Demmouche,
A., Adda Boudjlal, M., Beddek F., 2013. Anémie maternelle pendant la grossesse:
conséquence sur le poids du nouveau-né. Antropo, 29, 21-32.
www.didac.ehu.es/antropo
Anémie maternelle
pendant la grossesse: conséquence sur le poids du nouveau-né
Maternal anemia during
pregnancy: effect on the weight
of the newborn
A. Demmouche, M.
Adda Boudjlal, F. Beddek
Département de Biologie-Faculté des Sciences-Université Djillali
Liabes-Sidi Bel Abbès Algérie.
Correspondence: Dr. Demmouche Abbassia.
Docteur en Biologie à l’université
Djillali Liabes. E-Mail: demmoucheabbassia@yahoo.fr
Mots clés: Grossesse, Fer, Anémie, carence, poids du nouveau-né, supplementation.
Keys words: Pregnancy, iron, anemia,
deficiency, supplementation
Résumé
L’anémie due à une carence en fer
constitue un problème majeur de santépublique dans les pays en voie de
développement. L’Organisation Mondiale de la Santé estime que pour l’ensemble du monde, l’anémie atteint le
chiffre ahurissant de 2 milliards d’individus affectés. Elle estime aussi
qu’environ 50% des cas est du à la carence en fer.
Objectif: En vue de
déterminer la corrélation entre l’anémie découverte au dernier trimestre de la
grossesse et le poids du nouveau-né, une étude prospective a été effectuée dans
le service de gynéco-obstétrique de la maternité de Sidi Bel Abbes sur une
population composée de 119 femmes enceintes. La relation entre l’anémie et
certains facteurs comme (l’âge, le nombre de grossesse, nombre d’avortement, la
durée de l’allaitement, le niveau d’instruction, etc.) n’a pas été négliger
dans cette étude.
Materiel et Méthode: La population cible est composée de 119 couples
mère - bébé, les mamans ayantété supplémentées en fer au cours de leur
grossesse selon la stratégie nationale duministère de la santé. Les femmes ont
bénéficié d’un bilan sanguin comportant l’hémogramme, pour les bébés, seule l’estimation du poids à
la naissance fut réalisée.
Resultats:
Sur un échantillon constitué de 119 femmes enceintes, nous avons relevé un
nombre de 83 femmes soit 69,74%
enceintes présentant une anémie Hb<11g/dl; parmi celles-ci 75 femmes soit 90,36% au dernier trimestre et le
reste au 1er et au 2er
trimestres.
Nous avons aussi
noté que 94,49% des nouveau-nés ont un poids >=2500g, alors
que le reste soit 5,50%) ont un
poids < 2500g.
Une corrélation
a été relevé entre le taux de l’hémoglobine et la CCMH (r = 0.11). Par contre, aucune corrélation n’a été trouvé
entre le poids du nouveau-né et l’anémie découverte au dernier trimestre de
grossesse (r = 0,004).
Conclusion:
Il apparaît qu’une supplémentassions en fer est nécessaire pour toutes les femmes enceintes anémiques.
Abstract
Anemia due an iron deficient making major public
health concern. It affects two billion anemia
due to iron deficiency is a major public health problem in developing
countries.
The
World Health Organization estimates that for the whole world, anemia reached a
staggering 2 billion people affected. It also estimated that approximately 50%
of cases are due to iron deficiency.
Objective: To determine the
correlation between anemia discovery in the last trimester of pregnancy and
weight of the newborn, a prospective study was conducted in the department of
gynecology and obstetrics in the maternity SBA on population composed of 119
pregnant women without neglecting the correlation between anemia and some
factors such as (age, number of pregnancies, number of abortions, duration of
breastfeeding, etc).
Materials and Method: The target population consists of 119 couples
mother - baby, the moms havingbeen supplemented iron during their pregnancy
according to the national strategy ofthe Ministry of Health.
The women benefited from a blood balance sheet
(assessment) containing thehémogramme, for the babies, only the estimation of
the weight in the birth was realized.
Results:
On a sample of 119 pregnant women, we identified 83 or 69.74% pregnant women
having anemia (Hb<11g/dl) among these, 75 or 90.36% have anemia on the last
quarter, while the rest or 9, 46% are on the first and the second quarter. We had also noticed that 94, 49% of newborns
weighing >= 2500g, while the remaining 5, (51%) have a weight <2500g.
Conclusion: It’s
apparently that iron supplementation is necessary for all anemic pregnant
women.
