Belarbi, N., Rhalem, N., Soulaymani, A., Hami,
H., Mokhtari, A., Soulaymani Bencheikh, R., 2013. Intoxication par l’Atractylis
gummifera-L au Maroc (1992-2008) . Antropo, 30, 97-104.
www.didac.ehu.es/antropo
Intoxication par l’Atractylis
gummifera-L au Maroc (1992-2008)
Poisoning by Atractylis gummifera-L in Morocco
(1992-2008)
N. Belarbi1,
N. Rhalem1,2, A. Soulaymani1, H. Hami1,
A. Mokhtari1, R. Soulaymani Bencheikh2,3
1 Laboratoire de
Génétique et Biométrie, Faculté des Sciences, Université Ibn Tofail, Kénitra,
Maroc.
2 Centre Anti-Poison et de
Pharmacovigilance du Maroc, Rabat, Maroc.
3 Faculté de
Médecine et de Pharmacie, Université Mohammed V, Rabat, Maroc.
Auteur chargé de la correspondance: Belarbi Nihad, Université
Ibn Tofaïl, Faculté des Sciences, Département de Biologie, Laboratoire
de Génétique et Biométrie, BP 133 Kénitra 14000 Maroc, E-mail:
nihadbelarbi@yahoo.com
Mots clés: Atractylis gummifera-L., Intoxication, Population marocaine.
Keywords: Atractylis gummifera-L.,
Poisoning, Moroccan population.
Résumé
La flore marocaine compte de nombreuses plantes d’intérêt
médicinal. L’Atractylis gummifera-L
est l’une des plantes qui sont responsables du problème d’intoxication au
Maroc.
L’objectif de cette étude était de décrire les caractéristiques épidémiologiques des intoxiqués par l’Atractylis gummifera-L au sein de la population marocaine pendant la période allant de 1992 à 2008 en se basant sur les données du Centre Anti-Poison et de Pharmacovigilance du Maroc (CAPM). Durant cette période, 344 cas d’intoxication ont été déclarés dont 68 sont décédés. L’âge moyen des intoxiqués était de 16,2±13,38 ans. Le sex-ratio (F/H) était de 1,25.
Abstract
The Moroccan flora has many plants of medicinal interest. The Atractylis gummifera-L is one of the
plants that are responsible for the problem of poisoning in Morocco.
The objective of this study
was to describe the epidemiological characteristics of intoxicated subjects by Atractylis gummifera-L within the
Moroccan population during the period 1992 to 2008 based on data from the
Moroccan Center of Poison Control and Pharmacovigilance (CAPM). During this
period, 344 cases of poisoning have been reported of which 68 died. The mean
age of intoxicated subjects was 16.2±13.38 years. The sex ratio (F/M) was 1.25.
Introduction
On estime environ 20.000 le nombre d'espèces de plantes
utilisées dans le monde pour des fins alimentaires, cosmétiques, chimiques,
pharmaceutiques, thérapeutiques et agro-alimentaires.
Parmi les 40.000 espèces végétales existantes au Maroc, plus
de 280 plantes sont actuellement exploitées (Hmamouchi, 1999). Les plantes
toxiques comprennent des plantes vénéneuses et hallucinogènes, et sont capables
de provoquer des symptômes graves même lorsqu’elles sont consommées en faible
quantité, causant des perturbations des métabolismes des différents organes et
pouvant provoquer la mort (Bouzidi et al,
2001). Les principales plantes ayant provoqué des intoxications au Maroc, selon
leur ordre de toxicité sont:
Chardon à glu: Atractylis gummifera (Addad),
Harmel: Peganum harmala (Hermal),
Datura: Datura stramonium (Chdeq-jmel),
Lavande,
Tabac (petit): Nicotiana rustica (Taba),
Coloquinthe: Citrullus colocynthis (Hdej),
Champignons,
Ricin: Ricinus cummunìs (Kharwâ),
Chanvre indien: Cannabis sadva (Kif),
Thym: Thymus vulgaris (Azzâtra),
Belladone: Atropa belludona (Belaydour),
Laurier rose: Nerium oleander (Defla),
Mandragore: Mandragora autumnalis (bayd al ghal) (Hmamouchi,
1999).
L’objectif de la présente étude est de décrire les
caractéristiques épidémiologiques de l’intoxication par l’Atractylis
gummifera-L. au sein de la population
marocaine pendant la période allant de 1992 à 2008 en se basant sur les données
du Centre Anti-Poison et de Pharmacovigilance du Maroc (CAPM).
