Harir, N., Belkacem, A., Dahmani, N., Hadef, F.Z., 2014. Wilaya d’El Bayadh (Sud-ouest Algérien): étude des facteurs de risque de faible poids de naissance au cours du dernier trimestre de la grossesse. Antropo, 32, 79-87. www.didac.ehu.es/antropo


 

Wilaya d’El Bayadh (Sud-ouest Algérien): étude des facteurs de risque de faible poids de naissance au cours du dernier trimestre de la grossesse

 

Wilaya of El Bayadh (Algerian south-west): study of risk factors of low birth weight in the last trimester of pregnancy

 

Noria Harir, Anfal Belkacem, Naima Dahmani, Fatima Zohra Hadef

 

Laboratoire de Microbiologie Moléculaire, Proteomics et Santé, Département de Biologie, Université Djillali Liabès de Sidi Bel Abbes (UDL-SBA), Algérie. Email: harirnouria@yahoo.fr. Email: nanoukika1991@hotmail.fr

 

Mots clés: faible poids de naissance, paramètres socio-économique, paramètres anthropométriques, état nutritionnel maternel, wilaya d’El Bayadh.

Keywords: low birth weight, socio-economic parameters, anthropometric parameters, maternal nutritional status, wilaya of El Bayadh.

 

Résumé

But

Evaluer l’effet des paramètres socio-économique, anthropométriques et l’état nutritionnel maternel sur le poids de naissance.

Matériel et méthode

Il s’agit d’une étude épidémiologique prospective d’un échantillon composé de 407 femmes gestantes au dernier trimestre de leur grossesse, effectué dans le service de gynéco-obstétriques de la maternité de la wilaya d’El Bayadh.

Résultats

Le faible poids à la naissance a été noté à  25,06% dans notre étude. Chez les deux groupes d’étude, l’apport nutritif en-dessous des recommandations était souligné pour l’apport énergétique, protéique et hydrique, en revanche d’un apport élevé en glucide et en lipide. De même, une carence  en apport vitaminique et en tous les sels minéraux a été également notée. Selon les valeurs du coefficient r issues d’une analyse de corrélation entre la variable du faible poids de naissance (variable dépendante) et les variables (indépendantes) telles que: âge de la mère (r=0,39); gestité (r=0,51); parité (r=0.54); intervalle intergénésique (r=0,45); on en conclu à l’existence de relation quoique positive, mais demeure faible (r=0,50) à assez faible (r=0,39) entre les variables suscitées.

Conclusion

L’éducation sanitaire, le développement socioéconomique, la nutrition maternelle, et l'utilisation accrue des services de santé pendant la grossesse, sont tous importants pour le bon déroulement de la grossesse et le développement fœtal.

 

Abstract

Objectives

estimate the effect of the anthropometric, socioeconomic parameters and the maternal nutritional state on the born weight.

Materials and methods 

This is a prospective epidemiological study of a sample of 407 pregnant women in the last quarter of their pregnancy, conducted in the obstetrics and gynecology department of the maternity of the wilaya of El Bayadh.

Results

Low birth weight was noted at 25.06% in our study. In both study groups, nutrient intake below recommendations was stressed for energy, protein and fluid intake, however a high intake of carbohydrate and lipid. Similarly, a deficiency in vitamin intake and all the mineral salts was also observed in both groups of women. Depending on the values ​​of the coefficient r from a correlation analysis between the variable low birth weight (dependent variable) and variables (independent) such as maternal age (r = 0.39); gravidity (r = 0.51); parity (r = 0.54); birth interval (r = 0.45). We concluded that although the existence of positive relationship, but remains low (r = 0.5) to low (r = 0.39) between the variables raised. Conclusion: health education, socioeconomic development, maternal nutrition, and increased use of health services during pregnancy, are all important for the success of pregnancy and fetal development.