Introduction
Les anémies de la femme enceinte sont
fréquentes d’une manière générale, et dépendenten partie du statut nutritionnel
de la population. Dans les pays développés, elles touchent 10 à 20% des femmes
de milieux aisés et plus de 30% des femmes en milieux défavorisés (UNICEF/UNU/WHO,
2001).
Dans les pays en voie de développement où
le fer alimentaire est peu biodisponible lamorbidité et la mortalité viennent
se rattacher aux complications de ces anémies pendant la grossesse (OMS., 2004,
Pitkin et al., 1990). Les études, peu nombreuses, réalisées dans ces
payssur l’anémie gravidique révèlent une forte prévalence, jusqu’à plus de 50%,
avec un taux d’hémoglobine inférieur à 11g/dl (Akka et Favier, 1997; Fleming,
1990; Hamdaoui et al., 1990). La prévalence est plus élevée chez les
femmes plus jeunes d’âge compris autour de vingt ans, etelle est d’autant plus
forte que l’âge de la grossesse est avancé (Heng et al., 1990; Allen,
1994).
L’anémie répond essentiellement à un
mécanisme carentiel: nutritionnel, martial et en folates.
Elle est généralement liée à la carence
en fer (Akka et Favier, 1997). L’anémie maternelle par carence martiale semble
entraîner une diminution du poids placentaire et du poids à la naissancedu
nouveau-né, de plus faibles réserves en fer et un risque plus élevé de
développer une anémieultérieurement (OMS, 2004). Elle augmente par ailleurs les
risques de prématurité et d’hypotrophie foetale (UNICEF/UNU/WHO, 2001).
Pour une meilleur prise en charge, nous
nous sommes intéressés à l’étude du statut en fer des femmes enceintes, suivies
au CHU de la maternité de la ville de SidiBel Abbès, afin de chercher une
éventuelle carence en fer et de la corriger. Toutefois, l’impactd’un traitement
martial sur l’âgegestationnel et le
poids des nouveau-nés a été étudié.
Matériel et
méthodes
L’étude expérimentale a été réalisée en
collaboration avec le service de G.H.R (grossesse à haut risque) de la maternité
de Sidi Bel Abbés pendant 4mois (février–mai 2012).
Notre étude a porté sur 119 femmes enceintes âgées de 16 à 46 ans. Ces femmes ont fait
l’objet d’un questionnaire anonyme comportant leurantécédents médicaux,
chirurgicaux, des données cliniques, les antécédentsgynécologiques et
obstétriques (durée de l’allaitement maternel, âge, nombre degrossesse,
l’espace inter génésique, le nombre d’avortement), les donnés socioéconomiques et
l’âge gestationnel etc., que nous avons regroupé sur une fiched’exploitation.
Le sang est prélevé par venipuncture le
matin à jeun. Pour les examens hématologiques, l’hémoglobine (Hb),
l’hématocrite (HT), le volume globulaire moyen (VGM) et la concentration
corpusculaire moyenne d’hémoglobine (CCMH), les prélèvements ont été faits sur
tubes à EDTA.
Les différents paramètres ont été mesurés
par Automate d’Hématologie ADVIA 60-CT.
L’appareil d’Hématologie ADVIA 60-CT
est un appareil entièrement automatique (contrôlé par un microprocesseur) qui
permet l’analyse d’hématologie in vitro d’échantillon de sang total. L’analyse est effectuée sur le tube
fermé, à travers le bouchon.
L’exploitation statistique des résultats
a été effectuée par le logiciel STAT-VIEW.
Les méthodes statistiques utilisées sont l’ANOVA test, le calcul des coefficients
de corrélation (la matrice de corrélation). Les moyennes ont été comparées en
utilisant le test de Student.
Résultats
Notre étude a porté sur un échantillon constitué de 119 femmes enceintes; dont l’âge moyen est de 30,13 ± 6,66 ans, la parité moyenne
est de 2,00 ± 1,34, l’âge de
ménarche moyen est de 13,02 ± 1,05, la durée de la
menstruation moyenne est de 5,14 ± 0,91
j, le nombre d’avortements moyen 3,06
± 1,46 et dont l’âge de grossesses moyen 34,52 ± 5,47 S.A.
Après avoir réalisé des analyses
hématologiques, nous avons obtenu les taux moyens d’hémoglobine (Hb, 10,19 ± 1,240 g/dl), Ht (32,73 ± 5,09%), VGM (82,50
± 9,46 fl), TCMH (27,09 ± 9,77 pg), CCMH (31,24 ± 2,03 g/dlet) et PLAQ (259,00 ± 73,43).
