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Sellam, E.B., Bour, A., 2014. Anémie chez les femmes en âge de procréer au Maroc (Préfecture d’Oujda-Angad). Antropo, 32, 35-44. www.didac.ehu.es/antropo


 

Anémie chez les femmes en âge de procréer au Maroc

(Préfecture d’Oujda-Angad)

 

Anemia among women of childbearing age in Morocco (Prefecture of Oujda- Angad )

 

El Bakkay Sellam, Abdellatif  Bour

 

Équipe de la Transition Alimentaire et Nutritionnelle (ETAN), Laboratoire des Essais Biologique, Département de Biologie, Faculté des Sciences, Université Ibn Tofail, B.P: 133, Kénitra, 14 000, Maroc.

El Bakkay Sellam. Email: Sellam79@gmail.com

Abdellatif  Bour. Email: abdellatifbour@yahoo.fr

 

Mots-clés: Anémie, Anémie hypochrome microcytaire, Hémoglobine, facteurs sociodémographiques, Femmes, Maroc.

 

Keywords: Anemia, hypochromic microcytic anemia, hemoglobin, sociodemographic factors, Women, Morocco.

           

Résumé

Objectif 

L’objectif de la présente étude est de déterminer la prévalence de l’anémie dans la préfecture d’Oujda-Angad et l’influence des paramètres sociodémographiques sur son incidence,

Matériel et Méthodes 

Notre étude s’est déroulée dans la préfecture d’Oujda-Angad, la capitale de la région de l’oriental du Maroc. L’étude a porté sur 424 femmes âgées de 20 à 49 seins et pas enceints.

Résultats 

L’âge moyen des femmes enquêtées est de 34,14 ans ±8,35 ans. La tranche d’âge de 20 à 29 est la plus représenté (38,7%). La situation matrimoniale, l’âge, le nombre de grossesses, le nombre des enfants, et l’activité du chef du ménage sont parmis les facteurs sociodémographiques impliqués dans l’apparition de l’anémie. Les résultats montrent que l’anémie hypochrome microcytaire est la forme la plus représenté.

Conclusion 

L’anémie est un problème de santé publique au Maroc. Les preuves apportées par notre étude soulignent la nécessité de la mise en œuvre des programmes éducatifs visant à améliorer la connaissance nutritionnelle et la sensibilisation des femmes.

 

Abstract

Objective

The objective of this study was to determine the prevalence of anemia in the prefecture of Oujda- Angad and influence of sociodemographic parameters on incidence.

Materials and Methods

Our study was conducted in the prefecture of Oujda- Angad, the capital of the region of Eastern Morocco. The study included 424 women aged 20 to 49 and not enceints breasts.

Results

The mean age of the women surveyed was 34,14 years ± 8,35 years. The age bracket 20-29 is the most represented (38,7 %). Marital status, age, number of pregnancies, number of children, and the activity of the household head are among sociodemographic factors involved in the onset of anemia. The results show that the microcytic hypochromic anemia is the most common form shown.

Conclusion

Anemia is a public health problem in Morocco. Evidence from our study emphasize the need for the implementation of educational programs to improve the nutritional knowledge and awareness of women.

 

Introduction

La carence en Fer, avec l’anémie qu’elle provoque est aujourd’hui la maladie nutritionnelle la plus répandue dans le monde. Selon l’OMS l’anémie dans le monde touche 30,2 % des femmes en âge de procréer et 41,8% des femmes enceintes (Benoist et al., 2008). Ces effets sur la santé de l'individu sont multiples, se traduisant chez l'adulte par une diminution de la capacité physique (Gardner., et al 1977; FAO, 2013) et de la productivité (FAO, 2013; Basta et al., 1979).

Chez la femme enceinte, les anémies sévères peuvent augmenter le risque de mortalité maternelle au cours de la grossesse et de l’accouchement de 3,7 % à 12,8 % (Khan et al., 2006). L’anémie augmente également le risque de morbidité et de mortalité infantile de 4,3 % (Jones, 2003), de prématurité, et de faible poids du nourrisson à la naissance (Allen, 1997; Lone et al., 2004; Adam et al., 2007; Haggaz et al., 2010; Kidanto et al., 2009).

