique une estime
de soi moyenne alors qu’un score compris entre 34 et 39 correspond à une estime
de soi forte. Si celui-ci dépasse 39, on dit que l’estime de soi est très
forte.
Les
questionnaires ont tous été donnés en main propre à la suite d’une explication
individuelle sur le protocole expérimental et sur le cadre contextuel de la
recherche. L’ensemble des questionnaires demande dix minutes d’attention pour
que tout soit complété.
Pour la performance sportive: nous avons
choisi une discipline sportive individuelle qui est la gymnastique au sol pour
évaluer cette performance. Le choix de cette activité sportive est basé sur le
fait qu’elle sollicite les capacités psychiques, notamment l’estime de soi,
beaucoup plus que les autres activités sportive. Pour tester la performance
sportive, les élèves devraient effectuer individuellement un enchainement
gymnique en public. L’évaluation a été basée sur trois critères selon l’orientation
pédagogique: la difficulté (nombre et catégories des éléments gymniques
exécutés) notée sur 5 points, l’exécution (qualité de l’enchainement gymnique)
notée sur 5 points et l’impression générale (tenue, respect du temps, attitude…)
notée sur 5 points.
Le calcul de la corrélation entre l’estime de soi et la performance
sportive à été traité par le logiciel SPSS version 20.0.
Résultats
Estime de soi
Les
résultats montrent que 74% de l’échantillon d’étude ont
une estime de soi moyenne à fort et 24%
présentent une estime de soi faible. Alors que, 1% présentent une estime de soi très forte ou très faible
(Tableau 2).
La
figure 2 montre la répartition des
moyennes des scores de l’estime de soi
selon le sexe; d’après ce figure on
constate que les scores les plus élevés ont été enregistrés chez le sexe
masculin avec une moyenne de 25,5, en revanche les faibles scores de l’estime
de soi ont été marqués au sexe féminin
dont la moyenne est de 14,0.
Donc
le sexe exprime un effet sur l’estime de
soi; chez les filles a une estime de soi plus faible que les garçons.
Les résultats des
questionnaires de l’estime de soi |
|||||
|
Très Faible |
Faible |
Moyenne |
Forte |
Très forte |
Nombre des élèves |
2 |
48 |
88 |
60 |
2 |
Les pourcentages |
1% |
24% |
44% |
30% |
1% |
Tableau 2. Les
résultats de l’estime de soi selon l’échelle de Rosenberg.
Tableau 2. Les résultats de l’estime de soi selon l’échelle de
Rosenberg.
Figure 2. Répartition
des moyennes de l’estime de soi selon le sexe.
Figure 2. Distribution of self-esteem averages by sex.
La
figure 3 montre qu’il y a un rapport de proportionnalité entre l’âge et
l’estime de soi. La répartition des moyennes des scores de l’estime de soi selon le sexe montrent que ceux-ci sont plus élevés
chez le sexe masculin que le féminin. Généralement l’estime de soi est très
faible chez les filles que les garçons
et les élèves moins âgés s’estiment plus fort que les plus âgées donc le sexe et l’âge influence dans l’estime
de soi.
Figure 3. Répartition
des moyennes de l’estime de soi selon l’âge.
Figure 3. Distribution of self-esteem averages by age.
La
performance sportive
Les
résultats de l’évaluation de la
performance de la gymnastique au sol chez les élèves des établissements
scolaire sont présentés dans le tableau 4. Ce tableau montre que 29% et 21,5% des élèves qui sont réalisés
la tâche gymnique avec une performance respectivement de 11,37 et 10,37. Par ailleurs, 5,5% de la
population d’étude ne présente aucune performance sportive.
Les
résultats présentés dans la figure 4 montrent que les scores de la
performance les plus importants de
11,37, 12,37 et 14,37 sont enregistrés chez les garçons que les filles.
En
effet, la plus part des scores de la
performance faibles sont obtenu
par les filles.
