Kokoré, B.A., Bleyere, M.N., Ehile, E.E., Yapo, P.A., 2013. L’anémie nutritionnelle chez les écoliers de trois
communes du district d’Abidjan en Côte d’Ivoire. Antropo, 29, 49-56. www.didac.ehu.es/antropo
L’anémie nutritionnelle
chez les écoliers de trois communes du district d’Abidjan en Côte d’Ivoire
Nutritional
aneamia among schoolchildren in three communes in the district of Abidjan in Côte
d'Ivoire
Baudouin
Angoua Kokoré1,2, Mathieu
Nahounou Bleyere1, Etienne Ehouan Ehile1, Paul
Angoue Yapo1
1 Laboratoire de
Physiologie, Pharmacologie et Phytothérapie (UFR des Sciences de la Nature).
Université d’Abobo-Adjamé
2 Laboratoire de
Biologie. Institut de Santé Publique de Côte d’Ivoire (INSP-CI)
Correspondant: Kokoré
Baudouin Angoua, E-mail: angouabaudouin@yahoo.fr. 02 BP 801 Abidjan 02, Tel: +225-05-508-436;
+225-02-404-092
Mots clés: anémies,
prévalence, typologie, anthropométrique, écoliers, sociodémographique
Keywords: anemia, prevalence, typology, anthropometric, schoolchildren,
sociodemographic
Résumé
En Côte d’Ivoire, comme dans la majorité
des pays en voix de développement, l’anémie constitue un problème de santé
publique. Elle a des conséquences majeures aussi bien sur la santé que sur le
développement économique et social.
Objectif. La présente étude a pour but de
déterminer la prévalence de l’anémie, la typologie dans une population scolaire
et d’étudier les facteurs de risque associés.
Méthodes. L’étude a porté sur 310 enfants
(172 filles et 138 garçons) âgés de 5 à 11 ans dans trois communes du district
d’Abidjan. La détermination des
paramètres hématologiques de la numération formule sanguine a été effectuée et
des mesures anthropométriques ont été prises chez les écoliers.
Un questionnaire a été développé pour obtenir des informations sur le statut
socio-économique et démographique des ménages tels que la taille de ménage, le
rang dans la fratrie et le niveau d’éducation et la profession des parents.
Résultats. La prévalence de l’anémie
(hémoglobine <11,5 g/dL) est de 30,3% dont 14,2% chez les garçons et 16,1% chez les
filles sans différence significative selon le sexe. Dans l’ensemble
l’insuffisance pondérale et l’insuffisance staturale sont respectivement de
15,5% et 5,8% sans lien avec l’anémie. Les facteurs sociodémographiques comme
le niveau d’instruction du père et la taille du ménage sont des facteurs de
risque de l’anémie.
Conclusion. L’étude a montré un taux
d’anémie élevé dans cette population, ce qui suggère une surveillance dans
cette frange de la population pour palier les conséquences désastreuses sur les
écoliers. D’autres études plus ciblées sont nécessaires pour faire la part des
choses dans la détermination des causes de l’anémie.
Abstract
In Côte d'Ivoire,
as in most developing countries, anaemia is a public health problem. It has a
great impact on health as well on the economic and social development.
Aims. This study aims to determine the
prevalence of anemia, its typologie in a school population and to study the
risks factors of anaemia.
Methods. The study included 310 children (172
girls and 138 boys) aged 5 to 11 years in three municipalities in the district
of Abidjan. The determination of haematological parameters of blood count was
performed and anthropometric measurements were taken among schoolchildren.
A questionnaire
was developed to collect information on the socio-economic and demographic
household such as the size of household, the sibling position, and the level of
education and the working statut of parents.
Results. The prevalence of
anemia (hemoglobin <11.5 g / dL) was 30.3% with 14.2% boys and 16.1% girls
with no significant difference by gender. Overall wasting and stunting deficit
are respectively 15.5% and 5.8% unrelated anemia. Sociodemographic factors such
as the level of education of the father and family size are risk factors for
anemia.
Conclusion. The study revealed high rate of
anemia among this population what suggests keeping an eye on this fringe of the
population to overcome the devastating impact on schoolchildren. More refined
studies are necessary to investigate the causes of anaemia.