Données
et méthodes
Il s’agit d’une étude rétrospective sur une durée de 16 ans,
allant de 1992 à 2008, qui concerne tous les cas d’intoxications par la plante Atractylis
gummifera-L déclarés au CAPM. Les supports de données utilisés dans cette
étude sont les fiches de toxicovigilance qui sont remplies par le médecin ou
l’infirmier chargé du malade et les dossiers médicaux qui sont mis en place au
service de l’information toxicologique au niveau du CAPM. Les données analysées
concernent 344 cas d’intoxications. Les variables étudiés concernent les
caractéristiques du patient intoxiqué (moyen d’âge, sexe, tranche d’âge), les
caractéristiques de l’intoxication (milieu, lieu province, circonstances, voie,
type d’intoxication, gradation, évolution). L’influence de ces différents
facteurs sur le pronostic vital des personnes intoxiquées sera également
analysée et discutée. L’analyse concerne également les indicateurs de santé
(Incidence qui est le nombre de cas d’intoxication par la population de la
région, Létalité qui représente le nombre de cas de décès par le nombre de cas
d’intoxication, et Létalité spécifique à un facteur donné). Aussi, nous avons
déterminé les liaisons éventuelles entres les différentes variables par le test
χ² de contingence pour nous permettre de savoir si une différence entre
certaines variables est significative et le risque relatif (RR) des variables à
deux modalités: sexe, milieu, âge, type d’intoxication et état clinique.
Résultats
L’Atractylis gummifera L. est une plante appartenant
à la famille des Astéracée, son nom en français est chardon à glu et les Arabes
la dénomment Addad (Haddad, Dad), en berbère c’est Chouk-El-Eulk, Aghfyoun.
C’est une Plante herbacée, épineuse et odorante, vivace par
sa partie souterraine et ressemble fortement à l’artichaut sauvage (Guernina).
Elle a une tige (1m) d’où s’épanouissent des feuilles très épineuses et
profondément découpées. Son latex est blanc jaunâtre qui exsude du
capitule. Desséché, il constitue une masse sphérique de couleur gris noirâtre. Le
fruit est akène velu,
ellipsoïdal et surmonté d’une aigrette blanche. Sa partie souterraine est constituée d’un rhizome flexueux et des racines
pivotantes. (Bensalah et al, 2001)
L’Atractylis gummifera-L se trouve dans tout le
Maroc sauf dans les régions désertiques ou aride et l’anti atlas. (Charnot,
1945)
La toxicité du chardon à glu est liée à deux substances,
l’atractylate de potassium, et la gummiférine, qui sont capables d’inhiber la
phosphorylation oxydative mitochondriale et le cycle de Krebs (Larrey, 1997; Stedman,
2002). Les intoxications ont été observées principalement dans trois
circonstances: 1- lors d’utilisation du chardon à glu comme plante médicinale
en raison de ses propriétés anti-pyrétiques, diurétiques, abortives, purgatives
et émétiques (Hmamouchi, 1999; Mouhib & El Omari, 1988); 2-lorsque les
enfants utilisent la substance blanchâtre sécrétée par la plante et ressemblant
à de la glu comme chewinggum; 3- lorsqu’il existe une confusion entre le
chardon à glu et l’artichaut sauvage. (Bellakhdar, 1997; Becker, 1995)
Mécanisme
d’action toxique
Les Inhibiteurs de la phosphorylation oxydative s’opposant à
la formation de l’ATP à partir d’ADP.
L’atractyloside: compétition avec
l’ADP au niveau de l’adénosine nucléotide translocase.
Le carboxytractyloside: Inhibiteur de la
transformation de l’ADP en ATP.
Caractère non compétitif (Ben Salah et al, 2001).
Figure 1. Echange ATP/ADP à travers la membrane
mitochondriale (Megueddem et Djafer, 2002).
Figure 1. Exchange ATP/ADP across the mitochondrial
membrane (Megueddem et Djafer, 2002).
Durant la période d’étude (1992- 2008), 344 cas
d’intoxications par l’Atractylis gummifera-L sont déclarés au Centre
Anti-Poison et de Pharmacovigilance du Maroc dont 68 de décès.
Les caractéristiques de la population intoxiquée et de
l’intoxication sont reportées au tableau 1.
D’après les résultats du Tableau 1, l’âge moyen des intoxiqués était de 16,2±13,38 ans. La tranche d’âge la plus touchés était celle des enfants moins de 15 avec 64,65%. Le sex-ratio (F/H) était de 1,25.