 

 

Introduction

Le poids de naissance est un moyen simple pour évaluer le déroulement d’une grossesse et estimer les risques que court le nouveau-né à court et long terme. C’est un indicateur important de la santé du nourrisson, car il constitue probablement le facteur le plus important de mortalité néonatale et de la morbidité  infantile. Le poids de naissance peut être un marqueur très sensible de la situation socio- économiques familiale au cours de la gestation et de la carrière  socio- économique future ainsi que les résultats biologiques du développement intra-utérin  (Bartley et al., 1994). Les chercheurs qui se sont penchés sur les raisons de taux régulièrement inchangé de faible poids de naissance au cours des dernières décennies ont conclu que outre les soins médicaux efficaces en période prénatale, l'importance des facteurs socio- économiques, tels que l'éducation maternelle, le statut matrimonial, le revenu, l'emploi, la situation professionnelle, l’appui sociale, le lieu de résidence et l'interaction entre certaines de ces variables, sont à prendre en considération (Tuntiseranee et al., 1999; Peabody et al.,1997; Andersson et al., 2000).

La croissance et le développement fœtale dans une large mesure sont également influencées par le statut nutritionnel maternel, les caractéristiques anthropométriques de la mère, et les complications de la grossesse comme l’anémie, le diabète gestationnel, l’hypertension artériel, le pré éclampsie, les avortements etc…  (Bernabé  et al., 2004; Dickuté  et al., 2004).

En effet, la variation du poids maternel avant la grossesse peut être considérée comme un indicateur de sa balance énergétique et de son statut nutritionnel au moment de la conception (Villamor et Cnattingius 2006; Hull et al., 2008). Les femmes pourraient commencer la grossesse avec des IMC comparables mais avec des dynamiques de poids différentes: dans une phase de gain de poids, de perte de poids ou de stabilité pondérale. C’est pourquoi, étudier un effet spécifique de la variation de poids avant la grossesse sur le poids de naissance pourrait permettre de mieux comprendre la relation entre le statut nutritionnel maternel et la croissance fœtale.

Dans la littérature, en particulier dans nos pays (en voie de développement), peu d’études se sont intéressées à l’évaluation de l’impact des facteurs anthropométriques, socio-économiques et nutritionnels sur la grossesse et encore moins à leurs effets sur la trophicité fœtal. D’où l’initiation de ce travail préliminaire pour  caractériser l’impact des facteurs nutritionnels, socio-économiques et anthropométriques de 407 femmes sur le poids de leurs enfants à la naissance dans la wilaya  d’El Bayadh (Sud-ouest d’Algérie).

 

 

Matériels et méthodes

En vue d’évaluer l’effet des paramètres socio-économique, anthropométriques et l’état nutritionnel maternel sur le poids de naissance, une étude prospective a été effectuée dans le service de gynéco-obstétriques de la maternité d’El Bayadh (région des hautes plaines steppiques du Sud-Ouest Algérien). Notre population est composée de 407 femmes enceintes au dernier trimestre de leur grossesse. Dans notre étude le poids de naissance reparti en deux groupes: des nouveau-nés de poids normal supérieur à 2500g (74,93%) et d’autres de faible poids inférieur à 2500g (25,06%). Pour identifier les différents facteurs et leur effet sur le poids de naissance on a réalisé une enquête à travers plusieurs mesures: mesures anthropométriques maternel et gestationnels (l’âge, IMC, intervalle intergénésique, parité, gestité, la nature du dernier accouchement), mesures socioéconomiques (niveau d’instruction, profession de la mère, profession du conjoint et le revenu mensuel), prévalence de l’anémie et l’apport nutritionnel maternel en fin de grossesse. La consommation alimentaire des femmes enceintes a été estimée par la méthode de rappel de 7 jours. Avec laquelle nous avons analysé les apports maternel en fer, en éléments minéraux et en vitamines; tous en les comparant aux apports normalement conseillés (ANC). Puis par analyse multivariée on a étudié la corrélation entre ces facteurs et le poids de naissance.

