Mortad, N., Aouar Metri, A., Chaif, O., 2012. Caractérisation anthropogénétique de la population de Msirda (Nord Ouest algérien) sur la base le l'analyse du polymorphisme des Dermatoglyphes digitaux. Analyse comparative à l'échelle Méditerranéenne. Antropo, 28, 41-48. www.didac.ehu.es/antropo 

---

Caractérisation anthropogénétique de la population de Msirda (Nord Ouest algérien) sur la base de l'analyse du polymorphisme des Dermatoglyphes digitaux. Analyse comparative à l'échelle Méditerranéenne.

Anthropogenetical Characterization of Msirda’s population (North west of Algeria) based on the analysis of polymorphism of digital Dermatoglyphics. Analysis across Mediterranean.

Nedjlaà Mortad¹, Ammaria Aouar Metri², Okacha Chaif¹

¹Laboratoire d’Anthropologie des Religions et comparaison, Faculté des Sciences Humaines et Sociales, Université Abou Bekr Belkaïd de Tlemcen, Algérie.

²Laboratoire de valorisation de l’action de l’homme pour la protection de l’environnemen et application en santé publique (équipe environnement et santé), Faculté des sciences, Université Abou Bekr Belkaïd de Tlemcen, Algérie. aaouar@netcourrier.com.

Auteur chargé de la correspondance: Nedjlaà Mortad. Laboratoire d’Anthropologie des Religions et comparaison, Faculté des Sciences Humaines et Sociales, Université Abou Bekr Belkaïd de Tlemcen, BP 218 Imama, Tlemcen, Algérie. Adresse électronique: nmortad@gmail.com.

Mots clés: Anthropobiologie, Population, Tlemcen, Nord Ouest algérien, Msirda, Polymorphisme, Dermatoglyphes, Dérive génétique.

Key words: Anthropobilogy, Population, Tlemcen, North West of Algeria, Msirda, Polymorphism, Dermatoglyphics, genetic Drift.¶

Résumé

Dans le but d’une caractérisation anthropogénétique des populations de l'Ouest algérien, le présent travail décrit la structure génétique de la population de Msirda à l’aide de l'analyse du polymorphisme des dermatoglyphes considérés comme marqueurs génétiques classiques, et présentent un grand degré de polymorphisme qui offre un intérêt particulier dans les études de microdifférenciation et sur l’histoire migratoire des peuplements. L'enquête a été réalisée en 2007 sur un échantillon de 250 personnes (149 hommes et 101 femmes) d'origine Msirda.

Les fréquences des quatre figures digitales s'insèrent aussi bien chez les hommes que chez les femmes dans les intervalles de variation des populations Nord Africaines et Nord Méditerranéennes. La fréquence basse des boucles radiales rapproche la population de Msirda aux populations Nord Africaines d'une part, et la fréquence élevée des boucles ulnaires et faible des tourbillons la rapproche aussi des populations du Nord de la Méditerranée d'autre part. L'analyse en composantes principale réalisée révèle de fortes affinités génétiques entre la population de Msirda et les populations Nord Africaines en général et de certaines populations de la rive Nord. Le dendrogramme réalisé confirme les résultats obtenus par l'analyse en composantes principales.

Abstract

With an aim of an anthropogenetic characterization of populations from Algerian West, this work describes the genetic structure of the population of Msirda using the analysis of polymorphism of ¶dermatoglyphics; ¶considered as traditional genetic markers, and present a great degree of polymorphism which offers a particular interest in the studies of microdifferenciation and on the migratory history of the settlements.¶ The investigation was carried out in 2007 into a sample of 250 people (149 men and 101 women) of Msirda origin.¶

¶The frequencies of the four digital figures fit as well to the men as among women in the intervals of variation of the African populations Northern and North Mediterranean.¶The low frequency of the radial loops brings closer the population Msirda to the African populations Northern on the one hand, and the high of the ulnar loops and weak frequency of the swirls also brings it closer to the populations of the North of the Mediterranean on the other hand.¶ The principal analysis in components realized reveals strong genetic affinities between the population of Msirda and the populations North African in general and some populations of Northern bank. ¶The dendrogramm carried out confirms the results obtained by the analysis in principal components.¶

Introduction

L'anthropologie biologique et spécialement son versant immunogénétique et génétique s'intéresse à l’exploration du polymorphisme génétique humain modelée par les données fournies par la génétique des populations (Modèle de Hardy Weinberg).

