Kouadio K. J., 2015. Adaptabilité biologique dans un environnement
d’aide humanitaire: le cas des enfants déplacés de la guerre post-électorale
ivoirienne. Antropo, 33, 59-72. www.didac.ehu.es/antropo
Adaptabilité biologique dans un environnement d’aide humanitaire:
le cas des enfants déplacés de la guerre post-électorale ivoirienne
Biological adaptability in the
humanitarian context: the case of displaced children in the Ivorian
post-electoral war
K. J. Kouadio1,2 , J.-B. Beugré1,2
1Département de Paléoanthropologie. Institut des Sciences
Anthropologiques de Développement (ISAD). Université Félix Houphouet Boigny de
Cocody. Abidjan. Côte d’Ivoire. E-mail: kouadiojeromek@yahoo.fr.
2Laboratoire d’Anthropologie physique et de Biomorphologie. UFR SHS-OS-Université
Félix Houphouët Boigny de Cocody. Abidjan
Mots-clés: Adaptabilité biologique. Migration.
Environnement de vie. Homo sapiens. Soutien humanitaire. Enfants Déplacées
Internes (EDIs). Période post-crise.
Key-words:
Biological adaptability. Migration. Homo sapiens Environment life. Humanitarian
support. Internally Displaced Children (IDEs). Post-crisis period.
Résumé
L’objectif de cette présente étude a été
d’examiner l’influence de l’aide humanitaire en période post-crise sur l’adaptabilité
biologique des populations déplacées. Elle a concerné 502 enfants ivoiriens âgés
de 5-6 ans.
Pour mettre en évidence l’influence de l’assistance
sur l’adaptabilité (fitness) biologique, nous avons considéré les fréquences de
pathologies physiques, le poids et la stature moyens des enfants suivant la
nature et la fréquence de l’assistance apportée aux familles. Les résultats
montrent une fréquence élevée de maladaptabilités biologiques chez les enfants qui
ne bénéficient pas à la fois d’une aide médicale, alimentaire et en logement,
comparativement à leurs pairs qui en reçoivent. L’on note chez
les premiers (maladaptables) une proportion importante de paludisme (35%), de
gale (35%), de teigne (30%) et de varicelle (30%). Les seconds, en revanche, présentent
des pourcentages de maladaptabilités faibles (paludisme: 20%, gale: 10%, teigne: 10%, varicelle: 10%).
Cette
différence est aussi observée, en ce qui concerne les poids et stature moyens
présentés par les catégories d’enfants suivant l’étendue de l’aide reçue (18,38
kg et 1,14 m contre 18,50 kg et 1,16 m. Alors, les fitness
biologiques des enfants déplacés bénéficiant moins d’aide sont donc plus affectées
que ceux de leurs pairs qui en reçoivent plus
De tels résultats confirment l’hypothèse selon
laquelle la migration d’une part et l’environnement de vie d’autre part
constituent des facteurs qui influencent la capacité d’adaptation de homo
sapiens.
Abstract
The aim of the present
study was to examine the influence of humanitarian assistance in post-crisis on
biological adaptability of displaced period. It involved 502 Ivorian children
ages 5-6 years.
To highlight the impact
of the assistance on adaptability (fitness) Biological, we considered the
frequency of physical diseases, weight and stature in children means the nature
and frequency of assistance to families.
The results show a high
frequency of low biological adaptabilities in children who do not have both a
medical aid, food and shelter, compared to their peers who receive. Let us note
in the first (unadaptables) a significant proportion of malaria (35%), scabies
(35%), ringworm (30%) and varicella (30%). The latter, however, have lower
percentages of low adaptabilities (malaria 20%, 10% scabies, ringworm 10% and
10% varicella).
This difference was also
observed, regarding the average weight and stature presented by groups of
children according to the extent of the assistance (18,38 kg 1,14 m against
18,50 kg and 1,16 m). So biological fitness of displaced children receiving
less support are more affected than those of their peers who receive more
These results support
the hypothesis that migration on the one hand and the living environment on the
other hand are factors that influence the adaptability of Homo sapiens.
Introduction
L’homme, pour assurer son homéostasie, serait
régulièrement enclin à des modifications variables en fonction de son potentiel
interne ou de son niveau d’expression génotypique. Ce patrimoine endogène à
l’origine des processus de transformation de caractères existants ou d’apparition
de nouvelles structures renvoie à ce que Rosenberg et Bouchard (2008) appellent
la valeur sélective de l’organisme ou sa fitness, c’est-à-dire son adaptabilité.
Dans une orientation biologiste, celle-ci se réfère à l’aptitude biologique d’un
organisme à exercer une fonction appropriée et différentielle aux caractères de
son environnement de vie (Blondel, 1995; Gould et Lewontin, 1982). Elle s’isole
ainsi comme la différence de survie acquise par l’individu au cours d’une
longue période d’existence dans un milieu (Dreux-Palassy, 2002; Lasker, 1969). Ainsi,
l’adaptabilité biologique apparaît comme un trait d’un organisme qui augmente
la propension de ce dernier à survivre dans un environnement. Elle serait donc le
produit du processus d’adaptation de l’individu à son milieu de vie. Dès lors,
l’on pourrait observer chez l’individu un changement dans les fréquences de
traits biopsychologique adaptatifs suivant les possibilités d’ajustement
qu’offre le milieu.
Cette relation entre l’adaptabilité biologique
et le milieu se révèle spécifique. Elle est d’autant plus particulière que le
milieu de vie est habituel. En effet, le lieu d’habitation régulière est celui
qui accueille l’individu dès sa naissance et lui offre un cadre relationnel
dans lequel il acquiert les premières expériences de vie à travers les échanges
avec les personnes qui l’entourent (Morel, 1999; Tano, 2000). C’est donc au
sein du milieu de résidence familier que réalisent les premières acquisitions
physiques et les attachements psychologiques nécessaires à l’équilibre optimal de
l’individu (Dolto, 1988; Dreux-Palassy, op. cit; Richardson, 2007). Dans un tel
environnement pourraient donc se développer et se moduler avantageusement les caractères
biophysiologiques adaptatifs génétiquement sélectionnés
Le milieu de résidence habituel est, de ce fait,
un facteur (fondamental du milieu social) susceptible d’influencer la capacité
biologique adaptative de l’individu.
Par conséquent, l’abandon, la destruction ou la
séparation soudaine de ce dernier de son milieu de résidence habituel pourrait inhiber
son potentiel adaptatif, notamment biologique. En d’autres termes, les changements
du mode de vie de l’individu ne seraient pas sans conséquences sur son
adaptabilité, c’est-à-dire sa survie.
Les conditions socio-politiques nouvelles
n’offrent malheureusement pas toujours un tel cadre de vie. Il s’agit notamment
de situations de pauvreté, de chômage, ou de crises militaro-politiques
internes. Confrontés à ces situations de vie défavorables, les individus ou les
populations quittent très souvent leur milieu de résidence habituel pour un
nouvel environnement relativement favorable. Dans les circonstances de
précarité ou de pauvreté "naturelle", les migrations semblent
constituer des projets volontaires de recherche de bien-être, alors que les
situations de conflit ou de guerre contraignent des communautés ou des
populations à quitter brusquement leur milieu de résidence habituel pour des
destinations généralement imprévisibles. De tels mouvements migratoires apparaissent comme les
plus récurrents et les plus importants (Deng, 1993; Renner, 1996; Banque
mondiale, 2005).