Introduction
L’anémie demeure le problème de santé le
plus commun au monde. Elle a des conséquences importantes chez tous les
individus de tous les groupes d’âge. La surveillance de l’anémie est orientée
préférentiellement chez les femmes enceintes et chez les jeunes enfants compte
tenu de la mortalité périnatale (Stoltzfus et
al., 1998). Pourtant le faible taux d’hémoglobine peut nuire au développement
mental et à la performance physique
chez tous les individus et particulièrement les enfants d’âge scolaire. Un
examen des études qui ont été menées chez ces derniers indiquent que les
écoliers sont très vulnérables du fait
de l’apprentissage et leur croissance accélérée à cet âge. L’anémie peut
affecter les fonctions cognitives, moteurs de la performance et des
réalisations éducatives (Hall et al.,
2001).
De multiples facteurs déclenchant l’anémie peuvent survenir de façon
isolée mais plus fréquemment se coproduire. Parmi ces facteurs, on a les facteurs génétiques
telles que les hémoglobinopathies et infectieuses comme
le paludisme, les helminthiases intestinales et les
infections chroniques. Les facteurs nutritionnelles de l’anémie comprennent
la carence en
fer ainsi que
les carences des autres vitamines et
minéraux que sont l'acide folique, les vitamines A et B12, et le cuivre (McLean
et al., 2008; WHO, 2004).
Les anémies, en région tropicales, sont
liées à de nombreuses causes parasitaires,
infectieuses, génétiques et nutritionnelles avec toujours la présence d’une
carence en fer (Dillon, 2000; Kalenga et
al, 2003).
Cette étude a été réalisée pour estimer la
prévalence
de l'anémie chez les écoliers dans le district d’Abidjan
et de
déterminer les divers facteurs associés à l'anémie dans cette population.
Matériel et méthodes
Sites et population de l’étude
La présente étude, est une étude
transversale à visée descriptive et
analytique chez les enfants
vivant dans
trois communes du district d’Abidjan et fréquentant des cantines scolaires. Elle a été réalisée entre Septembre 2010
et Décembre 2010.
Dans cette étude 350 écoliers de 5 à 11
ont été choisis de façon aléatoire parmi lesquels 310 sont retenus en fonction des
critères d’inclusion et d’exclusion. Il s’agit des complications surtout
hématologiques, digestives et d'inflammation dans les trois mois précédant
l’étude. Toutes ces observations ont été effectuées par une équipe médicale de
l’Institut National de Santé Publique (INSP) d’Adjamé, Côte d’Ivoire.
Les sujets volontaires ont été informés
du protocole expérimental et leurs parents ont signé un formulaire de
consentement libre. L'étude a été menée
sous la supervision des responsables des écoles et de la santé scolaire.
Prélèvements et dosage des échantillons
sanguins
Des échantillons de sang veineux chez
chacun des enfants sont prélevés dans des tubes contenant un anticoagulant,
l’Ethyle Diamine Tétra Acétique (EDTA) le matin. Ces prélèvements sanguins sont
transportés avant 12 heures de la journée, le jour même du prélèvement au
Laboratoire de Biologie de L’Institut National de Santé Publique pour la
réalisation de la numération formule sanguine. La détermination des paramètres hématologiques de la numération formule
sanguine a été effectuée immédiatement après homogénéisation sur
Coulter, par un analyseur automatique
Sysmex KX 21N.
Des critères définis par l’Organisation
Mondiale de Santé (OMS) ont été utilisés pour estimer les différentes
prévalences des principaux paramètres hématologiques. L’anémie a été définie
selon les critères de l’OMS par un taux d’hémoglobine inferieur à 11,5 g/dL.
L’anémie est considérée légère pour un taux d’hémoglobine situe entre 10,6 et 11,4 g/dL, modérées pour taux d’hémoglobine compris
entre 6,5 et 10,5 g/dL. Le volume
globulaire moyen (VGM) est considère comme normale pour des valeurs comprises
entre 70 et 86 fl, la microcytose et la macrocytose sont définies pour des
valeurs inferieur à 70 et supérieur à 86 fl respectivement. La valeur normale
de la teneur corpusculaire en hémoglobine (TCMH) est de 24 pg.
Caractéristiques anthropométriques et
sociodémographiques de la population d’étude
Les mesures
anthropométriques sont basées sur la méthode normalisée de l’organisation mondiale de la
santé (OMS) et des fonds des nations unis pour l’enfance (WHO, 1983; Unicef,
1986, Bruce, 2003). La taille est mesurée au 0.1 cm la
plus proche avec une balance à bande mobile de construction locale. Le poids
habituel de l’écolier est mesuré au 0.1 kilogramme le
plus proche sur un pèse-personne mécanique neuf avec précision de 0.5
Kg. Les mesures sont prises pieds nues avec seulement la tenue scolaire. La balance
est calibrée régulièrement pour éviter les mesures aberrantes.
