Mortad, N., Aouar
Metri, A., Chaif, O., 2015. Etude
socio-anthropologique des mariages consanguins et liens de parenté dans la
population du littoral (Msirda) dans l’extrême Ouest Algérien. Etude
comparative à l’échelle du bassin Méditerranéen.. Antropo, 33, 21-38.
www.didac.ehu.es/antropo
Etude socio-anthropologique
des mariages consanguins et liens de parenté dans la population du littoral
(Msirda) dans l’extrême Ouest Algérien. Etude comparative à l’échelle du bassin
Méditerranéen.
Socio-Anthropological Study of inbreeding and kinship
in the coastal population (Msirda) in the extreme western of
Algeria. Mediterranean
Comparative study.
Nedjlaà
Mortad1, Ammaria Aouar Metri2, Okacha Chaif3
1 Laboratoire
d’anthropologie des religions et comparaison, Faculté des sciences humaines et
sociales, Université abou bekr Belkaïd de Tlemcen, BP 218 Imama, Tlemcen,
Algérie. Adresse électronique: nmortad@gmail.com.
2 Laboratoire de
valorisation de l’action de l’homme pour la protection de l’environnemen et
application en santé publique (équipe environnement et santé), Faculté des
sciences, Université Abou Bekr Belkaïd. de Tlemcen, Algérie. aaouar@netcourrier.com.
3 Laboratoire d’Anthropologie des Religions et
leur comparaison, Faculté des Sciences Humaines et Sociales, Université Abou
Bakr Belkaïd de Tlemcen, Algérie.
L'auteur chargé de la
correspondance: Nedjlaà Mortad. Laboratoire d’anthropologie des religions
et comparaison, Faculté des sciences humaines et sociales, Université abou bekr
Belkaïd de Tlemcen, BP 218 Imama, Tlemcen, Algérie. Adresse électronique:
nmortad@gmail.com.
Mots
clés:
Socio-anthropologie, Population, Msirda,
Consanguinité, Méditerranée, Mariages endogames, Variables socioculturelles, Choix
du conjoint.
Key words: Socio-antropology,
Population, Msirda, Consanguinity,
Mediterranean, Endogamous marriages, Sociocultural variables, Choice of spouse.
Résumé
Cette
étude présente les premiers résultats d’une recherche doctorale en
socio-anthropologie consacrée à l’étude de la consanguinité chez la population
de Msirda dans l’extrême Ouest algérien.
L’intérêt porté à ce travail est justifié par le rôle que joue le choix du
conjoint sur l’évolution du patrimoine héréditaire de la population sous
l’influence de variables déterminantes de la consanguinité. Nos
informations proviennent d’une enquête menée en 2007 sur un échantillon de 285
familles et procure un grand nombre de données socio-anthropologiques
collectées à partir d’un questionnaire
préétabli. Le niveau de consanguinité dans la
région atteint 30,85% de l’ensemble des couples étudiés (jusqu’à 70,80% Arabouz et
64,4% Bab el assa). Afin de vérifier
l’existence d’une certaine continuité dans les comportements matrimoniaux d’une
génération à l’autre (génération des couples étudiés, génération des parents et
des grands parents), des comparaisons de la consanguinité entre générations ont
été établies: il semble que
le choix du conjoint est un comportement
héritable; les choisissent leurs partenaires de la famille proche tout comme
leurs parents et grands parents. L’étude montre qu’il
n’existe pas une relation significative entre les variables socioculturelles
(niveau d’instruction, âge féminin au
premier mariage, à l’exception des tranches d’âge moins de 18ans et 18 à 22ans)
et les mariages consanguins. L’introduction de la variable du milieu de
résidence n’a pas permis de tirer des conclusions solides.
La consanguinité dans la population de Msirda
apparaît comme un phénomène purement biologique et ancré dans la contrée plus
qu’un phénomène dépendant de l'organisation sociale.
Abstract
This study
presents the first results of doctoral research in socio-anthropology devoted
to the study of inbreeding in the population of Msirda in extreme western of
Algeria. Interest in this work is justified by the role played by the choice of
spouse on the evolution of the gene pool of the population under the influence
of key variables of inbreeding. Our information comes from a survey conducted
in 2007 on a sample of 285 families and provides a lot of socio-anthropological
information collected from a pre-established questionnaire. The level of inbreeding in the
region reached 30.85% of all couples surveyed (to
70.80% Arabouz and 64.4% Bab el Assa). To verify the existence of continuity in
marital behavior from one generation to the next (generation of couples studied
generation of parents and grandparents), comparisons between generations of
inbreeding have been established: it seems that the choice of spouse behavior
is heritable, individuals choose their partners close relatives like their
parents and grandparents. The study shows that there is no significant
relationship between sociocultural variables (education, age of female at first
marriage, with the exception of age under 18years and 18 to 22 years) and
intermarriage. introducing the variable place of residence has not possibility
to draw firm conclusions. Inbreeding in the population of Msirda appears as a
purely biological phenomenon and rooted in the country more than a phenomenon
dependent on social organization.
