Esclassan,
R., Dalies, B., Sevin, A., Lucas, S., Crubezy, E., Grimoud, A.M., 2009,
Influence de l’environnement carieux sur l’origine des pertes antemortem au
sein d’un échantillon médiéval: étude préliminaire Antropo, 20, 29-39. www.didac.ehu.es/antropo
Influence
de l’environnement carieux sur l’origine des pertes antemortem au sein d’un
échantillon médiéval: étude préliminaire
Influence of the carious environment on the origin of antemortem tooth loss inside a medieval sample: a preliminary study
Rémi
Esclassan*1,2,3, Benjamin Dalies*1,2, André Sevin1,
Simon Lucas1,2,3, Eric Crubezy1, Anne-Marie Grimoud1,2,3
* co-premiers auteurs
1 Laboratoire d’Anthropobiologie
Moléculaire et Imagerie de Synthèse (AMIS), CNRS FRE 2960. Université Toulouse
III. 37, Allées Jules Guesde, 31073 Toulouse cedex 09
2
Faculté de Chirurgie Dentaire, 03 Chemin des Maraîchers, 31062 Toulouse cedex
09.
3
Service d’Odontologie de l’Hôtel-Dieu, 02 rue Viguerie, 31059 Toulouse cedex
09.
Auteur
chargé de la correspondance: Rémi Esclassan. Laboratoire d’Anthropobiologie
Moléculaire et Imagerie de Synthèse (AMIS), CNRS FRE 2960. Université Toulouse
III. 37, Allées Jules Guesde,
31073 Toulouse cedex 09. E-mail : esclassa@cict.fr
/ esclassan.r@chu-toulouse.fr
Mots-clés: Caries, Perte
dentaire, Antemortem, Médiéval
Key Words:
Caries, Tooth loss, Antermortem, Medieval
Résumé
L’objectif principal de l’article était d’estimer si l’origine
des pertes dentaires antemortem d’un échantillon d’époque médiévale
(XIIème-XIVème siècles), était reliée à la distribution carieuse et à l’environnement
carieux direct de ces absences. L’échantillon étudié était composé des
maxillaires appariés de 54 individus adultes (25 femmes et 29 hommes) pour un nombre
total de 1357 dents. Les caries ont été déterminées en fonction de leur
localisation coronaire et radiculaire et les pertes dentaires ante et
postmortem ont été notées. Les liens entre les différentes variables ont été
établis grâce à des tests de corrélation simples (Chi-2). Le pourcentage total
de caries était de 21 % et les groupes de dents les plus affectés par la carie
sont les molaires (56.1%) et les prémolaires (28.8%). Les caries les plus
fréquentes étaient les caries proximales (37,6%) et occlusales (20,5%). Le
pourcentage de pertes était de 7,3% pour les pertes antemortem et de 9,2% pour
les pertes postmortem. Les dents les plus absentes antemortem étaient les
molaires (74.0%). Pour les pertes postmortem, les dents les plus absentes
étaient les incisives (46.9%). Notre étude montre de
manière significative (P<0.02) que les dents bordant directement les
zones d’édentement antemortem des dents absentes sont atteintes par les caries:
37.5% des individus ont une dent adjacente cariée, mésiale (8.3%) ou distale
(29.2%, P<0.05)
et 27.1% ont les deux dents adjacentes cariées. Ces données suggèrent l’influence
d’un environnement carieux dans la perte antemortem des dents. L’ensemble
des pertes antemortem ne peut toutefois pas être expliquée par les seules
caries.