Prévalence de l’anémie
chez notre échantillon
En se référant aux normes fixées par
l’OMC pour définir l’anémie (Hb<11g /dl), nous avons noté 35 femmes non
anémiques soit (29,66%) et 83 femmes anémiques soit (70,33%) dont 2 cas au
premier trimestre et 6 au deuxième trimestre (Figure 1).
Figure 1. Répartition de l’anémie chez un échantillon de 119 femmes enceintes.
Figure 1. Distribution of anemia in a
sample of 119 pregnant women.
Répartition de notre
échantillon en fonction du niveau d’étude
Sur un échantillon constitue de 119 femmes enceintes anémiques, nous
avons constaté la prédominancedes femmes ayant un niveau d’instruction moyen
soit 43,57% suivie par les
femmes de niveau primaire soit 28,20%,
tandis qu’on a remarqué un faible pourcentage des femmes de niveau supérieur
soit 2,56% (Figure 2).
Répartition de notre échantillon en fonction de la profession
La figure
3 montre la prédominance des
femmes sans emplois qui viennent en tête
avec 91,52% alors que le pourcentage des femmes ayant un
travail est de 8,48% (figure 3).
Figure 2. Répartition de l’anémie en fonction du
niveau d’instruction
Figure 2.
Distribution of anemia based on education
Figure 3. Répartition de notre échantillon en
fonction de la profession
Figure 3. Distribution of the sample
according to profession
Répartition en
fonction de la profession du mari
Nous
avons remarqué une prédominance des fonctionnaires avec un taux de 48.30% suivi d’un pourcentage de 22.03% de commerçant, et 7.62% de conjoints sans emploi (figure 4).
Répartition en fonction de
revenue
On a
relevé la prédominance des patientes dont le revenue du conjoint est moyen soit
50,84%, suivie des femmes dont le revenue du mari est bon soit 37,28% et 11,86%
ont un revenue relativement faible (Figure 5).
Figure 4. Répartition de notre échantillon en
fonction de la profession du mari.
Figure 4. Distribution of the sample according to husband's occupation.
Figure 5. Répartition des femmes anémiques en fonction de revenue
Figure
5. Distribution of anemic women in terms of revenue
Répartition fonction du nombre de grossesse (géstité)
Parmi les
femmes enceintes anémiques 64,4% sont
multi-gestes, alors que 17,7%
représentent le pourcentage des femmes primi-geste et 17,7% sont pauci-geste (Figure 6).
Répartition de l’anémie en fonction du nombre d’enfants vivants
(parité)
On a remarqué la prédominance des femmes
enceintes anémiques multipares et pauci-pares avec un même pourcentage de 33,05%, alors que les nullipares et
primipares représentent un même pourcentage de 16,94% (Figure 7).
Figure 6. Répartition des femmes anémiques en
fonction de la géstité
Figure
6. Distribution of anemic women according to gravidity
Figure 7. Répartition des femmes anémiques en
fonction de la parité
Figure
7. Distribution of anemic women according to parity
Répartition de notre
échantillon en fonction du traitement
Notre étude montre que la population d’étude a pris un
traitement à titre préventif soit une supplémentassions martiales dès le début
de grossesse.
On remarque le plus haut pourcentage soit
53,39% presente les femmes qui
prennent du ferrosanol, suivit du vitamag avec un pourcentage de 15,25%
alors que le reste de nos patientes prennent différents traitement tels
que trifer fol et tardiferon B9 (Figure 8).
Fréquence du faible
poids de naissance
En qui concerne larépartition du poids
des nouveau-nés dans notre échantillon, 94,49%
on un poids ≥2500 g alors
que 5,50% ont un poids inferieur
a 2500 g (Figure 9).
Comparaison entre les
femmes anémiques et non anémiques
En ce qui concerne les caractéristiques
de l’échantillon (Tableaux 1 et 2), nous
avons remarqué qu’il n’existe aucune différence significative entre les femmes
anémiques et les femmes nonanémiques, soit pour les caractéristiques
anthropométriques, socioéconomiques et gynéco-obstétriques, soit pour le bilan
hématologiques (p>0,05).
