Hamzi, K., Nadifi, S., 2012. Classification des accidents
vasculaires cerebraux ischemiques: revue. Antropo, 28, 49-53.
www.didac.ehu.es/antropo
Classification des accidents
vasculaires cerebraux ischemiques: revue
Classification of ischemic stroke: review
Khalil Hamzi, Sellama Nadifi
Laboratoire de Génétique Médicale, FMPC, UH2C Casablanca
Mots clés: Accidents
vasculaires, classification.
Key
words: Ischemic stroke, classification.
Resume
La classification internationale TOAST est basée sur les mécanismes étiologiques des AVC ischémiques. Elle classe les causes en 5 groupes, La fréquence relative des différentes causes est difficile à évaluer car elle dépend des critères de définition de certaines pathologies et de la place accordée aux affections dont le lien de causalité avec l’AIC n’est pas certain. Pour les études génétiques d'association dans l'AVC, l'utilisation d'une classification en sous-typage standardisée a été recommandée. Lorsque les accidents ischémiques cérébraux sont divisés en sous-groupes selon le système de la classification étiologique il est possible d'explorer le rôle d'une histoire familiale positive de l'AVC dans ces différents hypothétiques mécanismes physiopathologiques.
Abstract
TOAST is an international classification
is based on the etiologic mechanisms of ischemic stroke. It classifies
the causes into five groups, the relative frequency of
different causes is difficult to assess because it depends on
the definition criteria of many diseases and the importance
accorded to diseases whose causal relationship. For genetic
studies of association in stroke,
using a classification standard subtyping was
recommended. When ischemic strokes are divided
into subgroups according to
the etiologic classification system, it is possible
to explore the role of a positive family history of
stroke in these pathophysiological mechanisms.
Introduction
L’accident vasculaire cérébral (AVC) peut être de deux
catégories: ischémique ou hémorragique. L’accident ischémique est le plus fréquent
(83%) (Caplan, 2006a) et survient lorsqu’un caillot bloque une artère irriguant
le cerveau. L’accident hémorragique (17%) est dû à la rupture d’une artère ou
d’un anévrysme entraînant un épanchement sanguin dans les tissus cérébraux.
Dans les deux cas, la conséquence principale est l’arrêt de l’apport sanguin
aux cellules du cerveau irriguées par l’artère touchée. Cela entraîne
rapidement l’asphyxie des cellules puisqu’elles nécessitent un apport en
oxygène constant pour pouvoir fonctionner. Lorsque cette situation se maintient
sur une longue période de temps, la mort des cellules s’en suit. Dans l’AVC
ischémique, l’hypo-perfusion résulte de deux mécanismes parfois intriqués, les
phénomènes occlusifs, d’origine thrombotique, l’occlusion artérielle étant la
conséquence d’une thrombose complète in situ compliquant une anomalie de la
parois d’une artère, l’athérosclérose étant la plus fréquente, ou un trouble de
l’hémostase ou encore d’origine embolique, embolie provenant du cœur gauche, de
l’aorte ascendante ou des vaisseaux du coup, déterminant le mécanisme
thromboembolique (Molina et al., 2006).
Selon l’artère touchée et donc la zone corticale et/ou sous-corticale
endommagée, il y aura présence de différents déficits de type cognitif, moteur
et/ou sensitif, ces deux derniers étant situés au membre inférieur, supérieur,
au tronc et/ou au visage. Au niveau des membres supérieurs et inférieurs,
l’atteinte motrice est habituellement plus sévère en distal qu’en proximal
(Caplan, 1993).
La thrombose aiguë semble être le mécanisme central dans la pathogénèse de
l’AVC ischémique avec l’élévation du niveau (taux) des facteurs hémostatiques,
à savoir le fibrinogène et l’activateur tissulaire du plasminogène (tPA) tels
que rapportés dans certaines études (Caplan, 1999).
Classification
La classification internationale TOAST, initialement
développée pour l’essai thérapeutique Org 10172, est basée sur les mécanismes
étiologiques des AVC ischémiques, et
utilisée dans de nombreuses études (Markus, 1993). Elle classe les
causes en 5 groupes, La fréquence
relative des différentes causes est difficile à évaluer car elle dépend des
critères de définition de certaines pathologies et de la place accordée aux
affections dont le lien de causalité avec l’AIC n’est pas certain. Pour les
études génétiques d'association dans l'AVC, l'utilisation d'une classification
en sous-typage standardisée a été recommandée (Sliwka et al., 1995)
Athérosclérose des grosses artères
L'athérosclérose atteint
principalement les artères de gros et moyen calibre, avec des sièges de
prédilection, comme l’origine de l'artère carotide interne, le siphon
carotidien, l’origine et la terminaison de l'artère vertébrale et la crosse
aortique. Le mécanisme de l’AVC peut être soit de nature embolique par embolie d’aval
par du matériel fibrino-plaquettaire (Daffertshofer et al., 1996),
athéromateux, calcique (Sliwka et al., 1997), soit de nature hémodynamique
traduisant l’hypoperfusion cérébrale d’aval (Babikian et al., 2000). Bien que
dans presque tous les cas, la sténose est secondaire à l'athérosclérose, dans
de rares cas, elle peut être secondaire à une dissection carotidienne ou
d'autres processus tels que la radiothérapie (Caplan, 2006b). Les mécanismes de
la conversion d'une plaque asymptomatique à des symptômes sont
incomplètement compris, mais
l’ulcération ou l'érosion de la surface de la plaque avec embolie suite à la
formation d’un thrombus semble jouer un rôle crucial (Mohr et al., 1978).
