Oumar, A.A., Katile, D., Maiga, B., Toure,
A., Drabo, M., Togo, B., Soumountera, A., Dao, S., 2016. Evaluation de
l’observance thérapeutique aux antirétroviraux chez l’enfant à Ségou, Mali.
Antropo, 35, 83-89. www.didac.ehu.es/antropo
Evaluation de l’observance
thérapeutique aux antirétroviraux chez l’enfant à Ségou, Mali
Compliance to antiretroviral treatment in children in Ségou, Mali
A.A. Oumar1,5, D. Katile2, B. Maiga3,
A. Toure1, M. Drabo2, B. Togo1,3,, A. Soumountera2,
S. Dao1,4,5
1Faculté de Médecine,
et d’odontostomatologie, Université des Sciences, des Techniques et des Technologie
de Bamako (U.S.T.T.B)
2 ONG Walé
Ségou
3 Service de
Pédiatrie CHU Gabriel Touré, Bamako
4 Service de
Maladies Infectieuses, CHU point G, Bamako
5
Centre
de Recherche et de Formation sur le VIH/tuberculose, Bamako
Auteur correspondant: Dr Aboubacar
Alassane Oumar, Asistant en Pharmacologie
clinique, Faculté de Médecine et
d’odontostomatologie, U.S.T.T.B; Centre de Formation et de Recherche sur le
VIH/Tuberculose (CEREFO); BP: 1805. Bamako, Mali; Email:
alabmai@yahoo.fr
Mots cles: Observance thérapeutique, antirétroviraux, VIH, enfant
Keywords: Adherence, antiretroviral therapy, HIV, Children.
Résumé
Introduction
Le traitement ARV est pour l’heure
l’une des principales ripostes contre l’infection à VIH. Bien qu’il ne permette
pas l’éradication du VIH, il transforme l’infection en une maladie chronique et
doit être pris à vie.
Objectif
Evaluer
l’observance au traitement antirétroviral chez les enfants de 0 à 15 ans infectés par le VIH à l’ONG
WALE de Ségou.
Méthodes et matériels
Notre étude, descriptive, transversale
et pilote avec un recueil prospectif des
données s’est déroulée du 1er Octobre 2009 au 31 Mars 2010 à l’ONG
WALE de Ségou et à porté sur trente six (36) enfants.
Résultats
L’âge moyen de l’échantillon était de 5
± 3,3 ans avec des extrêmes de 2 ans et 14 ans. Le sexe ratio était de 1,1 en
faveur des garçons. Au cours des 6 mois
93,3 % des enfants étaient bon observant avec des taux variant de 88,9%,
97,2%, 94,4%, 91,7% et 91,7% respectivement de T0 à M6. Les causes
d’inobservance les plus fréquentes étaient: le refus de l’enfant, l’oubli,
l’indisponibilité de la personne qui a la garde de l’enfant et les effets
indésirables (vomissement, nausée). Les types d’inobservance les plus représentés étaient les prises manquées et le non respect
de la dose. Nous avions observé que 30,6% des enfants avaient présenté au moins
un effet secondaire durant notre étude. Le schéma thérapeutique ayant présenté
le plus d’effet secondaire dans notre étude est (AZT/3TC/NVP) avec 34,3%.
Les patients sous le protocole 2INTI+1INNTI
étaient les plus nombreux avec 94,4%, le protocole thérapeutique était resté
inchangé chez 94,4% des enfants. L’échec thérapeutique a été l’unique motif de
changement de protocole. 33,3% des personnes ayant la garde des enfants
exprimaient des difficultés. Le taux de bonne observance de 92% des moins de 7 ans était supérieur aux 90,90% des plus de 7 ans.
Conclusion
Le taux d’observance thérapeutique aux
ARV chez l’enfant à l’ONG WALE est encourageant.ces résultats sont le bénéfice
de l’éducation thérapeutique.
Summary
Introduction
The ARV
therapy is nowadays one of the major responses against HIV infection.
Objective
To assess adherence to
antiretroviral therapy in children aged 0-15 years infected with HIV in NGO-
WALE Segou.
Methods and Materials
Our study,
descriptive, transversal and driver with a prospective collection of data took
place from 1 October, 2009 to March 31, 2010 at the NGO WALE Segou and covered
thirty-six (36) children.
