Rebato,
E., Salces, I., Rosique, J. et Susanne, C., 2002. La ressemblance
familiale du somatotype pendant la croissance. Antropo, 2, 17-24. www.didac.ehu.es/antropo
La ressemblance
familiale du somatotype pendant la croissance
Esther Rebato1,
Itziar Salces1, Javier Rosique1 et Charles Susanne2
1 Departamento
de Biología Animal y Genética (Laboratorio de Antropología
Física). Facultad de Ciencias, Universidad del País Vasco-Euskal
Herriko Unibertsitatea. Apdo. 644-48080 Bilbao (España). E-mail:
ggpreoce@lg.ehu.es
2 Laboratory
of Anthropogenetics, Faculty of Sciences, Free University Brussels. Pleinlaan
2, 1050 Brussels (Belgium)
Mots clés:
ressemblance familiale, somatotype anthropométrique, maximum de
vraisemblance, Pays Basque, croissance
Key words: Familial
Resemblance, Anthropometric Somatotype, Maximum-likelihood, Basque Country,
Growth.
Nous avons étudié la ressemblance familiale
des composants du somatotype anthropométrique de Heath-Carter dans un
échantillon de 1350 germains de 634 familles nucléaires de la
province de Biscaye (Pays Basque, Espagne). Les corrélations entre les
différents types de germains pour l’endomorphie, la
mésomorphie et l’ectomorphie ont été
calculées par la méthode de vraisemblance maximale, après
avoir standardisé les données par régression multiple
selon deux modèles, tenant compte de l’âge, du sexe, et de
chacun des composants par rapport aux deux autres (Modèle 1), de
quelques variables socio-familiales partagées par les germains
(Modèle 2). Afin d’examiner l’effet de l’âge sur
les corrélations, l’échantillon total a été
divisé en trois catégories d’âge dont les limites
correspondent aux périodes prépubertaire, pubertaire et
postpubertaire. Pour les deux modèles, toutes les corrélations
étaient significatives, avec des valeurs plus élevées pour
la mésomorphie que pour l’endomorphie. Le sexe des germains
influence significativement les corrélations de la mésomorphie
mais pas celles des deux autres composants. En général, les
germains de même sexe ont des ressemblances mésomorphiques et
ectomorphiques significatives, mais entre soeurs la corrélation est
relativement peu élevée par rapport aux frères pour
l’endomorphie. Ce dernier composant est le plus influencé par
l’âge, montrant une diminution significative des
corrélations pendant la période de croissance
considérée.
Abstract
We have studied the familial
resemblance of Heath-Carter’s anthropometric somatotype in a sample of
1350 siblings from 634 nuclear families from the Biscay province (Basque
Country, Spain). Correlations between the different types of siblings for
endomorphy, mesomorphy and ectomorphy were computed by maximum-likelihood after
standardising the data by a multiple regression according to two different
models, taking into account the age, the sex and each somatotype component with
respect to the other two (Model 1), several shared socio-familial by the
siblings (Model 2). In order to examine the effect of age on correlations, the
whole sample was divided in three categories of age whose limits correspond to
the prepuberal, puberal and postpuberal periods. For both models, all correlations
were statistically significant, being the values for mesomorphy higher than for
endomorphy. The sex of siblings influences significatively on mesomorphy
correlations but not on the other two components. In general, like-sex siblings
have significant resemblances for mesomorphy and ectomorphy, but between
sisters correlations was rather low compared with that between brothers for
endomorphy. This last component was the most influenced by the age, showing a
significant decrease of correlations during the considered growth period.
Introduction
L’étude
de la forme du corps humain a toujours suscité de
l’intérêt autant pour une finalité clinique ou
esthétique que pour ses variations liées à la croissance,
au sexe ou au vieillissement. Les scientifiques, désireux de quantifier
et de comparer les variations infinies de la morphologie d’Homo
sapiens, ont développé de nombreux systèmes
pour classer cette variation physique. Depuis les années 60, le calcul
du somatotype représente une des méthodes les plus utiles de
quantification de la forme corporelle, indépendamment de la taille.