Abstract
The main goal of the work was to
assess whether the origin of antemortem tooth loss (AMTL) in a medieval sample
was connected with the distribution of caries and the direct carious environment
of these losses. The sample studied was made of paired maxillae from 54 adults
(25 women and 29 men), for a total number of 1357 teeth. Carious lesions were
determined by their coronal and root location and AMTL and postmortem tooth
loss (PMTL) were noted. Chi-squared tests were used for the comparison of the
different variables. The total percentage of caries was 21% and the groups of
teeth most affected were the molars (56.1%) and the premolars (28.8%). The most
frequent carious lesions were approximal (37.6%) and occlusal (20.5%). AMTL was
7.3% and postmortem tooth loss (PMTL) was 9.2%. The teeth most often lost
antemortem were the molars (74.0%). For the PMTL, the teeth most often lost
were the incisors (46.9%). Our study significantly shows (P<0.02) that teeth directly next to the AMTL area were affected by
caries: 37.5% of the individuals had one carious tooth (P<0.05) and 27.1% had both neighbored teeth carious. These data
suggest an influence of a carious environment in the AMTL. However, all AMTL
cannot be explained by caries alone.
En paléo-pathologie, l’étude des dents et plus
particulièrement des caries fournissent de nombreuses informations sur la santé
bucco-dentaire, l’environnement, les habitudes alimentaires et socio-culturelles ainsi que les rites communautaires des
populations étudiées (Alt et al 1998; Cucina et Tiesler 2003; Hillson 2003;
Katzenberg et al, 2008). La carie, pathologie dentaire la plus fréquente, est
un processus dynamique due à l’action de bactéries cariogènes qui colonisent et
déminéralisent les surfaces dentaires grâce aux acides issus de la glycolyse
des hydrates de carbone (Piette et Goldberg, 2001). Les caries représentent de
véritables « marqueurs » de la santé bucco-dentaire et leur présence
est identifiable avec un haut degré de confiance sur les dents d’individus des
populations anciennes (Wasterlain et al 2009).
Toutefois dans la littérature, le recueil et l’analyse des
caries ont longtemps manqué de cohérence et d’uniformité, rendant compliquée
une comparaison objective entre différentes populations d’une époque donnée.
Néanmoins, la méthodologie a bien évolué au cours des quarante dernières
années. Aujourd’hui le codage et l’analyse des caries au sein d’une population
archéologique sont mieux standardisés, grâce notamment aux recommandations de
Chicago (Buikstra et Ubelaker, 1994), largement inspirées des travaux de Moore
et Corbett (1971) sur le plan dentaire. Malgré cette évolution, il reste
difficile de comparer de manière objective les fréquences carieuses d’une
population à l’autre (Hillson 2001, 2003).
Selon les auteurs, la fréquence peut ainsi être calculée par
rapport au nombre total de dents recueillies ou par rapport au nombre d’individus
présents dans la population étudiée (Duyar, Erdal 2003). Les méthodes varient
également selon que les dents sont étudiées séparément ou par groupe de dents
(incisives, canines, prémolaires, molaires).
Par ailleurs, les fréquences carieuses obtenues ne sont
jamais le reflet exact de la réalité, en raison de la nécessaire prise en
compte des pertes dentaires ante
et post mortem (Erdal et Duyar 1999; Duyar et Erdal 2003; Hillson 2001). Il est par
exemple admis que les caries sont plus fréquentes dans les secteurs postérieurs
(prémolaires et molaires) mais que les pertes postmortem concernent
majoritairement les dents antérieures (Hillson 2001, Duyar et Erdal
2003 ). Entre une collection archéologique avec un bon niveau de
préservation et une collection moins bien conservée des variations importantes
peuvent apparaître (Hillson 1990).
De nombreux auteurs se sont penchés sur ces biais afin de
proposer des facteurs de correction. Hardwick (1960) a suggéré qu’un certain
pourcentage des pertes dentaires antemortem était d’origine carieuse et a donc
proposé que ce pourcentage soit rajouté à la fréquence carieuse déterminée.
Cette proposition appelée « correction d’Hardwick » n’a toutefois pas
trouvé d’écho à ce jour, au sein de la communauté anthropologique.
Une autre méthode est celle de Moore et Corbett (1971),
reprise par Kelley (1991) pour remédier aux pertes antemortem. Il s’agit de « l’Indice
Cariées et Absentes (ICA: DMI en anglais pour Decayed and Missing Index).