Cette exploration permet de saisir la diversité génétique entre et à l’intérieur des différents groupes humains.

Ainsi, depuis de nombreuses années, les généticiens étudient les variations génétiques entre les individus et les populations dans le but de comprendre leurs différences et leur signification en terme d'interaction entre les peuples.

Au cours des 60 dernières années nombreuses études ¶ont été menées sur les marqueurs génétiques, leurs fréquences, leur distribution en Tunisie, en Algérie, et au Maroc. Toutes les études focalisaient de petits isolats géographiques ou des tribus.

Les dermatoglyphes ou crêtes papillaires sont des saillies longitudinales situées sur la face interne de la main au niveau de la pulpe de la dernière phalange (crêtes digitales), sur la paume à la base des doigts (crêtes palmaires), et sur la face plantaire du pied. Ils représentent une caractéristique particulièrement précieuse pour les anthropologues: ils ne subissent pas de modifications au cours de la vie et sont constants de la naissance à la mort (Chamla, 1971) (Figure 1).

Figure 1.Trois motifs caractéristiques dans les empreintes digitales: l'Arc, la boucle et le tourbillon (Salmo, 2007).

Figure 1. Three characteristic patterns in fingerprints: the Arc, the loop and the vortex (Salmo, 2007).

Notre étude réalisée dans le cadre du projet de la caractérisation anthropogénétique des populations de l'Ouest Algérien a pour objectif d'enrichir la base de données anthropogénétiques sur ces populations. Nous présentons ici les résultats des recherches pour les dermatoglyphes effectués sur la population de Msirda. Ces résultats seront comparés à ceux d'autres populations nationales, Africaines et Nord Méditerranéennes.

Matériel et méthode

Echantillonnage

Obtention des caractéristiques de l'échantillon

L’obtention des échantillons a nécessité plusieurs étapes:

Notre objectif vise à obtenir un nombre suffisant de sujets d’origine Msirda. Il convenait par ailleurs de préciser l’absence de parenté pour un effectif suffisant que nous avions fixé à 250 individus consentis (149 hommes et 101 femmes). L'enquête mené auprès des individus, ainsi que les conditions de prélèvement d'échantillons sanguins suivent rigoureusement les règles fondamentales d'éthique.

En plus, selon les recommandations du projet de diversité du génome humain "Human Genom Diversity Program", tous les individus sont apparemment sains, n'ont pas de liens de parentés, et leurs parents ainsi que leurs quatre grands parents sont nés dans la même région (Afkir, 2004).

Elaboration du questionnaire

Le questionnaire est relatif aux critères d’inclusion et au recueil d’informations relatives à chaque individu.

Répartition des échantillons

L’échantillonnage a été réalisé sur une population d'origine "Msirda" issue de différents villages (Tableau 1 et Figure 2).

	Dermatoglyphes
	Hommes	Femmes
Bab el assa	57	50
Msirda fouaga (Arabouz)	37	17
Souk tlata	5	26
Bider Tlemcen	1 49	7 1
Total	149	101

Tableau 1. Répartition des échantillons par région et par sexe chez la population de Msirda.

Table 1. Distribution of samples by region and sex in the population of Msirda.

Figure 2. Répartition de l'origine géographique des individus prélevés (villages soulignés).

Figure 2. Distribution of the geographical origin of individuals sampled (villages underlined).

Obtention des empreintes dermiques

Pour les empreintes digitales, la technique consiste à enduire les terminaisons des phalanges de chaque individu par l'encre et à les enroulés sur les cases qui leur sont destinées sur du papier blanc mât.