L’emploi de mesures anthropométriques adéquates a permis de
créer une méthode pour évaluer l’image globale de la
forme du corps humain et d’étudier sa plasticité: le calcul
du somatotype anthropométrique (Heath et Carter, 1967; Carter et al., 1983). Le
somatotype consiste en la description qualitative de la forme et de la
composition corporelle, en un moment déterminé, exprimée
par trois composants: 1) l’endomorphie (la graisse relative), 2) la
mésomorphie (développement musculo-squelettique relatif) et 3)
l’ectomorphie (linéarité relative).
L’analyse du somatotype a été
incorporée aux études auxologiques et son étude durant la
période de croissance a permis de mieux comprendre les
différences sexuelles de l’acquisition de la forme corporelle.
L’analyse du format corporel a aussi une importance
épidémiologique: l’étude de l’association
entre les composants du somatotype et les modèles extrêmes de la
distribution de graisse (centripète et périphérique) rend
possible l’identification de groupes à risque de certaines
maladies cardio-vasculaires, de l’athérosclérose coronaire
et du diabète mellitus non dépendant à l’insuline,
qui sont associés à l’obésité centrale.
D’autre part, les différences géographiques des somatotypes
médians au même âge peuvent être la conséquence
tant d’adaptations nutritionnelles ou d’activités
différentes, que du potentiel génétique. Pour
déterminer l’importance de la partie héritable des
composants du somatotype, des études gémellaires (Kovàr,
1977; Chovanová et al., 1982; Maes, 1992; Song et al., 1994), de
fratries ou de parents-enfants ont été réalisées
(Bouchard et al., 1980; Pérusse et al., 1988; Song et
al., 1993; Sánchez-Andrés, 1995). Ces études sur la contribution
relative de la génétique et du milieu sur le développement
de la forme corporelle indiquent que les niveaux
d’héritabilité du somatotype sont modérés, et
que des contributions plus complexes de variables environnementales existent.
Le but de cette
recherche était d’étudier le degré de ressemblance
familiale des composants du somatotype anthropométrique de Heath-Carter
et les changements avec l’âge des corrélations entre
germains, dans un échantillon de fratries de la province de Biscaye
(Pays Basque, Espagne). De plus, nous avons considéré
l’effet sur les corrélations de quelques variables sociofamiliales
partagées par les germains et affectant potentiellement la forme
corporelle.
Matériel
et Méthodes
Nous avons
étudié un échantillon de 1350 germains (685 garçons
et 665 filles) de 634 familles nucléaires de la province de Biscaye
(Pays Basque, Espagne). L’âge de ces germains est situé de 4
à 22 ans pour les garçons et de 4 à 24 ans pour les filles
(tableau 1). L’âge décimal de chaque personne a
été calculé comme la différence entre le jour de
l’échantillonnage et le jour de la naissance. L’information
recueillie inclut des données socio-familiales telles que la profession
du père et son niveau d’éducation, ainsi que le nombre de
germains. Le niveau d’occupation a été subdivisé en
5 groupes:1) ouvriers non qualifiés, 2) agriculteurs, marins,
pêcheurs, 3) ouvriers qualifiés, 4) employés
d’administration ou d’entreprise, marchands, commerçants et
5) managers et autres professions spécialisées. Le niveau
d’éducation a été subdivisé en 4 groupes: 1)
pas d’éducation scolarisée, 2) école primaire, 3)
école secondaire et 4) études universitaires. Finalement, 8
groupes résument le nombre de germains: de 2 à 9.