Cet indice a pour origine l’indice CAO (Cariées, Absentes et Obturées). Il
correspond à la somme des dents perdues antemortem et le nombre de caries,
divisé par la somme des dents examinées et le nombre de dents perdues
antemortem.
Lukacs (1992, 1995) a mis en avant que les deux principales
causes de perte dentaire chez les
populations préhistoriques sont les caries sévères et l’abrasion. Il a donc
proposé une méthode appelée « facteur de correction carieuse » (FCC).
Cette méthode multiplie le nombre de dents perdues
antemortem (Ante Mortem Tooth loss: AMTL) par le ratio d’exposition pulpaire
des dents dont l’exposition est causée par des caries, afin de déterminer le
nombre de pertes dentaires causé par les caries.
Le nombre de caries obtenu est alors additionné au nombre de
caries observées et divisé par la somme des dents examinées et le nombre total
de dents perdues antemortem.
Saunders et al (1997) ont été les premiers à prendre en
considération les pertes postmortem avec « l’indice de caries et
extractions » (Index of caries et extractio). Il s’agit de la première
approche des pertes ante et
postmortem combinées. Cette méthode de calcul assume de manière implicite que
toutes les pertes dentaires antemortem résultent des caries dentaires et que
les pertes postmortem ne sont pas liées aux caries.
Erdal et Duyar (1999) ont proposé une modification de cet
indice avec la distinction entre les dents antérieures et les dents
postérieures, et leur différence de susceptibilité à la carie, les dents
postérieures étant plus souvent cariées que les dents antérieures.
Il ressort de ces différents travaux que bien qu’intéressantes,
ces différents méthodes restent difficilement applicables. A ce jour aucune d’entre
elles n’a réussi à s’imposer comme une véritable référence. Il demeure
impossible de déterminer les proportions exactes de pertes antemortem liées à
la carie, à l’usure dentaire, aux maladies parodontales, aux traumatismes et
les dents absentes par agénésie. Littleton et Frohlich (1993) dans une étude
sur plusieurs populations anciennes du Golfe d’Arabie utilisent une approche
intéressante de l’origine des pertes antemortem et prennent en compte l’influence
des dents voisines et de l’environnement carieux ou parodontal.
Dans ce contexte de réflexion et de prise en compte des
pertes dentaires, nous nous sommes plus particulièrement intéressés à l’étiologie
supposée carieuse des pertes antemortem au sein d’une population médiévale du
sud de la France. L’objectif principal de cette étude est de déterminer si l’origine
des pertes dentaires antemortem de notre échantillon était en relation avec la distribution
carieuse et l’environnement carieux direct de ces absences.
L’intérêt de notre travail est de suggérer des critères de
probabilité quand à l’origine des pertes dentaires antemortem au sein d’un
échantillon de maxillaires appariés d’individus adultes et de sexe déterminé.
Le matériel squelettique étudié provenait de la nécropole médiévale (IXème-XVème siècles) de Vilarnau d’Amont (Pyrénées Orientales), village aujourd’hui disparu, autrefois situé à l’est de Perpignan entre Château-Roussillon et Canet-en’Roussillon. La population de Vilarnau était essentiellement rurale et a été mise au jour lors d’une campagne de fouilles menée par l’INRAP (Institut National de la Recherche en Archéologie Préventive) entre 1997 et 2002 (Passarius et al 2008). Le cimetière se trouvait proche d’une église: l’église Saint Christophe, construite entre la fin du IXème siècle et la première moitié du Xème siècle. L’échantillon étudié était composé des maxillaires appariés de 54 individus adultes de sexe déterminé (25 femmes et 29 hommes), compris entre les XIIème et XIVème siècles, pour un nombre total de 1357 dents. L’état de préservation des maxillaires de notre échantillon a été déterminé selon le niveau de conservation le plus élevé dans la classification de Vodanovic et al (2005) (Tableau 1).