Introduction
En
Algérie, nombreuses sont les populations qui servent de modèle pour l’étude
anthropologique nonobstant les bouleversements démographiques courants depuis
ce siècle dernier. De ce fait, plusieurs recherches anthropo-génétiques ont été
faites sur des régions de notre pays dont l'isolement était suffisant jusqu'à
un passé
proche pour justifier
de telles recherches; c'est
ce qui ressort des
travaux récents (Aouar et al., 2004; Aouar et al., 2005;
Mortad., 2008a; Mortad., 2008b; Aouar et al., 2009;
Moussouni et Aouar., 2011; Mortad et al., 2012) sur l'anthropo- biologie
des populations de l’Ouest algérien: Oulhaça, Sabra, Sidi Djilali, Honaine,
Beni-snouss, etc.
Nous
avons pensé que «Msirda» constitue, elle aussi, une de ces terres privilégiées pour l'anthropologie et
qu'il serait intéressant d'en étudier ses habitants.
Notre
population de Msirda, préalablement caractérisée sur le plan biologique
notamment génétique à travers l’analyse du polymorphisme génétique [les groupes
sanguins ABO, Rhésus, MNSs et Duffy et les dermatoglyphes digitaux (Mortad,
2008a)], est soumise aujourd’hui à une analyse d’ordre socio-anthropologique
des mariages consanguins.
Afin
d’analyser cette population sous l’angle socio culturel nous avons choisi le mariage qui se présente comme le marqueur
essentiel pour appréhender l’homogénéité ou la diversité de la population (Bley
et Boetsch., 1999).
D’ailleurs, le
mariage suscite depuis longtemps, et abondamment, l'intérêt des socio-anthropologues.
Ils ont longuement rapporté les règles et les coutumes pratiquées dans des
populations généralement très homogènes, en privilégiant la description des
relations sociales et des stratégies d'échanges nécessaires à 1’équilibre de
ces sociétés.
En
fait, tout mariage consiste par définition à unir deux individus, l'une des étapes
préliminaires au mariage est de choisir un conjoint parmi un groupe de
personnes nubiles que l'on nomme également «le marché matrimonial». Or, le
choix d'un conjoint ne répond pas seulement à des ordres fortuits ou
probabilistes comme certains pourraient le croire, mais aussi et surtout à des
éléments socialement déterminés (Gilbert, 1998).
Dans
ce domaine, de nombreuses études ont montré que le choix matrimonial dépend
généralement de motivations et de contraintes, le plus souvent, en rapport avec
des raisons d’ordre culturels, religieux, économique, politique, etc. (Reynolds,
1988 in Ben M’rad et Chalbi., 2004). Dans le monde arabe, les unions
consanguines sont très courantes. La
multiplicité de ces unions forme des familles qui peuvent s’accroître et
constituer des clans et même des tribus dont la consanguinité intérieure va devenir
très importante (Chalbi, 1997).
En
Algérie, comme dans
d’autres pays arabes,
la pratique des mariages consanguins constitue encore
aujourd’hui un phénomène social particulièrement préoccupant. Cette question
d’unions consanguines mérite d’être étudiée dans la population de Msirda, vu la
rareté des études qui traitent ce sujet jusqu’à présent en Algérie, qui reste
un pays arabo-musulman en général et berbéro-musulman en particulier et dont les motivations de cette pratique ne
manquent pas.
Population et méthode
Population et Sources de Données
Définir
le niveau de consanguinité dans la population de Msirda
Tout d’abord, il faut signaler que, comme la plupart des
populations rurales, la population de Msirda se caractérise par une
insuffisance des statistiques démographiques et des documents d’état civil, ce
qui fait que la totalité des données utilisées dans cette étude a été obtenue
par une enquête.
De
ce fait, les données utilisées
dans cette étude proviennent
d’une enquête réalisée en 2007 dans les centres de
santé distribués dans la région de Msirda: polyclinique de Bab El assa,
centre d’Arabouz et auprès de plusieurs ménages distribués dans les différentes
parties de la région: Bider, Souk Tlata, Arabouz, Bab El assa (Figure 1).
Les
individus enquêtés sont distribués de part et d’autre dans les villages de
Msirda (Nord, Sud, Est, Ouest), ceci permettra plus ou moins d’avoir un
échantillon représentatif de la population.
Un
échantillon de 285 familles a été collecté à partir d’un questionnaire
préétabli. L’enquête procure d’informations socio-anthropologiques et culturelles.
Les
individus enquêtés de Msirda (agés entre 18 et 80 ans) sont intérrogés sur les
caractéristiques, socio-économiques et culturelles de leurs familles (parents
et grands-parents maternels «GPM» et paternels «GPP»), de leur lieu de résidence, leur
origine, leur choix
matrimonial, et celui de leurs parents et grands parents, l’âge au moment du
mariage et leurs niveau d'instruction.
Toutes les informations rassemblées ont permi de classés
les individus en deux catégories: 1. Catégorie des consanguins (cousins du
premier degré ou cousins du deuxième degré); 2. Catégorie des non consanguins.