Results
The sample
mean age was 5 ± 3.3 years with extremes of 2 years and 14 years. Au cours des 6 mois 93,3 % des enfants étaient bon
observant avec des taux variants de 88,9%,97,2%,94,4%,91,7% et 91,7%
respectivement de T0 à M6.Les causes d'inobservance les plus fréquentes
étaient : le refus de l'enfant, l'oubli, l'indisponibilité de la personne
qui à la garde de l'enfant et les effets indésirables (vomissement, nausée).Les
types d'inobservance les plus représentés étaient les prises manquées et le
non respect de la dose. Over the past 6 months 93.3% of children were
watching with good rates ranging from 88.9%, 97.2%, 94.4%, 91.7% and 91.7%
respectively from T0 to M6. The noncompliance most frequent causes were: the
child’s refusal, forgetfulness, unavailability of the person to the custody of
the child and side effects (vomiting, nausea). The noncompliance types most
represented were taken and disrespect missed dose. We observed that 30.6% of
children had experienced at least one side effect during our study.
The regimens have been most effective in our study is secondary (AZT/3TC/NVP)
with 34.3%.
Patients on the protocol 2
NRTI and NNRTI were most numerous with 94.4%, the treatment protocol remained
unchanged at 94.4% of children.
that (90.90%) of those above 7 years.
Conclusion
The adherence
rate to ART in NGO- Wale children is encouraging these better results were the
consequence of therapeutic education.
Introduction
Plus de 14 millions d’enfants en Afrique subsaharienne
ont perdu un parent ou leurs deux parents du fait du Sida (ONUSIDA/OMS, 2013). Au Mali la séroprévalence globale est estimée à 1,1% selon le rapport de la
quatrième enquête démographique et santé du Mali (EDS -V) en 2012 (Ministère de
la santé, EDS-M-V, 2012). Le traitement antirétroviral est pour l’heure
l’une des principales ripostes contre l’infection à VIH. Bien qu’il ne permette pas l’éradication du
VIH, il transforme l’infection en une maladie chronique et doit être pris à
vie. Mais ce traitement est complexe avec nombreuses contraintes liées aux
horaires de prise, à la quantité de médicaments et parfois aux restrictions
alimentaires associées (Kissougle Nkongo et
al, 2007). Chez les enfants, à ces contraintes s’ajoutent le mauvais
gout de certains antirétroviraux, l’inadaptation des formes galéniques et leur
dépendance d’une tierce personne. Des études occidentales ont montré que les
enfants, du fait de ces facteurs sont plus susceptibles d’avoir des problèmes
d’observance (Kissougle Nkongo et al, 2007). Les multi thérapies
antirétrovirales (ARV) ont modifié la prise en charge de l’infection au virus
de l’immunodéficience humaine (VIH). De ce fait, de nouvelles problématiques
liées à la chronicité de la maladie sont apparues, et notamment celle de
l’observance thérapeutique par les patients. L’observance se définit comme le
degré de concordance entre le comportement
d’un individu (en termes de prises
médicamenteuses; de suivi du régime thérapeutique ou de changement de
style de vie) et les recommandations médicales. L’observance au long cours
(diabète, hypertension artérielle) impose de suivre un traitement à vie ou
pendant de longues années et donc de l’intégrer dans sa vie quotidienne. Concernant
les antirétroviraux (ARV) le niveau d’observance nécessaire à une efficacité
antirétrovirale durable se situe au
dessus de 90% voire 95% ou plus (Costagliola et al, 2001). Cependant,
aucune étude n’a été faite à l’ONG walé sur l’observance du traitement
antirétroviral dans cette population.
C’est la raison pour laquelle nous avons réalisé cette étude dont le but était d’évaluer le niveau de
l’observance au traitement antirétroviral chez les enfants de 0 à 15 ans
infectés par le VIH et traités à l’ONG walé de Ségou.