Nombre
des élèves |
11 |
1 |
1 |
5 |
12 |
16 |
43 |
58 |
35 |
12 |
6 |
Pourcentage |
5,5 |
0,5 |
0,5 |
2,5 |
6 |
8 |
21,5 |
29 |
17,5 |
6 |
3 |
Points |
0 |
5,5 |
6 |
7,37 |
8,37 |
9,37 |
10,37 |
11,37 |
12,37 |
13,37 |
14,37 |
Tableau 4. les résultats finals d’évaluation de la performance en
gymnastique au sol.
Table 4. Final performance
evaluation results in floor gymnastics.
Figure 4. Les performances chez sportive des élèves selon le sexe.
Figure 4. Sports performance of students by sex.
Les
scores de la performance sportive les plus élevés ont été enregistrés chez la
classe d’âge 12-13 avec des valeurs de 13,37 et 14,37. En revanche les scores
les plus faibles (0 et 5,5) ont été enregistrés chez la classe d’âge 18-19
(Figure 5). Alors, l’âge influence sur la performance lorsque
l’âge est élevé la performance est
faible.
Dans cette étude de recherche nous avons
constaté que, il y a une corrélation positive entre l’estime de soi et la
performance sportive (r = 0,954
et p<0,005).
Figure 5. Les performances chez les élèves selon l’âge.
Figure 5. Students performance by age.
Discussion
L’estime de soi et la perception positive
de soi sont essentielles pour l’épanouissement et le bien-être psychologique
des individus (Rosenberg, 1965; Sonstroem et Morgan, 1989), et notamment pour
les adolescents. En effet, certains
adolescents ayant une bonne estime de soi peuvent facilement intégrer dans le milieu social,
ils intègrent en mémoire autobiographique d'innombrables réussites, lesquels
peuvent ressurgir accompagnées de leur charge émotionnelle dans certaines situations,
avec des conséquences plus ou moins heureuses sur les fonctionnements cognitifs
(Toczek et Martinot, 2004). L'estime de soi est partie intégrante de ce même
système de mémoire. Dès lors, l'estime de soi positive conduit l'adolescent à adopter des conduites associées à une haute
motivation scolaire, donc à réaliser de bonnes performances dans les
apprentissages alors que l'estime de soi négative est associée à une baisse de
motivation entraînant de mauvaises performances scolaires.
Pourtant, les résultats de cette étude montrent clairement que 74%
de la population ont une estime de soi moyenne à fort, ainsi que
les scores de la performance les plus
importants sont enregistrés chez les garçons
que les filles. Les filles s’estiment moins et sont moins performantes que
les garçons. En
terme d’âge, les adolescents
âgés entre 13
et 14 ans s’avèrent plus
performants par rapport aux adolescents
plus âgés. Ces résultats sont
similaires à ceux soulignés par Eloirdi et
al., (2014).
Concernant
la différence entre le sexe, plusieurs auteurs ont noté la présence de
différences en faveur des garçons en terme d'estime de soi globale à l’âge de l'adolescence
(Alsaker et Olweus, 1993; Chabrol H et al.,
2004; Seidah et Bouffard, 2007). Par ailleurs, les résultats des travaux de Fourchard
et Courtinat-Camps (2013) permettent de mettre à jour des différences
significatives d’estime de soi globale et physique en fonction de l’âge et du
genre des adolescent(e)s.
En outre, de nombreuses études (Cazorla et al., 1984; Zerzouri, 2002; Eloirdi et al., 2014) ont montré le rôle
important des facteurs psychologiques dans la performance sportive. Ceci a
largement été démontré par les résultats du présent travail qui indique que la
performance est corrélée avec l’estime de soi.
Conclusion
La présente étude confirme et étoffe les
résultats d’études antérieures montrant que l’estime de soi est déterminante de
la performance sportive. Par conséquent une prise en charge consciente de
l’état psychique des adolescents pourrait améliorer considérablement leur
performance sportive. Des études plus approfondies avec des protocoles de
recherches intégrant des techniques numériques et cliniques pourraient apporter
d’importants éclairages dans le secteur de recherche scientifique appliquées
à la santé de l’enfant et l’adolescent
au Maroc.
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