Comparaison entre générations du niveau de
consanguinité chez la population de Msirda
Afin de vérifier
l'existence d'une certaine continuité dans les comportements matrimoniaux d'une
génération à l'autre (grands-parents, parents et enfants), des comparaisons
intergénérationnelles de la consanguinité dans la population de Msirda ont été
établies à partir de données tirées du questionnaire préétabli.
Etude des déterminants des mariages consanguins:
interaction avec les facteurs socio-culturels
L’étude des
composantes du mariage permet de mieux comprendre les processus de
transformations synchroniques et diachroniques des patrimoines: social,
anthropologique, culturel et génétique. Ainsi, un certain nombre de
variables relevant du domaine social a été relevé, et un lien entre ceux-ci et
le fait consanguin (qu'il soit du premier ou du second degré) a été identifié.
Ces
variables de contrôle standard: le niveau d’instruction, la résidence actuelle et
l’âge de la femme au premier mariage, sont enregistrées en vue d'évaluer leur
contribution relative dans les mariages
consanguins.
Etant
donné qu’il n'était évidemment pas en notre pouvoir de
décider si, dans chaque cas, tel ou tel facteur avait entraîné le choix
matrimonial; nous pouvions cependant chercher à isoler des «facteurs
prédisposant».
Le
choix de l’ensemble de variables indépendantes (Figure 2) s'est fait en se référant d'abord à la littérature
sur le sujet (Khlat, 1989) et, évidemment, eu égard à l'information contenue
dans le questionnaire de l'enquête de 2007, analysée entre 2007 et 2010.
Figure 1. L’origine
géographique de la population de Msirda (zone d'étude marqué avec des
points rouges)
Figure 1. The geographical origin of the population of Msirda (study area marked with red dots)
Figure 2.Variables
utilisées dans l’analyse socio-anthropologique de la population de Msirda.
Figure
2.Variables used in the socio-anthropological
analysis of the population of Msirda.
Résultats et discussion
Unions
Consanguines: Fréquence et Déterminants
Fréquence des unions
consanguines
Chez
la population de Msirda, le pourcentage de consanguinité est de l’ordre de 30,85
% de l’ensemble des couples étudiés (285 couples) (Tableau 1).
On
remarque bien que la fraction consanguine représente presque le tiers (1/3) des
unions. Ce taux reste important et légèrement inférieur à la moyenne algérienne
(38.30%) (Figure 3).
D’une
manière générale, cette contrée n’échappe pas aux règles de la consanguinité
dans les pays méditerranéens puisque les unions consanguines contractées dans
la région restent importantes (30,85%), ce taux demeure important et comparable
aux pays arabes et méditerranéens.
Couples |
CC |
CNC |
Effectif % |
88 30.85 |
197 69.12 |
Tableau 1. Le niveau de
consanguinité dans la population de Msirda. CC: Couples consanguins. CNC: Couples non consanguins.
Table 1. The level of inbreeding in the population
Msirda.
Figure 3. Niveau de
consanguinité dans la population de Msirda.
Figure 3. Inbreeding level in the population Msirda.
Niveau de consanguinité
à Msirda comparativement à l’échelle nationale
Ruffié
et al, (1962) ont rapporté que les habitants de Msirda sont restés
longtemps endogames et qu’il s’agit en fait de «clans familiaux». Tel était donc, en 1956, l'état de la population de Msirda qui
semble demeurer inchangée depuis des
siècles. Donc, les «Msirdiien» ou les «Msirdis» pratiquaient l’endogamie et
plus précisément la consanguinité depuis leur existence sur leur territoire, ce
qui explique l’enracinement de cette pratique matrimoniale dans la région
malgré la colonisation. D’ailleurs, notre enquête démontre que le taux de la
consanguinité à Msirda reste élevé par rapport à l’Oranie qui est de 26% (Louadi, 2008).
Cependant, ce taux demeure légèrement inférieur
à celui du Constantinois qui est de 37% (Louadi, 2008).
La fréquence
élevée de la consanguinité dans la région de Msirda est élevée, mais comme dans la plupart des
petites populations rurales de l’Algérie, les mariages endogames sont édictés
par des considérations historiques, traditionnelles et économiques. Ces
mariages entre proches, représentent d’une part, une précaution visant à
diminuer les risques de ruptures et d’autre part, une stratégie dont le but est
la conservation de l’héritage.
Donc, puisque
Msirda est considérée comme un milieu rural de l’Algérie, nos résultats
concordent avec ceux cités par ENAF (1989 et EASF (2002) qui rapportent que les
préférences pour les mariages endogènes sont plus fréquentes en milieu rural. A
l’échelle nationale, et loin de la notion du rural, notre enquête révèle que le
taux de consanguinité à Msirda est comparable à celui du Littoral de Tlemcen
(Honaine) (Aouar et al., 2004; 2005). Il reste inférieur à la moyenne
algérienne actuelle qui est de 38.30% (le taux remonte à nouveau) (Forem, 2007)
(Figure 4) et aux taux observés dans les monts et hauts plateaux de Tlemcen
(Aouar et al., 2004; 2005), Tébessa, Ghardaïa, Aïn Defla, Béjaïa,
Bouira, Boumerdès, Biskra et Annaba (Forem, 2007) (Tableau 2) ( Figure 5).