Age |
Garçons |
Filles |
Total |
4 |
20 |
19 |
39 |
5 |
27 |
23 |
50 |
6 |
30 |
22 |
52 |
7 |
25 |
18 |
43 |
8 |
30 |
25 |
55 |
9 |
63 |
39 |
102 |
10 |
59 |
49 |
108 |
11 |
57 |
61 |
118 |
12 |
68 |
59 |
127 |
13 |
66 |
59 |
125 |
14 |
53 |
91 |
144 |
15 |
47 |
59 |
106 |
16 |
55 |
64 |
119 |
17 |
43 |
41 |
84 |
18 |
29 |
27 |
56 |
19 |
8 |
4 |
12 |
|
5 |
5 |
10 |
Total |
685 |
665 |
1350 |
Anthropométrie
Les équations
de régression utilisées par la méthode Heath-Carter se
basent sur des mesures anthropométriques: taille (cm), poids (kg),
quatre plis sous-cutanés (triceps, subscapulaire, suprailiaque et le
mollet, mm), deux diamètres osseux (largeurs bicondylaires
humérale et fémorale, cm) et deux circonférences (mollet et
bras en flexion maximale, en cm). Les mesures ont été prises
selon les critères IBP (Weiner et Lourie, 1981). Les équations
utilisées sont celles de Heath et Carter, 1967 et de Carter et al., 1983,
à savoir:
Endomorphie : -0,7182 + [0,1451(å) - 0,0068(å2)
+ 0,00014(å3)]
å=somme des
plis triceps, subscapulaire et suprailiaque
est multipliée par
(170,18/taille)
Mésomorphie : [(0,858H) +
(0,601F) + (0,188CBC) + (0,161CPC)] - (0,131E) + 4,5
H = largeur
bicondylaire humérale
F = largeur
bicondylaire fémorale
E = taille
CBC=circonférence
du bras (CB) corrigée pour le pli du triceps=CB-(pli du triceps/10)
CPC=circonférence
mollet (CP) corrigée pour le pli du mollet=CP-(pli du mollet/10)
Ectomorphie : [(E/(P)1/3)
0,732] - 28,58
E = taille
P = poids
Il faut tenir compte
que :
si [E/(P)1/3]
< 40,75 et > 38,25, l’ectomorphie = [E/(P)1/3]
0,463)-17,63
si [E/(P)1/3]
< 38,25, l’ectomorphie = 0,1
Pour décrire
l’échantillon, les moyennes (m) et écarts-types (sd) des
composants du somatotype (endomorphie, mésomorphie et ectomorphie) ont
été calculés. Le test de Kolmogorov-Smirnov de
normalité a été appliqué à chaque composant:
la distribution des données a pu être considérée
comme normale (p<0,05), et donc les variables ne furent pas
transformées. Avant de calculer les coefficients de corrélation,
les trois composants du somatotype ont été standardisés
par régression multiple. La 1ère analyse (Modèle 1)
consiste à standardiser pour l’âge, le sexe et chacun des
composants par rapport aux deux autres selon l’équation: âge+sexe+(âgexsexe)+âge2+âge3+composants. Sexe et
âge sont les sources principales de la variation des somatotypes pouvant
affecter les estimations de corrélation, spécialement pendant la
phase de croissance. Le somatotype est une estimation composite de la forme corporelle
(les trois composants définissent ensemble le physique de
l’individu, ils ne sont pas indépendants l’un de
l’autre): les corrélations pour un composant spécifique ont
donc été calculées après ajustement pour les 2
autres par cette méthode de régression.
La 2de analyse
ajoutait à celle de la 1er les variables socio-familiales
déjà mentionnées (Modèle 2).
l’équation précédente devient: âge+sexe+(âgexsexe)+âge2+âge3+composants+occupation
du père+niveau d’éducation+grandeur de la fratrie. Les
variables socio-familiales ont été considérées
comme une estimation des conditions socio-économiques, capables de
modifier par la voie nutritionnelle et l’activité physique la
forme corporelle de l’individu. L’inclusion de variables
socio-familiales partagées par chaque membre de la fratrie permet un
contrôle statistique de l’environnement commun, qui peut produire
une surestimation des corrélations obtenues. Le tableau 2 montre les
valeurs des paramètres des régressions multiples utilisées
pour adapter les variables selon les modèles 1 et 2. Toutes les valeurs
R2 ajustées étaient significatives (p<0,001), et
les pourcentages de variance expliquée s’avèrent être
similaires pour les deux modèles. L’échantillon total a
aussi été divisé en trois catégories
d’âge: <12 ans (période prépubertaire), 12-15 ans
(période pubertaire) et ³15 ans
(période postpubertaire), afin d’examiner l’effet de
l’âge sur les corrélations. Les limites de ces
catégories sont basées sur des études
précédentes de l’âge moyen à la
ménarche et de l’âge au PHV d’échantillons
d’enfants de la province de Biscaye (Rebato et al., 1993,
1994; Rosique et Rebato, 1995).
