El Hioui, M., Ahami, A.O.T., Aboussaleh, Y.,  Lemrini, J.D., Loutfi, H., 2006, Anémie en milieu hospitalier Marocain: Typologie et  influences des facteurs sociodémographiques sur son incidence. Antropo, 12, 83-91. www.didac.ehu.es/antropo


 

Anémie en milieu hospitalier Marocain: Typologie et  influences des facteurs sociodémographiques sur son incidence

 

Anemia in a Moroccan  hospital setting: Typology and influence of scoio-demographic factors on its incidence

 

M. El Hioui1, A. O. T. Ahami1, Y. Aboussaleh1, J. D. Lemrini2, H. Loutfi3

 

1Laboratoire de Neurosciences et Nutrition. UFR de Biologie Humaine et Santé des Populations, Faculté des Sciences Kenitra- Université Ibn Tofail. Maroc.

2Service  de Médecine interne.Hôpital Idrissi Kenitra. Maroc.

3Laboratoire D’analyses médicales (DHL- LAB) Kenitra. Maroc

 

Correspondance: Ahmed Omar Touhami Ahami. Laboratoire de Neurosciences et Nutrition. UFR de Biologie Humaine et Santé des Populations, Faculté des Sciences Kenitra- Université Ibn Tofail. Maroc E-mail: ahami_40@yahoo.fr

 

Mots clés: Anémie, hémoglobine, Typologie. Socio- démographie.

 

Key word: Anaemia, Haemoglobin, Typology. Socio-demography.

 

Résumé

Au Maroc l’anémie est un problème de  santé publique. Elle touche plus d’un tiers à l’échelle nationale chez les femmes et les enfants.

Objectif: Etudier la typologie de l’anémie et influences des facteurs socio- démographiques sur son incidence  en milieu hospitalier Marocain

Méthode: Cette  étude  a portée sur 82 malades (42 femmes et 40 hommes) qui ont été observés au service de médecine interne, hôpital El Idrissi de Kenitra. L’unique critère d’inclusion est la présence d’anémie (hémoglobine<10 g/dl).

Résultats: Le niveau d’instruction des patients varie de façon remarquable selon l’âge, le sexe et le milieu de résidence. La pauvreté et l’inaccessibilité aux services de santé sont parmi les facteurs sociodémographiques qui ont le plus d’impact sur l’apparition et le développement de l’anémie chez la majorité des cas.

Sur le plan biologique, l’anémie microcytaire est la forme la plus  fréquente (39%). Les anémies macrocytaires arrivent en seconde position (37,8%). Tandis que l’anémie hypochrome (63,4%) est plus rencontrée par rapport à l’anémie normochrome (36,6%). Les résultats ont montré aussi que l’anémie sévère (Hb< 6,5 g/dl) est plus élevée que les autres anémies chez les hommes et les femmes, comme chez les jeunes et les âgées.

Conclusion: L’anémie est une affection fréquente en pratique hospitalière courante. Sa  sévérité est associée  à la diminution de la capacité immunitaire des malades et aux  multiples pathologiques inhérentes.

 

Summary

Anaemia is a public health problem. Nationally, more than one third of the women and children are affected.

Aim: Assess anaemia typology  in an hospital setting and  study the impact of socio-demographic factors on the occurrence of anaemia and make a typology  using hemogram.

 Method: Eighty two sick (42 women and 40 men) were observed in an internal medical unit in the Idrissi hospital- Kenitra. The only inclusion criteria was anemia status (less than 10g/L Haemoglobin).

Results: Level of instruction of patients varies remarkably with age, sex and area of residency. Poverty and inaccessibility to health facilities have an impact on apparition of anaemia.

At the biological aspect, the microcytic anaemia is the frequent form with 39%, while the macrocytic   represents 37.8% and normocytic one affects 23.2% of the subjects.

According to TCMH levels, hypo chromic anaemia is found in 63.4% and normochromic in 36.6%. Severe anemia ( HB<6.5 g/dL) is the major prevalent form in old as well as young women.

Conclusion: Anaemia is a frequent affection in this hospital setting. Its severity is associated to weakness of immunity defence and many inherent diseases.

 

Introduction

L’anémie est le problème de santé publique  le plus fréquent dans le monde. Elle s’exprime quand le taux d’hémoglobine circulante dans le sang est bas. Les limites fixées par l’OMS sont respectivement 13 g/dl pour les hommes et 12 g/dl pour les femmes. A noter que le seuil préconisé pour les femmes enceintes est de 11 g/dl.

Les carences en fer, folate et vitamines B12 représentent les causes principales de l’apparition de l’anémie. Ces carences sont définies en fonction de l’âge, du sexe et de différentes conditions physiologiques particulières comme la grossesse (Galacteros et Goldcher, 1989).

On peut classer les anémies de plusieurs façons. Une classification d’un point de vue physiologique d’une part, à savoir les anémies dues à une baisse de production des globules rouges: l’anémie ferriprive, les anémies mégaloblastiques (carence en vitamine B12 ou carence en folate) et d’autre part les anémies dues à une destruction des globules rouges: l’anémie hémolytique. 

Les  conséquences  de l’anémie sont multiples et variées. Parmi lesquelles  le retard  de la croissance et la perturbation du développement mental et cognitif, chez les enfants (Harrison, 1988; Colomar et al, 1990).