Il est à
signaler que le taux moyen de la consanguinité à l’échelle nationale a augmenté
de 23% en 1984 (Benallegue et Kedj, 1984) à 38,30% en 2007 (Forem, 2007). Cette
augmentation peut être attribuée à deux hypothèses:
-
Un retour aux exigences socioculturelles et aux
pratiques coutumières.
-
Ou bien que l'étude de Bénallègue et Kedj (1984)
n'a porté que sur un nombre réduit d'échantillons.
Figure 4. Taux de consanguinité
chez la population de Msirda comparé à celui de l'Algérie.
Figure
4. Inbreeding rate among the population of Msirda compared to that of Algeria.
Population
|
Références
bibliographiques
|
Taux
de consanguinité
|
Tébessa
(commune de Bir El Ater)
|
Forem, 2007
|
88%
|
Tlemcen
(Hauts plateaux)
|
Aouar
Metri et al, 2005
|
85,49%
|
Tlemcen
(Monts)
|
Aouar
Metri et al, 2005
|
57,55%
|
Ghardaïa
|
Forem, 2007
|
56%
|
Aïn
Defla
|
Forem, 2007
|
52%
|
Béjaïa
|
Forem, 2007
|
50,6%
|
Bouira
|
Forem, 2007
|
42,5%
|
Boumerdès
|
Forem, 2007
|
42%
|
Algérie
|
Forem, 2007
|
38,30%
|
Biskra
|
Forem, 2007
|
34%
|
Tlemcen
(Littoral: Honaine)
|
Aouar
Metri et al, 2005
|
31,03%
|
Msirda
|
Nos
résultats
|
30,85
%
|
Alger
|
Forem, 2007
|
29,25%
|
Bordj
Bou Arréridj
|
Forem, 2007
|
27%
|
El
Oued
|
Forem, 2007
|
22,5%
|
Oran
|
Forem, 2007
|
18,5%,
|
Selon des
enquêtes nationales (Forem, 2007), les bouleversements sociologiques survenus
au cours des 45 dernières années n’ont eu qu’un effet minime sur les liens de
sang. Cet attachement au mariage endogamique est sans
doute lié aux traditions et aux ajustements économiques.
L’union
consanguine à Msirda pourrait être une stratégie à intérêt économique.
L’exemple de l’héritage (la terre) qui doit rester dans la famille (Louadi, 2008)
avance que malgré la modernité, le mariage apparenté ou consanguin en Algérie
demeure relativement important. Comme le reste des
contrées de l’Algérie, Les «Msirdi» s’attachent constamment à leurs traditions
pour assurer la cohésion du groupe. Ce dernier est régit vivement par les liens
d’apparentement voire de consanguinité.
Figure 5. Niveau de
consanguinité à Msirda comparativement à l'échelle nationale.
Figure 5. Inbreeding level at Msirda
compared nationally.
Niveau de consanguinité par rapport aux pays
maghrébins
Une des
caractéristiques les plus importantes du système matrimonial maghrébin est la
forte endogamie familiale. Kateb (2009) rapporte qu’une proportion relativement
forte des unions se font dans la parentèle et les mariages entre cousins
germains –plus du côté paternel que maternel- sont privilégiés.
L’enquête de
2002 (enquête algérienne sur la santé de la famille, PAPFAM Pan Arab
Project for FAMily health) indique que
sur 33,3 % des mariages, les conjoints
ont des liens de parenté (22,0 % sont des cousins germains). Le taux
de consanguinité au Maroc était de l’ordre de 30% entre 1955 et 1995 (CERED, 1997). Actuellement, ce taux
est de 19,87% (Lamdouar, 1994). Ce chiffre reste nettement inférieur à celui
enregistré dans notre population qui est frontalière avec ce pays. En Tunisie,
de nombreuses enquêtes menées dans les années 1990 indiquent que le mariage
consanguin est resté particulièrement élevé, jusqu’à 40% dans certaines
enquêtes mais avec un recul relatif du mariage entre cousins germains (Bensalem
& Locoh, 2001; Kateb, 2009).
Msirda, fraction du grand Maghreb, n’échappe nullement à cette pratique de
consanguinité puisque le taux enregistré de 30.85% reste inséré dans
l’intervalle des taux des unions consanguines des populations maghrébines.
Niveau de consanguinité
comparativement au monde arabo-musulman
Le
niveau de consanguinité élevé enregistré dans la population de
Msirda (population arabo-berbère ou berbéro-musulman) ne diffère pas des
autres populations arabes; de nombreuses études ont démontré que les mariages
consanguins étaient profondément enracinés dans les populations arabes et musulmanes (Bittles.,
2001), avec un taux de consanguinité supérieur à 50% (Gunaid et al., 2004 :111–21. [ ) (Tableau 3). The highest
consanguinity rates were reported among Pakistan army personnel and isolated
Egyptian Nubians (76% and 80.4%, respectively) ( 6 , 7 ).