Niveau 1 |
Conservation du maxillaire et de la mandibule
appariés avec plus de 50% d’os alvéolaire |
Niveau 2 |
Conservation du maxillaire et de la mandibule appariés
avec moins de 50% d’os alvéolaire |
Niveau 3 |
Conservation du maxillaire ou de la mandibule
avec plus de 50% de l’os alvéolaire |
Niveau 4 |
Conservation du maxillaire ou de la mandibule
avec moins de 50% de l’os alvéolaire |
Tableau 1. Niveaux de
conservation des maxillaires et mandibules (d’après Vodanic M., 2005)
Table 1. Maxillae and mandibles levels of conservation.
Chaque maxillaire devait comprendre au moins six dents par arcade afin de garantir un repositionnement correct des arcades en occlusion, avec des prémolaires et des molaires en nombre suffisant (Esclassan et al 2009).
La diagnose sexuelle a été effectuée grâce à la méthode de
Bruzek (2002) qui évalue la forme sexuelle de cinq caractères morphologiques
appartenant aux segments sacro-iliaques et ischio-pubiens. Leur utilisation
simultanée permet une autorisation simultanée dans environ 95% des cas. L’âge
squelettique a été déterminé par Olivier Passarius et Richard Donat (INRAP)
selon les critères d’Owins-Webb et Suchey (1985), basés sur l’analyse du degré
de fusion de l’extrémité médiale de la clavicule.
Les individus ont été classés en deux groupes: 20 à 30 ans
et supérieur à 30 ans. Après 30 ans la précision des indicateurs est très
faible, surtout chez les individus plus âgés (Whittaker 1996). Les méthodes
utilisées pour estimer l’âge sont basées sur des indicateurs de sénescence qui
varient beaucoup chez les individus et selon les populations étudiés (Schmitt
2002).
Deux observateurs (RE et BD) ont relevé la présence des
caries à l’’il nu sous un bon éclairage, à l’aide d’un petit pinceau et d’une
brosse à dents pour éliminer la terre et la poussière ainsi que d’une sonde d’examen
n°17 pour relever les caries (Hillson 2003). Les opérateurs étaient munis d’une
tenue vestimentaire adéquate (gants, masques et blouses) afin d’éviter toute
contamination des échantillons, potentiellement préjudiciable à d’autres
études. Des tests inter et intra observateurs ont été réalisés à quinze jours
et à un mois. Ces tests ont permis de relever les caries au niveau des
mêmes dents que lors du premier
examen et n’ont pas décelé de nouvelles lésions carieuses. Les caries ont été
déterminées en fonction de leur
localisation coronaire (vestibulaire, lingual ou palatin, occlusal, proximal,
collet et pénétration pulpaire) et radiculaire (vestibulaire, lingual ou
palatin, proximal et pénétration pulpaire) (Hillson 2003; Vodanovic 2005). Sont
considérées comme carieuses les cavités affectant l’émail, la dentine, le
cément ou la pulpe.
Les pertes dentaires ante et postmortem ont été notées. Lors
d’une perte antemortem, l’alvéole osseuse montre des signes de remaniement
physiologique (perte d’angle vif et signe de cicatrisation tissulaire). Dans le
cas d’une dent perdue après la mort, l’alvéole reste vide avec des berges
saillantes et des bords aigus (Hillson 2001).
Sur le plan des méthodes statistiques, les liens entre les
différentes variables ont été établis grâce à des tests d’associations simples
avec le test de Chi-2. Les résultats sont considérés comme statistiquement
significatifs si P<0.05.
Le tableau 2 recense les nombre de dents présentes et les
pourcentages de perte ante et postmortem. L’échantillon était composé de
1357 dents sur 1728 possibles (78%).
Pour l’ensemble de l’échantillon, le pourcentages des dents absentes antemortem
et postmortem étaient respectivement de 7.3% et 9.2%.