L'analyse des donnees de l'enquête alimentaire a été réalisée en utilisant le programme Nutrisurvey (2007) (logiciel de nutrition Professionnel allemande (EBISPRO) qui dispose 1065 aliments). L'exploitation statistique des résultats a été effectuée par le logiciel Statview 1997.

 

 

Résultats

La prévalence du faible poids à la naissance

Durant la période d’étude, un échantillon de 407 femmes enceintes (acceptants de donner leur consentement verbal) a été inclut dans l’étude. L’âge des femmes était variable de 18 à 48 ans. Toutes les femmes ont accouché d’un nouveau-né vivant (n=407). 74,93% des nouveaux nés avaient un poids supérieur à 2500g. En revanche 25,06% des nouveau-nés avaient un poids inférieur à 2500g. Aucun cas de macrosomie n’a été noté (figure 1).

 

Figure 1. Prévalence du faible poids à la naissance.

Figure 1. Prevalence of low birth weight.

 

Comparaison des résultats de l’enquête alimentaire selon le poids du nouveau-né

Notre étude a souligné un apport nutritif  légèrement au-dessous des recommandations pour l’apport énergétique chez les deux groupes d’étude (tableau 1). Un apport élevé en glucide a été note chez les femmes ayants des nouveaux nés (NNs) de faible poids de naissance. En revanche pour celles ayants des NNs de poids normal, leur apport glucidique est proche des recommandations.  L’apport lipidique dépasse largement les recommandations chez les deux groupes. L’apport protéique et légèrement au-dessus des recommandations chez les deux groupes. L’apport hydrique quotidien moyen de 2502,88 g/j était inférieur aux recommandations pour les deux groupes d’étude (tableau 1)

Une carence en apport vitaminique (en particuliers en Vit B1, B6 et B9) et en tous les sels minéraux chez les deux groupes des femmes a été également notée (tableau 2). 

 

Mères avec poids

du NN<2500g

(n=102)

Mères avec poids

du NN>2500g

(n=305)

p

AET(Kcal) ± ET

Recommandations

2579,13 ± 118,44

2600

2564,78 ± 148,33

2600

0,61

Glucides (g/j) ± ET

Recommandations

319,69 ± 20,04

300

296,87 ± 40,26

300

0,48

Lipide (g/j) ± ET

Recommandations

110,87 ±14,73

70

122,97 ±  20,93

70

0,06

Protéines (g/j) ± ET

Recommandations

70,55 ± 6,35

60

63,53 ± 7,68

60

0,09

Eau ml/j ± ET

Recommandations

2538,66 ± 487,41

2660

2483,47 ± 478,71

2660

0,22

Tableau 1. Apport en nutriments énergétiques et hydrique.

Table 1. Contribution of energy nutrients and water.

 

Mères avec poids

du NN<2500g

(n=102)

Mères avec poids

du NN>2500g

(n= 305)

p

Apport vitaminique

Vitamine B1 mg/j ± ET

Recommandations

1,12 ± 0,12

1,5

1,00 ± 0,1

1,5

0,06

Vitamine B2 mg/j ± ET

Recommandations

0,55 ± 0,24

1,4

1,38 ± 0,27

1,4

0,65

Vitamine B6 mg/j ± ET

Recommandations

1,50 ± 0,14

1,9

1,28 ± 0,2

1,9

0,51

Vitamine B9 µg/j ± ET

Recommandations

353,28 ± 55,65

400

308,83 ± 65,86

400

0,6

Vitamine C mg/j ± ET

Recommandations

91,31 ± 9,94

90

84,97 ± 12,04

90

0,61

Vitamine E mg/j ± ET

Recommandations

11,75 ± 1,86

12

12,39 ± 2,11

12

0,34

Apport en sels minéraux

Magnésium mg/j ± ET

Recommandations

331,49 ± 48,19

400

277,08 ± 44,59

400

0,86

Fer mg/j ± ET

Recommandations

20,23 ± 1,82

30

17,13 ± 2,93

30

0,06

Zinc mg/j ± ET

Recommandations

12,05 ± 1,22

14

10,88 ± 1,46

14

0,08

Calcium mg/j ± ET

Recommandations

720,23 ± 110,08

1000

676,61 ± 108,03

1000

0,06

Tableau 2. Apport vitaminique et en sels minéraux chez les deux  groupes d’étude.