Des
études réalisées dans le monde arabo-musulman montrent que l’endogamie familiale
est une particularité du système des alliances encore contractée en Jordanie,
en Palestine, en Syrie, en Iraq, au Koweït, en Arabie saoudite, au Kurdistan,
en Iran, en Pakistan, en Égypte, au Soudan, en Afrique du Nord et au Liban (Denic, 2003).
Pays
|
Référence
bibliographique
|
Fréquence
de la consanguinité
|
Msirda
|
Nos
résultats
|
30.85%
|
Algérie
|
Benallègue
et Kedj, 1984
|
23%
|
Algérie
|
Forem,
2007
|
38.30%
|
Tunisie
|
Ben
M’Rad. et Chalbi,2004)
|
32,71%
|
Jordanie
|
Pronthro
et Diab, 1974,
In Aouar Metri et al., 2005
|
54%
|
Emirates
Arabes
|
Bener
et al., 2001
|
46%
|
Syrie
|
Pronthro
et Diab, 1974,
In Aouar Metri et al., 2005
|
41%
|
Egypte
|
Temtamy et al., 1998, in Talbi et al., 2008
|
31,79%
|
Liban
|
Khlat, 1989 |
25%
|
Koweit
|
Al
Awadi et al., 1986, In Aouar Metri et al.,
2005.
|
50,5%
|
Arabie Saoudite
|
Saedi Wong et Al Frayh,
1989, in Talbi et al., 2008
|
54,30%
|
Figure 6. Fréquence
de consanguinité chez la population de Msirda par rapport à quelques pays
arabo-musulmans.
Figure 6. Frequency of inbreeding in the population of Msirda
compared to some Arab
and Muslim countries.
Comparaison
inter-générations du niveau de consanguinité dans la région de Msirda
Sur les 285 familles en examen dans cette étude, un taux de 30,85 % des mariages consanguins est enregistré chez
la génération des couples étudiés contre 27,65% chez la génération des parents et 59,57% chez la
génération des grands parents (Tableau 4). L’évolution entre générations du
niveau de consanguinité est représentée dans la Figure 7. Le taux de
consanguinité s'est affaibli en passant de la génération des grands parents à
celle des parents.
La
comparaison entre générations du niveau de consanguinité à Msirda ne montre pas
de différence significative entre la génération des parents et celle des
descendants (génération des couples étudiés).
Ces
résultats s’accordent avec ceux qui ont été préalablement obtenus par Al-Awadi
et al., (1985) au Koweït, Khoury et Massad, (1992) en Jordanie, Bittles et al.,
(1993) en Inde, Hussain et Bittles, (1998) au Pakistan, et Saadat et al.,
(2004) en Iran (in Aouar Metri et al., 2005).
En effet, Jurdi et Saxena (2003)
rapportent que les taux de consanguinité dans certains
pays arabes ne sont pas diminués avec le temps, comme par
exemple aux Emirats arabes unis et au Yémen. Chez les palestiniens , le taux
d’unions avec cousins germains a été sable tau fil du temps, avec
une baisse significative du taux d’unions avec cousins lointains (Vardi-Saliternik et
al., 2002 in Hoben et al,
2010).
Toutefois,
chez notre population, on remarque un taux de consanguinité spectaculaire au
niveau de la génération des grands parents, il
représente un taux de 59,57%, il recul à 27,65% chez les parents puis
remonte légèrement à 30,85% chez les couples étudiés.
Le
taux élevé de consanguinité marqué dans la génération des grands parents est due
probablement aux circonstances qu’a vécu
la région auparavant: le colonialisme, la pauvreté, conditions de vie
défavorables, terres pauvres... donc, le mariage consanguin était régit par des
facteurs sociologiques, économiques, politiques… essentiellement pour résister au régime colonial.
|
Mariages consanguins |
1er degré |
2ème degré |
Couples étudiés |
30.85% |
14,89% |
15,95% |
Parents |
27.65% |
12,76% |
14,89% |
Grands parents |
59.57% |
31,44 % |
28,13% |
Tableau 4. Taux de
consanguinité chez les couples étudiés, leurs parents et grands parents
Table 4. inbreeding rate among couples
studied, their parents and grandparents
Figure 7. Evolution du
niveau de consanguinité entre les générations dans la population de Msirda
Figure 7. Evolution of the level of inbreeding between generations in the population of
Msirda
A
cet égard, il faut signaler que le taux élevé de consanguinité (surtout chez la
génération des grands parents) de notre population peut être biaisé: les
réponses, données par les «Mssirdiien» concernant le lien de parenté, qui existait entre leurs grands parents, restent peu fiables, à cause de la
défaillance de la mémoire de certaines personnes âgées.
En
s’appuyant sur cette analyse de consanguinité entre les générations à Msirda;
il semble tout de même que la fréquence des
mariages entre conjoints issus d'une même famille, s’est affaiblie en
passant de la génération des grands parents à la génération des parents. Mais
les traditions et les motivations d'ordre social, culturel et économique,
orientent le plus souvent les individus vers un choix matrimonial à l'intérieur
de la famille (le taux de la consanguinité remonte à nouveau en passant de la
génération des parents à la génération des couples étudiés).