Paramètres |
Endomorphie1 |
Mésomorphie1 |
Ectomorphie1 |
Endomorphie2 |
Mésomorphie2 |
Ectomorphie2 |
Endomorphie |
|
-0,144 |
-0,405 |
|
-0,103 |
-0,338 |
Mésomorphie |
-0,215 |
|
-0,427 |
-0,230 |
|
-0,547 |
Ectomorphie |
-1,23 |
-0,902 |
|
-1,250 |
-0,874 |
|
Sexe
|
0,432 |
0,872 |
0,466 |
0,061 |
0,701 |
0,441 |
Age x Sexe |
-0,065 |
-0,126 |
-0,048 |
0,035 |
-0,118 |
-0,058 |
Age |
1,718 |
1,507 |
1,242 |
1,848 |
1,671 |
1,393 |
(Age)**2 |
-0,115 |
-0,094 |
-0,077 |
-0,129 |
-0,118 |
-0,092 |
(Age)**3 |
0,002 |
0,002 |
0,002 |
0,003 |
0,003 |
0,002 |
Occupation |
|
|
|
-0,003 |
-0,018 |
-0,016 |
Niveau
d’études |
|
|
|
-0,013 |
-0,123 |
-0,056 |
Nº de
germains |
|
|
|
-0,010 |
0,085 |
0,033 |
R2 |
0,950 |
0,950 |
0,950 |
0,960 |
0,970 |
0,950 |
Tableau
2. Valeurs des paramètres de régressions
multiples utilisés pour l’ajustement des composants du somatotype
avec les Modèles 1 et 2.
Table
2. Values of the multiple regression parameters used for the
fitting of somatotype components with Models 1 and 2.
Calcul des corrélations entre
germains
Les
corrélations de chaque composant du somatotype ont été
calculées par maximum de vraisemblance selon la méthode de Rao et
al. (1982), grâce au logiciel MLECOR (Rao et al., 1987),
qui permet de calculer simultanément tous les types de
corrélations possibles. L’influence du sexe sur les
corrélations a été analysée par le test de rapport
de vraisemblance (Byard et al., 1985) qui est équivalent
à un test de X2 avec 2 degrés de liberté. Les
coefficients de corrélation estimés ont été
comparés deux à deux avec un test ts d'homogénéité
basé sur le t de Student (Sokal et Rohlf, 1981).
Résultats
Par rapport aux
composants du somatotype, les filles ont un niveau plus élevé
d’endomorphie ou de graisse corporelle relative, alors que la
mésomorphie tend à être plus élevée chez les
garçons, l’ectomorphie étant similaire aux deux sexes
(somatotypes moyens: 4,1-4,1-2,6 pour les garçons et 4,9-3,4-2,5 pour
les filles). Les analyses statistiques (MANOVA) indiquent que les deux premiers
composants contribuent significativement au dimorphisme sexuel, ce qui
n’est pas le cas de l’ectomorphie.
Corrélations entre germains
Le tableau 3 donne les corrélations de
chaque composant du somatotype après ajustement pour l’âge,
le sexe et les 2 autres composants (Modèle 1) ainsi que les variables
socio-familiales (Modèle 2). En ce qui concerne le Modèle 1,
toutes les estimations de corrélation étaient statistiquement
significatives. Les coefficients de corrélation les plus
élevés ont été obtenus pour la mésomorphie
quel que soit le sexe des germains, mais en particulier pour les germains de
même sexe atteignant les valeurs théoriquement attendues (0,5 dans
le cas des frères et 0,62 pour les soeurs). Les corrélations les
moins élevées sont observées pour l’endomorphie
(0,18) entre soeurs (SS) et germains de sexe différent (FS), les
corrélations étant quelque peu plus élevées pour
les frères (0,31). Le rapport de vraisemblance (X2) de la
mésomorphie était statistiquement significatif, en contraste avec
les 2 autres composantes, accentuant l’importance du sexe dans les
ressemblances familiales de la mésomorphie.