Table 2. Vitamin and mineral intake in both studied groups.

 

Comparaison des mesures anthropométriques et gestationnelles selon le poids du nouveau-né

La majorité des NNs de faible poids étaient issues de grossesse à terme, surtout chez le groupe des femmes ayants un âge maternel entre 39 à 46 ans soit pour 34 cas. Un grand nombre de nouveau-né de faible poids de naissance (80 bébé) a été noté chez les mères ayant un nombre de grossesse supérieur à 4 contre un nombre de 22 pour celles ayants un nombre de grossesse inférieur à 4. En ce qui concerne la parité, nous avons noté un nombre de 70 de  nouveau-nés de faible poids à la naissance chez les femmes multipare contre 32 chez les primipares. De même, une grande proportion de nouveau-né de faible poids à la naissance a été notée chez les mères ayants un intervalle intergénésique inférieur à 18 mois soit chez 87 cas (tableau 3).

L’analyse de la répartition de la population selon l’IMC a montré que une grande portion des NNs de faible poids à la naissance était issue de mères en surpoids (IMC entre 25 à 29,9 kg/cm2) soit 38 NNs, suivie de celle issue de femmes maigres avec IMC inférieur de 18,5 kg/cm2 soit 37 NNs (tableau 3).

 

<2500 g       n= 102 (25,06%)

>2500 g       n=305 (74,93%)

p

Intervalle

Nombre

Moy de NN ±ET

Nombre

Moy de NN ±ET

Géstité

<G4

22

2218±150,03

103

3844±346,89

0.470

>G4

80

2183±253,80

202

3750±273,51

<0.001

Parité

primipare

32

2203±142,52

121

3847±364,94

0.434

Multipare

70

2185±267,72

184

3738±245,78

<0.001

L’espace inter génésique

< 18 mois

87

2186±220,55

37

3724±281,27

<0.0001

> 18 mois

15

2240±150,23

143

3829±347,99

0.021

IMC

<18,5 kg/cm2

37

2200±141,42

24

3754±376,45

0.040

18,5-24 Kg/cm2

13

2092±411,22

164

3810±327,02

0.018

25-29,9 kg/cm2

38

2200±188,88

115

3700±244,36

0.037

> 30 kg/cm2

14

2235±322,50

02

3550±210,71

0.121

Tableau 3. Données générales (anthropométriques et gestationnels) maternelles selon le poids de naissance des NNs (n=407)

Table 3. General maternal data (anthropometric and gestational) by birth weight (n = 407)

 

Comparaison des facteurs pathologiques et socio-économiques familiaux  selon le poids du nouveau-né

Dans notre étude toutes les femmes donnant naissance à un nouveau-né de faible poids étaient non anémiques.

En ce qui concerne les niveaux d’instruction, nous n’avons pas noté une différence dans les deux groupes d’étude. La grande majorité des femmes n’exerçaient aucune activité professionnelle chez les deux groupes des femmes, par contre la majorité des conjoints exerçaient une activité professionnelle. La population  ayant un revenu mensuel inférieur à 40000 Da  était  la plus fréquente dans les deux groupes d’étude (tableau4).