Par ailleurs, la présence de certaines
similitudes dans les comportements matrimoniaux des individus d’une génération
à l’autre (parents-enfants) contribue à amplifier de façon significative les
effets de l’endogamie ou de l’exogamie dans la population concernée (Tremblay et
al., 2000).
De
nombreuses études sociologiques réalisées dans diverses sociétés ont montré que
le choix qui apparait a chacun comme le résultat d'une décision strictement
individuelle, est en réalité soumis à des influences sociales régulatrices dont
l’intervention des parents (Chalbi, 2009).
Dans ce contexte de consanguinité
inter-génération dans la population de Msirda, nous avons essayé de montrer que
la comparaison de la consanguinité entre les générations a pu relever une
information importante: il semble que le choix du conjoint à Msirda pourrait
être une tradition ancrée d’une génération à une autre.
Etude des variables déterminantes de la
consanguinité: interaction avec les facteurs socioculturels
Les caractéristiques
socioculturelles d’une population et les constrictions environnementales
auxquelles elle est soumise se reflètent sur le comportement matrimonial de ses
composantes et, à travers la reproduction qui découle du mariage, sur sa
structure génétique (Gueresi et al., 2003).
Le niveau d’instruction
Niveau d’instruction et consanguinité
Le tableau 5 représente la répartition de l’ensemble des couples étudiés suivant le niveau d’instruction.
On remarque bien qu’il y a d’autant de couples consanguins que de couples non consanguins dans la catégorie analphabète (Figure 8).
En faisant intervenir le facteur multiplicateur (≅2,3), il en résulte que la variable «niveau d’instruction» n’exerce aucun effet sur la consanguinité. Autrement dit, plus il y a de couples consanguins instruits, plus on 2,3 de couples non consanguins instruits.
De ce fait, les résultats de l’interaction de la consanguinité avec le niveau d’instruction semblent amener à dire que le niveau d’instruction n’a pas de relation avec la consanguinité.
Niveau d'instruction Couples |
Analphabète |
Primaire |
Moyen |
Secondaire |
Supérieur |
X2 |
P |
Couples consanguins N: 29 |
6,89% 2 |
17,24% 5 |
27,58% 8 |
34,48% 10 |
13,97% 4 |
9,24 |
0,05 |
Couples non consanguins N: 66 |
6,06% 2 |
25,75% 17 |
27,27% 18 |
10,60% 7 |
30,30% 20 |
NS: p≥0.05;
*: 0.01≤ p ≤ 0.05; **: 0.001 ≤ p≤ 0.01; ***: p≤
0.001
Tableau 5. Niveau d'instruction
chez les couples
Table 5. Level of education among couples
Figure 8. Niveau d'instruction
en fonction de la consanguinité chez la population de Msirda
Figure 8. Level of education according to the inbreeding population Msirda
Chez notre
population, nous remarquons que plus la consanguinité est élevée, plus on se
rapproche de niveaux d’instruction élevés avec un recul léger de la
consanguinité dans la catégorie (niveau supérieur).
Pour
les couples non consanguins, plus le niveau d’instruction s’élève, plus il n’y
a pas de consanguinité avec un recul timide du taux de couples non consanguins
dans les catégories «moyen et secondaire» puis ce taux remonte de nouveau dans
la catégorie «niveau supérieur».
En
effet, dans certaines sociétés, lorsque le niveau d’éducation est élevé chez
les hommes, ceux –ci préfèrent se marier avec leur cousines (Jurdi et Saxena.,
2003).
Nos résultats ne
corroborent pas les résultats nationaux sur la consanguinité (L’enquête algérienne
sur la santé de la famille 2002 (EASF, 2002) et l’Enquête algérienne sur la
fécondité 1986, ENAF, 1989) qui rapportent que l’élévation du niveau
d’instruction exerce un effet réducteur du phénomène d’endogamie.
Bittles et al., (1991) in Chalbi (2009) dans l'étude
réalisée sur les populations de l'Afrique du Nord, révèlent que les taux de mariages consanguins les plus
élevés sont rapportés chez les femmes à niveau d’instruction bas.
Ces résultats seraient en contradiction avec nos résultats, ceci pourrait être dû à l’échantillon réduit, ou tout simplement à la particularité que présente notre population: pouvoir sortir de cette région rude pour les études.
Milieu de résidence des couples
Ce facteur présente un bon pouvoir discriminatoire entre les
couples. Nous avons calculé la consanguinité dans deux villages de Msirda afin
de relever le pouvoir interactif entre la consanguinité et le milieu de
résidence.
Les interrogés habitent
deux milieux ruraux:(Arabouz (250 couples) et Bab El assa (250 couples). La figure
9 donne la répartition en % des couples dans les deux classes de lieu de
résidence. Il est à signaler que le milieu de résidence ici signifie le milieu
de résidence des couples au moment de l’enquête.
Les
résultats illustrés montrent que le village d’Arabouz renferme 70,80% de
mariages apparentés (177 couples), contre 29,20% seulement de mariages non
consanguins (73 couples).