Ainsi, selon Sivard (1989), les conflits
internes sont passés d’une douzaine à une trentaine des années 50 aux années
80. C’est un pallier au-dessous duquel il n’est plus retombé depuis des
décennies. Dans cette perspective, les observations de Kane (1995), de Karp
(1995) font état de plus de 130 conflits internes de 1945 à 1995. Les
affrontements entre citoyens de même pays sont davantage plus observés dans les
pays ayant des niveaux de développement socio-économique faibles (Banque
mondiale, 2005). La résurgence d’anciens foyers de tensions internes dans de
nombreux pays en développement dans le monde d’une part, et le déclenchement de
nouveaux conflits comparables particulièrement en Afrique noire d’autre part,
comme c’est le cas en Côte d’Ivoire, en témoignent. De tels affrontements
pourraient subséquemment avoir une incidence négative sur les populations
civiles.
Alors que certaines personnes sont assassinées
ou enlevées pour intégrer des groupes rebelles ou armés, la violence pousse la
plupart à l’exode et à la migration. Les unes s’orientent vers des pays
limitrophes ou proches où elles prendront le statut de réfugiés, les autres (la
majorité) vont simplement rechercher gite et secours dans les régions de leur
propre pays non encore touchées par ces combats fratricides. Dans ces
conditions, elles portent le nom de personnes déplacées Internes (PDIs).
Les études réalisées ayant concerné ces personnes
révèlent que nous avons 8.4 millions de réfugiés contre plus de 23,7 millions
de PDIs à travers le monde (UNHCR, 2004; 2006). Qu’elles soient réfugiées ou
déplacées internes, ce sont des populations civiles qui, du fait de la violence
des affrontements, ont été contraintes de quitter leur milieu de résidence
habituel pour se retrouver dans des milieux généralement inhabituels où le gite
et le soutien proposés semblent différer suivant le statut de résident.
S’agissant par exemple des réfugiés, ils bénéficient de l’assistance et de la
protection internationale à travers les actions du Haut-Commissariat aux
Réfugiés (HCR), une agence des Nations Unies créée exclusivement à cet effet et
celles d’autres organisations humanitaires internationaux partenaires.
En revanche, les PDIs ne sont pas intégrées dans
les corpus des lois et des secours internationaux, encore moins nationaux
(UNHCR, 2004; 2006). En d’autres termes, les PDIs seraient loin de bénéficier
de l’assistance véritable et institutionnelle, bien que leur situation de vie
puisse être souvent beaucoup difficile, pénible parce que durable. Pour Bennett
et Stam (cité par Banque Mondiale, 2005), la durée des difficultés auxquelles
pourraient être confrontées les populations en conflit est d’environ sept années
en moyenne. Les PDIs, contrairement à leurs homologues réfugiés, seraient
laissées alors pour compte durant plusieurs années.
En clair, la situation de PDIs rime avec une
longue condition d’une personne sans protection, sans domicile, sans vivres,
sans soins, sans revenu. Or, de telles conditions de vie sont considérées comme
des facteurs exerçant une influence négative sur l’expression adéquate des
caractères biophysiologiques génétiquement sélectionnés (Demars, 2012; Buler,
2005; Garaude, 2005).
L’objectif de cette étude est d’examiner la
relation existant entre l’adaptabilité biologique et le soutien humanitaire en
période post-crise.
Matériel et méthode
Matériel
La présente étude porte sur
les enfants issus de familles déplacées Internes (PDIs) à Abidjan de décembre
2010 à juin 2011. En effet, durant cette période, la Côte d’Ivoire a été
confrontée à une guerre interne post-électorale. Celle-ci, commencée dans les
régions du centre nord et ouest, a entrainé le déplacement d’un nombre important
de personnes de ces zones vers les régions du sud du pays, en particulier à
Abidjan à la recherche de conditions de vie meilleures. Ainsi, jusqu’à juin
2011, environ 18% des populations déplacées Internes, âgées de 18 à 53 ans y
sont accueillies (Haut-Commissariat aux Réfugiés, 2011).
Plusieurs de ces PDIs en
Abidjan, notamment des enfants de 5-6 ans, se réfugient dans les quartiers de
fortune dans la commune d’Adjamé. Ces derniers, accompagnés de leurs mères, ont
intégré neuf bidonvilles, en l’occurrence Beyrouth, Dialogue, Vietnam, Doubai,
Kennedy, Sarama, Texa village, Macaci et la Paix. Les mères
présentent des caractéristiques diversifiées. Au plan professionnel, ce sont
essentiellement des femmes désœuvrées, des ménagères, des petites commerçantes
et quelques balayeuses des rues. C’est un ensemble structuré de femmes mariées,
célibataires ou abandonnées et de niveau d’études primaire qui se proposent
d’offrir à leurs enfants un nouveau cadre de vie.
Du
point de vue de la parité, la majorité des mères est constituée de multipares
ayant en moyenne quatre enfants de moins de dix ans. En utilisant ces facteurs,
comme caractéristiques propres aux femmes déplacées internes, nous avons interrogé pour l’étude 319 femmes âgées de 22
à 45 ans dont 180 ont deux enfants et 136
un enfant âgés de 5-6 ans.
S’agissant des enfants, nous avons
retenu 502 d’entre eux vivant avec leurs mères, c’est-à-dire des femmes
présentées précédemment. Cette catégorie d’enfants comprend 251 garçons et de
251 filles âgés de 5-6 ans. C’est sur l’ensemble de ces deux groupes d’enfants,
qui constitue l’échantillon sur lequel a porté l’étude.
Figure
1. Les provenances des populations déplacées (Source: Registres des
formations sanitaire, septembre 2003).
Figure 1. The origins of the
displaced population (Source: Records
of health formations, September 2003).
Méthode
Il s’agit d’une étude transversale analytique de
l’adaptabilité biologique selon l’aide humanitaire. Pour ce faire, l’on a
interrogé un échantillon de 502 enfants de familles déplacées internes
accueillies à Abidjan au cours de la période allant de décembre 2010 à juin
2011. En effet, la guerre postélectorale a entraîné, comme indiqué
précédemment, la fuite d’une proportion importante de femmes et de leurs
enfants des régions de l’ouest, du centre ouest
vers la ville d’Abidjan ou des communes de celle-ci (les communes
d’Abobo et Yopougon) vers les communes relativement stables (Haut Commissariat
aux Réfugiés, 2011).
Figure 2. Carte de localisation
des quartiers d’Abidjan (Source :
BNEDT, 1998).
Figure 2. Location map of
Abidjan (Source: BNEDT,
1998).
Alors que les déplacés d’Abidjan
sont accueillis dans des familles proches (parents, amis), ceux venant de l’intérieur
du pays se sont réfugiés dans les quartiers de fortune. Leur situation
socio-économique modeste les a conduits à s’installer dans des espaces libres
qui ne nécessitent pas de frais de loyer ou moins. Plusieurs bidonvilles,
notamment Beyrouth, Dialogue, Vietnam, Doubai, Kennedy, Sarama, Texa village,
Macaci et la Paix, ont constitué des lieux d’habitats privilégiés de ces
populations "fugitives".
Par conséquent, l’enquête
réalisée, dans le cadre de la présente étude, a porté sur l’ensemble des enfants de familles PDIs issues de ces
baraquements. Le recueil des informations relatives aux enfants s’est fait en
soumettant aux mères de ces derniers un questionnaire d’échantillonnage
comprenant 20 items. Cette exploration a concerné essentiellement les
caractéristiques sociodémographiques (l’âge, le niveau d’éducation, l’ethnie,
le statut matrimonial, le modèle nuptial, la maternité, le régime alimentaire, l’origine
géographique, la taille de la famille, l’occupation, l’itinéraire et la date de
déplacement, les antécédents médicaux et la santé physique des enfants. Cette étape
s’est réalisée avec le consentement des sujets.