 Selon la  littérature 1,5 % des décès à travers le monde sont attribuables au déficit en fer (Badham et al., 2007). L’anémie est responsable du retard de développement mental de 40 à 60% des nourrissons dans les pays en développement (Black et al., 2003), et a des conséquences négatives majeures sur la santé humaine et le développement social et économique (FAO, 2013). Environ 20% des mortalités périnatales et 10% des mortalités maternelles dans les pays en développement seraient dues à la carence en fer (Stoltzfus et Dreyfuss, 1998).

Au Maroc, les rares enquêtes réalisées à l’échelle nationale ou régionale montre que l’anémie reste toujours un problème de santé surtout pour les femmes. La prévalence de l’anémie par carence en fer chez les femmes enceintes est de 37,2% et est de 32,6% chez les femmes en âge de procréer (MS, 2000).

Ainsi, le but de notre travail, est de déterminer la prévalence de l’anémie et ces formes morphologique dans la préfecture d’Oujda-Angad et d’examiner l’influence des paramètres sociodémographiques sur son incidence.

 

Matériels et Méthodes

Notre étude s’est déroulée dans la préfecture d’Oujda-Angad, la capitale de la région de l’oriental du Maroc, elle est située à la limite Nord-Est du Maroc, est sise à 12 Km de la frontière Algérienne et à 60 Km du littoral méditerranéen. La superficie s’étend sur 1714 Km² soit 2,06% de la superficie de la région de l’oriental. La préfecture se compose de 11 communes (3 urbaines et 8 rurales). La population est de l’ordre de 477 100, qui se localise dans le milieu urbain (86%),  dont 243 334 des femmes. Le taux d’analphabétisme au niveau de la Préfecture est de 30% (HCP, 2005). La région urbaine de la préfecture d’Oujda est considérée comme étant un centre administratif, commercial et industriel.

Les données de cette étude sont issues d’une enquête transversale, dans six centre de santé de la préfecture d’Oujda –Angad.

L’étude a porté sur 424 femmes en âge de procréer (âgées de 20 à 49 ans) seins et non enceints, sélectionnées de façon aléatoire pendant leur passage dans les différents bureaux des centres de santé (bureau de planification familiale, bureau de santé maternelle et infantile).

Les  femmes ont été envoyées dans un laboratoire d’analyses médicales privées, dans la ville d’Oujda pour réaliser un hémogramme.  L’anémie a été déterminée par le dosage du taux d’hémoglobine à travers la numération sanguine complète. L'anémie a été définie par un taux d’hémoglobine <120 g/l pour les femmes en âge de procréer.

Les hémogrammes ont été déterminés sur un appareil automatique (CELLTAC) qui donne des informations sur les globules rouges, les globules blancs, l’hémoglobine, hématocrite, le volume globulaire moyen (VGM), la concentration corpusculaire moyenne en hémoglobine CCMH) et la teneur corpusculaire moyenne en hémoglobine (TCMH). La formule sanguine a été réalisée manuellement sur un frottis fixé et coloré.

Nous avons exploité les indices érythrocytaires CCMH et VGM pour la classification des anémies.

 (Taux N= 30 à 35g/dl)

 

CCMH est normal dans l'anémie normochrome.

CCMH est bas dans l'anémie hypochrome.

 (Taux N= 80 - 98 μ3)

 

VGM est normal dans l'anémie normocytaire

VGM est bas dans l'anémie microcytaire

VGM est élevé dans l'anémie macrocytaire.

Les données sur le niveau socioéconomique et démographique ont été collectées à l’aide d’un questionnaire. Plusieurs variables ont été recueillies pour caractériser les femmes  enquêtées, notamment l’âge, la taille du ménage, le nombre des enfants, la profession, le niveau d’éducation, la profession du chef du ménage et le type de logement.

Les données de l’étude ont été saisies et analysées sur le logiciel SPSS version 20 pour Windows. Les résultats sont exprimés en moyenne écart-type ou en pourcentage. Les corrélations entre l’anémie et les différentes variables ont été évaluées par le test de Spearman. Le test de chi deux est utilisé pour comparer deux pourcentages. Le niveau de signification a été fixé à 0,05.  (p<0,05, est significative)

 

Résultats

Caractéristiques sociodémographiques

L’âge moyen des femmes enquêtées été de 34,14 ans ± 8,35 ans (tableau 1). Selon le tableau 2 la tranche d’âge de 20ans à 29 ans est la plus représenté (38,7%), plus de 30 % des femmes sont analphabètes, la plupart sont des femmes au foyer (96,8%) et la majorité sont mariée (96%). Pour les femmes mariées, environ 51,6% sont des mères de moins de 2 enfants. 71% des femmes vivent dans des ménages qui dépassent 5 personnes (Tableau 2).