L’âge de l’enfant est calculé à partir de
la date de naissance donnée par les parents et confirmée avec
le dossier scolaire de chaque enfant.
Les indices anthropométriques que sont la
taille pour âge, le poids pour âge et la
BMI sont estimés par Z-score calculé
avec Epinfo en utilisant la référence OMS/NCHS 2000. Le déficit en taille,
l’insuffisance pondérale et l’émaciation sont définies par l’OMS pour des
Z-scores inferieur à -2 (Butte et al., 2007).
Des données
sociodémographiques ont
été recueillies
à partir d’une enquête par questionnaires rempli
par les
parents. Le statut socio-économique a été défini par les paramètres suivant: le niveau d’instruction de la mère
et du père, la profession
de la mère et du père, la
situation matrimoniale des parents,
la taille du ménage et le rang
dans la fratrie.
Analyses statistiques
Pour l’analyse statistique, les données
ont été saisies et analysées par le logiciel STATISTICA (version Windows 7.1).
Les indicateurs anthropométriques ont été calculés à partir du logiciel Epi Info en utilisant la
référence OMS/NCHS 2000. Les valeurs
moyennes des différents paramètres recherchés chez les enfants ont été
comparées à partir du test non paramétrique U de Mann Whitney. Les comparaisons
des différentes proportions obtenues de principaux paramètres ont été
effectuées par le test Loglikelihood
ratio (Test « G ») avec le logiciel statistique « R » version Windows 2.0.1.
Un seuil de probabilité (p) inférieur à
0,05 a été choisi pour la significativité de toutes les exploitations
statistiques des données.
Résultats
La population étudiée se compose de 310
écoliers dont 55,5% de filles (178 cas) et 44,5% de garçons (138). Le sexe
ratio est de 1,2. L’âge moyen de la population est de 7,7 ± 0,1 avec des
extrêmes de 5 et 11ans. La répartition des caractéristiques de la population est
donnée dans le tableau 1. La taille moyenne de la population est de 124,5±0,6
et le poids moyen de 22,7±0,3.
Les indices nutritionnels que sont le
poids pour âge et la taille pour âge ont des valeurs respectifs de -0,9±0,6 et
-0,14±0,007 alors que le BMI est de 1,31±0,007. Il existe une différence
significative (P˂0,05) entre les filles et les garçons pour tous les
paramètres en dehors de la BMI et de
l’indice taille pour âge.
Paramètres |
Population totale N=310 |
Filles N=172 |
Garçons N=138 |
Age (ans) |
7,7±0,1 |
7,8±0,1* |
7,6±0,2 |
Taille (cm) |
124,5±0,6 |
125,9±0,8* |
122,8±0,2 |
Poids (kg) |
22,7±0,3 |
23,3±0,4* |
21,8±0,4 |
Poids pour âge (P/A) (cote –Z score, moyenne) |
-0,9±0,6 |
-0,8±0,1* |
-1,1±0,1 |
Taille pour âge (T/A) (cote –Z score, moyenne) |
-0,1±0,01 |
0,0±0,1 |
-0,3±0,1 |
BMI (cote -Z, moyenne) |
-1,3±0,01 |
-1,2±0,1 |
-1,5±0,1 |
Tableau
1.
Répartition des écoliers selon les paramètres anthropométriques. * P< 0,05
Table 1. Schoolchildren
anthropometric parameters. * P< 0,05
Prévalence et typologie des anémies
La prévalence de l’anémie (Hb <11,5g
/dL) est de 30,3% (94 cas) sur l’ensemble de la population. Elle est de 14,2% chez les garçons et 16,1% chez les
filles sans différence significative.
L’intensité des anémies est présentée par
la figure 1. L’anémie dans cette population d’enfants est à 74,5% légère et à
25,5% modérée. Chez les filles, les anémies légères (42,5%) sont plus élevées
que les anémies modérées (10,6%) de même que chez les garçons ou les fréquences
sont respectivement de 31,91% et 14,9% sans différence significative selon le
sexe. Néanmoins la proportion d’anémie légères est très significativement
différente des anémies modérées (p˂0,01).
Figure 1. Intensité
de l’anémie chez les enfants selon la valeur de l’hémoglobine (Hb).