 

 

 

<2500 g         n= 102 (25,06%)

>2500 g           n= 305 (74,93%)

p

Nombre

Moy de NN±ET

Nombre

Moy de NN±ET

 

Niveau

d’instruction

Analphabéte

18

2222±151,67

128

3834±356,43

0,134

Primaire

21

2195±135,92

15

3700±240,43

0,402

Moyenne

19

2400±338,72

63

3736±254,14

0,225

Secondaire

24

2204±278,94

67

3780±271,67

0,273

Supérieur

20

2150±281,84

32

3646±188,34

0,527

Fonction de la mère

Fonction

31

2209±139,89

19

3626±175,88

0,645

Sans fonction

71

2183±266,71

286

7391±307,10

0,712

Fonction de mari

Fonction

96

2186±239,12

225

3806±316,02

0,672

Sans fonction

06

2266±150,55

80

3711±25207

0,303

Revenu mensuel

Sans revenu

00

00

87

3900±242,50

0,858

<40000 Da

62

2193±172,60

174

3813±340,57

0,4291

>40000 Da

40

2187±310,65

44

3647±206,28

0,3034

Tableau 4. Données socio-économiques familiale selon le poids de naissance (n= 407).

Table 4. Socio-Economic family data by birth weight (n = 407).

 

Corrélation entre les différents paramètres étudiés et le poids de naissance

Selon les valeurs du coefficient r issues d’une analyse de corrélation entre la variable poids de naissance (variable dépendante) et les variables (indépendantes) telles que: âge de la mère (r=0,39); gestité (r=0,51); parité (r=0,54); intervalle intergenegique (r=0,45). On en conclu à l’existence de relation quoique positive, mais demeure faible (r=0,5) à assez faible (r=0,39) entre les variables suscitées.

L’analyse de corrélation entre la variable poids de naissance et les variables: âge de grossesse et l’IMC met en évidence une liaison positive mais très faible avec des coefficients de corrélations respectifs de r=0,18 et r=0,29.

 

 

Discussion

Pour  déterminer les facteurs qui influencent le poids de naissance, nous avons travaillé avec un échantillon aléatoire composé de 407 femmes d’âge moyen de 29,33 ± 5,52 ans venues en consultation au sein de la maternité de la wilaya d’El Bayadh, et ceci en utilisant une enquête alimentaire et les variables anthropométriques et socioéconomiques.

Une  prévalence du faible poids de naissance de 25,06%  a été notée au cours de notre étude. Cette valeur ce rapproche plutôt aux valeurs estimées par l’OMS dans les pays en voie de développement (OMS, 1992). En revanche, elle est beaucoup plus élevée par rapport à la moyenne nationale chiffrée par l’OMS à 7 % en 2004 (UNICEF et l’OMS, 2004). Cette différence peut être expliquée par le type de l’étude prospective et l’échantillon aléatoire inclus dans l’enquête et également par la nature rurale de la région dans laquelle l’étude a été réalisée.  

De nombreuses études ont démontré l’impact de l’alimentation sur la sante de la mère et de l’enfant. Tout déséquilibre de l’alimentation chez la mère se répercute sur la santé de l’enfant. Pour l’évaluation de l’apport nutritionnel, nous avons utilisé le rappel de 7 jours. On demande au sujet de se rappeler et de rapporter tous les aliments et boissons consommés pendant les 7 jours qui ont précédé l’entretien. Cette étude a permis de mettre en évidence une carence nette dans les apports en oligoéléments et le rapport calorique quotidien  dans notre population par apport aux ANC. L’étude des apports alimentaires journaliers a montré un apport calorique quotidien moyen de 2568 Kcal/j, (ANC=2600 Kcal/j). Selon Perrin et Simon, les apports énergétiques conseillés chez une femme de poids normal sont de l’ordre de 2000 à 2500 Kcal ce qui se rapproche de celui rapporté par notre étude (Perrin et Simon, 2002). L’apport hydrique quotidien moyen de 2502,88 g/j était inférieur aux recommandations. Un bon apport hydrique réduit les risques d’infection urinaires et de constipation et permet de faire face aux pertes dues à la respiration et à la transpiration. Un rapport protidique et glucidique moyen de 65,27 g/j et de 302,65 g/j se rapprochant des normes. En revanche un apport lipidique moyen de 95,47g/j dépassant largement les recommandations. Cela est en contraste avec les apports quotidiens en oligoéléments insuffisant.  En effet, les apports quotidiens en Fer dans cette population était de 17,88 mg/j, ils étaient nettement inférieurs aux ANC.