|
FF |
FS |
SS |
GERMAINS (SIBS) |
|
|
||||
VARIABLES
|
n |
r |
n |
r |
n |
r |
n |
r |
2 |
|
Endomorphie Modèle
1 Modèle
2 |
170 131 |
0,27*** 0,31*** |
662 494 |
0,18*** 0,21*** |
158 127 |
0,18* 0,19* |
698 537 |
0,20*** 0,23*** |
1,46 1,61 |
|
Mésomorphie Modèle
1 Modèle
2 |
170 131 |
0,50*** 0,42*** |
662 494 |
0,38*** 0,19*** |
158 127 |
0,62*** 0,66*** |
796 614 |
0,45*** 0,31*** |
14,78*** 37,64*** |
|
Ectomorphie Modèle
1 Modèle
2 |
170 131 |
0,31*** 0,34*** |
662 494 |
0,23*** 0,19*** |
158 127 |
0,21** 0,36*** |
710 554 |
0,24*** 0,25*** |
0,92 4,60 |
Dans le Modèle
2, tous les coefficients de corrélation sont statistiquement
significatifs, même si les corrélations de l’endomorphie
entre soeurs (SS) sont à la limite de la signification statistique
(p<0,05). Comme dans le cas précédent (Modèle 1), les
corrélations les plus élevées correspondent à la
mésomorphie pour les germains de même sexe (0,42 FF et 0,66 SS).
Les corrélations les moins élevées sont obtenues pour les
germains de sexe différent (0,19 FS) pour la mésomorphie et
l’ectomorphie, et entre soeurs pour l’endomorphie (0,19 SS). Les
corrélations obtenues d’après les Modèles 1 et 2 ne
sont pas significativement différentes, à l’exception de
celles relatives à la mésomorphie entre germains de sexe
différent (FS) (ts=2,94, p<0,01) et entre germains (SIBS)
(ts=2,81, p<0,01). Dans les deux cas, les estimations de
corrélation obtenues en considérant les variables
environnementales partagées par les germains sont moins
élevées: 0,38 FS et 0,45 SIBS (Modèle 1) vs 0,19 FS et
0,31 SIBS (Modèle 2).
Au tableau 4 se trouvent les coefficients de
corrélation estimés sur l’ensemble des germains sans tenir
compte de leur sexe (SIBS) pour les 3 composants du somatotype et en les
ajustant suivant les Modèles 1 et 2. Bien que seul les périodes
pré et postpubertaires ont un nombre suffisant de cas pour offrir des
résultats fiables, nous pouvons affirmer que l’endomorphie est la
composante la plus influencée par l’âge et ceci dans les
deux modèles, montrant une diminution significative de la
première période à la dernière (tableau 5). La
ressemblance familiale pour l’ectomorphie paraît
décroître également avec l’âge, du moins dans
le cas du Modèle 1 (tableau 5).
Période
d’âge |
Endomorphie |
Mésomorphie |
Ectomorphie |
I
Prépubertaire1 I
Prépubertaire2 |
0,42*** (n=
265) 0,39*** (n=220) |
0,46*** (n=
262) 0,36*** (n=218) |
0,38*** (n=
262) 0,35*** (n=217) |
II
Pubertaire1 II
Pubertaire2 |
-0,18
NS (n=
22) -0,24
NS (n=17) |
0,36
NS (n=
22) 0,30
NS (n=17) |
-0,02
NS (n=
22) 0,30
NS (n=17) |
III
Postpubertaire1 III
Postpubertaire2 |
0,28
** (n=
122) 0,34** (n=77) |
0,38*** (n=
121) 0,30** (n=77) |
0,14
NS (n=
122) 0,14
NS (n=77) |
Tableau 4. Estimations
des corrélations entre germains et taille de l’échantillon
(entre parenthèses) par Maximum de Vraisemblance en fonction de la
période d’âge pour les trois composants du somatotype,
ajustés pour l’âge, le sexe et par rapport aux effets des
autres deux composants (Modèle 1) et ajustés pour
l’âge, le sexe, les variables socio-familiales, et par rapport aux
effets des autres deux composants (Modèle 2).
Table 4. Correlation
estimations between siblings and sample size (in brackets) by
maximum-likelihood regarding the age periods, for the three somatotype
components fitted for age, sex and the effects of the other two components
(Model 1) and fitted for age, sex, socio-familial variables and the effects of
the other two components (Model 2).