Ainsi et par exemple au plan de l’âge,
la plupart des femmes ont un âge compris entre 22 et 45 ans et ont pour la
majorité un niveau d’études primaire. Vivant, pour la majorité, avec un homme,
les mères interrogées ont un enfant âgé de 5 ou 6 ans. Appartenant pour la
plupart à des familles déplacées internes en provenance des régions de l’Ouest,
du Centre du Sud que du Nord et de l’Est, ces enfants bénéficient pour
l’essentiel un régime alimentaire céréalier (riz, maïs).
En référence aux critères d’inclusion
ou de non inclusion précédemment énumérés, 502 enfants, dont 251 garçons et 251
filles âgés de 5 ou 6 ans présentant des caractéristiques relativement identiques
sur 528 dénombrés chez les familles déplacées, ont été sélectionnés. Cet
échantillon de 502 sujets a été, par deux fois, soumis, avec leur consentement
des mères, à des mensurations corporelles relatives à la stature et au poids.
La mesure de la stature (la taille) s’est faite, au mètre près, avec une toise
portable, confectionnée pour les besoins de l’enquête. Le poids, quant à lui, a
été mesuré, au kilogramme près, à l’aide d’une balance électronique portable.
Parallèlement aux séances de mensurations corporelles, des entrevues
semi-directives et la consultation des carnets de santé des enfants sont
organisées avec les mères de ces enfants. Elles avaient pour objectif de
trouver des réponses à des questions et
de vérifier les réponses données à des items proposés dans le questionnaire.
Cette opération a été précédée d’une
pré-enquête et d’un pré-test réalisés auprès de 18 mères et 18 enfants (10 garçons et 8 filles) sélectionnés
aléatoirement à domicile 15 jours avant.
De même, le questionnaire administré et
la fiche d’enregistrement des données biométriques ont été anonymes, aucune
mention n’a été faite sur l’identité des mères et des enfants. Le sujet observé
a été représenté par un code. Les fiches d’enquête et d’observation n’ont été
manipulées que par l’équipe de chercheurs et l’ensemble de ces supports de
collecte ont été gardés sous scellée.
A l’issue de ce processus, 502 enfants
sur 528 identifiés dont 251 garçons et 251 filles âgés de 5 ou 6 ans présentant
des caractéristiques similaires ont été retenus.
L’ensemble des données relatives à
l’état de santé physique et biométriques obtenues a été traité statistiquement
au moyen du logiciel statistique XL Stat 8.0 Microsoft avec les tests de Khi
carré et de Kruskal-Wallis comme
techniques statistiques appropriées pour tenir compte de la nature et l’effectif des données recueillies
(fréquences et des scores ou moyennes). La différence a été considérée
significative pour la valeur p ≤ 0,05.
Cette enquête s’est faite par l’administration
de questionnaires aux mères de ces enfants et l’organisation d’entrevues
semi-directives avec elles ainsi que la mesure du poids et de la stature des
enfants.
Les mères ont été soumises à un questionnaire
d’une vingtaine de questions (ou items) portant sur les caractéristiques
socio-démographiques, l’état de santé physique de leurs enfants et leurs
conditions de vie et d’assistance.
Les enfants ont, par la suite, été examinés par
rapport à leurs poids et à leurs statures. Ces deux opérations d’observation se
sont déroulées à domicile. Elles ont concerné 276 sujets. Du fait du nombre
élevé de sujets non alphabétisés ou de faible niveau d’étude, nous avons choisi
de remplir nous-mêmes les questionnaires. L’organisation des séances
d’entrevues semi-directives avec certains sujets PDIs s’est révélée utile.
Le dépouillement des questionnaires et des tests
psychologiques a permis de retenir les données provenant de 250 sujets comparables.
L’ensemble de ces données, obtenues à l’issue de l’application de ces
instruments d’observation, a été traité au moyen de l’outil statistique XL Stat
8.0 Microsoft.
Résultats
La
présente étude se propose d’étudier l’adaptabilité biologique des enfants
déplacés internes en rapport avec l’aide apportée à leur famille déplacée. Ainsi,
les niveaux d’adaptabilité biologique, notamment les pathologies physiques,
l’état pondéral et statural des enfants ont été comparés entre eux selon la nature et la quantité d’aide dont a
bénéficié leur famille.
S’agissant
de la nature de l’aide, les enfants issus de familles qui reçoivent une aide
médicale présentent des fréquences de pathologies physiques inférieures à
celles de leurs pairs vivant dans des familles auxquelles l’on a offert soit un
logement, soit une aide alimentaire ou
vestimentaire (40,25% contre respectivement 61,37%, 49,62% et 64,87%). En
d’autres termes, les enfants recevant une intervention médicale sont moins
paludéens, galeux, teigneux que leurs homologues obtiennent un soutien en
logement, alimentaire et vestimentaire, quoique cette différence est statistiquement non significative (tableau
1).
|
Paludisme |
Gale |
Teigne |
Varicelle |
Poids (kg) |
Stature (m) |
||||||
|
G |
F |
G |
F |
G |
F |
G |
F |
G |
F |
G |
F |
Logement |
65% |
58% |
71% |
61% |
65% |
58% |
58% |
55% |
18,38 ± 0,09 |
17,95 ± 0,08 |
1,05 ±0,006 |
1,03 ±0,008 |
Aliment |
56% |
50% |
56% |
50% |
47% |
44% |
50% |
44% |
18,53± 0,05 |
18,07 ± 0,07 |
1,09 ±0,005 |
1,07 ± 0,005 |
Médical |
48% |
42% |
45% |
42% |
39% |
32% |
39% |
35% |
18,51 ± 0,04 |
18,06 ± 0,06 |
1,08 ±0,004 |
1,05 ± 0,003 |
Vêtement |
74% |
68% |
72% |
63% |
64% |
61% |
60% |
57% |
18,36 ± 0,07 |
17,89 ± 0,07 |
1,03 ±0,005 |
1,01 ± 0,007 |
n:
31 x 2 |
Khi²:
0,457; p: 0,928 NS |
Khi²: 0,089; p:
0,993 NS |
Khi²:
0,050; p: 0,997 NS |
Khi²:
0,486; p:
0,922 NS |
K:
5,333 ; p:
0,021 DS |
K: 1,366 ; p: 0,243 NS |
Tableau 1. Fréquence de pathologie et état
staturo-pondéral des enfants de 5-6 ans selon la nature de l’assistance
apportée aux familles déplacées
internes.
Table 1. Frequency of
pathology and staturo-ponderal status of children 5-6 years depending on the nature of assistance to internally displaced families.
Les
observations portant sur le poids et la stature des enfants isolent l’aide
alimentaire comme favorisant une bonne
adaptabilité biologique en période de crise. En effet, les enfants qui reçoivent une aide alimentaire ont des
poids et des statures moyens supérieurs à ceux des enfants qui dont les
familles sont soutenu médicalement, en logement et en vêtement (18,30 kg et
1,08 m contre 18,28 kg et 1,07 m ; 18,18 kg et 1,04m ; 18,12 et 1,02) (tableau
1). L’écart entre ces deux groupes d’enfants est significatif, en ce qui
concerne le poids (p: 0,021), comparativement
à la stature (p: 0,243) (tableau 1).