 

Moyenne

Ecart type

Minimum

Maximum

Age (ans)

34,14

8,35

20

48

Taille (m)

1,61

0,06

1,47

1,96

Poids (Kg)

72,88

14,10

32

126,00

Tableau 1. Paramètres anthropométriques des femmes.

Table 1. Anthropometric parameters women

 

N

%

Age

20-29

164

38,7

30-39

151

35,5

40-49

109

25,8

Situation socioprofessionnelle

actif

50

11.79

inactif

374

88.21

Situation matrimoniale

célibataire

14

3,3

mariée

401

94,58

 

divorcé

9

2,12

Niveau d'étude

analphabète

78

18,40

primaire

169

39,86

secondaire

169

39,86

sup

8

1,88

Taille du ménage

1-4

219

53,7

>5

205

46,3

Nombre d'enfants

0

18

4,25

1-2

269

63,44

>3

137

32,31

Profession du chef du ménage

actif

383

90,33

inactif

41

9,67

Tableau 2. Caractéristiques sociodémographiques des femmes.

Table 2. Women demographics.

 

Données biologiques

Les paramètres de la lignée leucocytaire sont rapportés dans le tableau 3 et les paramètres de la lignée érythrocytaire sont rapportés dans le tableau 4.

Les corrélations entre les paramètres leucocytaires et érythrocytaires sont  représentées dans le tableau 5, les résultats montrent que l’hémoglobine et l’hématocrite sont associées positivement avec les neutrophiles (p=0,01).

 

Moyenne

Ecart type

Minimum

Maximum

Neutrophile

54,24

7,81

33,7

65,9

Eosinophile

2,92

1,46

1

6

Basophile

0,57

0,16

0

90

Lymphocyte

36,08

7,27

23

51,6

Monocyte

6,16

1,4

3,9

9,2

Tableau 3. Valeurs moyennes des paramètres de la ligne leucocytaire.

Table 3. Average values of the parameters of leukocyte

 

Moyenne

Ecart type

Minimum

Maximum

Globule rouge (M/mm 3)

6,63

0,25

3,98

5,08

Hémoglobine (g/dl)

13,23

1,32

9

15,3

Hématocrite (%)

39,19

3,38

29

45

VGM (fl)

84,43

5,73

71

93

TCMH (pg)

28,76

2,46

22

32

CCMH (%)

33,82

0,92

31

35

Tableau 4. Valeurs moyennes des paramètres de la ligne érythrocytaires.

Table 4. Average values of the parameters of the erythrocyte

 

L’anémie

La valeur moyenne (IC95%) de l’hémoglobine dans notre échantillon est de 13,24g/dl ± 1,34 g/dl, La valeur minimale est de 9 g/dl, et la valeur maximale est de 15,3 g/dl (tableau 4). La prévalence de l’anémie est de  16,1%.

La prévalence de l’anémie diminue avec l’âge (p=0,01), le taux le plus élevé est observer chez les femmes de 20 à 29 ans (60%) (tableau 6). On n’a pas trouvé une différence significative de la prévalence de l’anémie selon la situation matrimoniale des femmes (p>0,05). La prévalence de l’anémie est significative selon le nombre de grossesse (p=0,002) et le nombre d’enfants (p=0,005). Elle est plus élevée chez les femmes qui ont plus de 2 enfants. L’anémie et plus accentuée chez les femmes issues des ménages où le chef du ménage est inactive (p=0,006). La taille du ménage et le niveau d’étude des femmes n’ont pas d’effet sur la prévalence de l’anémie dans notre étude (tableau 6).

 

 

Leucocyte

Neutrophile

Hématie

R=0,20  p=0,04

Ns

Hémoglobine

R=0,35  p= 0,000

R=0,24  p=0,01

Hématocrite

R=0,33  p=0,001

R=0,24   p= 0,01

Plaquette

R=0,11  p>0,05

Ns

Tableau 5. Corrélation entre les paramètres leucocytaires et érythrocytaires.