Figure 8. Répartition des femmes anémiques en
fonction du traitement
Figure
8. Distribution of anemic women according
to treatment
Figure 9. Répartition des femmes anémiques en
fonction du poids du nouveau-né
Figure
9. Distribution of anemic women in
the weight of the newborn
|
Groupe anémique |
Groupe non anémique |
P |
|
n=83 |
n= 36 |
|
Age (ans) |
29,8±6,7 |
30,4±6,1 |
NS |
Parité |
1,9±1,3 |
2,0±1,2 |
NS |
Gestité |
5,2±0,9 |
5,0±0,8 |
NS |
Age de grossesse (S.A) |
34,2±5,7 |
35,3±4,7 |
NS |
Nombre d’avortement |
3,0±1,5 |
3,05±1,3 |
NS |
Age de ménarche (ans) |
13,1±0,8 |
13,8±1,3 |
NS |
Durée de la menstruation (jrs) |
5,2±09 |
5,02±08 |
NS |
Tableau
1. Caractéristiques anthropométriques,
socioéconomiques et gynéco-obstétriques de notre echantillon et comparaison
entre les deux groupes (anemique et non anemique).
Table
1. Anthropometric characteristics,
socioeconomic and gyneco-obstetric our
sample and compared between the two groups (anemic and non-anemic).
|
Groupe anémique |
groupe non anémique |
P |
|
n=83 |
n=36 |
|
|
moyenne ± SD |
moyenne ± SD |
|
Hémoglobine (g /dl) |
10,1±1,2 |
11,1±1,1 |
NS |
Hématocrite (%) |
32,5±5,0 |
33,1±5,1 |
NS |
VGM (fl) |
82,5±9,7 |
82,2±9,1 |
NS |
TCMH (pg) |
27,5±11,4 |
26,1±4,2 |
NS |
CCMH (g/dl) |
31,2±2,1 |
31,0±1,8 |
NS |
PLAQ |
257,9±69,6 |
260,0±84,2 |
NS |
Tableau 2. Bilan hématologiques (moyenne ± SD,
effectifs) de l’ensemble de l’échantillon et comparaison entre les femmes
anémiques et les femmes non anémiques.
Table 2. Hematological assessment
(mean ± SD, number) of the entire sample and comparison between anemic and non-anemic
women.
Corrélation entre les différents paramètres
hématologiques
Une légère corrélation
négative est notée entre le taux de l’hémoglobine et l’hématocrite (r = 0,46), entre le taux de
l’hémoglobine et le VGM (r = 0,15),
mais pratiquement aucune corrélation n’est notée entre le taux de l’hémoglobine
et l’âge (r = - 0,02).
Une corrélation a été relevé entre le taux de l’hémoglobine et les GR (r = 0,04), le taux de
l’hémoglobine et la CCMH (r = 0,11).
Aussi, aucune corrélation n’a été trouvé entre le poids du nouveau-né et
l’anémie découverte au dernier trimestre de grossesse (r = 0,004) (Figures 10 et 11).
Figure 10. La corrélation entre l’hémoglobine et l’hématocrite.
Figure
10. The
correlation between hemoglobin and
hematocrit.
Figure 11. La corrélation entre l’hémoglobine et le poids du nouveau-né.
Figure
11. The
correlation between hemoglobin and
weight of the newborn.
Répartition du poids du nouveau-né au sein des deux groupes
En ce qui concerne le poids du
nouveau-né; nous avons relevé que le
poids moyen chez les sujets anémiques est de (3438,55 ±545,45); alors que chez nos sujets non
anémiques le poids du nouveau né moyen est de (3517,14 ± 542,59, p= 0,47).
Donc, aucune difference significatif n’a été noté entre les deux groupes
(p>0,05) (Figure 12).
Effet du traitement sur
l’âge gestationnel et le poids du nouveau-né
Il existe plusieurs types de traitement. Les Figures
13 et 14 présentent les différents types de traitement qui ont été prescrits
aux patientes au cours de leur grossesse. Il s’agit des traitements préventifs
et curatifs.
Nos resultats revèlent que le poids du nouveau-né atteints un pic maximal
en utilisant le traitement Tardyferon® 80 mg (Sulfate ferreux), comprimé à 80 mg, 1 à 2
comprimé par jour.
Alors que l’age gestationnel augmente en
utilisant le traitement Trifer + vitamag.
Figure
12. Répartition du poids du nouveau-né au sein des deux groupes (anemique et
non anemique).
Figure 12. Distribution of weight newborns in both
groups (anemic and non-anemic).
Figure
13. Répartition du
poids du nouveau-né en fonction
des différents traitements utilisés
Figure 13.
Distribution of the weight of the
newborn in the different
treatments used
Figure 14. Répartition de l’age de la grossesse en fonction des différents
traitements utilisés
Figure
14. Distribution
of the age of the pregnancy
in the different treatments used
Discussion
Notre étude a
porté sur un échantillon de femmes enceintes (n=119) toutes suivies au niveau de la maternité de Sidi Bel
Abbés, 83 femmes soit 69,74% présentent une anémie; le reste
36 soit 30,25% n’étaient pas anémiques.