La circonstance accidentelle était la plus fréquente avec 81,57% des cas et il s’agissait des intoxications collectives avec 54,15%, alors que 45,85% des cas d’intoxications sont isolés.
La voie orale était prépondérante, avec 97,67% des cas. Le grade
de gravité était égal à 3 dans 31,48% des cas.
Le tableau 2 présente les symptômes des intoxiqués qui sont
issus à la consommation de la plante Atractylis gummifera-L.
L’intoxication par l’Atractylis
gummifera-L se manifeste par des symptômes digestifs qui sont dominants avec 161 cas telques les diarrhées, les
vomissements, les douleurs et ballonnement abdominal, l’hématémèse,
l’hémorragie intestinale et méléna. Puis les signes
neurologiques (104 cas) avec un coma de stade 1,2 et 4, les céphalées,
les vertiges, … Ensuite, les troubles
cardio-vasculaires avec 44 cas (tachycardie, hypertension artérielle,
accélération du pouls, irrégularités tensionnelles, collapsus terminal), et
aussi les troubles respiratoires avec 43 cas (dyspnée, bronchospasme et
cris, hypersécrétion, encombrement), enfin, une
atteinte rénale (insuffisance rénale bénigne avec élévation de la créatinine,
hématurie, oligurie ou anurie).
Les facteurs de risque
Le tableau 3 représente l’influence des différents facteurs sur le pronostic vital des intoxiqués.
Après avoir déterminé les liaisons éventuelles entres les
variables à deux modalités (sexe, milieu, âge, type d’intoxication et état
clinique) par le test χ² de contingence et le risque relatif, nous pouvons
conclure que l’âge les circonstances le milieu et l’état clinique sont les
facteurs qui présentent une différence
hautement significative avec respectivement un RR de 24,615 (IC 95%: 5,791-104,632); 0,057
(IC 95%: 0,008-0,426); 0,360 (IC 95%:
0,110-1,184) et 2,508 (IC 95%: 1,308-4,807).
Le sexe présente une différence significative avec un RR de 1,536 (0,835-2,828). Donc, l’âge les circonstances
le milieu l’état clinique et le sexe sont des facteurs significativement liés au décès.
Indicateurs de santé
L’évolution des indicateurs de santé: incidence, létalité
spécifique et mortalité par l’Atractylis gummifera-L au Maroc en
fonction des années (1994 à 2008) sont reportés au tableau 4.
D’après le tableau 4, l’incidence le plus fort des
intoxications par l’Atractylis gummifera-L au Maroc (1,97 E-03‰) a été enregistrée en 1996 et le
plus faible est (1,77 E-04‰) en
1999 cela pourrait être du à la création du Centre Anti Poison et de
Pharmacovigilance du Maroc et aux déclarations prépondérantes durant cette
année.
Globale |
Evolution |
Létalité |
|||
Effectif |
Fréquence |
Guérison |
Décès |
||
N, nombre de cas |
344 |
- |
161 |
68 |
29,69 |
Age moyen: 16,2±13,38 ans |
344 |
100,00 |
161 |
68 |
29,69 |
≤ 15 ans |
214 |
64,65 |
83 |
62 |
42,75 |
> 15 ans |
117 |
35,35 |
74 |
2 |
2,63 |
Non précisé |
13 |
- |
4 |
4 |
50,00 |
Sexe: Le sex-ratio(F/H)=1,25 |
344 |
100,00 |
161 |
68 |
29,69 |
Féminin |
180 |
55,56 |
99 |
31 |
23,84 |
Masculin |
144 |
44,44 |
60 |
30 |
33,33 |
Non précisé |
20 |
- |
2 |
7 |
77,77 |
Circonstances |
344 |
100,00 |
161 |
68 |
29,69 |
Accidentelles |
270 |
81,57 |
115 |
66 |
36,46 |
Volontaires |
55 |
16,62 |
35 |
1 |
2,77 |
Pharmacovigilance |
6 |
1,81 |
4 |
- |
|
Non précisé |
13 |
- |
7 |
1 |
12,50 |
Type intoxication |
344 |
100,00 |
161 |
68 |
29,69 |
Collective |
111 |
54,15 |
47 |
29 |
38,15 |
Isolée |
94 |
45,85 |
44 |
12 |
21,42 |
Non précisé |
139 |
- |
70 |
27 |
27,83 |
Voie d’intoxication |
344 |
100,00 |
161 |
68 |
29,69 |
Cutanée |
6 |
1,75 |
2 |
- |
- |
Inhalation |
1 |
0,29 |
1 |
- |
- |
Orale |
335 |
97,67 |
158 |
68 |
20,29 |
Percutanée |
1 |
0,29 |
- |
- |
- |
Non précisé |
1 |
- |
- |
- |
- |
Gradation |
344 |
100,00 |
161 |
68 |
29,69 |
Grade 0 (Néant) |
66 |
24,44 |
56 |
- |
- |
Grade 1 (Mineur) |
9 |
3,33 |
7 |
- |
- |
Grade 2 (Modéré) |
61 |
22,59 |
37 |
1 |
1,63 |
Grade 3 (Sévère) |
85 |
31,48 |
16 |
26 |
30,58 |
Grade 4 (Fatal) |
41 |
15,19 |
- |
41 |
100,00 |
Ingradable |
8 |
2,96 |
4 |
- |
- |
Non précisé |
74 |
- |
41 |
- |
- |
Tableau 1.