Figure 1. Haemoglobin
concentratation distribution (g/dl)
La
répartition des anémies selon la typologie et le sexe est présentée par la
figure 2. Parmi ces anémies, selon la TCMH 57,4% sont hypochromes, 42,6% normochromes,
et selon le VGM 77,7% sont normocytaires,
18,1% microcytaires et 4,3% macrocytaires.
Les anémies hypochromes microcytaires
chez les garçons sont plus élevées que
chez les filles sans différence
significative. Aussi, les anémies hypochromes normocytaires, sont plus
rencontrées chez les garçons que chez les filles sans différence significative.
Par contre les anémies normochromes
normocytaires sont plus élevées chez les filles (25,5%) que chez les garçons
(12,8%) avec une différence significative (p=0,03).
Figure
2.
Typologie de l’anémie dans la population d’écoliers. An hy mi: Anémies
hypochromes microcytaires; An hy norm: Anémies hypochromes normocytaires; An
norm norm: Anémies normochromes normocytaires; An norm ma: Anémies normochromes
macrocytaires
Figure 2. Type of anemia
in the population of schoolchildren. An hy mi: hypochromic microcytic anemias;
An hy norm: normocytic hypochromic anaemias; An norm norm: normochromic
normocytic anemias,An norm ma: normochromic macrocytic anaemias
Statut anthropométrique
L’insuffisance pondérale (P/A < - 2 Z
score) qui caractérise la maigreur ou le faible poids pour l’âge est estimé à
15,5% est plus fréquente chez les anémiques avec un taux de 35,4% que chez les
enfants normaux avec 29,4% sans différence significative. Par contre
l’insuffisance staturale (T/A < - 2 Z score) est peu marquée chez les
écoliers avec un taux de 5,8%. La prévalence de rabourgrissement (retard de
croissance) chez les anémiques étant de
27,7% contre 30,5% chez les écoliers à la stature normale (tableau 2).
Statut socio démographique et anémie
Quarante trois pères (13,9¨%) et
112(36,1%) des mères sont non scolarisés. la prévalence de l’anémie chez les
enfants dont les parents sont non scolarisés est 51,1% et 32,1% respectivement
chez les pères et chez les mères. En comparaison le pourcentage d’anémique chez
les écoliers de parents scolarisés est de 30% pour le père et 29,3% chez la
mère. Il existe une différence significative de la prévalence (P=0,02) chez les
écoliers en fonction du niveau d’instruction du père.
Les parents inactifs des écoliers
représentent 13,5% chez les pères et 43,5% chez les mères. Les taux d’anémiques
chez les parents sans activités professionnelle sont respectivement de 33,3%
chez les pères et 31,1% chez les mères.
Soixante seize couples (24,5%) sont
séparés tandis que 75,5% des couples vivent dans un même foyer. La prévalence
de l’anémie est de 27,6% chez les couples séparés et de 31,2% chez les couples
vivant ensembles. La taille du ménage est à 70,9% inferieur à 5 personnes.
La
prévalence de l’anémie est de 76,7% pour les foyers dont la taille du ménage
est supérieur à 5 personnes par contre elle est de 11,4% pour les foyers de
moins de 5 personnes. La différence de prévalence selon la taille du ménage est
très significative (p˂0,01).
Le rang de naissance de l’enfant est
inferieur à 4 dans 92,3% des cas avec une prévalence 29,4% d’anémie alors qu’on
obtient selon les résultats un taux supérieur de 41,7% de cas d’anémie pour les
écoliers de rang de fratrie supérieur à 4 sans différence significative.
Discussion
Dans la classification selon l’OMS de l’importance de l’anémie pour la santé
publique sur la base de la prévalence dans une population, l’anémie est estimée
comme modérée pour un taux compris entre 20,0-39,9%. La prévalence dans notre population d’étude de
30,3% est considérée comme modérée dans cette population d’étude.
Ce taux est moins élevé que celui obtenu dans
une étude réalisée par Hall et al en 2001 au Ghana, Malawi, Mali,
Mozambique et Tanzania des pays
africains ou l’anémie est considérée comme sévère avec un taux supérieur à 40%
sur une population de la même tranche d’âge. Cette étude s’est déroulée dans
des provinces rurales contrairement à la notre qui s’est effectuée en milieu
urbain dans des écoles primaires pourvues de cantines.
Par
contre ce taux est plus élevé que celle obtenu dans l’étude de la prévalence
mondiale ou le taux d’anémie chez les personnes d’âge scolaire est estimé à 18,6% en
Afrique, étude réalisée avec des données de 10 pays(E McLean et al; 2008). Ces
données de 10 pays ne seraient pas représentatives de tous les pays africains,
ce qui peut expliquer la faiblesse du taux contrairement à plusieurs études
réalisées dans cette partie du monde.