Le tableau 3 montre que pour un total de 1357 dents, 285
(21.0%) étaient cariées. Par ordre décroissant les groupes de dents les plus
cariées étaient les molaires (56.1%), les prémolaires (28.8%), les incisives
(8.1%) et les canines (7.0%).
|
Dents présentes |
Dents perdues ante mortem |
Dents perdues post mortem |
Maxillaires |
651 |
78 |
78 |
Mandibules |
706 |
49 |
82 |
Total (%) |
1357 (/1728) |
127 (7.3%) |
160 (9,2%) |
Tableau 2. Dents présentes, dents
perdues ante et postmortem.
Table 2. Teeth present, teeth lost ante and postmortem
Types de dents |
Incisives (I1+I2) |
Canines (C) |
Prémolaires (P1+P2) |
Molaires (M1+M2+M3) |
TOTAL |
Nombre de dents présentes (maxillaires et
mandibulaires) |
329 |
202 |
383 |
443 |
1357 |
Nombre de dents cariées ( % ) |
23 (8.1 %) |
20 (7.0%) |
82 (28.8%) |
160 (56.1%) |
285 (100 %) |
Tableau 3. Prévalence carieuse
globale (maxillaire et mandibulaire) de l’échantillon.
I1=incisives centrales I2=incisives latérales
C=canines P1= premières prémolaires P2=deuxièmes prémolaires M1= premières
molaires M2=deuxièmes molaires M3=troisièmes molaires.
Table 3. Global carious prevalence (maxilla and mandible) of the sample
Le tableau 4 montre la distribution des caries en fonction
des groupes de dents (I, C, P, M), de la localisation coronaire et radiculaire et
des différentes faces atteintes. Le pourcentage de caries coronaires était de
89,9% et de 19,1% pour les caries radiculaires. Au niveau coronaire, les caries
les plus fréquentes étaient les caries proximales mésiales (22,1%), puis les
caries occlusales (20,5%), les caries atteignant la pulpe (19,1%) et enfin les
caries proximales distales (15,5%). Les caries proximales (mésiales et
distales) représentent à elles seules plus du tiers des localisations carieuses
(37,6%). Au niveau des molaires, il existe une différence statistiquement
significative entre les caries coronaires mésiales et les caries distales (P<0.05). Les
caries mésiales sont trois fois plus nombreuses que les caries distales (37 vs 12). Les
molaires étaient les dents les plus atteintes par les caries (51,2%), suivies
par les prémolaires (32,3%) puis les canines et les incisives (8,3%).
Au niveau radiculaire, les faces les plus atteintes par les
caries étaient par ordre décroissant les faces proximales distales (6,9%), les
faces vestibulaires (6,3%), les faces proximales mésiales (5,6%) et les faces
linguales (0,3%).
Localisation |
Caries |
Incisives |
Canines |
Premolaires |
Molaires |
Total |
Coronaire |
Collet vestibulaire |
1 |
0 |
1 |
2 |
4 (1,3%) |
Sillon vestibulaire |
0 |
0 |
0 |
1 |
1 (0,3%) |
|
Sillons occlusaux |
0 |
0 |
2 |
4 |
6 (2,0%) |
|
Occlusale |
1 |
4 |
13 |
44 |
62 (20,5%) |
|
Mésiale |
1 |
5 |
24 |
37 |
67 (22,1%) |
|
Distale |
4 |
4 |
27 |
12 |
47 (15,5%) |
|
Pénétration pulpaire |
6 |
5 |
18 |
29 |
58 (19,1%) |
|
Radiculaire |
Vestibulaire |
11 |
3 |
2 |
3 |
19 (6,3%) |
Linguale |
0 |
0 |
0 |
1 |
1 (0,3%) |
|
Mésiale |
0 |
1 |
4 |
12 |
17 (5,6%) |
|
Distale |
1 |
3 |
7 |
10 |
21 (6,9%) |
|
|
Total |
25 (8,3%) |
25 (8,3%) |
98 (32,3%) |
155 (51,1%) |
303 (100%) |
Tableau 4. Distribution carieuse générale de l’échantillon.