Matériel et Méthode
Le Centre ambulatoire de l’ONG Walé à
Ségou a été notre cadre de l’étude. C’est le premier centre de prise en charge des personnes
vivant avec le VIH en ambulatoire de niveau communautaire dans la région de
Ségou. Le nombre de patients séropositifs suivis dans la structure est de 726, dont
457 sous traitement ARV (134 hommes 287 femmes et 36 enfants) à la date du 31
Décembre 2009. Il s’agissait d’une étude pilote, descriptive avec recueil
prospectif des données. Notre étude s’était déroulée du 1er Octobre
2009 au 31 Mars 2010. Notre étude avait concerné les enfants de 0 à 15 ans
infectés par le VIH sous traitements antirétroviraux suivis au niveau de l’ONG Walé
de Ségou avec l’obtention d’un assentiment des parents. Les enfants VIH qui ne
sont pas sous ARV, les enfants dont les parents avaient refusé de participer à
l’étude, et les enfants VIH non suivis à
l’ONG walé n’ont pas été inclus. Trente-six (36) patients suivis ont rempli nos
critères d’inclusion. Nous avons élaboré un questionnaire individuel adressé
aux parents des enfants ou à la personne qui avait sa garde. Les dossiers de suivi des patients avaient
servi de source de données ainsi que la fiche d’enquête. Elle était faite à
travers l’interrogatoire des parents des enfants et la consultation de dossier
individuel des enfants L’enquête s’est déroulée au cours des consultations de
suivi des enfants. L’interview du parent ou de la personne qui avait la garde
de l’enfant a été réalisée à chaque suivi. Après l’inclusion, les enfants ont
été vus tous les mois pendant 3 mois puis au 6ème mois de suivi. Pour
chaque enfant, nous avons déterminé à l’inclusion:
- Les données sociodémographiques: l’âge, le sexe, la
scolarisation, le statut social, l’identité de celui qui a la garde d’enfant,
le stade clinique et immunologique, la durée du traitement ARV. L’âge des
parents, leur profession, leur situation matrimoniale, leur statut sérologique,
la prise d’ARV ou pas par les parents, les difficultés des parents.
- Les données cliniques: Le poids, la taille, l’état
nutritionnel, la pathologie observée, le protocole thérapeutique, les effets
indésirables du produits, les notions de changement de protocole.
- Les données
biologiques: le dosage du taux de CD4, la charge
virale.
- Les données
sur l’observance: Bonne observance, les causes d’inobservance, les
difficultés pour améliorer l’observance. Une bonne observance
thérapeutique se définit comme (Costagliola et
al, 2001): Un degré de concordance entre recommandations du médecin et les
comportements du malade. Pour notre étude nous
avons défini: Bonne observance: prise régulière du traitement
sans oublis ni prises groupées et à la bonne dose; Mauvaise
observance: correspond à une prise inférieure à 95% de la dose.
- L’évaluation de l’état nutritionnel de tous les enfants a
été faite selon le rapport poids/taille en fonction de l’âge des enfants. La définition de l’état a été: Bon état nutritionnel: Un rapport poids/taille
qui correspond à un taux supérieur à 90%; Malnutrition légère: Un rapport poids/taille qui correspond à un
taux entre 80 et 90%; Malnutrition
modérée: Un rapport poids/taille qui correspond à un taux entre 70 et
80%; Malnutrition sévère: Un
rapport poids/taille qui correspond à un taux inférieur ou égal à 70%.
L’assentiment éclairé des parents des
enfants ou ceux qui en ont leur garde a été obtenu pour chaque individu. Il est
expliqué clairement à tous les parents ou personnes ayant la garde de l’enfant
qu’aucune somme ne leur sera donnée et que leur participation est libre et
volontaire, mais aussi que les informations recueillies seront gardées dans la plus grande confidentialité.
Les
données ont été saisies et
analysées avec le logiciel EPI info version 6,04.
Resultats
L’étude s’est déroulée du 1er
Octobre 2009 au 31 Mars 2010 à l’ONG WALE de Ségou et a porté sur 36 enfants.
L’âge moyen de l’échantillon était de 5 ± 3,3 ans avec des extrêmes de 2 ans et 14 ans. Le sexe ratio était de 1,1
en faveur des garçons. Les patients ayant leur âge compris entre 1 à 4 ans et 5 à 9 ans étaient les plus
nombreux soit 41,7% pour chaque tranche d’âge. 44,4% des enfants étaient
scolarisés. 69,4% des enfants étaient orphelins d’au moins d’un parent. Un peu moins de la moitié des enfants soit
44,7 % étaient à la charge des autres parents (Tableau 1). Au cours des 6 mois
91,7 % des enfants étaient bon observant avec des taux variant de 88,9%, 97,2%,
94,4%, 91,7% et 91,7% respectivement de T0 à M6 (Tableau 2). Les types
d’inobservance les plus représentés étaient les prises manquées et le non
respect de la dose (Test de Fisher p=0,09) (Tableau 3). Les causes
d’inobservance étaient nombreuses. Les
plus fréquentes étaient: le refus de l’enfant, l’oubli, l’indisponibilité de la
personne qui a la garde de l’enfant et les effets indésirables (vomissement) (Test
de Fisher p=0,14) (Tableau 4).