Table 5. Correlation between leukocyte and erythrocyte parameters

 

N

%

p

Niveau d'étude

analphabète

113

26,66

0,1

primaire

198

46,66

 

secondaire

113

26,67

 

supérieur

0

0,00

 

Situation matrimonial

célibataire

85

20,00

0,000

Mariée

339

80,00

 

 

Veuf

0

0

 

 

divorcé

0

0

 

Profession du chef du ménage

actif

85

20

0,006

inactif

339

80

 

Taille du ménage

1-4

170

40,00

0,3

>5

254

60,00

 

Nombre d'enfants

0

85

20,00

0,005

1_2

254

60.00

 

>3

85

20.00

 

 

âge

20,29

226

53,33

0,01

 

30,39

141

33,33

 

 

40,49

57

13,33

 

 

Tableau 6. Corrélations entre l’anémie et les facteurs sociodémographiques.

Table 6. Correlations between anemia and sociodemographic factors

 

Classification de l’anémie (Tableau 7)

Classification des anémies selon le VGM: les anémies microcytaires représentent (87,9 %) suivies des anémies normocytaires (12,10%).

Classification des anémies selon le TCMH: les anémies hypochromes sont les plus fréquentes (88,6%) que les anémies normochromes (11,4%).

Classification des anémies selon le VGM et le TCMH: l’anémie hypochrome microcytaire est la plus nombreuses (88,57%) que l’anémie normochrome normocytaire 11,43%.

 

Prévalences (%)

Typologie
 de l'anémie

selon VGM

Microcytaire

87,9

Normocytaire

12,1

selon le TCMH

Hypochrome

88,6

Normochrome

11,4

selon VGM et TCMH

Normochrome Normocytaitre

11,43

Hypochrome microcytaire

88,57

Tableau 7. Prevalence of anemia according to its type, the corpuscular volume (VGM) and mean corpuscular hemoglobin (TCMH).

Table 7. Prevalence of anemia according typology according corpuscular volume (VGM) and mean corpuscular hemoglobin (TCMH).

 

Discussion

La malnutrition carentielle en vitamines et en minéraux, en particulier les carences en fer, vitamine A et iode, représente un problème majeur de santé publique en raisons de leurs prévalences enlevé et leurs conséquences négatives aussi bien sur la santé humaine que sur le développement social et économique (FAO, 2013).

L’anémie est définie comme un état pathologique dans lequel la teneur du sang en hémoglobine est inférieure à 12 g/dl chez les femmes non enceintes (OMS, 2001). Elle se produit à tous les stades du cycle de vie, mais elle est plus fréquente chez les femmes enceintes et les jeunes enfants. Les femmes en âge de procréer sont donc plus susceptibles à développer une anémie parce qu'elles ont plus besoin de fer pour des raisons diverses biologiques; les menstruations, les grossesses et l’allaitement etc.

Dans ce cadre, la présente étude a été menée dans l’objectif d’estimer la prévalence de l'anémie chez les femmes adultes entre 20 et 49 ans afin d’évaluer l’ampleur chez ces femmes  de ce problème en âge de procréer.

Au Maroc peu d’études se sont intéressées à la prévalence de l’anémie que ce soit au niveau nationale ou régionale. La dernière enquête réalisée au Maroc sur la prévalence de l’anémie par carence en fer revient à l’an 2000, les résultats de cette enquête montrent que la prévalence de l’anémie est de 32,6%  chez les femmes en âge de procréer (MS, 2003).  Par ailleurs, notre étude a révélé un pourcentage de 16,1%, ce résultat est similaire à celui enregistré par une enquête réalisée au niveau de Rabat-Salé (16,6%) (ElHsaïni et al., 2013). L’amélioration peut être explique par le programme de fortification nationale des farine en fer et vitamines B mené par le ministère de la santé.

Les prévalences affichées dans d’autres régions du Maroc ou dans quelques pays en développement montrent des disparités. Toutefois, il est difficile de comparer ces chiffres en raison de l’hétérogénéité des références ou des méthodes utilisées pour le dosage de l’hémoglobine, ou encore l’état sanitaire des femmes enquêtées.