Table 4. Carious distribution of the sample
Le tableau 5 représente la répartition des différentes
absences dentaires (antemortem, postmortem et indéterminées). Les groupes de dents
les plus absentes antemortem sont par ordre décroissant les molaires (74.0%),
les prémolaires (13.4%) et les incisives (12.6%). Pour les pertes postmortem,
les groupes de dents les plus absents sont les incisives (46.9 %) et les
molaires (31.9 %).
Dents |
Incisives (I1+I2) |
Canines (C) |
Prémolaires (P1 + P2) |
Molaires (M1+M2+M3) |
TOTAL |
Pertes post mortem |
75 (46.9 %) |
11 (6.9%) |
23 (6,9%) |
51 (31.9%) |
160 (100%) |
Pertes Antemortem |
16 (12.6 %) |
0 (0%) |
17 (13.4 %) |
94 (74.0 %) |
127 (100%) |
Indéterminé |
13 (15.0 %) |
3 (3.4 %) |
9 (10.3 %) |
62 (71.3%) |
87 (100%) |
Tableau 5. Répartition globale
des différentes absences dentaires (%)
Table 5. Global repartition of teeth losses (%)
Sur les 54 individus étudiés, seuls 48 ont été inclus pour l’étude
de l’environnement carieux. Six
individus ont été exclus car ils ne présentaient pas de perte antemortem
encadrées par au moins deux dents adjacentes. Le tableau 6 et les figures 1 et
2 montrent qu’au sein des quarante-huit individus retenus, les pertes
antemortem sont entourées de manière significative par une ou deux dents
cariées (P<.0.05).
Ainsi, dix-huit (37.5%) avaient une dent adjacente cariée; sur ces dix-huit individus,
quatre (8,3%) présentaient une carie sur la dent mésiale bordant l’édentement
et quatorze (29,2%) présentaient une carie sur la dent distale bordant l’édentement.
Les dents distales sont statistiquement plus cariées que les dents mésiales par
rapport à l’édentement (P<0.05).
Notons également que treize individus (27,1%) avaient les deux dents
adjacentes cariées. Dix-sept individus (35.4%) ne présentaient pas de caries.
Compte tenu de la faiblesse relative de l’échantillon, nous
avons également choisi d’appliquer la loi statistique de Hardy-Weinberg à
partir d’un taux moyen de caries de 25%. Le nombre d’individus calculés par
rapport à cette nouvelle extrapolation montre qu’il existe une différence
significative (Khi2 = 8.016, ddl=2, soit P< 0.02).
|
|
Nombre d’individus observé (/48) et
pourcentage (%) |
Nombre d’individu calculé par rapport à un taux estimé de 25%
de caries (%) |
Une dent adjacente cariée |
Une dent adjacente (mésiale ou distale) cariée |
18 (37.5 %) |
18
(37.5%) |
Dent mésiale adjacente cariée |
4 (8.3%) |
9 (18.75%) |
|
Dent distale adjacente cariée |
14 (29.2%) |
9 (18.75%) |
|
Deux dents adjacentes cariées |
13 (27.1%) |
3 (6.25%) |
|
Absence de carie sur les dents adjacentes |
17 (35.4%) |
27 (56.25%) |
Tableau 6. Environnement carieux
des pertes antemortem
Table 6. Carious environment of antemortem tooth loss
Figure 1. Environnement carieux
des pertes antemortem
Figure 1. Carious environment of antemortem tooth loss
Figure 2. Pourcentage en
fonction des dents distales et mésiales
Figure 2. Percentage of mesial and distal teeth concerned
Notre étude a porté sur un échantillon de 54 individus issus
d’une population rurale du sud-est de la France, sélectionnés pour leur bon état
de conservation. Tous appartenaient au niveau 1 de la classification de
conservation des restes osseux et dentaires, décrite par Vodanovic et al (2005)
et Caglar et al (2007).