Caractéristiques
socio-démographiques |
Effectifs (N=36) |
Pourcentages |
Tranches
d’âge 1-4
ans 5–9 ans 10-14
ans |
15 15 6 |
41,7 41,6 16,7 |
Sexe |
|
|
Féminin Masculin |
17 19 |
47,2 52,8 |
Scolarisation |
|
|
Préscolarisés Scolarisés Déscolarisé Non
scolarisés |
10 16 1 9 |
27,8 44,4 2,8 25 |
Statut
social |
|
|
Orphelins
de père Orphelins
de mère Orphelins
des deux parents Les
deux parents vivants |
8 5 12 11 |
22,2 13,9 33,3 30,6 |
Garde
des enfants |
|
|
Père
et mère Mère
seule Père
seul Autres
parents |
8 11 1 16 |
22 30,5 2,8 44,7 |
Tableau 1. Caractéristiques sociodémographiques des enfants.
Table
1. Sociodemographic characteristics of children.
Observance |
T0 |
M1 |
M2 |
M3 |
M6 |
Bonne |
32 (88,9%) |
35 (97,2%) |
34 (94,4%) |
33 (91,7%) |
33 (91,7%) |
Mauvaise |
4 (11,1%) |
1 (2,8%) |
2 (5,6%) |
3 (8,3%) |
3 (8,3%) |
Tableau 2. Répartition des patients selon l’évolution de
l’observance du traitement ARV au cours de l’étude.
Table
2. Distribution of patients according to the
evolution of ARV treatment adherence during the study.
Types D’inobservance |
T0 N=4 |
M1 N=1 |
M2 N=2 |
M3 N=3 |
M6 N=3 |
Prises manquées les 4 derniers jours |
2 (50%) |
1 (100%) |
1 (50%) |
2 (75%) |
2 (75%) |
Dose insuffisante |
1 (25%) |
0 |
1 (50%) |
0 |
1 (25%) |
Non respect des horaires |
1 (25%) |
0 |
0 |
0 |
0 |
Arrêt du traitement |
0 |
0 |
0 |
1 (25%) |
0 |
Tableau 3. Répartition des patients selon les types d’inobservance
du traitement ARV.
Table
3. Distribution of patients by type of ARV
treatment compliance.
Causes d’inobservance |
T0 N=4 |
M1 N=1 |
M2 N=2 |
M3 N=3 |
M6 N=3 |
Refus
de l’enfant |
2 (50%) |
1 (100%) |
1 (50%) |
2 (75%) |
2 (75%) |
Oubli |
1 (25%) |
0 |
1 (50%) |
0 |
1 (25%) |
Indisponibilité de la personne qui a la garde de l’enfant |
1 (25%) |
0 |
0 |
0 |
0 |
Effet
indésirable |
0 |
0 |
0 |
1 (25%) |
0 |
Tableau 4. Répartition des patients selon les causes d’inobservance
du traitement ARV
Table
4. Distribution of patients by cause of adherence
to ARV treatment
Discussion
Certaines difficultés ont été rencontrées: l’irrégularité
de certains enfants aux visites; l’indisponibilité temporaire ou permanente de
certains examens complémentaires: taux de CD4, charge virale. Malgré ces
difficultés cette étude a permis d’avoir un premier aperçu sur l’observance en
milieu communautaire pédiatrique décentralisé au Mali.
Dans notre étude l’âge moyen des patients était de
5 ± 3,3 ans avec des extrêmes de 2 ans et de 14 ans. Ces résultats avoisinent
ceux trouvés par Sylla et al (2008), qui avait trouvé 7 mois à 13,5 ans avec un âge
médian de 5 ans. Au cours de notre étude
nous avons enregistré 36 patients
dont 19 garçons et 17 filles avec
un sex- ratio de 1,1. Nos résultats sont comparables à ceux de Sylla et al. (2008) à Bamako avec un sex-
ratio de 1,5 en faveur des garçons. Kissougle et al. (2007) à Yaoundé avaient
trouvé un sex-ratio de 1,2 en faveur des filles.