Caractéristiques épidémiologiques de la population étudiée.
Table 1. Epidemiological
characteristics of the studied population.
Signes cliniques |
Types de signes |
Effectif |
Fréquence |
Digestifs |
Nausées et Vomissements |
103 |
63 |
Douleurs
digestifs |
13 |
8 |
|
Douleurs
abdominales |
8 |
4 |
|
Hématémèse;
Hémorragie intestinale et méléna |
4 |
2 |
|
Hépatite;
Hoquet; Douleur de la gorge; Sialorrhée; Syndrome extrapyramidal;
Hallucinations |
1 |
0,62 |
|
SHD-Autres |
16 |
9 |
|
Autres |
3 |
1 |
|
Brulures de
l’estomac; Obnubilation |
2 |
1 |
|
Neurologiques |
Coma stade1 |
40 |
38 |
Céphalées |
15 |
14 |
|
Vertiges |
10 |
9 |
|
Somnolence
obnubilation |
16 |
15 |
|
Agitation |
6 |
5 |
|
Coma stade4 |
5 |
4 |
|
Coma stade2;
Asthénie; Convulsions et crises cloniques; Ebriété |
2 |
1 |
|
Déficit moteur;
Hypertonie généralisée; Hypotonie; Trouble de conscient |
1 |
0,96 |
|
Cardiovasculaires |
Tachycardie |
16 |
36 |
SVC-Autres |
14 |
31 |
|
Hypertension
Artérielle; Trouble du rythme |
3 |
6 |
|
Arrêt
cardiaque; Bradycardie; Hypotension; Pouls accéléré; Pouls ralentis;
Collapsus; Tension artérielle augmenté et diminué. |
1 |
2 |
|
Respiratoires |
Dyspnée |
19 |
44 |
Détresse
respiratoire |
14 |
32 |
|
Bronchospasme
et cris; Hypersécrétion; Encombrement |
2 |
4 |
|
Trouble du
rythme; Polypnée; Gène respiratoire; SR-Autres |
1 |
2 |
|
Neurovégétatifs |
Mydriase |
7 |
53 |
Myosis |
4 |
30 |
|
Cécité; Autres |
1 |
7 |
|
Rénaux |
Insuffisance
Rénale; Autres |
3 |
42 |
Oligurie |
1 |
14 |
|
Cutanéo-muqueux |
Cyanose;
Douleur localisée; Eruption; Irritation cutanée; Autres |
1 |
0,2 |
Psychiques |
Agitation;
Excitation |
2 |
66 |
Hallucination |
1 |
33 |
|
Etat Vigilance |
Conscient |
2 |
100 |
Ostéo-Tendineux |
Hypoglycémie;
Myalgie |
1 |
50 |
Tableau 2. Signes
cliniques des intoxiqués.
Table 2. Clinical symptoms of
intoxication.
Guérison |
Décès |
χ² |
p |
RR |
IC 95% |
|
Milieu |
||||||
Urbain |
45 |
7 |
11,560 |
0,001 |
0,360 |
0,110-1,184 |
Rural |
17 |
10 |
||||
Sexe |
||||||
Féminin |
99 |
31 |
4,000 |
0,046 |
1,536 |
0,835-2,828 |
Masculin |
60 |
30 |
||||
Tranche d’âge |
||||||
≤ 15 ans |
83 |
62 |
28,420 |
<0,001 |
24,615 |
5,791-104,632 |
> 15 ans |
74 |
2 |
||||
Type d’intoxication |
||||||
Isolée |
44 |
12 |
1,410 |
0,235 |
1,715 |
10,746-3,946 |
Collective |
47 |
29 |
||||
Circonstances |
||||||
Accidentelles |
115 |
66 |
141,55 |
<0,001 |
0,057 |
0,008-0,426 |
Volontaires |
35 |
1 |
||||
Etat clinique |
||||||
Symptomatique |
90 |
52 |
25,680 |
<0,001 |
2,508 |
1,308-4,807 |
Asymptomatique |
71 |
16 |
Tableau 3.