Ce choix de pièces squelettiques en bon état de conservation
constitue un biais de sélection quant à la représentativité de l’échantillon,
mais il a également été fait par d’autres auteurs (Whittaker et al 1981; Molnar
et al 1989; Kerr 1990; Whittaker et Molleson 1996; Boldsen 2005; Esclassan et
al 2009) et se justifie par l’objectif principal de l’étude qui nécessite
des maxillaires et mandibules en bon état, avec un environnement osseux et
dentaire facilement identifiable.
La prévalence carieuse de notre échantillon est de 21.0% et
le pourcentage de perte antemortem est de 7.3%. La
comparaison avec d’autres populations médiévales européennes montre que les
pourcentages de perte antemortem sont relativement proches mais que la
prévalence carieuse de Vilarnau est supérieure à celles des autres échantillons
(Tableau 7).
Site archéologique (pays / période) |
Bijelo Brdo (Croatie
/10tè-11è S.) |
Vilarnau d’Amont (France /12è-14è S.) |
Iznik (Turquie/ 13è S.) |
Whithorn (Ecosse/
13è-15è S.) |
Turku (Finlande/15è-16è S.) |
Nombre d’individus |
81 |
54 |
56 |
35 |
410 |
Nombre de dents
examinées |
979 |
1357 |
280 |
459 |
4581 |
Pourcentage de perte
antemortem |
6.7 % |
7.7 % |
6.5% |
7.6 % |
13.6 % |
Prévalence carieuse |
9.5 % |
21.1.% |
11.1% |
7 % |
13.1 % |
Tableau 7. Comparaison de la population de Vilarnau avec d’autres populations
médiévales européennes en fonction des individus, des dents observées, des
pertes antemortem et des fréquences carieuses.
Table 7. Comparison of the Vilarnau sample with other European populations in
terms of individuals, teeth observed, AMTL and carious prevalence
Ces écarts de prévalence peuvent s’expliquer par des
différences dans le mode de recueil des caries qui n’est pas toujours identique
d’une étude à l’autre (Wasterlain et al 2009). Un autre critère important
concerne l’opérateur et sa formation dans le dépistage de caries (Ismail 1997).
La plupart des études récentes publiées n’a pris en compte que les cavités
carieuses dont les observateurs étaient absolument certains (O’Sullivan et al
1993; Whittaker et Molleson 1996; Watt et al 1997; Lingström et Borrman 1999;
Cucina et Tiesler 2003, Vodanovic et al 2005). Les fréquences carieuses sont
donc vraisemblablement sous estimées. Ismail (1997) a montré qu’une fois
correctement formés, les opérateurs détectent plus de lésions, en particulier
non cavitaires, notamment au niveau des sillons.
Les absences dentaires d’origines indéterminées sont faibles
(3,4%) exceptées pour les troisièmes molaires (64,4%). Ces absences peuvent s’expliquer
par un problème de conservation des restes (absence d’alvéole) ou bien à des
cas d’impossibilité d’identification sans l’aide de la radiographie. De nos
jours, l’absence des troisièmes molaires est fréquente (jusqu’à 72% des cas) en
raison d’un manque de place et par sa forte propension aux inclusions et aux
agénésies (Esposito et Coulthard 2008).
Une autre explication est liée à la chronologie d’éruption,
la troisième molaire ne faisant son éruption qu’entre 18 et 25 ans au sein de
la cavité buccale. Les individus concernés par ces agénésies dans notre étude
seraient plutôt des jeunes adultes (20-30 ans).
La distribution carieuse suit un gradient croissant des dents antérieures vers
les dents postérieures, ce qui est en accord avec les autres études européennes
similaires (Moore et Corbett, 1971, Kerr 1988,
Watt 1997, Vodanovic et al 2005,
Caglar et al 2007).
Les dents les plus affectées par les caries sont les
molaires (56.2%) et les moins touchées sont les canines (7.0%). Cela peut s’expliquer
par l’anatomie plus complexe des molaires en particulier au niveau de la face
occlusale triturante, propice à la rétention de débris alimentaires cariogènes
(Hillson 1990, 2003). De nos jours, la première molaire (également appelée
« dents de six ans », en raison de sa chronologie d’éruption dans la
cavité buccale) est la dent la plus fréquemment cariée chez les enfants et les
adultes et la plus absente avec l’âge (Piette et Goldberg, 2001). Cette
prédisposition à la carie de la première molaire est liée à son éruption
précoce et à son immersion dans la cavité buccale provoquant un contact
prolongé avec les bactéries cariogènes de la plaque dentaire issue de l’alimentation.