La répartition par tranche d’âge montre que la moitié des femmes âgées de 20 à 29 ans sont anémiques alors qu’elle n’est seulement de 13,3% pour les femmes de 40 à 49 ans. Ce résultat est similaire à une étude réalisé dans la région d’El Gharb en 2009 (Aboussaleh et al., 2009). Cette prévalence peut être due à la fréquence de grossesse dans cet âge.

Par ailleurs le niveau d’instruction des femmes n’est pas associé à l’anémie selon nos résultats, ceci revient au fait que la plupart des femmes enquêtées sont analphabètes ou ayant seulement un enseignement primaire, résultats similaire ont été trouvés dans une autre étude réalisé au Maroc entre 2008 et 2010 et publié en 2013 (Agnes et al., 2013). Cependant, une étude réalisée dans la région de Kénitra a montré que la prévalence de l’anémie diminue avec le niveau d’études des femmes (Aboussaleh et al., 2009).

De même, nous n’avons pas trouvé une association entre l’anémie et l’état matrimoniale, ce même résultat a été montré dans l’étude réalisée au Maroc et en Tunisie (Agnes et al., 2013). Dans notre cas cela peut être expliqué par le pourcentage très élevé des femmes mariées dans notre échantillon (96,3%). Cependant, on a montré que le risque de développer l’anémie est plus élevé chez les femmes à 3 enfants ou plus que chez les femmes de moins à 2 enfants. Ceci est en accord avec les résultats Agnes et ses collaborateurs en 2013 (Agnes et al., 2013).  La multiparité peut induire une anémie en réduisant les réserves maternelles en fer à chaque grossesse à cause de la perte du sang  au cours de l’accouchement. Par ailleurs, il a été montré qu’au cours de la grossesse, l’anémie est principalement liée à une carence en fer (Adelekan et Adeodu, 1998; Marchant et al., 2002), les femmes enceintes anémiques ont un risque plus élevé d’accoucher un nourrisson de faible poids à la naissance (Adam et al., 2007; Haggaz et al., 2010; Kidanto et al., 2009). Les besoins en fer pour les femmes enceintes ne peuvent pas être couverts uniquement par sources alimentaires (Lone et al., 2004). Par conséquent, des suppléments quotidiens en fer et d’acide folique ont été recommandés universellement (Stoltzfus et Dreyfuss,1998).

La situation socioprofessionnelle du chef de ménage est significativement corrélée à l’installation de l’anémie chez les femmes. Ainsi, la prévalence de l’anémie est faible lorsque le chef du ménage possède une profession, même résultat observé par El Hssaini et ses collaborateurs en 2013 (ElHsaïni et al., 2013). En effet, le niveau socioéconomique élevé permet l’accès des ménages à une alimentation équilibrée et riche en fer et en vitamines. L’OMS a montré que la consommation de viande (source de fer héminique) s’accroit dans les PED grâce à l’augmentation des revenus (OMS, 2003).

Les corrélations entre les paramètres érythrocytaire et leucocytaire montre que l’hémoglobine et l’hématocrite sont corrélés positivement avec les neutrophiles, ces résultats ont été trouvés également dans une étude mené dans la région de Kénitra (ElHioui et al., 2006). Les neutrophiles sont les premières barrières de défense immunitaire lors de l’introduction d’un agent pathogène dans l’organisme (bactérie, champignon, molécules endogènes). L’anémie diminue donc l’immunité dans le corps humain ce qui augmente le risque des infections (Berger, Dillon 2000).

Nous avons constaté que la plupart des anémies morphologiques sont microcytaires hypochromes (88,57%), et 11,43 % sont normocytaires normochromes. Les anémies microcytaires sont les plus fréquentes dans notre échantillon 87,90% ces résultats sont similaires à d’autre études au Maroc  (MS, 2000; ElHioui et al., 2006). 

L’anémie hypochrome microcytaire est la forme la plus observé dans notre échantillon. Selon la littérature cette forme d’anémie est en relation avec l’anémie ferriprive et inflammatoire. Il est généralement admis que 50 % des cas de l'anémie est due à une carence en fer (OMS, 2006). Dans les pays en développement, l’anémie est causée principalement par la carence en fer (Berger, Dillon 2002).

L’anémie ferriprive pourrait être due soit à une insuffisance de l’apport en fer ou bien à une mauvaise absorption de cet élément au niveau intestinal.