Facteurs de risque en fonction des caractéristiques de l’intoxiqué et de
l’intoxication.
RR: Risque relatif. IC95%: Intervalle de confiance à 95%.
P≤0,001: Différence
hautement significative. 0,001≤P<0,01:
Différence très significative. 0,01≤P<0,05:
Différence significative. p>0,05:
Différence non significative
Table 3. Risk factors according
to the characteristics of intoxicated and intoxication.
RR: Relative risk. 95% IC: Confidence interval at 95%. P≤0.001: Highly significant
difference. 0.001≤P<0.01:
Very significant difference. 0.01≤P<0.05:
Significant difference. p>0.05: Non significant difference
Année |
Décès |
Effectif |
Population |
LS(%) |
Mortalité(‰) |
Incidence(‰) |
1992 |
9 |
25 |
- |
36,00 |
- |
- |
1993 |
10 |
48 |
- |
20,83 |
- |
- |
1994 |
1 |
10 |
25926000 |
10,00 |
3,86e-05 |
3,86e-04 |
1995 |
8 |
23 |
26386000 |
34,78 |
3,03e-04 |
8,72e-04 |
1996 |
12 |
53 |
26848000 |
22,64 |
4,46e-04 |
1,97e-03 |
1997 |
4 |
16 |
27310000 |
25,00 |
1,46e-04 |
5,86e-04 |
1998 |
- |
10 |
27775000 |
- |
- |
3,60e-04 |
1999 |
1 |
5 |
28238000 |
20,00 |
3,54e-05 |
1,77e-04 |
2000 |
1 |
14 |
28705000 |
7,14 |
3,48e-05 |
4,88e-04 |
2001 |
4 |
8 |
29170000 |
50,00 |
1,37e-04 |
2,74e-04 |
2002 |
11 |
27 |
29631000 |
40,74 |
3,71e-04 |
9,11e-04 |
2003 |
2 |
32 |
30088000 |
6,25 |
6,65e-05 |
1,06e-03 |
2004 |
1 |
29 |
30541000 |
3,45 |
3,27e-05 |
9,50e-04 |
2005 |
- |
7 |
30991000 |
- |
- |
2,26e-04 |
2006 |
1 |
8 |
31412000 |
12,50 |
3,18e-05 |
2,55e-04 |
2007 |
1 |
12 |
31886000 |
8,33 |
3,14e-05 |
3,76e-04 |
2008 |
2 |
17 |
32330000 |
11,76 |
6,19e-05 |
5,26e-04 |
Total |
68 |
344 |
437237000 |
|||
Moyenne |
29149133 |
Tableau 4. L’évolution
des indicateurs de santé.
Table 4. The evolution of
health indicators.
Le taux de mortalité le plus élevé est enregistré en 1996 avec (4,46e-04‰) et le moins élevé est (3,14e-05‰) en 2006 et 2007.
Le taux de létalité spécifique le plus élevé était de 50,00% en 2001 et le moins élevé est de 7,14 en 2000.
Discussion
L’intoxication par les plantes au Maroc est à l’origine d’une mortalité importante et elle
représente 5,1% des intoxications en dehors des piqûres et envenimations
scorpioniques (Rhalem et al, 2010). En
France, les plantes représentent 5% des agents en cause dans les intoxications,
en Italie 6,5%, en Turquie 6% (Oztekin-Mat, 1994) et aux Etats-Unis,
l’intoxication par les plantes occupe le 4ème rang des empoisonnements courants
et concerne des enfants dans 44 % des cas (Krenzelok et al, 1996). En Tunisie la flore locale
comporte environ 2200 espèces de plantes (Hamouda et al, 2000;Pottier Alapetite, 1981)
dont 478 pouvant avoir un usage médicinal (Boukef, 1986; Le Floch, 1981).