Notre étude montre de manière significative que les dents
bordant directement l’édentement antemortem des dents sont
atteintes par les caries. Ces données suggèrent donc l’influence directe d’un
environnement carieux mésial et/ou distal. Le fait que les dents distales
soient plus cariées que les dents mésiales s’expliquent également par une
hygiène plus difficile, favorisant une plus grande accumulation de la plaque
bactérienne dans les secteurs les plus
postérieurs (Hillson, 2003).
L’influence de l’environnement carieux direct des pertes
antemortem n’a été que très peu étudiée dans la littérature. Saunders
et al (1997), au même titre que Harris (1968) et Menaker (1980), estiment que
la majorité des dents perdues antemortem le sont en raison des
caries, mais ils n’ont pas étudié l’état carieux des dents voisines. Littleton
et Frohlich (1993) se sont penchés sur l’état des dents adjacentes et
soulignent que selon les échantillons et le type de nourriture, les caries, l’usure
ou les atteintes parodontales sont responsables des pertes antemortem. Au sein
de leur échantillon du site de Ras el-Khaimah, les caries sont nombreuses et
peuvent donc avoir joué un rôle important dans les pertes antemortem. Notons que plus
les sujets sont âgés, plus les pertes antemortem sont importantes, ce qui est
également le cas dans de nombreuses études (Littleton et Frohlich 1993; Hillson
2001; Esclassan et al 2009; Wasterlain et Hillson 2009). Ainsi, Wasterlain et
al (2009) ont montré que la perte des molaires augmentait avec l’âge et était
particulièrement marquée chez les individus de la classe d’âge 60-69 ans de
leur échantillon.
Ces pertes antemortem ne peuvent pas être expliquées par les
seules caries, ce qui est souligné par de nombreux auteurs (Brothwell 1963;
Littleton 1987; Lucaks 1989; Lukacs 1992; Lukacs et Pal 1992). Littleton et
Frohlich (1993) suspectent que l’usure dentaire serait la cause principale des
pertes dentaires chez la population de Umm an Nar, associée à une infection
parodontale et la présence de tartre. Nelson et al (1999) ont suggéré que dans
la population de Samad les caries concerneraient surtout les pertes antemortem
des molaires, alors que l’usure dentaire concernerait plutôt les pertes
antemortem des dents antérieures.
Ces différents auteurs ne se sont pas penchés sur l’environnement
carieux direct des pertes antemortem et n’ont donc pas cherché à établir de
corrélation entre caries présentes et dents voisines absentes. En revanche, de
telles études ont été réalisées de nos jours chez les enfants et montrent des
résultats statistiquement significatifs, notamment entre les caries présentes
sur des deuxièmes molaires transitoires et sur les premières molaires
permanentes, en particulier sur les faces mésiales (Vanderas et al 2004).
En ce qui concerne les pertes postmortem de notre échantillon, notons que les dents les plus touchées sont les incisives (46.9%), ce qui s’explique notamment par leur anatomie monoradiculée et par la faible épaisseur d’os alvéolaire, les rendant moins rétentives et moins résistantes aux effets de la taphonomie (Hillson 2001).
A notre connaissance aucune étude n’a encore porté sur l’analyse
de l’influence de l’environnement
carieux sur les pertes dentaires antemortem, au sein de populations anciennes.
Nos résultats constituent un faisceau d’arguments concordant pour suggérer que
les pertes dentaires antemortem de notre échantillon médiéval ont probablement
pour cause principale la maladie carieuse. Cette étude constituant un travail
préliminaire, il sera intéressant de confirmer ces résultats sur un échantillon
plus important et sur d’autres populations.
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