Les
résultats issus de ces primes observations semblent se répéter dans celles
relatives à l’influence de la pluriaide sur l’adaptabilité biologique. Dans
cette optique, les informations
obtenues, quant à l’influence d’une double aide sur la capacité d’adaptabilité
biologique des enfants, font état du
rôle important du double soutien médical et alimentaire dans la résistance de
l’organisme à une situation difficile (guerre). Ainsi, les enfants déplacés
internes qui sont assistés à la fois au plan médical et alimentaire présentent
des fréquences de paludisme, de gale, de varicelle inférieures à celles des enfants
qui reçoivent une double assistance en logement et en vêtement, en logement et
en aliment ou en vêtement et en aliment (tableaux 2 et 3).
|
Paludisme |
Gale |
Teigne |
Varicelle |
Poids (kg) |
Stature (m) |
||||||
|
G |
F |
G |
F |
G |
F |
G |
F |
G |
F |
G |
F |
Logement
Aliment |
33,33% |
27% |
40% |
33,33% |
47% |
40% |
47% |
33,33% |
18,72 ± 0,08 |
18,08 ± 0,06 |
1,10 ±0,005 |
1,08 ± 0,006 |
Logement
Médical |
20% |
27% |
27% |
27% |
40% |
33,33% |
33,33% |
27% |
18,73 ± 0,03 |
18,11 ± 0,05 |
1,12 ±0,004 |
1,09 ± 0,004 |
Logement Vêtement |
47% |
33,33% |
40% |
33,33% |
40% |
33,33% |
40% |
33,33% |
18,35 ±0,07 |
17,97 ± 0,03 |
1,07± 0,005 |
1,05 ± 0,006 |
n: 15 x 2 |
Khi²: 0,289 p: 0,866 NS |
Khi²:
0,049 p: 0,976 NS |
Khi²: 0,057 p:
0,972 NS |
Khi²:
0,183 p: 0,913 NS |
K: 3,857 p: 0,049 DS |
K: 1,190 p: 0,275 NS |
Tableau 2. Fréquence de pathologie et état
staturo-pondéral des enfants selon une double aide reçue par les familles
déplacées internes.
Table 2. Frequency of pathology and staturo-ponderal status of children in a dual state aid received by internally displaced families.
De
même, les enfants qui bénéficient d’une aide médicale associée à une autre sont
également plus adaptables en situation de guerre que leurs pairs recevant un
double soutien qui ne prend pas en compte l’aspect médical (tableaux 2 et 3). Les
poids et les statures moyens présentés par ces derniers (18,16 kg et 1,06 m
contre 18,42 kg et 1,10 m ou 18,14 kg et
1,04 m contre 18,41kg et 1,09) confirment leurs faibles adaptabilités
biologiques, leurs faibles fitness (tableaux 2 et 3).
|
Paludisme |
Gale |
Teigne |
Varicelle |
Poids (kg) |
Stature (m) |
||||||
|
G |
F |
G |
F |
G |
F |
G |
F |
G |
F |
G |
F |
Aliment Médical |
31% |
31% |
38% |
31% |
31% |
23% |
31% |
31% |
18,72 ± 0,04 |
18,10 ± 0,05 |
1,11 ± 0,005 |
1,08 ± 0,004 |
Aliment Vêtement |
46% |
46% |
46% |
38% |
46% |
38% |
38% |
38% |
18,37 ± 0,05 |
17,91 ± 0,04 |
1,04 ± 0,006 |
1,03 ± 0,006 |
Médical Vêtement |
38% |
31% |
38% |
38% |
46% |
31% |
31% |
31% |
18,55 ± 0,06 |
18,10 ± 0,05 |
1,10 ± 0,005 |
1,08 ± 0,004 |
n: 13 x 2 |
Khi²:
0,077 p: 0,962 NS |
Khi²: 0,268 p: 0,875 NS |
Khi²: 0,064 p: 0,969 NS |
Khi²: 0,000 p: 1,000 NS |
K: 3,857 p: 0,049 DS |
K: 1,225 p: 0,268 NS |
Tableau 3. Fréquence de pathologie et état
staturo-pondéral des enfants selon une double aide reçue par les familles
déplacées internes.
Table 3. Frequency of pathology and staturo-ponderal status of children in a
double aid received by internally displaced families.
En
clair, en situation de difficultés, la fitness de l’individu, c’est-à-dire sa
survie, dépend de l’assistance qui lui est offerte. Cette survie est d’autant
plus large que l’aide est pluridimensionnelle. Les résultats issus de l’analyse
mettant l’accent sur l’influence d’une triple ou quadruple aide sur la survie
des enfants corroborent cette hypothèse. En fait, les enfants déplacés auxquels
l’on a apporté à la fois une aide médicale, alimentaire et en logement
résistent davantage que leurs homologues qui n’en bénéficient pas (tableau 4). Ils
sont moins paludéens (20%), galeux (10%), teigneux (10%) ou moins atteints de varicelle (10%),
contrairement aux enfants déplacés qui s’offrent une triple aide qui exclut le
soutien médical ou alimentaire (paludisme: 35%; gale: 35%; teigne: 30%;
varicelle: 30%) (tableau 4).
Cette
différence est aussi observée, en ce qui concerne les poids et stature moyens
présentés par les catégories d’enfants suivant l’étendue de l’aide reçue (18,50
kg et 1,16 m contre 18,38 kg et 1,14 m) (tableau 4).
Par
ailleurs, les filles présentent, dans l’ensemble, des survies plus élevées que
les garçons, lorsque l’on se réfère aux données relatives aux fréquences de
pathologies physiques (37,40% contre 40,54%) (tableaux 1, 2, 3 et 4). La
différence, en revanche, est en faveur des garçons, lorsque l’on compare leurs
poids et statures moyens à ceux des filles. Les déficits staturo-pondéraux observés
sont plus importants chez les filles que chez les garçons (1,08 m et 18,08 kg
contre1, 10 m et 18,58 kg) (tableaux 1, 2, 3, 4).
A
l’analyse, le soutien humanitaire apporté aux familles déplacées en période de
crise favorise la survie différentielle des enfants issus de ces familles. Il constitue
alors un catalyseur pour l’expression de la fitness, c’est-à-dire la capacité
d’adaptation biologique de l’individu en difficulté.
|
Paludisme |
Gale |
Teigne |
Varicelle |
Poids (kg) |
Stature (m) |
||||||
|
G |
F |
G |
F |
G |
F |
G |
F |
G |
F |
G |
F |
Logement Aliment Médical n: 10 x 2 |
30% |
30% |
20% |
20% |
20% |
10% |
20% |
10% |
18,76 ±0,004 |
18,23 ± 0,06 |
1,17 ± 0,004 |
1,15 ±0,007 |
Logement Aliment Vêtement n: 10 x 2 |
40% |
40% |
40% |
30% |
30% |
30% |
30% |
30% |
18,69 ± 0, 09 |
18,18 ± 0,05 |
1,15 ±0,006 |
1,13 ±0,007 |
Aliment Médical Vêtement n: 10 x 2 |
30% |
30% |
30% |
30% |
30% |
20% |
20% |
20% |
18,74 ± 0,05 |
18,22 ± 0,07 |
1,16 ± 0,005 |
1,15 ±0,007 |
Logement Aliment Médical Vêtement n: 12 x 2 |
20% |
20% |
10% |
10% |
20% |
0% |
10% |
10% |
18,76 ± 0,05 |
18,24 ±0,07 |
1,17 ± 0,006 |
1,16 ±0,005 |
|
Khi²: 0,000 p: 1,000 NS |
Khi²: 0,492 p: 0,921 NS |
Khi²: 1,636 p: 0,651 NS |
Khi²: 0,670 p: 0,880 NS |
K: 5,398 p: 0,020 DS |
K: 2,715 p: 0,099 NS |
Tableau 4. Fréquence de pathologie et état staturo-pondéral
des enfants selon une triple ou
quadruple aide reçue par les familles déplacées internes.