Un
peu plus loin vers le sud, plus précisément à Bab el Assa, 64,40% des mariages
sont consanguins (161 couples) et 35,60%
sont des mariages non apparentés (89 couples).
Le
niveau de consanguinité reste élevé dans les deux villages de Msirda, ce qui
explique le résultat général enregistré dans toute la région (30,83%).
Figure 9. Consanguinité
et milieu de résidence
Figure
9. Inbreeding
and area of residence
Selon la figure 9, le niveau de
consanguinité est rapproché dans les deux milieux de résidence étudiés, cette
pratique matrimoniale est privilégiée un peu par tout (dans le Nord Arabouz Msirda
Fouaga ou dans le sud Bab El assa Msirda Thata) de la région
étudiée.
Le but de cette analyse et de dévoiler
l’impact du milieu de résidence sur le choix du conjoint chez les Msirda, le
fait de résider dans un milieu rural, ceci augmente le niveau de consanguinité
dans la région étudiée.
Nos résultats sont en accord avec d’autres
travaux (L’ENAF, Enquête Nationale Algérienne sur la Fécondité), qui révèlent
que les mariages entre apparentés sont
plus fréquents en rural qu’en ville, soit 34% contre 27% (Louadi, 2008).
Dans le but d’analyser profondément
l’interaction de ce facteur avec la consanguinité, nos résultats ont été comparés à des travaux
dans différentes régions de l’Algérie (Figure 10) (Forem, 2007).
En Algérie, les
mariages endogames sont édictés par des considérations historiques,
traditionnelles et économiques. Ils représentent entre autres une précaution
visant à diminuer les risques de ruptures et une stratégie dont le but est la
conservation de l’héritage. Les préférences pour les mariages endogames sont
plus fréquentes en milieu rural dont Msirda fait partie.
Un grand nombre
d'auteurs, appuient cette théorie. En effet, en Inde, au Pakistan, en Asie du
Sud Est, dans les pays du Moyen Orient et en Afrique du Nord..., ces mariages
consanguins sont beaucoup plus fréquents dans les régions rurales, traditionnelles (Rao et
Inbaraj, 1977; Tuncbilek et Ulusoy, 1989; Bittles, 1994).
Aussi, les
études empiriques menées durant les dernières années dans certains pays,
notamment des pays en développement, révèlent une prévalence élevée des
mariages consanguins dans les zones rurales (Freundlich et Hino, 1984 in Benhamadi, 1994).
Les rapports
de certains pays arabes ont montré les taux de
mariage entre cousins germains ont été rapportés à 38 et 30% de tous les mariages en milieu rural et urbain respectivement (Khoury et Massad, 1992). En Égypte, le taux de mariage entre cousins est de 17 et 9% en milieu rural et urbain respectivement (Hafez et al, 1983) avec des résultats
similaires rapportés
de l'Algérie (Zaoui et Biémont, 2002).
En effet, d’après Chalbi (2009), les pourcentages de consanguinité
sont élevés en milieu rural où la propriété de terrains agricoles et le travail
de la terre sont déterminants; c’est le
cas de certains pays africains, dont le
taux de mariages consanguins est classé entre 33% au Maroc, 41,2% en
Egypte et 49,3% en Tunisie avec, en
confirmation dans chaque pays, la préférence des mariages consanguins, plutôt
dans les milieux ruraux qu’urbains.
Figure 10. Consanguinité
à Msirda comparativement aux zones rurales
et urbaines de l’Algérie (Zones rurales en rouge et zones urbaines et
semi-urbaines en vert)
Figure
10. Inbreeding in Msirda compared to
rural and urban areas of Algeria
(Rural areas in red and urban and
semi-urban green)
Par
ailleurs, Benhamadi (1994) avance que la déperdition de quelques
caractéristiques et structures de la vie traditionnelle (le cas de notre
population), ne signifie pas que l'évolution urbaine ait entraîné la
dislocation, dans les pays arabo-musulmans, du modèle marital dominant et la
diminution de la pratique du mariage consanguin.
Enfin, nos résultats se concordent
plus ou moins avec ceux retrouvés en Algérie et dans les pays Méditerranéens,
mais finalement, l'introduction de la variable du milieu de résidence ne
permet pas, par contre, de tirer des conclusions solides, toutefois, elle admet que notre
population présente une consanguinité élevée: 30,85% à Msirda en général, 64,28%
à Bab El assa et 70,76% à Arabouz.
Âge de l’épouse au
moment du mariage
La
répartition de l’ensemble des couples étudiés
selon le groupe d’âge est donnée par la Figure 11.
Les résultats concernant les différentes
tranches d'âge au moment du mariage chez le sexe féminin relevant du
questionnaire préétabli sont comme suit:
- 18-22 ans: 17 femmes.
- 23-28 ans: 43 femmes.
- moins de 18 ans: 23 femmes.
- 29 ans et plus: 12 femmes.
Figure
11.
Tranches d'âge des épouses au moment du
mariage chez la population de Msirda
Figure 11. Age
groups of wives at marriage
among the population of Msirda
On note bien que dans l’échantillon déterminé (95 couples), la
proportion la plus élevée (45,15%) concerne la tranche d’âge 18-22 ans.