L’Atractylis gummifera-L est
l’une des plantes les plus toxiques au Maroc avec un taux de létalité de 29,69%. Selon Skalli S et Soulaymani R en 1999, il
s’agit surtout des intoxications accidentelles, fréquentes et collectives chez
les enfants du milieu rural. La mentalité et la pauvreté constituent les
principaux facteurs qui causent les intoxications accidentelles (81,57% des
cas). Chez l’enfant soit la curiosité qui pousse à découvrir les différentes parties des plantes,
particulièrement les fleurs et les fruits, avec les mains, et surtout avec la bouche (Bouzidi et
al, 2001) soit par confusion avec un végétal comestible. (Bellakhdar, 1997)
En Tunisie, il s’agit régulièrement (21 cas) d’une
intoxication accidentelle, souvent collective (47 %) chez des enfants d’une
même fratrie, se produisant au printemps dans une zone rurale et montagneuse (Ben
Salah et al, 2001).
D’après les données analysées durant la période d’étude
(1992-2008), 344 cas ont été déclarés au CAPM dont 68 de décès issus pour la
majorité de zone rurale. En comparaison avec les résultats obtenus par Hind H et al en 2011, le nombre de décès a été diminué
de 98 à 68 ce qui explique l’évolution des responsables de la santé et le rôle
important du CAPM.
Les victimes de l’intoxication par l’Atractylis
gummifera-L. sont essentiellement des enfants âgés moins de 15 ans avec
64,65% des cas, Ceci est concorde avec les résultats obtenus dans l’Est de
l’Algérie avec 86,25% des cas (Bouzidi et
al, 2001). La plupart des intoxications sont collectives avec 54,15%.
Les patients intoxiqués par le chardon à glu, présentent des
symptômes digestifs (161 cas) sous forme des douleurs abdominales, des
vomissements et nausées, douleurs digestifs, hématémèse… puis des symptômes
neurologiques (104 cas) qui se manifestent par un coma stade 1, les céphalées, les
vertiges…), ensuite et avec 44 cas les signes cardiovasculaires et
respiratoires. Les symptômes neurovégétatifs, rénaux, cutanéo-muqueux viennent en
dernière classe avec respectivement 13,7,5 cas. Ces résultats sont conformes
avec celles indiqués par Lemaigre et al
en 1975 & Hind et al, en 2010.
La toxicité d’Atractylis
gummifera-L d’après plusieurs études, est liée à deux substances, l’atractylate de potassium, et la gummiférine,
qui sont
des inhibiteurs de la phosphorylation oxydative s’opposant à la formation d’ATP
à partir d’ADP au niveau des organites intracellulaires et en particulier au
niveau des mitochondries et du réticulum endoplasmique et conduisant au maximum
à la nécrose cellulaire. Les cellules les plus vulnérables étant celles des
parenchymes à haut niveau métabolique comme ceux du foie, du rein, du pancréas,
du myocarde, etc. (Ben Salah et
al, 1995; Ben Salah, 1998; Stewart
& Steenkamp, 2000).
D’autre part, l’emploi de la plante à des fins
thérapeutiques, car la racine d’Atractylis gummifera-L. est utilisée
dans de nombreuses préparations. On l'écrase pour en faire des pansements
appliqués sur abcès, furoncles et chancres syphilitiques (Bellakhdar, 1997); en
tisane, un fragment gros comme une noix provoque l'avortement; en plus faible
quantité on l'utilise pour faciliter l'accouchement (Mouhib & El Omari,
1988) ou comme purgatif et vomitif (Bellakhdar, 1997).
Conclusion
L’intoxication par l’Atractylis gummifera-L au Maroc touche
principalement les enfants qui appartiennent à la tranche d’âge
inférieure à 15 ans et qui est généralement accidentelle et se déroule dans les
zones rurales. Ceci est dû au manque
d'information de la population en ce qui concerne la toxicité des plantes et la
nécessité d'assurer la valeur de
la thérapeutique naturelle en informant le public sur les risques de
l'information non contrôlée.
Nous voulons souligner que le nombre de décès par l’Atractylis
gummifera-L au Maroc a été diminué depuis 1992 à 2008 car le public et les professionnels de la santé connaissent mieux le
centre Anti-Poison et ont plus souvent recours à ses services.
La mise en garde contre l’intoxication par l’Atractylis
gummifera-L par des informations massives à l’école, la télévision et dans
la presse quant à la nature et au danger de la plante et de ses principes
actifs, est indispensable pour une diminution des intoxications.
Une meilleure connaissance de ces plantes toxiques permettrait
une bonne maîtrise de l’intoxication et une meilleure prise en charge du
patient.
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