La proportion des
accidents ischémiques cérébraux attribués à l’athérosclérose varie d'une étude
à l'autre selon les critères retenus pour porter ce diagnostic (en particulier
le degré de sténose). Dans l’étude de Framingham (Caplan et al., 1983), 70 %
des infarctus cérébraux étaient considérés comme d’origine athérothrombotique,
alors que, dans le registre de la Stroke Data Bank (Mohr et al., 1986), les
auteurs ne retiennent ce diagnostic que dans 9 % des cas (avec des critères
très stricts et probablement trop restrictifs). Lorsqu’on exige la présence
d’une sténose d’au moins 50 % dans le territoire approprié, la fréquence de
cette cause est d’environ 30 %. D’autres encore ont rapportés à 13% l’origine
athérosclereuse de l’AVC (Minematsu et al., 1992). Le diagnostic est posé si en
présence des lésions corticales ou cérébelleuses et du tronc cérébral ou des
lésions souscorticales > 1,5 cm de diamètre sur le scanner ou l’IRM sont
considérées comme potentiellement dues à une atteinte athéromateuse des grosses
artères; - pour le diagnostic, la découverte sur l’échographie-Doppler ou sur
l’angiographie d’une sténose > 50 % des artères extra- ou intracrâniennes
est requise; une étiologie cardio-embolique doit être éliminée. Ce diagnostic ne peut être porté en l’absence
de sténose athéromateuse sur l’échographie ou l’angiographie (examens normaux
ou ne montrant que des modifications pariétales minimes).
La perméabilité du
polygone de Willis pourra jouer un rôle crucial dans la détermination du
résultat d'une sténose carotidienne et de l'occlusion. Les facteurs influençant
sa perméabilité n'ont pas été déterminés, mais il est possible que les facteurs
génétiques jouent un rôle important (Bogousslavsky et al., 1988)
La maladie
occlusive des petites artères perforantes
Elle touche les
artères perforantes de quelques centaines de microns de diamètre. L’occlusion
de ces artères est responsable des lacunes cérébrales (infarctus profonds de
petite taille < 1,5 cm de diamètre). Elles siègent dans les zones
sous-corticales, principalement dans les noyaux gris centraux, les capsules et
le tronc cérébral (Gacs et al., 1982). Les principaux facteurs de risque de la
pathologie lacunaire sont l’hypertension artérielle et le diabète.
L’homocystéine a été également impliquée comme facteur de risque chez les
patients atteints de l’AVC des petits vaisseaux, et particulièrement important pour
le phénotype leucoaraïose (Helgason et al., 1982). La pathogenèse des lacunes est incomplètement
comprise. Elles sont provoquées par la dégénérescence des parois artériolaires.
Les études anatomiques ont démontré à la fois une artériopathie diffuse dénommée
lipohyalinose, qui affecte les petites artères perforantes, et des
microathéromes (Caplan, 1996). Des preuves croissantes indiquent que la
dysfonction endothéliale peut constituer une étape importante dans la
pathogenèse de la maladie. Les études neuropathologiques ont démontré l’élévation des marqueurs
plasmatiques de la dysfonction endothéliale dont la thrombomoduline, molécule
d'adhésion intercellulaire 1 (ICAM1) et le facteur Von Willibrand (Caplan,
1980). Les souris dépourvues du gène de l'oxyde nitrique synthétase de
l'endothélium développaient des lésions vasculaires cérébrales ressemblant à
celle observée dans la maladie des petits vaisseaux de l'homme (Caplan, 1999).