Caractères analysés 

Pour chaque individu, nous avons déterminé les figures digitales situées à l'extrémité apicale des doigts de chaque main, celles – ci ont été classées en: Arcs plats (Ap), Arcs en tente (At), boucles ulnaires (Bu), boucles radiales (Br), tourbillons (T) et doubles boucles (DB). Les résultats obtenus ont été classés par doigt et par main aussi bien chez les femmes que chez les hommes.

Analyses statistiques

Les différences bimanuelles et sexuelles ont été évaluées en utilisant le test de x² calculé par le programme BIOSYS-1. Ce dernier est utilisé aussi pour réaliser les comparaisons interpopulationnelles.

L'analyse en composantes principales ACP est utilisé pour traiter les fréquences des différentes figures digitales selon le logiciel Minitab v12 dans le but de situer notre population par rapport aux populations de la base des données (Afrique du Nord, Moyen Orient et le Nord de la méditerranée).

Le dendrogramme est schématisé à partir des distances euclidiennes calculées par le même programme.

Résultats

Fréquences

L'analyse des différents types de figures digitale chez la population de Msirda montre que les figures les plus fréquentes pour les deux mains dans la totalité de la population sont les boucles ulnaires (57.36%), suivies des tourbillons (28.30%), des doubles boucles (6.03%), des arcs en tente (3.44%), des boucles radiales (2.88%) et enfin des arcs plats (2.03%).

La distribution des fréquences par doigt chez les deux sexes indique une prédominance des arcs au doigt II, des boucles ulnaires au doigt V, des boucles radiales au doigt IV, des tourbillons au doigt I.

Chez les hommes, les arcs, les tourbillons, les boucles radiales sont fréquentes sur la main droite, alors que les boucles ulnaires sont fréquentes sur la main gauche.

Chez les femmes, les boucles ulnaires et les arcs sont fréquents sur la main gauche, les boucles radiales et les tourbillons sont fréquents sur la main droite.

Le tableau 2 représente les détails de la distribution des fréquences des figures entre les dix doigts chez les deux sexes.

Différences bimanuelles et sexuelles

Concernant les différences bimanuelles, la différence est accentuée pour les tourbillons aux doigts II, III et V et pour les boucles radiales au doigt IV chez les hommes, et pour les tourbillons au doigt IV chez les femmes.

Pour le dimorphisme sexuel, on a obtenu des différences entre les doigts DII,DIII, DIV et GII, GIII, GIV pour les deux mains.

Comparaisons interpopulationnelles

Les comparaisons ont été effectuées par sexe avec des populations d'Afrique du Nord, du moyen orient et du Nord de la méditerranée (Tableau 3).

Chez le sexe masculin de Msirda les fréquences des arcs, des boucles radiales et des boucles ulnaires s'insèrent dans les intervalles de variation des Nord Africains et des Nord méditerranéens, cependant elles sont supérieures aux valeurs maximales des proches orientaux pour les trois types de figures.

La fréquence des tourbillons s'insère dans les deux intervalles de variation des Nord africains et des européens cependant elle est inférieure à la valeur minimale enregistrée au moyen Orient.

Chez la fraction féminine, les fréquences des quatre types de figures s'insèrent dans les intervalles de variation des Nord africaines et des européennes. Par contre elles sont supérieures à la valeur enregistrée au moyen orient pour les boucles ulnaires, et inférieures à celle trouvée pour les arcs, les boucles radiales et les tourbillons.