Table 4. Frequency of pathology and staturo-ponderal status of children in a
triple or quadruple aid received by
internally displaced families.
Discussion
Les morbidités physiques et des déficits staturo-pondéraux sont
considérés comme la manifestation d’un état de dysfonctionnement organique ou
fonctionnel. Elles sont également envisagées, dans leur dimension plus globale,
comme l’expression adaptative ou maladaptative à un environnement contraignant
(Balam et Guri, 1994).
Déterminé généralement par l’état du fonctionnement interne,
c’est-à-dire la régulation génétique ou physiologique, l’adaptabilité
biologique, dans sa double dimension, serait sensible aux conditions du milieu
dont certains facteurs recouvrent des réalités complexes. Ainsi, le niveau
socio-économique par exemple, qui intègre de nombreuses composantes, comme le
revenu et la dimension de la famille, le type de logement, la qualité du régime
alimentaire, les conditions sanitaires ou l’accès aux soins médicaux, influence
l’adaptabilité des individus (Allen, 1994; Skuse et al., 1994). Dans ce sens, l’alimentation sous ses aspects
qualitatif et quantitatif, l’exposition au milieu de risques pathogènes et
l’ambiance psychoaffective pourraient apparaître pour les populations comme les
facteurs principaux susceptibles d’avoir une répercussion directe sur la
capacité d’adaptation de l’individu, bien que le fonctionnement
biophysiologique se comporte de façon différente suivant l’individu. Alors le
fonctionnement physiologique réagit d’une certaine façon aux modifications des
conditions de milieu ainsi qu’aux différents évènements de l’histoire de
l’individu.
Des études examinant l’influence des caractéristiques de
l’environnement sur le fonctionnement biologique des populations a permis
d’appréhender diverses réponses adaptatives de la part de ces populations.
Froment et Koppert (1996, 2000) ont par exemple observé en Afrique
sub-saharienne que la prévalence des maladaptabilités biologiques varie selon
le type d’écosystème.
Dans les régions de savane sèche, l’on note une fréquence de
pathologies, en l’occurrence le paludisme, les viroses (dengue, fièvre jaune,
maladies bactériennes), synonyme de faibles adaptabilités, tandis que les
forêts humides seraient très souvent des hôtes intermédiaires au développement
d’autres parasites, notamment des schistosomes (Froment et Koppert, 1996).
Les
explications relatives à ces maladaptabilités biologiques isolent les faibles
disponibilités alimentaires ou une alimentation pauvre en éléments nutritifs
comme à l’origine de ces survies inappropriées. Ainsi, un environnement
nutritionnel inadéquat expose les populations à des maladaptabilités
biologiques dont les manifestations se caractérisent par des pathologies
parasitaires et infectieuses importantes. Une situation inverse est mis en
évidence chez des populations bénéficiant de conditions nutritionnelles
favorables (Froment et Koppert, 2000). Les environnements de vie
influenceraient différemment donc l’adaptabilité de l’individu.
C’est cette hypothèse
qui sous-tend la présente étude qui s’est proposée d’examiner l’influence de
l’action humanitaire sur l’adaptabilité biologique
des enfants issus de familles qui ont changé brusquement d’environnement de vie
du fait de guerre post-électorale. Les observations faites dans ce sens
aboutissent à des résultats spécifiques. Les enfants recevant une double aide
ou une triple aide mettant l’accent sur la satisfaction des besoins primaires,
c’est-à-dire physiologiques, présentent des maladaptabilités biologiques
inférieures à celles de leurs pairs qui n’en bénéficient pas. En d’autres
termes, les enfants déplacés de guerre réalisent des survies importantes, s’ils
sont assistés à la fois au plan médical, alimentaire et en logement. En effet, les fréquences de paludisme (20%), de gale
(10%), de teigne (10%) ou de varicelle
(10%) observées chez ces derniers sont loin de celles de leurs homologues qui
reçoivent une seule, une double ou une
triple aide dont la composition est différente (paludisme: 35% ; gale: 35% ;
teigne: 30% ; varicelle: 30%) (tableaux 1, 2, 3 et 4).
Des
résultats similaires sont obtenus, en ce qui concerne les poids et statures
moyens présentés par les divers sous sous-échantillons d’enfants selon la
nature et la composition de l’aide reçue (18,50 kg et 1,16 m contre 18,38 kg et
1,14 m) (tableaux 1, 2, 3 et 4).
Ces
résultats confirment les conclusions antérieures relatives à l’impact de telles
circonstances sur le bien-être des individus. Les études réalisées par Deng
(1993) et Renner (1996) ont montré que les conditions de vie difficiles de
déplacement entraînent souvent des dommages physiques importants chez les
populations.
Les
résultats d’études effectuées par Etchegorry (2010) sont plus précis. L’auteur
constate que les populations qui changent d’habitats et d’habitudes dans des
conditions similaires à celles sus-évoquées sont enclines pour certaines à des
pathologies à transmissions vectorielles, notamment le paludisme, la diarrhée,
le choléra, la rougeole. Les taux de morbidités avoisinent 40% chez les adultes
et plus de 80% des enfants meurent de ces pathologies. L’accès difficile à
l’eau en quantité et en qualité, un statut nutritionnel défavorable (manque de
nourriture, malnutrition, amaigrissement), le manque d’équipements adaptés
(latrines, matériel de cuisine, produits d’hygiène), le manque d’abris et de
sécurité en constituent généralement les causes (Etchegorry, op.cit.).
Cela
voudrait dire que dans un milieu inhabituel des besoins fondamentaux de la
personne ne semblent pas être satisfaits, qu’ils soient sanitaires,
nutritionnels, sociaux ou culturels du stade de l’embryon, voire des gamètes à
celui de la personne adulte. Ces manques constituent des risques importants de
mal-être.
C’est
dans des conditions analogues que les enfants déplacés de la crise
post-électorale en Côte d’ivoire vivent. La presque totalité de ces déplacés
mangent une fois par jour en moyenne, logent dans des maisons inachevées ou
dans des baraques exigües et à moitié couvertes. La consommation de l’eau non
contrôlée, la présence de stress et de sentiment d’insécurité observée
également chez les familles de ces enfants rendent compte d’une absence de
soins médicaux et d’accompagnement psychologique inadéquats.
Or,
l’ingestion régulière d’aliments infectés dans l’organisme, la promiscuité
ainsi que les troubles de l’humeur diminuent significativement la réponse
d’anticorps, notamment les lymphocytes T4 (Bartrop et al., 1997).
Cette situation de manque, d’insatisfaction des besoins et de
fragilisation du système de défense de
l’organisme crée des conditions pathogènes et par voie de conséquence des
risques de pathologies spontanées à l’image de celles que nous avons observées
dans le présent travail (tableaux 1, 2, 3 et 4). L’hypothèse postulée sur la
base d’observations empiriques se vérifie. La concordance est d’autant plus
probable que le bien-être de l’homme a toujours été associé à sa bonne
adaptation à un environnement physique et social stable.