69,4% de nos patients sont orphelins d’au moins un
parent, ce résultat est inferieur à celui
d’Atakouma et al. (2007) à Lomé qui
avait trouvé 80% d’orphelins d’au moins un parent et supérieur à ceux de Trocné
et al. (2002) en France qui
avait trouvé 60,9%. Dans notre étude 44,7% des
enfants sont sous la garde des autres membres de la famille contre 52,5%
pour Sylla et al. (2008) . Ces
résultats sont inferieurs au taux de 83,3% d’Atakouma et al. (2007), à Lomé. Les pères de nos patients ont une sérologie
VIH positive chez 27,8% dont les 90% d’entre eux sous ARV. Ces proportions sont
chez les mères respectivement de 55,6% et 95%. Samaké (2004) avait trouvé un
taux de séropositivité de 91% chez les
mères, 20,2% chez les pères.
Cette différence peut s’expliquer par le fait que dans notre étude 44,4% des
mères et 72,2% des pères n’ont pas effectué leur test sérologique VIH, soit
parce qu’ils sont décédés (69,4% des enfants sont orphelins) ou ils ont
refusé de le faire (surtout les pères).
Ce qui peut dénoter encore du caractère craintif de la maladie et de sa
confidentialité. La plupart de nos patients sont symptomatiques à l’inclusion
avec 88,9% au stade III et 11,1% au stade IV de la classification de l’OMS.
Atakouma et al. (2007) à Lomé avaient
trouvé un résultat différent avec 25% au stade III et 75% au stade IV de la
classification OMS. Cette différence des résultats peut s’expliquer par le fait que nos patients
arrivent plutôt au niveau des structures
communautaires. Au cours de l’étude 13,9% des enfants étaient à moins de 10
mois de traitement ARV et 44,4% autres supérieur ou égal à 30 mois. Ce résultat
est comparable à celui de Sylla et al.
(2008) avec une moyenne de 19
mois (1-39 mois) de traitement. Parmi nos patients 86,1% sont sans déficit immunitaire. Ce taux est
supérieur à celui de Baleng (2005) qui trouve 3,3%. Ce ci peut
s’expliquer par la taille faible de notre échantillon. Dans notre étude 66,7%
des enfants ont présenté une pathologie associée. Ce qui prouve la
vulnérabilité de ces enfants face aux infections opportunistes. Au cours de
notre étude le protocole thérapeutique le plus utilisé était 2INTI+1INNTI avec
un taux de 94,4%. Sylla et al. (2008) avaient trouvé un résultat inferieur
soit 67,8%. Notre INNTI était
essentiellement constitué de la Névirapine, cette remarque est comparable à
l’étude faite au Togo par Atakouma et al.
(2007) qui malgré la diversité de protocole thérapeutique utilisaient comme
INNTI de première intention de la Névirapine. Ce ci s’explique par le fait que
le protocole national du Mali est
respecté par l’ONG WALÉ dans la région de Ségou. La Triomune® (D4T/3TC/NVP) a été le schéma le plus prescrit à nos
patients avec 77,8%. Ce résultat est supérieur à celui de Oumar et al. (2007) à l’hôpital du point G
mais chez les adultes qui avaient trouvés 34,2%. Le schéma thérapeutique
ayant présenté le plus d’effet secondaire dans notre étude était (AZT/3TC/NVP)
avec 34,3%. Ce résultat est différent de celui
de Atakouma et al. (2007) au Togo avec
comme schéma (AZT/3TC/ABC)
et les effets secondaires dominés par
les troubles digestifs (83,4%). Au cours de notre étude le taux de bonne
observance varie entre 88,9% à 91,7%. Ce
taux de bonne observance est superposable à celui de Sylla et al. (2008) avec des
variations de 52,5% à 88,9% en milieu pédiatrique à Bamako. Cette différence s’explique par le fait qu’à
l’ONG WALE, les parents ont tous souvent assisté à des séances d’éducation thérapeutique contrairement à celle de Sylla et al. (2008). Notre taux de
bonne observance de 91,7% est supérieur au 75,7% de Samba Louaka et al. (2009) du Congo Brazzaville. Dans
notre étude, elles ont été dominées par les prises manquées (prise inférieur à
95% de la dose depuis le dernier rendez vous) dont les proportions étaient de