	Doigts
	I		II		III		IV		V		I – V
Figures	D	G	D	G	D	G	D	G	D	G	D	G
Hommes
Arcs plats	3.35	4.02	4.69	1.34	0.67	0.67	0.67	0.00	0.67	0.00	2.01	1.20
Arcs en tente	0.67	1.34	6.71	6.04	3.35	7.38	3.35	0.00	6.04	5.36	4.02	4.02
Total Arcs	4.02	5.36	11.4	7.38	4.02	8.05	4.02	0.00	6.71	5.36	6.03	5.22
Boucles ulnaires	31.54	39.56	30.20	53.04	59.76	73.17	49.45	80.53	64.44	84.58	47.07	66.17
Boucles radiales	4.02	0.00	3.35	0.67	4.69	1.34	16.77	0.00	3.13	0.00	6.39	0.8
Doubles boucles	8.72	19.46	10.73	5.36	4.69	4.02	0.00	3.35	2.01	2.01	5.23	6.84
Tourbillons	51.7	35.62	44.32	33.55	26.84	13.42	29.76	16.12	23.71	8.05	35.26	21.35
Total tourbillons	60.42	55.08	55.05	38.91	31.53	17.44	29.76	19.47	25.72	10.06	40.49	28.19
Femmes
Arcs plats	3.96	4.95	1.98	2.97	2.97	3.96	0.00	2.97	0.99	0.00	1.98	2.97
Arcs en tente	0.99	1.98	4.95	3.96	2.97	1.98	2.97	3.96	2.97	1.98	2.97	2.77
Total Arcs	4.95	6.93	6.93	6.93	5.94	5.94	2.97	6.93	3.96	1.98	4.95	5.74
Boucles ulnaires	34.66	43.57	56.44	66.34	43.57	57.43	50.0	65.35	75.25	88.12	52.08	64.16
Boucles radiales	3.96	0.00	7.92	0.00	1.98	0.00	2.97	0.00	4.95	0.00	4.35	0.00
Doubles boucles	16.83	16.83	8.91	1.98	5.94	2.97	3.96	2.97	0.00	0.00	7.12	4.95
Tourbillons	39.60	32.67	19.80	24.75	42.57	33.66	39.60	24.75	15.84	9.90	31.48	25.14
Total tourbillons	56.43	49.5	28.71	26.73	48.51	36.63	43.56	27.72	15.84	9.90	38.6	30.09

Tableau 2. Fréquences des figures digitales par doigts et par main chez la population de Msirda.

Table 2. Digital frequency figures by hand and fingers in the population of Msirda.

	Les Msirda	Nord d'Afrique	Moyen orient	Nord de la méditerranée
Hommes
Arcs	5.6	2.3 – 8.8	2.9 – 3.8	1.8 – 7.0
Boucles radiales	3.5	1.6 – 4.3	2.6 – 3.4	3.5 – 5.9
Boucles ulnaires	56.6	51.8 – 58.0	52.3 – 54.5	52.1 – 65.2
Tourbillons	34.3	31.7 – 42.7	39.1 – 41.4	26.9 – 37.8
Femmes
Arcs	5.3	2.5 – 7.2	5.9	2.1 – 8.7
Boucles radiales	2.1	1.2 – 3.4	3.3	2.6 – 4.6
Boucles ulnaires	58.1	56.3 – 64.8	54.4	55.1 – 65.9
Tourbillons	34.3	27.7 – 36.0	36.4	21.1 – 38.0

Tableau 3. Variations des fréquences des figures digitales dans les populations méditerranéennes.

Table 3. Variations of the frequencies of digital figures in Mediterranean populations.

Analyses en composantes principales

ACP chez le sexe masculin

L'analyse en composantes principales a été réalisée pour situer notre population dans l'ensemble Nord-Africain et Méditerranéen à partir des fréquences des dermatoglyphes étudiés.

La représentation ACP (Figure 3), montre que les deux premiers axes contribuent par 85.2% dans la variation totale. La première composante principale a une variance (valeur propre) de 2.3069 et représente 57.7 % de la variance totale. La deuxième composante principale a une variance de 1.0987 et représente 27.5 % de la variabilité des données.

Le premier axe sépare les populations Nord Africaines -auxquelles s'ajoutent l'Andalousie- avec plus de Tourbillons, des autres populations du Nord de la Méditerranée avec plus d'Arcs.