Au néolithique par exemple, les tribus se sont adaptées aux
milieux environnants, lorsque les humains sont devenus sédentaires (Hamonet, et
Magalhaes, 2001). La régularité du milieu de vie va ainsi leur permettre
d’avoir une valeur ajoutée (mémoire, savoir-faire) nécessaire à l’exploitation
appropriée des ressources environnementales. Le sédentarisme offre ainsi à
l’individu de communiquer de façon optimale et harmonique avec son
environnement de vie. Cette communication amène l’individu à entrer dans un
modèle de sens de vie associant le réel vécu. Ce sens donné à la vie englobe le
biologique, le psychologique et le sociologique dans un cadre culturel
donné.
La rupture de cette relation spécifique entre l’individu et son
environnement habituel de vie affecte négativement cette triple dimension
humaine. Le changement d’habitat est également synonyme de changements
climatiques, notamment de températures, de tendances saisonnières. Or, les
conditions climatiques variables sont souvent
sources de troubles organiques ou fonctionnels. Dans la plupart des cas,
ces variations provoquent des troubles des systèmes circulatoire, respiratoire
et nerveux. (Lemmen et Warren, 2004).
La situation des enfants déplacés du conflit post-électoral en Côte
d’Ivoire est comparable à celle observée dans d’autres pays africains, au
regard des résultats d’enquêtes rapportés par Médecins Sans Frontières (MSF) au
Tchad, en Angola, en Centrafrique, en République Démocratique du Congo (RDC) et
au Soudan (MSF, rapport d’activités du 02 juillet 2001; MSF, rapport
d’activités du 19 Mars 2003; MSF, rapport d’activités, du 29 Novembre 2006).
Des résultats identiques sont rapportées par les études menées par
les Nations Unies (2005), le Ministère ivoirien de la Solidarité et des
Victimes de Guerre (MSVG, 2007) et le Haut Commissariat des Nations Unies pour
les Réfugiés en Côte d’Ivoire (UNHCR, 2008).
L’influence négative de la crise est presque toujours la même sur
la survie des populations, notamment les enfants où qu’elles vivent et d’où
qu’elles proviennent. Les tentatives d’explication des faibles adaptabilités
biologique présentées par les enfants
déplacés mettent en avant les mauvaises conditions d’accueil et de vie. Ces derniers
sont confrontés à une irrégularité de vivres, de soins et de logements
adéquats. L’affaiblissement de l’organisme qui en résulte crée des conditions
favorables à une moins bonne survie dont les pathologies et d’infections
opportunistes en constituent une illustration.
Occasionnant ainsi des déficiences immunitaires, les conditions de
vie stressantes et angoissantes ne sauraient-elles être sans conséquences
négatives sur l’adaptabilité de l’individu.
Le déplacement qu’engendre la guerre serait suffisamment préjudiciable à la capacité de survie de
l’individu. Des observations portant sur l’adaptabilité biologique des déplacés
de guerre et celle des déplacés professionnels, des touristes ou des
aventuriers sont illustratives. Les fréquences de morbidités physiques observées chez ces derniers,
synonyme d’inadaptabilités biologiques, sont moins importantes. L’on a estimé
des taux allant de 15% pour les voyageurs professionnels à 25 à 30 % pour les
déplacés de phénomènes naturels (OMS, 2001).
De tels résultats sont généralisables,
puisqu’ils se répètent dans certaines études, notamment celles effectuées
auprès de diverses catégories de populations africaines déplacées (Banque
mondiale, 2005; Angotti, 2006). Comparés aux autres "déplacés", les
déplacés de guerre sont confrontés à des conditions d’accueil qui ne permettent
une bonne expression de leurs fitness. En conséquence, ils sont régulièrement
affectés collectivement par des épidémies vectorielles et bactériennes (Banque
mondiale, op.cit.; Caumes et Gentillini, 2010).
Des facteurs permettent d’expliquer cet écart entre
ces deux groupes de déplacés. En effet, les voyageurs préparent généralement
leur déplacement, en termes de ressources et de préventions financières, de
perspectives professionnelles ou
d’habitat. Ces dispositions préalables leur permettent une certaine
assurance, une certaine sérénité, une relative garantie existentielle
nécessaire à un fonctionnement équilibré. De même, cette sorte de précaution
pourrait laisser transparaître une sorte de maîtrise du trajet, du séjour ou du
site d’accueil.
En prenant des prédispositions, de tels voyageurs
tendent à exercer une forme de contrôle sur les événements ultérieurs
prévisibles ou même imprévisibles liés au changement de milieu. L’absence
d’appréhensions qui en résulte favorise chez ce type de déplacé la sécurité,
puis l’acquisition de moyens psychobiologiques adaptables aux obstacles et aux
agressions environnementaux. En revanche, les déplacés de guerre se trouvent
confrontés brusquement à des conditions de vie qu’ils ne contrôlent pas. Ils
sont parfois perturbés et le sentiment d’insécurité, de panique de perte que
crée cette situation est associé à des troubles fonctionnels et psychologiques
plus importants (Banque mondiale, op.cit). Il existe donc une différence
significative entre les morbidités résultant des difficultés d’adaptation des
déplacés libres ou professionnels et celles auxquelles sont exposés les
déplacés de guerre.
L’analyse de ces résultats permet d’établir un lien entre le
milieu de résidence en période de conflits et les perturbations psychologiques
dont la fréquence et l’étendue sont souvent fonction de l’assistance qui est
apportée aux populations vulnérabilisées. Dans le présent travail, l’examen
relatif à cet aspect humanitaire semble corroborer les informations
précédentes. De façon générale, l’on observe une assistance humanitaire moins importante (confère tableaux 1, 2, 3 et
4). Au-delà des différences de nature, les résultats mettent en évidence une
baisse considérable de l’action humanitaire. Des gouvernements locaux aux
organisations humanitaires internationales en passant par les organisations
locales, la fréquence d’aide apportée aux personnes en souffrance est très
faible.
L’assistance humanitaire telle que déployée en Côte d’Ivoire ne
s’écarte pas de celle déployée au Vietnam, à Gaza, au Liban, en Afghanistan et
en Irak (Kiet, 1997; Hansen, 2005; Renet, 2006; Amnesty International, 2006).
Elle est similaire à celle accordée aux PDIs angolaises, libériennes et
burundaises (Amnesty International, op.cit).
Dans d’autres régions du monde, l’action humanitaire change
d’acteurs, et par conséquent, de niveau ainsi que de contenu. Ainsi et par
exemple, au cours des crises internes récurrentes auxquelles étaient confrontés
les territoires balkaniques, l’Amérique latine, l’Asie centrale, orientale et
australe, de même que certains pays africains, en l’occurrence le Soudan, la
RDC et le Tchad, ce sont plutôt les ″humanitaires″ internationaux
qui se dévouent énormément à cette tâche (MSF, rapport d’activités du 19 juin
2005; MSF, rapport d’activités du 15 Mai 2005; MSF, rapport d’activités du 11
Août 2006).
Toutefois, ces soutiens humanitaires sont loin d’être identiques
suivant l’origine ethnique ou continentale. Les populations africaines et
asiatiques se trouvent, dans la relation humanitaire, en situation moins
avantageuse par rapport à leurs homologues de la Méditerranée (Andlau, 1999;
Beigbeder, 1999; Kouakou, 2006). Plusieurs facteurs permettent de donner un sens à ces données disparates.