2 cas à T0, M3, et à M6. Ces chiffres sont inférieurs à ceux de Sylla et al. (2008) avec 12 cas à
M0, 4 cas à M3 et 5 cas à M6. Les types d’inobservance sont liés à plusieurs
causes: qui étaient dominés par le refus de l’enfant (2 cas à T0, M3, M6),
suivi de l’oubli avec une fréquence de
1cas à T0 et à M6, la non disponibilité de la personne ayant la garde vient au troisième
rang des causes avec un seul cas observé à T0. Ces résultats sont différents de
ceux trouvés par Sylla et al. (2008)
avec en tête l’oubli (7cas à M0, 1cas à M3, et 3 cas à M6), la non
disponibilité de la personne ayant la garde de l’enfant (6 cas à M0, 5 cas à
M3, et 9 cas à M6). Par contre nos résultats sont différents de ceux d’Oumar et
al. (2007) chez les adultes avec causes de mauvaise observance: l’oubli 47,5% (96/202) et les difficultés
d’accès à l’hôpital 34,6% (70/202). Durant notre étude 30,6%
des patients ont présenté au moins un effet secondaire. Baleng (2005) avait
retrouvé des résultats similaires avec respectivement 35,3% d’effets
secondaires à Bamako. Parmi les effets secondaires les plus fréquents étaient
les troubles digestifs (vomissement, nausée, diarrhée) ce ci a été prouvé par
Sylla et al. (2008) en milieu
pédiatrique bamakois. L’âge ne semblait pas influencer l’observance.
Bien que dans notre étude, les enfants d’âge inferieur ou égal à 7 ans ont un
bon taux d’observance (92%) que celui des plus de 7 ans (90,90%). Sylla et al. (2008) ont trouvé de même avec
les enfants d’âge inférieur ou égal à 7 ans qui avaient un bon taux
d’observance (80,6%) que celui des plus de 7 ans (77,8%). Une mauvaise
observance a été observée chez 33,3% des moins de 6 ans et 59,5% des
enfants de 6ans et plus dans l’étude de
Atakouma et al. (2007) au Togo. La
situation matrimoniale de la mère n’influence pas significativement sur
l’observance des enfants p=0,27, avec 96,2% de bonne observance chez les
enfants de mère mariée contre 80% chez ceux dont la mère était veuve ou
célibataire. Ce résultat est comparable à celui de Sylla et al. (2008) pour p=0,67,
avec 81,4% de bonne observance chez les enfants de mère mariée contre 72,7%
chez ceux dont la maman est veuve ou célibataire. Globalement quelque soit la
durée du traitement, l’observance était bonne, mais le meilleur taux a été
observé entre 0 et 9 mois de durée de traitement dans notre étude. Ce résultat
est différent du meilleur taux observé entre 10 et 19 mois de traitement dans
l’étude de Sylla et al. (2008).
Il n’existe pas de différence statistiquement significative (p=0,14). Le niveau
d’observance augmente en fonction du degré de déficit immunitaire. Ainsi il
passe de 84,6% en absence de déficit à 100% en cas de déficit sévère dans
notre étude. Ce résultat est comparable à celui de Sylla et al. (2008) qui passe de 52,4% en absence de déficit à 100% en
cas de déficit. Cela peut s’expliquer par le stade de la maladie.
Conclusion
Le taux d’observance thérapeutique aux ARV chez l’enfant à Ségou, quoique encore faible au regard des
valeurs de l’Organisation Mondiale de la Santé, est encourageant, meilleur par
rapport aux autres pays africains. Les nouvelles mesures amorcées sur le plan
national (éducation thérapeutique) contribueront certainement à l’améliorer. La
prise en charge pédiatrique est un enjeu dans nos pays à ressources limitées;
l’observance constitue un défi du fait
de la complexité et de la durée du traitement.
Remerciement. Nous remercions les parents ou tuteurs
des enfants, les enfants de l’étude, les personnels de l’ONG Walé de Ségou pour
leur contribution dans cette étude.
References
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Tsolenyanu E, Gbadoe A, Gbetoglo V, Lawson-Evi K, Agbere AR, Tatagan-Agbi K,
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