Le deuxième axe oppose nettement les populations du Sud de la Méditerranée –auxquelles se joint le Chypre- avec plus de Tourbillons, et les populations du Nord de la Méditerranée avec plus de Boucles radiales et ulnaires.

La population de Msirda se trouve sur l'axe des abscisses, proche ainsi de Souss, des Nomades et des Kabyles Algériens, de la Tunisie et de l'Andalousie.

Figure 3. Plan factoriel engendré par les deux premiers axes de l'Analyse en Composantes Principales calculées à partir des fréquences des figures digitales à l'échelle de la Méditerranée chez le sexe masculin.

Figure 3. Factorial design generated by the first two axes of Principal Components Analysis calculated from frequencies of digital figures across the Mediterranean (the male sex).

ACP chez le sexe féminin

La Figure 4 représente le plan factoriel engendré par les deux premiers axes de l'analyse en composantes principale calculé à partir des fréquences des dermatoglyphes des populations différenciant la proportion féminine de la population de Msirda des autres populations féminines.

Les deux premiers axes ont une contribution de 88.6% dans la variabilité totale.

La première composante principale a une variance (valeur propre) de 2.8570 et représente 71.4 % de la variance totale. La deuxième composante principale a une variance de 0.6860 et représente 17.2 % de la variabilité des données.

Le premier axe montre une séparation entre les populations Nord Africaines avec plus de tourbillons, et la majorité des populations de la rive Nord avec plus de boucles ulnaires.

Le deuxième axe révèle une différence entre la majorité des populations de l'Afrique du Nord et les trois populations: Grèce, Chypre et Sierra De Gredos auxquelles s'ajoutent les populations du Moyen Atlas, des Marocaines en Belgique, Tunisie et la Libye.

La population de Msirda appartient au groupe englobant les berbères d'Al Hoceima, les arabes méridionaux, Ouarzazate et la Libye.

Figure 4. Plan factoriel engendré par les deux premiers axes de l'Analyse en Composantes Principales calculées à partir des fréquences des figures digitales à l'échelle de la Méditerranée chez le sexe féminin.

Figure 4. Factorial design generated by the first two axes of Principal Components Analysis calculated from frequencies of digital figures across the Mediterranean (the female sex).

Dendrogramme

Les fréquences des quatre types de dermatoglyphes de notre population ont été comparées à celles des différentes populations (d'Afrique du Nord, du Moyen Orient et du Nord de la Méditerranée) (Figure 5).

La classification hiérarchique (dendrogramme) obtenue à partir de la matrice des distances met en évidence trois groupes: un premier regroupant notre population avec les populations marocaines et les deux populations de la rive Nord: Malte et l'Andalousie.

Le deuxième regroupe les populations de la rive Nord, et le dernier regroupe le reste des populations de l'Afrique du Nord avec le Liban et le Chypre.

Notre population se rattache plus au groupe des populations du Sud de la Méditerranée qu'au groupe des populations du Nord (à l'exception du Malte qui se rejoint à ce groupe).

Figure 5. Dendrogramme (distances Euclidiennes) obtenues à partir de la matrice des fréquences des dermatoglyphes de quelques populations d'Afrique du Nord, Moyen Orient et du Nord de la Méditerranée.

Figure 5. Dendrogram (Euclidean distances) obtained from the matrix of frequencies of the dermatoglyphics of some populations of North Africa, Middle East and North of the Mediterranean.

Discussion et conclusion

La caractérisation anthropogénétique de la population de Msirda par les dermatoglyphes digitaux a permis de relever des caractéristiques majeures pouvant positionner cette population dans le contexte Nord Africain et Méditerranéen.

Les résultats révèlent la dominance des boucles ulnaires, suivies des tourbillons, des arcs et enfin des boucles radiales.

Les résultats concordent avec ceux de la plupart des populations humaines (Pons, 1952).

La comparaison de la distribution des fréquences des quatre types de figures digitales montre que notre population se rapproche aux populations Nord Africaines par la fréquence diminuée des boucles radiales, bien que la fréquence élevée des boucles ulnaires et faible des tourbillons la rapproche aussi des populations du Nord de la Méditerranée.