L’analyse des résultats de ces études permet de mettre en exergue des
préalables ethno-culturels et socio-économiques comme facteurs de variabilité
des actions humanitaires.
La faiblesse de l’action humanitaire isole le milieu de vie
habituel comme le cadre le plus approprié pour le développement d’une
adaptabilité biologique de qualité. L’humanité devrait faire en sorte de
préserver ces milieux de vie habituels. Il faut prôner davantage la solidarité,
le partage, l’hospitalité et surtout l’assistance humanitaire sans discrimination
aucune.
Conclusion
Le combat que se livrent les humains pour leur survie, leur
bien-être se transforme très souvent en des combats fratricides dont la guerre
civile. Celle-ci se révèle comme une des plus grandes épreuves infligées aux
peuples. Les conflits armés, dont les conséquences diverses et multiformes sont
immédiates pour certaines populations (morts, prise d’otage, prisonniers),
créent des conditions pathogènes et pathologiques pour d’autres.
L’impact négatif de ces conditions de fragilisation sur
l’organisme humain, dans son fonctionnement physique, semble être plus
important pour les individus en développement. La présente étude, qui s’est penchée sur
l’adaptabilité biologique des enfants déplacés internes âgés de 5, 6 ans en
rapport avec la nature et la structure de l’aide humanitaire qui leur
est accordée, illustre cette corrélation. Les résultats obtenus montrent une
altération, c’est-à-dire une maladaptabilité biologique importante chez les
enfants déplacés ne bénéficiant pas d’aides de caractères physiologiques
(paludisme: 35%, gale: 30%, teigne: 35%, varicelle: 30%, poids: 18,38 kg,
stature: 1,14 m).
L’aide humanitaire a probablement amélioré l’adaptabilité
biologique des enfants déplacés internes, mais elle reste insuffisante. Par
moment, nous nous sommes rendu compte de l’abandon de l’action humanitaire au
profit des prétextes ethno-culturels, politiques et économiques. Dans un tel
contexte, seules les structures bénévoles locales se proposent d’assurer le
relais humanitaire. C’est pourquoi, le présent travail en appelle à l’attention
des citoyens locaux sur la nécessité d’accroitre, de diversifier et
d’encourager l’action humanitaire locale.
Toutefois, la meilleure façon de faire reste, si possible, la
prévention des catastrophes humanitaires, des calamités naturelles et des
désordres socio-politiques internes.
Références
bibliographiques
Allen, L., 1994, Nutritional influences on linear
growth: a general review. European
Journal of Clinical Nutrition, 48, 75-89.
Alquier-Bouffard,
E., 1995, Déplacements
professionnels internationaux. Analyse des risques, actions de prévention dans
un service de médecine du travail. Documents pour le médecin du travail, 6 (3), 1-12.
Alquier-Bouffard, E., Jakubiec, J., Lagisquet, C., Le Bras, M.,
1993, Pathologie de retour des salariés en déplacement à l'étranger en pays
chauds. Incidence sur notre pratique quotidienne en médecine du travail. Archives des maladies professionnelles de
médecine du travail et de sécurité sociale (1), 69-71.
Amnesty
International, 2006, Réfugiés,
demandeurs d’asile et personnes déplacées dans leur propre pays. Rapport
annuel, Amnesty International, pp. 15
Andlau,
G., 1998, L’action humanitaire (Paris:
Presses Universitaires de France), pp. 18.
Angotti, B., 2006, La dengue affecterait plus de 80 millions de
personnes par an. Concours Médical, 117 (29) ,10-32.
Balam, G., et Gurri, F., 1994, A physiological
adaptation to undernutrition. Annals
of Human Biology, 21 (5), 483-489.
Banque
mondiale, 2005, Briser la spirale des
conflits: Guerre et politique de développement (Bruxelles: Editions
Nouveaux Horizons), pp. 262.
Bartrop, R.W., Lazarus, L., Luckhurst, E., Kiloh,
L.G., et Penny, R., 1997, Depressed lymphocyte function after bereavement. Lancet,
309 (8016), 834-836.
Beigbeder,
Y., 1999, Le Haut-Commissariat des
Nations Unies pour les réfugiés (Paris : Presses Universitaires de
France), pp. 12.
Belpomme,
D., 2004, Ces maladies créées par
l'homme. Comment la dégradation de l'environnement met en péril notre santé
(Paris : Albin Michel), pp. 35.
Berthelot,
E., 2007, Les stress psychoaffectifs à l’origine des pathologies. Revue
des Clefs pour vivre, 41, 45-58.
Bookchin, M., 1990, The philosophy of social ecology (Montreal: Black Rose Books),
pp.145.
Bowlby,
J., 1978, Attachement et perte
(Paris: Presses Universitaires de France), pp. 56.
Buller, D., 2005, Adapting minds: Evolutionary
psychology and the persistent quest for human nature (Cambridge, MA: The MIT
Press), pp. 105
Caumes, E., et Gentilini, M., 2010, Diarrhée du voyageur. Concours
Médical, 117 (26) ,1-9.
Coslin,
P., 2002, Psychologie de l’adolescent
(Paris : Armand Colin), pp. 112.
Darwin,
C., 2009, L’origine des espèces (Paris: Honoré Champion), pp. 254.
Demars, L. P., 2012, Le langage humain est-il une
adaptation biologique? Un regard critique sur une explication adaptationniste. Maîtrise.
Mémoire de Philosophie, Faculté des études supérieures et postdoctorales,
Université de Montréal, pp. 68.
Deng,
F., 1993, Les réfugiés de l’intérieur:
un défi pour la communauté Internationale. (Bruxelles: Editions Nouveaux
Horizons), pp.125.
Dolto,
F., 1988, La cause des enfants (Paris: Robert
Laffont), pp. 89.
Dreux-Palassy,
B., 2002, Le paradigme adaptationniste: réflexions épistémologiques sur les
modèles de l’adaptation biologique appliquée à l’anthropologie. Maîtrise.
Mémoire d’Ecologie humaine, Université de Pau et des pays de l’Adour, pp.56.
Etchegorry,
G. M., 2010, Les catastrophes naturelles et l’eau. Institut de veille
sanitaire, Département international et tropical, Paris, pp.132.
Fisch, A., 1993, Les vaccinations du voyageur: rôle du
généraliste. Revue bimestrielle immunologie médicale, 10 (3), 5-22.
Fonds
des Nations Unies pour l’Enfance: UNICEF, 2006, UNICEF Humanitarian Action: Côte d’Ivoire Donor Update 27 March 2006.
UNICEF : Rapport du 27 mars 2006, pp 14.
Fraternité
Matin (quotidien), 2003, Notre pays n’est pas à l’abri de la catastrophe
humanitaire. Fraternité Matin (8448),
5-6.
Froment
A. et Koppert, G., 1996, Etat nutritionnel et sanitaire en zone de forêt et de
savane au Cameroun). Dans Bien
manger bien vivre: Anthropologie
alimentaire et développement en Afrique Intertropicale: du biologique au social,
édité par A. Froment, I. de Garine, C. B. Bikoï et J-L. Loung (Paris: L’Harmattan-ORSTOM), pp. 271-288.
Froment,
A., et Koppert, G., 2000, Malnutrition chronique et gradient climatique en
milieu tropical. Dans L’homme et la forêt tropicale, travaux de la SEH, édité
par S. Bahuchet, D. Bley, H. Pagezy et N. Vernazza-Licht (Paris: Editions du
Bergier, Grasse), pp.639-659.