La répartition
de notre échantillon en fonction du stade de grossesse nous a révélé que la
prévalence de l’anémie au 1er et 2er trimestres était 9,63% alors au dernier trimestre, elle
était 90,36%.
En effet à 3 mois de grossesse rien ne permet encore d’affirmer si cette
anémie persistera ou alors si tout rentrera dans l’ordre après une
supplémentation (Allen, 1994).
La forte prévalence de l’anémie dans la
présente étude pourrait être rapportée au faible niveau d’éducation, à la
profession et le revenu moyen de leurs conjoints.
En ce qui concerne le
nombre de grossesses nous avons trouvé que 66,1% des femmes multipares sont anémiques, en effet une faible
relation entre le taux de l’hémoglobine et le nombre de grossesses est noté, ce
qui est en accord avec une étude qui a porté sur 91 femmes enceintes au niveau de la PMI à Niamey (Scholl et al, 1994).
Selon une étude
prospective portant sur 826
femmes enceintes multipares âgées entre 12
et 29 ans, il a été noté que 29,7% de femmes de l’ensemble de
l’échantillon anémiques (Abel, 2000).
Par ailleurs il a été
démontré qu’une anémie ferriprive chez une femme primipare est rare en dehors
d’une carence préexistant d’origine alimentaire ou en rapport avec des
menstruations importantes (Chanarin
et Rothman, 1971).
Selon nos résultats la
plupart des femmes a reçu un traitement préventif dès le début de la grossesse.
Le fer par voie orale peut être donné en
prévention d’une anémie. Dans ce cas la dose recommandée de fer est de 0,5 à 1 mg/kg/j
(soit entre 30 et 60 mg par jour pour une patiente de 60kg). La supplémentation
en fer peut être associée à l’acide folique (Chawla, 1993). L’OMS
recommande par ailleurs une supplémentation systématique a des doses variant de
20 à 40 mg/jr, dés la première visite ou à partir de 20 SA en particulier dans
les pays sous développés (Dyck,
1987).
Et selon les recommandations actuelles de
l’OMS, les femmes enceintes doivent recevoir une supplémentation quotidienne de
60 mg de fer et 400 μg d’acide
folique pendant toute la grossesse et les trois premiers mois du postpartum (El Guindi et al., 2004; Meda et al.,
1997).
Concernant la variation du poids des
nouveau-nés, nous avons constaté un faible pourcentage d’enfant pesant <2 500g. Ces résultats sont
comparables à ceux de CAMDEN en 1994, qui a montré le risque d’avoir
le nouveau-nés faible poids n’étaient pas augmenté chez les femmes enceintes
dont l’anémie ferriprive n'était pas découverte qu’au 3ème trimestre.
Nos résultats révèlent qu’une
supplémentation en fer des femmes enceintes anémiques dés le premier trimestre
améliore le poids de naissance et la durée de la gestation. Ce qui corrobore
l’étude de Cogswellet et al. (2003) faite
sur 513 femmes enceintes, qui a
montré que la supplémentation en fer (30 mg/j) dés le premier trimestre
améliore le poids des nouveau-nés et ladurée de la gestation (Cogswell et al. 2003).
A noter toutefois que dans une étude
finlandaise, la durée de la gestation était un peu plus longue (39,9 vs 39,7
semaines) dans le groupe supplémenté systématiquement que celui qui n’avait été
supplémenté (Hemminki et Rimpela, 1991).
Cependant, une augmentation considérable
dans le poids du nouveau-né chez des femmes recevant une supplémentation en fer
a été observée dans plusieurs études (Chawla,
1993; Kathleen et al., 2003, Preziosi et al., 1997; Scholl et al.,
1994).
Conclusion
Dans la présente étude, les risques de
donner naissance à un enfant prématuré ou de poidsinférieur à 2500 g sont très
faibles chez les femmes anémiques supplémentées dés le premier trimestre et les
femmes non anémiques.
La supplémentation semble avoir un effet
sur l’amélioration de quelques paramètres hématologiques, l’âge gestationnel et
le poids du nouveau-né, mais nous n’avons aucune certitude quand à cette
amélioration qui pourrait aussi être attribuée à d’autres facteurs non
contrôlés quin’ont pas été pris en compte dans cette étude.
La fréquence élevée de l’anémie
gravidique, et les complications liées à la morbidité et la mortalité, imposent
une stratégie préventive s’appuyant sur une sensibilisation et éducation sanitaire.
Pour conclure nous pensons et selon beaucoup de recommandations internationales
qu’une supplémentation systématique pour toutes les femmes enceintes est
indispensable.
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