Notre étude n’a pas permis de mettre  en évidence de corrélation significative entre les apports en Fer et le poids de naissance. Cela confirme le résultat de certaines  études  qui n’ont pas pu démontrer d’effet significatif de ces apports sur le poids de naissances (Godfrey  et al., 1996; Mathews et al.,1999). De plus, dans notre population toutes les femmes ayant donné naissance à un NNs de faible poids de naissance étaient non anémiques. La diminution en Fer peut être expliquée par une baisse de consommation des viandes, lentilles, abats, et les céréales complètes. Sur l’ensemble de notre population, les apports en vitamine B9 étaient inférieurs aux ANC (319,31ug/j). Cette vitamine impliquée dans le métabolisme d’unités mono carbonés intervient en particulier dans la synthèse des acides nucléiques. Ses besoins sont augmentés au cours de la grossesse (Rehema et al., 1998), les déficits d’apports sont fréquentes: 23% selon Hercberg et al. en 1996. Notre étude n’a pas permis de mettre en évidence de corrélation significative entre les apports en B9 et le poids de naissance. L’apport quotidien en vitamines en dessous des recommandations, est probablement dû  à une insuffisance ou inexistence de consommation de légumes et de fruits frais.

D’autre part, notre enquête alimentaire montre que la  consommation en sels minéraux  est également insuffisante notamment en calcium, magnésium et zinc chez toutes les femmes enceintes comparés à l’apport nutritionnel conseillé (ANC). Un apport faible en calcium chez toutes les femmes de 686,47 mg/j. Les résultats des études sur l’effet du calcium ou de sa supplémentassions durant la grossesse sur le poids fœtal sont divergents. Dans une  revue de la littérature incluant dix études, la plupart ne montent pas d’effet sur le poids de naissance (Hofmeyer et al., 2002). L’insuffisance en apports calciques est expliquée par la consommation insuffisante des produits laitiers qui sont la principale source de calcium ce qui pourra constituer un groupe a risque pour l’hypertension artérielle.

Les apports en zinc dans notre population étaient inférieurs aux ANC (11,16%), nous  n’avons pas pu montrer une corrélation entre les apports en zinc et le poids de naissance; pourtant cet oligo-élément joue un rôle important dans la transcription de plusieurs protéines indispensables à l’embryogénèse, la différenciation cellulaire et la croissance fœtale (Favier  et Hininger-Favier., 2002). Plusieurs publications sur ce thème, ont rapporté une corrélation significative entre le poids de naissance et divers indicateurs du statut maternel en zinc (King, 2000). En revanche, ces études n’ont pas permis de montrer un effet bénéfique net de la supplémentassions en zinc au cours de la grossesse. L’apport en magnésium dans notre population était inférieur à celui recommandé, il se rapproche de celui noté en France «250mg/j » ( Galan et al., 1999). La supplémentassions magnésique permet de réduire de 30% le risque de retard de croissance intra utérine (Durlach,2004). Nous n’avons pas également noté une corrélation entre le taux du zinc, du magnésium  et le poids de naissance.

Notre étude s’est intéressée à l’évaluation de l’apport nutritionnel chez les femmes enceintes en dernier trimestre de grossesse et c’est ce qui pourrait expliquer l’insuffisance d’apports nutritifs chez les deux groupes de parturientes et le poids des nouveau-nés  répartis selon le seuil de l’OMS. Aucune différence entre l’état nutritionnel des femmes qui ont donné naissance à des nouveaux nés à faible poids et ceux de poids normal n a été noté dans notre étude. La richesse de l’apport alimentaire en fin de grossesse en oligoéléments et minéraux est importante, elle ne semble pas selon cette étude corrélée au poids de naissance et l’état du nouveau-né.  Ces résultats concordent avec l’étude de Denguezli et al. en 2007.