Garaude,
P., 2005, Les réfugiés pandits: les
oubliés de la guerre du Cachemire, 2005.
(www.rfr.fr/actufr/articles/067/article_324.asp).
Gould,
S. J., et Lewontin, R., 1982, L’adaptation biologique. La Recherche, 13 (139), 1494-1502.
Hamonet,
C., et Magalhaes, T., 2001, La notion de santé. La presse médicale, 12,
587-590.
Harbuz,
M., 2005, Les brèves de
neuroendocrinologie: stress, hormones et cerveau (Paris : INSERM),
pp. 59.
Haut-Commissariat aux Réfugiés, 2011, Le
HCR estimait qu’au 16 juin 2011, il y avait 55 912 personnes déplacées à Abidjan
(Genève: HCR), pp 12.
Henni, A., Heugel, M., Martin, C.,
Ourliac, M., et Simon, C., 2001, Séjour
à l'étranger : guide pour le médecin en santé au travail et conseils aux
salariés). Médecins
en Santé au Travail, 67, 7-17.
Integrated
Regional Information Networks, 2006, Côte
d’Ivoire: four years of crisis puts millions in need. Rapport du 05
Septembre 2006, pp, 13.
Kane, H., 1995, The hour of Departure: Forces
that create Refugees and migrants (Washington: World watch Paper), pp.
78
Karp, A., 1995, Small Arms-The new Major Weapons. Dans
Lethal commerce: The global Trade in
small Arms and Light weapons, édité par J. Broutwerll, M. T. Klare. et L.
W. Reeds (Cambridge, Mass: American
academy of Arts and sciences), pp. 127
Kiet;
D. P., 1997, Les enfants de la guerre:
devenir, mémoire et traumatisme: les conséquences de la guerre au Viêtnam et
les expériences adaptées aux stress de la guerre. Symposium
international, Paris, pp.46
Koné,
M., Kouamé, N., 2005, Socio-anthropologie
de la famille en Afrique: évolution des modèles en Côte d’Ivoire
(Abidjan: Editions du CERAP), pp.154.
Kouakou,
K. A., 2006, Le rôle des Nations Unies
dans la résolution de la crise ivoirienne. (Abidjan : Editions Amos Kouakou Kouadio), pp. 145
Lasker, G. W., 1969, Human biological adaptability,
the ecological approach in physical anthropology. Science,
166,1480-1486.
Lemmen, D., et Warre, F., 2004, Impacts et
adaptation liés aux changements climatiques perspective canadienne. Direction des
impacts et de l’adaptation liés aux changements climatiques, Ottawa, pp. 93.
Lemyre,
L., et Orpana, H., 2002, Intégrer la santé des populations dans l’école
sociale: le rôle des chercheurs en médecine familiale. Le Médecin de famille canadien, 48, 1-12.
Maslow,
A., 1989, Vers une psychologie de
l’être (Paris: Fayard), pp. 59.
Ministère
de la Solidarité et des Victimes de Guerres (MSVG), 2007, Conditions de vie des personnes déplacées
et des familles d’accueil en zone gouvernementale de la Côte d’Ivoire:
résultats de l’enquête. UNFPA/MSVG, Abidjan, pp.248.
Ministère
de la Solidarité et des Victimes de Guerres (MSVG), 2009, Atelier-Bilan. MSVG, Abidjan, pp.23.
Morel,
C., 1999, ABC de la psychologie de
l’enfant et de l’adolescent (Paris: Jacques Grancher), pp. 102.
MSF, 2001, Les parties en
conflit négligent leur devoir humanitaire tandis que MSF fournit toute une
ville en vitamines. Rapport d’activités du 02 juillet 2001 (www.msf.be/fr/terrain/pays/afrique/angola_news_05.shtml).
MSF,
2003, Les réfugiés centrafricains
continuent d’affluer. Rapport d’activités du 19 Mars 2003.
(www.msf.be/fr/terrain/pays/afrique/tchad_news_13.shtml).
MSF,
2003, L’Ouest de la Côte d’Ivoire
menacé par une crise sanitaire. Rapport d’activité du 9 juillet 2003.
(www.msf.be/fr/terrain/pays/afrique/côte ivoire news 07.shtml).
MSF,
2005, Les activités de MSF en Russie
et Caucase du Nord: aider les civils à supporter le poids du conflit.
Rapport d’activités Mai 2005.
(www.msf.be/fr/pays/terrain/europe/yougoslavie_report_2001.shtml).
MSF,
2005, Les activités de MSF en
Yougoslavie. Rapport d’activités du 19 juin 2005.
(www.msf.be/fr/terrain/pays/europe/yougoslavie_report_2001).
MSF,
2006, Les déplacées de Gety manquent
de nourriture et font face au choléra. MSF, rapport d’activité du 11
Août 2006 (www.msf.be/fr/terrain/pays/afrique/congo_news_76.shtml.
MSF,
2006, Situation alimentaire et
nutritionnelle, et mortalité des populations déplacées internes de Dubie,
Katanga. Rapport d’activité, du 8 mars 2006. (www.msf.be/terrain/pays/afrique/congo_news_58.shtml).
Nations
Unies, 2005, Consolidated Appeals
Process (CAP): Appeal 2006 for Côte d’Ivoire. Rapport du 18 Novembre
2005.
OMS,
2001, Relevé épidémiologique hebdomadaire de l'OMS, 76, (25), 1-17.
OMS,
1986, Charte d’Ottawa (Ottawa :
OMS), pp.49.
Rauch,
A., 1995, Histoire de la santé
(Paris : Presses Universitaires de France), pp. 79.
Renet,
J.-C., 2006, Réfugiés palestiniens au
Liban (Saphir : News), pp. 27.
Renner,
M., 1996, Combat pour la survie
(Paris : Editions Nouveaux Horizons), pp. 259.
Richardson, R., 2007, Evolutionary psychology as
maladapted psychology (Cambridge, MA: The MIT Press), pp. 57.
Rondal,
J-A., et Hotyat, F., 1985, Psychologie
de l’enfant et de l’adolescent (Bruxelles : Labour), pp. 98.
Rosenberg, A., et Bouchard, F., 2008,
Fitness. Dans The Stanford encyclopedia of philosophy, édité par E. Zalta
(Stanford: Encyclopedia), pp. 48.
http://plato.stanford.edu/archives/fall2008/entries/fitness/
Sivard, R. L., 1989, World military and Social Expenditures (Washington: World Priorities),
pp. 86.
Skuse, D., Reilly, S., et Wolke, D., 1994, Psychosocial adversity and growth during infancy. European Journal of clinical nutrition 48,
113-130.
Spitz,
R., 1946, Le syndrome d’hospitalisme
(Paris: Presses Universitaires de France), pp. 98.
Tano,
J., 2000, Famille et développement
cognitif. Communication au 5ème séminaire annuel de
psychologie génétique différentielle. Université de Cocody, pp. 11.
UNHCR,
2004, Déplacés internes (Genève:
UNHCR), pp.12.
UNHCR,
2006, Les Réfugiés en chiffres (Genève
2: UNCHR), pp. 12.
UNHCR,
2008, Détermination du profil des
personnes déplacées internes dans 4 Communes d’Abidjan et dans la ville de
Grand Bassam (Abidjan : UNCHR), pp. 16..
Winnicott,
D. W., 1973, L’enfant et sa famille
(Paris : Payot), pp. 85.