Composants
(Modèle
1) |
Prépubertaire1
vs Pubertaire1 |
Prépubertaire1
vs Postpubertaire1 |
Pubertaire1
vs Postpubertaire1 |
Endomorphie |
2,65** |
1,45 |
1,90 |
Mésomorphie |
0,50 |
0,93 |
0,08 |
Ectomorphie |
1,73 |
2,35* |
1,67 |
Composants
(Modèle
2) |
Prépubertaire2
vs Pubertaire2 |
Prépubertaire2
vs Postpubertaire2 |
Pubertaire2
vs Postpubertaire2 |
Endomorphie |
2,36* |
0,45 |
2,02* |
Mésomorphie |
0,25 |
0,52 |
0,00 |
Ectomorphie |
0,22 |
1,71 |
1,18 |
Discussion
Les résultats
obtenus par le Modèle 1 donnent le niveau de ressemblance le plus
élevé pour toutes les relations entre germains en ce qui concerne
la mésomorphie, les résultats sont influencés par le sexe
des germains. Les similarités plus élevées entre germains
de même sexe par rapport à ce composant peut résulter
d’influences environnementales spécifiques affectant plus les
germains de même sexe que ceux de sexe différent (Song et al., 1994).
Différentes études sur jumeaux (Kovàr, 1977) et germains
(Song et al., 1993) ont aussi montré des corrélations
plus élevées pour la mésomorphie, ainsi qu’un
certain niveau d’agrégation familiale (Song et al., 1993;
Sánchez-Andrés, 1995). En tenant compte de variables
socio-familiales communes aux membres de la fratrie (Modèle 2), un effet
notable sur les corrélations de mésomorphie est observe:
celles-ci tendent à diminuer entre germains de sexe différent
(FS) et entre germains (SIBS), probablement comme résultat de
l’influence importante de ces variables environnementales sur ce
composant. Ni la quantité relative de graisse corporelle (endomorphie)
ni l’ectomorphie ne sont affectées par les variables
socio-familiales sélectionnées. A ce niveau la littérature
est contradictoire. Dans une récente étude de la population
espagnole (Sánchez-Andrés, 1995), des variables semblables
à celles que nous avons utilisées n’ont pas d’effets
significatifs sur les composants du somatotype. Mais les variables telles
qu’activité physique et apport d’énergie ont une influence
considérable sur les corrélations familiales (Song et al., 1993), et
Bouchard et al. (1980) démontrent que les corrélations
entre germains diminuent notablement par un contrôle de sept indicateurs
socio-économiques: ceci correspond à nos résultats sur la
mésomorphie.
En
général, le degré de ressemblance familiale peut
être fonction de l’âge. Différentes études,
longitudinales aussi bien que transversales, ont montré des variations
avec l’âge des corrélations entre germains durant la
croissance pour différents caractères anthropométriques (Mueller
1977; Friedlander et al., 1989; Rebato et al., 1997, 1999).
Osborne et George (1959), dans leur étude classique de jumeaux, ont
montré que pour le somatotype les estimations
d'héritabilité étaient pour la période
pré-pubertaire et pubertaire moins élevées que celles
relatives aux adultes. Néanmoins, nos résultats indiquent la
tendance contraire. Ce fait peut être dû à l’influence
de l’environnement familial partagé par les enfants (nutrition,
activité physique, etc.), surtout pour les plus jeunes, qui fait
augmenter leur ressemblance phénotypique. Les analyses faites sur notre
échantillon révèlent que les caractéristiques des
somatotypes montrent des degrés de ressemblance entre germains
semblables à ceux observés dans d'autres populations occidentales.
Après avoir contrôlé pour l’âge, le sexe et des
variables socio-familiales, les corrélations sont situées entre:
0,19 et 0,31 pour l’endomorphie, 0,19 à 0,66 pour la
mésomorphie, 0,19 à 0,36 pour l’ectomorphie.
Conclusion
Dans le cas de la
population biscaïenne, la mésomorphie est le composant qui a le
degré le plus élevé de ressemblance, et
l’endomorphie l’héritabilité la moins
élevée. En général, des germains de même sexe
montrent des ressemblances plus élevées de mésomorphie et
d’ectomorphie, ainsi que pour l’endomorphie mais uniquement chez
les garçons. Le sexe des germains a une grande influence sur les
corrélations relatives à la mésomorphie, mais pas sur
l’ectomorphie ou l’endomorphie. Ces deux dernières
composantes ont été influencées par l’âge,
montrant une diminution de la ressemblance au fur et à mesure que les
enfants croissaient. De plus, le contrôle des variables socio-familiales
de la profession du père, de son niveau d'éducation et de la
grandeur de la famille tendent à faire diminuer les coefficients de
corrélation pour la mésomorphie, mais pas pour les autres
composants.
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