Quant
à cette répartition (âge au mariage) des parents et des grands parents, il faut
souligner que dans la majorité des cas, les individus interrogés ignorent les
dates de naissance de leurs parents et grands parents.
Age
des femmes au moment du mariage et consanguinité
Les résultats obtenus (Figure 12) montrent que
la fréquence des unions consanguines à Msirda est élevée dans la tranche d’âge
moins de 18 ans chez le sexe féminin par rapport à la fréquence des unions non
consanguines dans ce même intervalle, et demeure spectaculaire concernant la
tranche d’âge 18-22 ans et est peu fréquente chez la tranche d’âge 29 et
plus.
Par ailleurs,
l’âge au moment du mariage chez le sexe féminin (tardif) 29 ans et plus chez
cette population n’est pas significatif par rapport à la consanguinité.
On peut suggérer
que le niveau d’instruction élevé peut avoir un impact sur l’âge au premier
mariage. Ce dernier influe sur le choix du conjoint.
L’âge au moment
du mariage est aussi un facteur discriminant. Selon Benhamadi (1994), les
femmes qui se marient au jeun âge, multiplient par 5.25 leurs chances de se
marier avec un apparenté par rapport à celles qui se marient plus tardivement.
Les résultats de
notre enquête montrent que l’âge au moment du mariage reste plus ou moins un
facteur déterminant puisque - dans la fraction consanguine- 13,45% de la
population féminine interrogée s’est mariée à un âge inférieur à 18 ans, et
29,80% est enregistré dans la tranche d’âge 18-22ans.
Selon la Figure
12, l’âge féminin au moment du mariage est en relation positive avec le niveau
de consanguinité chez les couples consanguins concernant les tranches d’âge
moins de 18 ans et 18-22 ans. La fréquence des unions non consanguines est plus
ou moins importante dans ces tranches d’âge.
Les proportions des unions consanguines et non
consanguines diminuent significativement pour le reste des tranches d’âge.
Nos résultats ne
corroborent pas ceux de Louadi (2008), qui
montre que l’âge au premier mariage entre apparentés représente un
facteur de différenciation déterminant puisque les proportions enregistrées
selon les résultats de L’ENAF (Enquête Nationale Algérienne sur la Fécondité)
sont respectivement de 3% quand la femme est mariée à 21 ans ou plus, et 36 %
en cas de mariage avant 18 ans.
Le troisième facteur qui est l’âge des épouses au moment du mariage
est en interaction avec la consanguinité sauf pour les tranches d’âge moins de
18 ans et 18 à 22 ans.
A travers cette analyse des facteurs
socioculturels déterminants de la consanguinité dans la population de Msirda, il
en résulte que la
plupart des variables explicatives retenues fournissent des résultats
controverses.
Figure 12. Age au moment du
mariage chez le sexe féminin en fonction de la consanguinité
Figure 12. Age at marriage in females based on consanguinity
Conclusion
Cette approche,
menée au sein de la population de Msirda a pu, plus ou moins, approfondir les
raisons qui conduisent encore aujourd’hui à légitimer socialement la
consanguinité dans la région. Elle a
aussi cherché à déterminer les raisons et les facteurs socio culturels qui
poussent à ce genre d’union.
A
l’issu des résultats présentés et discutés, il a été montré que la population
de Msirda présente une consanguinité élevée 30,85% qui la range parmi les
populations arabes et musulmanes les plus consanguines.
L’étude réalisée
montre qu’il n’existe pas de relations significatives entre les facteurs
étudiés (niveau d’instruction, âge au moment du mariage, à l’exception de deux
tranches d’âge moins de 18 ans et 18-22ans) et d’autre part les mariages
consanguins. L’introduction de la variable du milieu de résidence n’a pas
permis de tirer des conclusions solides. Néanmoins, les villages typiques
du milieu rural de Msirda (Arabouz et Bab
el assa) présentent des taux de
consanguinité très élevés de (70,80% et 64,4%) respectivement.
On a pu
constater aussi que le choix du conjoint
chez l’individu n’est pas, en apparence, indépendant de celui effectué par ses
propres parents, comme s’il s’agissait d’un comportement héritable.
Les conjoints à
Msirda se choisissent en fonction du choix de leurs parents, pour diverses
motivations et en particulier pour éviter la dispersion du patrimoine familial,
pour préserver les liens de sang et assurer une bonne sécurité sociale.
Notre
travail montre, à
quel point l’environnement socioculturel et religieux occupe une place
déterminante quant a la circulation des flux génétiques dans les populations
humaines.
Les
résultats de cette étude, bien que préliminaires apportent les premiers éléments de réponse aux
questions posées au préalables dont la question la plus vaste et la plus
complexe, à savoir: si cette forme de choix du conjoint relève uniquement de
contraintes liées à la consanguinité ou dépend aussi de règles
socio-culturelles.
D’où, La
nécessité d'une collecte spécifique et importante sur ce phénomène à Msirda
voire en Algérie se justifie, et peut amener à comprendre une partie du système
reproductif aux sens social, anthropologique, environnemental, biologique et
génétique.
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