Il est largement connu que le fer existe dans plusieurs type des aliments que ce soit les végétaux ou les animaux. Seulement la forme la plus facilement absorbée est celle présente dans les viandes (Fer héminique). Nous avons observé que la plupart des femmes enquêtées mange les viandes une à deux fois par semaine. De ce fait, une alimentation pauvre en viandes peut provoquer une anémie, en effet certaines études ont montré que la faible consommation de viande est associée à l’anémie (Wolmarans et al., 2003; Baig-Ansari et al.,2008). Au Maroc, les gens mangent généralement peu de viande (11 Kg/habitant/ans) (FAO, 2009) par rapport aux pays développés ou la consommation atteint 82 Kg/habitant/ans (FAO, 2009).

Les marocain consomme à la moyenne 213g des fruits et légumes par jours qui reste faible aux recommandations de l’OMS (Edwidg, 2012), ces aliments sont très riche en minéraux et surtout en vitamine telle que la vitamine C qui augment l’absorption du fer au niveau de l’intestin qui peu participé à l’anémie nutritionnelle. Les régimes qui dépendent fortement des céréales peuvent également contribuer à la carence en fer et en zinc du fait de l'effet inhibiteur des niveaux élevés d'acide phytique souvent trouvé dans ces agrafes sur l'absorption des oligo-éléments (Bo Lonnerdal, 2000; Qianyi et al., 2012).

D’autre part, la présence des inhibiteurs de l'absorption du fer comme les phytates ou les phénols, très présents dans les aliments d'origine végétale, ou bien l'absence des promoteurs de cette absorption telle que la vitamine C participent au développement de l’anémie (Wolmarans et al., 2003). L’une des caractéristiques des habitudes alimentaire des marocains et la présence du pain: c’est un élément essentiel sur la table « le pain servant de fourchette ». La consommation du pain lors des repas surtout en présence des aliments riches en fer, peut inhiber l’absorption de cet élément à cause des phytates qu’il contient. De plus, le thé, boisson la plus consommé au Maroc est très riche en phénol qui peut également réduire l’absorption du fer, en effet, certaines études ont associé la consommation du thé à l’anémie (Baig-Ansari et al., 2008; FAO, 2009)  alors que d’autres montrent que le thé réduit l’absorption du fer mais n’influence pas les réserve en fer dans le corps (Zijp et al., 2000; Mennen et al., 2007). En outre,  la plupart des femmes enquêtées consomment les fruits (source  principale de vitamine C) après les repas, ceci augmente le risque de la détérioration de la vitamine C dans l’estomac par l’acidité gastrique et diminue l’absorption du fer au niveau du duodénum surtout pour le fer non héminique.

Toutes ces mauvaises habitudes alimentaires pourraient donc contribuer à l’installation de l’anémie ferriprive.

Nos modes de consommation sont largement influencés par notre lieu de résidence, et par la persistance des poches de pauvreté au Maroc qui est corrélé avec le retard de croissance (HCP, 2011). En outre, des disparités s’opèrent au sein même des couches sociales de la population.

 

Conclusion.

L’anémie est un problème de santé publique au Maroc. Dans le but de réduire ce problème de santé au Maroc, le ministère de la santé a développé un programme nutritionnel national de lutte contre les carence en micronutriments impliquent la fortification des farine en fer et vitamines B (thiamine, riboflavine, niacine et acide folique) et la supplémentation en fer et acide folique pour les femmes enceintes. (MS, 2003). Les preuves apportées par notre étude soulignent la nécessité de la mise en œuvre des programmes éducatifs visant à améliorer la connaissance nutritionnelle et la sensibilisation des mères et les travailleurs de la santé.

 

Remerciements. Nos remerciements à M. le Directeur Régional de la Santé, M. le Délégué de la Délégation de la Santé de la Préfecture d’Oujda-Angad et tout le personnel des Centres de Santé qui ont contribués de près ou de loin à cette étude est pour leurs aides pour la collecte des données de cette étude. Nos remercient également l’Équipe de la Transition Alimentaire et Nutritionnelle (ETAN), Laboratoire des Essais Biologique, Département de Biologie, Faculté des Sciences, Université Ibn Tofail.

 

Références

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Allen LH, 1997. Pregnancy and iron deficiency: Unresolved issues. Nut Rev. 55:91-101

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