Une étude récente réalisée en Côte
d’Ivoire par Asobayire et al (2001)
montre que ce taux est relativement plus
bas que celui obtenu chez les enfants de la même tranche d’âge (46 %). Cette
baisse pourrait s’expliquer par le fait que son étude s’est étendue à la
population rurale avec des caractéristiques sociodémographiques différentes de
celles de nos sujets.
L’anémie dans cette population d’écolier est à 74,5% légère et à 25,5% modérée sans
différence significative selon le sexe. Il n’y a pas d’anémie sévère dans ce
groupe d’étude. Ce résultat est semblable à celui trouvé par Sudhagandhi et
al(2011) chez des écoliers en Inde.
La prévalence de l'anémie change en fonction des caractéristiques
sociodémographiques des enfants qui ont montré des différences statistiquement
significatives pour certaines variables et pas pour d'autres.
Le taux d’analphabétisme est plus élevé
chez les mères que chez les pères des écoliers enquêtés. Aussi la prévalence de
l’anémie est plus élevée chez les enfants dont les parents n’ont jamais été à
l’école que chez les parents scolarisés avec différence significative entre les
enfants de pères analphabètes (P=0.02). Le père étant le soutien principale de
la famille, l’analphabétisme qui est majoritairement corrélé à une absence de
situation professionnelle du père prédispose la famille à une situation de
précarité due a l’absence de revenu. Ce qui de facto influence la consommation
alimentaire et la situation sanitaire du ménage, facteurs impliqués dans la
survenu de l’anémie. Dans notre étude la prévalence de l’anémie est plus élevée
chez les parents inactifs (pères et mères) que chez les parents en activité
sans différence significative.
La taille du ménage qui détermine le
nombre de membres de la famille a été identifié comme un facteur de survenue de l'anémie. En effet la
prévalence de l’anémie de 76,7% est très significativement élevée dans les
ménages de plus de 5 personnes que dans les familles de moins de 5 personnes
(11,4%) avec p˂0.00. La forte prévalence de l'anémie dans les familles
bondées peut être liée à un faible revenu et les soins par enfant, et le risque
élevé de contamination avec des infections. Ce résultat concorde avec celle
obtenue par Gùr et al (2005) en Istanbul. Selon cette même étude la situation
socioéconomique n’a pas été un facteur prédictif de l’anémie.
A contrario, une régression multiple
réalisée dans notre étude établit que le niveau d’instruction du père est un
facteur prédictif de l’anémie. La
régression ne confirme pas l’effet de la taille des ménages sur la prévalence
de l’anémie.
Un
autre indicateur important de l'anémie est la
malnutrition enregistrée par les mesures anthropométriques de
l'enfant. L’insuffisance pondérale, et l’insuffisance staturale sont peu
marquées dans cette étude. Cela qui indique que les enfants ne sont pas malnutrie
dans notre étude. Les enfants observés sont tous issus d’écoles primaires dans
lesquelles se trouvent des cantines scolaires. La majorité des enfants ont donc
accès à de la nourriture deux fois par jour avec le plat du déjeuner préparé
selon les normes nutritionnelles puisque surveillées par l’unité de régulation
des cantines scolaires. La présence de cantine scolaire dans toutes les écoles
pourrait être une alternative à la lutte contre les anémies surtout
nutritionnelles.
La littérature (Ahmed
et al, 1993) montre qu'il ya une interaction complexe entre les concentrations des indices biochimiques du statut nutritionnelle,
et d'autre
part les variables anthropométriques, biochimiques et sociodémographiques. Notre étude a pu établir cette relation complexe. Cela dit, on pourrait
imputer le taux élevée de l’anémie aux infections comme le paludisme et les helminthiases.
Conclusion
En milieu scolaire urbain dans le district d’Abidjan, l’anémie apparaît fréquente mais d’intensité
modérée, avec une prévalence de 30,3 %. Malgré tout, l’anémie demeure un
problème de santé en Afrique subsaharienne et en Côte d’Ivoire en particulier.
Les résultats de notre étude suggèrent que, le facteur prédicteur est le niveau
d’instruction du père. Mais, l’anémie ne peut être expliquée uniquement par les
facteurs sociodémographiques. Des études plus approfondies sont nécessaires
pour examiner le statut des micronutriments et
l’influences des infections surtout en milieu scolaire ou très peu
d’études ont été diligentées en Côte d’Ivoire.
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