En revanche et en comparant les facteurs anthropométriques, gynéco-obstétriques et socioéconomiques des deux populations (faible poids et le poids normal); nos résultats ont indiqué que dans la sous-population des nouveau-nés de poids inférieur à 2500g, le petit poids du nouveau-né est relié de façon significative à l’âge de la mère, le nombre de parité, le nombre de gestité et l’espace inter génésique. Concernant  l’âge de la mère, plusieurs études montrent que le jeune âge de la mère, inférieur à 18 ans et l’âge supérieur à 38 ans sont associés au faible poids à la naissance  (Letaief et al., 2001; Khan et al.,2003). Dans  notre étude, la proportion des nouveau-nés de faible poids de naissance était élevée dans la tranche d’âge maternel plus de 38  ans. Nous avons également constaté que la multiparité était fortement associée au faible poids de naissance, plusieurs études montrent que la primiparité et la multiparité sont corrélées au faible poids de naissance (Senga et al.,1989; Odukogbe et al., 2001). En ce qui concerne l’intervalle intergénésique, la plupart des études publiées jusqu'à présent montrent de façon consistante qu'un court laps de temps entre deux grossesses est associé à un faible poids de naissance, mais les résultats sont beaucoup plus inconsistants pour un intervalle prolongé entre deux grossesses (Zhu et al., 1999). Au cours de notre  étude, nous avons également constaté que la proportion des nouveau-nés de faible poids de naissance était élevée (85,29%) chez les mères ayant un intervalle intergénésique inférieur à 18 mois, contre 14,70% chez celles qui ont un intervalle intergénésique supérieur à 18 mois. Cette situation pourrait être expliquée par le fait qu’un intervalle court entre deux grossesses pourrait avoir un effet néfaste sur l’état nutritionnel de la mère et favoriser le stress du post-partum.

Enfin, notre étude montre que la multigestité (un nombre de grossesse supérieur à quatre) est une cause principale du faible poids de naissance. En effet la proportion des nouveau-nés de faible poids de naissance était élevée (78,43%) chez les mères ayant déjà accouchaient  plusieurs fois, contre (21,56%) chez celles qui ont un nombre de gestité inférieur à quatre grossesse. En ce qui concerne l’âge gestationnel, nous avons constaté que l’âge gestationnel inférieur à 37 SA constitue l’un des facteurs associé au faible poids de naissance soit pour 32 cas, cette constatation rejoint celles rapportées par d’autres auteurs (Letaief et al., 2001).

En ce qui concerne les facteurs socio-économiques, plusieurs études montrent qu’un faible niveau d’instruction de la mère est corrélé au faible poids à la naissance, le niveau d’instruction influence plusieurs comportements touchant la santé et qui sont susceptibles d’avoir un impact sur l’issue de la grossesse. En effet, la proportion des nouveau-nés de faible poids à la naissance varie considérablement selon le niveau d’instruction de la mère (Tietche et al., 1998), par contre, au cours de notre étude, le niveau d’instruction de la mère n’était pas significativement associé au faible poids de naissance.  Nous n’avons noté aucune relation entre le niveau socio-économique telle que la fonction de la mère, fonction du conjoint et le revenu mensuel et le petit poids à la naissance.

 

 

Conclusion

Due aux faites que divers risques, pour la santé des femmes enceintes ainsi que pour leurs futurs nouveau-nés, peuvent être identifiés avant la grossesse, l’éducation sanitaire, le développement socioéconomique, la nutrition maternelle, et l'utilisation accrue des services de santé pendant la grossesse, sont tous importants pour le bon déroulement de la grossesse et le développement fœtal. De même, et afin  de réduire le taux des complications néonatales dont le faible poids à la naissance il faut insister sur la nécessité d’installation de  programme de planning familial accessible aux femmes enceintes pour éviter les grossesses rapprochées.

 

 

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