L'oxyde nitrique dérivé de l’endothélium est chargé du maintien du débit sanguin
de la substance blanche cérébrale chez l’homme (Mehler, 1989), et aussi de
l'autorégulation probablement dynamique. Un des mécanismes possibles de la
maladie est que la dysfonction endothéliale serait les résultats de chez les
facultés affaiblies Communiqué de l'oxyde nitrique, exacerbant les
hypoperfusions et les dysautoregulation. Il a également été suggéré que des
taux élevés d'homocystéine, causés par un certain nombre de pathologies
diverses, agirait comme un facteur de risque pour la maladie par l'intermédiaire
dysfonction endothéliale. L’occlusion de ces artères perforantes peut être
précédée de manifestations transitoires dans 30 à 40 % des cas. Ces
manifestations transitoires peuvent se répéter et fluctuer, avant
l’installation d’un tableau définitif, réalisant une «claudication lacunaire».
Les lacunes représentent 19 % à 23% en
fonction des études consacrées aux AVCI (Caplan, 2005). Le patient doit avoir soit un scanner ou une
IRM normale, soit une lésion ischémique sous-corticale de < 1,5 cm de
diamètre dans les régions sous corticales ou dans le tronc cérébral; une cause
cardiaque doit être éliminée; - une étiologie athéromateuse doit être éliminée
(absence de sténose > 50 %).
AVC Cardioembolique
Les cardiopathies emboligènes susceptibles
de provoquer un accident ischémique cérébral sont très nombreuses. La
fibrillation auriculaire est la cardiopathie la plus souvent en cause (50 % des
cas), suivie par les cardiopathies ischémiques et les valvulopathies (Caplan, 2005).
Les cardiopathies sont impliquées dans 20 à 27% des cas des AVC en fonction des
études (Lodder et al.,
1986).
Le diagnostic d’accident ischémique cérébral d’origine cardioembolique repose
principalement sur l’identification d’une cause cardiaque d’embolie. Il est
d’autant plus probable qu’il n’existe pas d’autre cause potentielle d’AIC et
que la source identifiée est connue pour son risque embolique élevé. La
thrombose, et plus faiblement l'agrégation plaquettaire, sont considérées comme
jouant un rôle majeur dans plusieurs cas de cardioembolie. Le mécanisme
consiste à la formation d’un thrombus intracardiaque suivie d’une embolie
cérébrale.
En raison du
grand nombre de lésions qui peuvent causer une cardioembolie, trouver des
gènes sous-jacents responsables de ce type d'accident vasculaire cérébral
semble une tâche ardue. Une approche plus productive consistera à identifier les gènes qui sont
responsables des troubles cardiaques sous-jacents, tels que la fibrillation
auriculaire. Toutefois les gènes qui prédisposent à une thrombose peuvent être
des facteurs de risque pour tous les types de cardioembolie.
Autres
causes déterminées
De nombreuses
autres affections peuvent être responsables d'un accident ischémique cérébral,
comme les dissections artérielles, divers artériopathies de nature dysplasique,
inflammatoire ou infectieuse, des affections hématologiques ou des anomalies de
la coagulation (Hart et al., 1986).
Mises à part les dissections qui constituent une cause fréquente (environ 20 %)
d’AIC chez l’adulte jeune, les autres affections ne sont en cause que dans une
très faible proportion de cas. De façon générale, la recherche de ces causes
rares doit être d'autant plus poussée que le sujet est jeune et que la
recherche des 3 principales causes (athérosclérose, maladie des petits
vaisseaux et cardiopathie emboligène) est négative. Ces causes sont rapportées
dans environ 2% des AVCI (Timsit et al.,
1993).
AVC cryptogénique ou AVC de cause
indéterminée
La dernière situation est celle où l’accident ischémique
cérébral reste inexpliqué. On peut distinguer ici 3 cas: le premier est celui
où l’enquête étiologique met en évidence plusieurs causes potentielles,
en général une lésion artérielle et une cardiopathie potentiellement emboligène.
Il est alors souvent très difficile de dire laquelle a été responsable de
l'accident ischémique cérébral; le deuxième est celui où l’enquête est entièrement
négative ou identifie des causes d’imputabilité incertaines et le troisième
est celui où les investigations sont incomplètes. La fréquence de cette
situation est diversement appréciée, allant de 10 % à plus de 50 % selon les
études, ce qui s’explique par les différences de critères diagnostiques et par
la place accordée aux affections dont le lien de causalité avec l’accident
ischémique cérébral est difficile à affirmer.
Conclusion
Lorsque les
accidents ischémiques cérébraux sont divisés en sous-groupes selon le système
de la classification étiologique il est possible d'explorer le rôle d'une
histoire familiale positive de l'AVC dans ces différents hypothétiques
mécanismes physiopathologiques. Dans des études d’association cas-témoins, ont
tous les deux rapportés l’augmentation
du risque pour les deux sous-types des AVC ischémique à la fois «
athérothrombotiques des grandes artérielles» et «lacunaire des petits
vaisseaux», par opposition aux types «cardioembolique» et «indéterminés», chez
lesquels aucune association avec l'histoire
familiale n’a été détectée.
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