Dans le contexte algérien, Msirda se rapproche des Kabyles et des Nomades algériens.

Les aboutissements de l'analyse en composantes principale et de la classification hiérarchique (dendrogramme) chez les deux sexes, dévoilent de fortes affinités génétiques entre la population de Msirda et les populations Nord Africaines en général et de certaines populations de la rive Nord.

Ces exceptions marquées pourront être dues aux grands flux migratoires Nord-Sud et Est-Ouest qui ont existé tout au long de l’histoire,. Arnaiz et al., (1999 a,b) rapportent que les peuples berbères ont été forcés à émigrer vers 6.000 ans avant JC., lorsque les conditions hyper arides du Sahara se sont établies. Ils se sont dirigés vers les Iles Canaries, vers le Proche Orient, vers la péninsule ibérique et vers les îles méditerranéennes.

Les populations d’Afrique du Nord pourraient aussi avoir peuplé certaines régions de l’Europe du Sud et traversé le détroit de Gibraltar à une époque où il n’était pas encore sous les eaux (Chabaani et Cox, 1988).

Nous pouvons donc émettre l'hypothèse qu'une partie du patrimoine génétique et culturel des Msirda est due probablement aux Berbères.

Cependant, les dermatoglyphes ne reflètent qu’une faible partie de la diversité biologique des populations humaines (Sabir et al., 2004), ainsi la différenciation génétique de la population de Msirda peut aussi avoir une origine plus récente et être expliquée en partie par la conjonction de nombreux autres facteurs, telles que les contraintes géographiques et orographiques, ou encore l’hétérogénéité culturelle.

Cette analyse anthropo-génétique montre que la structure génétique globale de la population dure depuis un temps suffisamment long (les résultats ont été comparés à ceux de (Ruffié et al.,1962)) pour que les perturbations qu'elle apporte dans le hasard des redistributions héréditaires auront le temps de jouer; elle peut nous donner aujourd’hui une indication historique sur la permanence d'une structure que l'étude purement synchronique se contente de révéler.

Enfin, cette étude préliminaire a pu révéler l'originalité des Msirda: malgré leur apparente unité géographique, ils ne tendent nullement à se particulariser du point de vue biologique en un groupe unique. Notre fameuse population a pu survivre jusqu'à présent dans cette région isolée et déshéritée tout en préservant son patrimoine biologique.

Références bibliographiques

Arnaiz-Villena, A, Martinez-Laso J, Alonso-Garcia J. 1999a. Iberia: population genetics, anthropology, and linguistics. Hum Biol. Oct;71(5):725-43.

Arnaiz-Villena, A. 1999b. Berbère et génétique historique. Traduit par Rachid Raha (Président du CMA). EL PAiS, 29-12.

Chaabani H. et Cox D.W. 1988. Genetic characterization and origin of Tunisian Berbers. Hum Hered 38: 308-316.

Chamla. M. C, 1971. L'anthropologie biologique. Presses universitaires de France. Ed1, p32 – 34.

Pons, J. 1952. Impresiones dermopapilaires en estudiantes universitarios barceloneses. Trab. Instit. Bernardino de Sahagun, 13: 87-129.

Ruffié J.; Cabannes R.; Larrouy G. 1962. Étude hémotypologique des populations berbères de M'Sirda-Fouaga (Nord-Ouest Oranais). Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris,, Volume 3, Numéro 3. p. 294 – 314

Sabir B., Cherkaoui M., Baali A., Hachri H., Lemaire O., Dugoujon J.M., 2004. Les dermatoglyphes digitaux et les groupes sanguins ABO, Rhésus et Kell dans une population Berbère du Haut Atlas de Marrakech. Antropo, 7, 211-221.

Salmo.T, 2007. Le relevé des dermatoglyphes ou empreintes digitales. Sciences et culture. Bulletin bimestriel n°408. p99-104.