Chez les adultes, la fatigue et la  diminution de la productivité sont généralement rapportées  (Bailey, 1994).

 

Objectifs de l’étude

 La présente étude vise à établir un profil type d’anémie dans un milieu hospitalier marocain, notamment le service de médecine interne de l’hôpital El Idrissi de Kénitra et examiner son association avec les facteurs sociodémographiques.

 

Population de l’étude

Cette étude porte sur des patients hospitalisés au sein de service de médecine interne de l’Hôpital EL IDRISSI de Kenitra durant la période allant du 1èr Juillet 2004 au 31 Mai 2005. L’unique critère d’inclusion est la présence d’anémie (hémoglobine < 10 g/dl).

82 malades atteints d’anémie ont été retenus. Les critères d’exclusions sont:

- Les malades qui subissent un traitement martial ou une suplémentation en vitamine B12 ou folate.

- Une transfusion sanguine récente.

 

Méthodes 

Questionnaire

Une enquête a été menée sur les patients,  le protocole d’étude porte sur les points suivants: Identité de chaque patient (nom, âge, sexe),  origine géographique, le niveau d’instruction  et l’activité professionnelle.

 

Examen Clinique 

Chaque patient a été examiné cliniquement par le médecin à la recherche des signes évocateurs  de l’anémie: asthénie, pâleur anormale de la peau et de la muqueuse, dyspnée, palpitation, vertiges.

 

Etude biologique

Prélèvement sanguin

Le sang  est  prélevé par venipuncture le matin à jeun, dans un tube contenant de l’EDTA K2 (anticoagulant).

Numération formule sanguine

Les  hémogrammes ont été déterminés sur un automate compteur de type (Coulter): Les informations recueillies sont: le  nombre de  globules blancs, plaquettes, globules rouges, l’hématocrite (Hte), l’hémoglobine (Hb), le volume globulaire moyen (VGM), la concentration corpusculaire moyenne en hémoglobine (CCMH) et la teneur corpusculaire moyenne en hémoglobine (TCMH). Tandis que  la formule sanguine a été réalisée manuellement sur un frottis fixé et coloré au May Grunwald Giemsa et a été systématiquement observé au microscope. La numération des réticulocytes est  mise en évidence par une coloration spéciale (bleu de Crésyl) qui permet de différencier les anémies périphériques par destruction ou pertes exagérées des anémies centrales par insuffisance de production.

Ces examens ont été effectués au de laboratoire d’analyse médicales (DHL) de Kénitra et laboratoire de biologie de l’hôpital EL IDRISSI de Kenitra.

  Pour l’analyse statistique, les données ont été saisies et analysée par le logiciel STATISTICA (version 5). L’analyse est stratifiée  selon le sexe et les groupes d’âge.

 La mesure de l’association entre les facteurs de risques potentiels et l’anémie est réalisée selon un modèle de régression logistique utilisant la méthode descendante pas à pas (conditionnelle). Les résultats sont donnés sous forme des tableaux et d’histogrammes. Nous avons adopté un degré de signification de p <0,05.

 

Résultats

Profil sociodémographique des malades enquêtés

82 patients présentant une anémie ont été retenus selon les critères énoncés ci-dessus. Il s’agit 42 femmes et 40 hommes. 61% des patients proviennent du milieu rural  alors que 39% sont issus de la zone urbaine.

L’âge moyen des  patients est de 41 ans ± 18,33 et des extrêmes à 16 et 83 ans. 

La distribution des malades par tranche d’âge dégage trois classes  presque équiprobables (figure 1).

 

Figure 1. Répartition des patients par groupe d’âge.

Figure 1. Patients  repartition by age.

 

Les résultats de la répartition des malades anémiques selon la situation professionnelle illustrés par la figure 2, indiquent que 14% sont actifs en majorité ouvriers et 86% sont inactifs.

 

Figue 2. Répartition des malades selon l’activité professionnelle.

Figure 2. Socio- professional repartition of the ills.

 

La majorité des malades enquêtés n’ont pas eu d’instruction. Une proportion de 85% d’analphabètes pour le sexe masculin et de 76,2% chez le sexe féminin. (Figure 3 en nombre de sujets).

Le genre ne fait pas la différence par rapport au niveau d’instruction.

 

Figure 3. Répartition des malades par sexe et le niveau d’instruction.

Figure 3. Sex and instruction level distribution of the ills.

 

Données biologiques

Les résultats indiqués dans le tableau 1 montrent une corrélation positive entre tous les paramètres  à l’exception de la série nombre d’hématie- leucocyte. Une corrélation (r=0,29) est observée entre l’hémoglobine et leucocytes. Elle est de 0,43 entre  l’hématocrite et les leucocytes.

Il y a une corrélation significative entre les plaquettes et les leucocytes et les polynucléaires neutrophiles.

 

 

Leucocytes (G/l)

Polynucléaires neutrophiles (%)

Nombre d’hématies (T/l)

Hémoglobine (g/dl)

Hématocrite (%)

0,00

0,29

0,43

0,38

0,35

0,32

Tableau 1. Corrélations entre les paramètres érythrocytaires et leucocytaires.

Table 1. Correlations between Erythrocytes and Leukocytes  parameters.

 

 

Leucocytes (G/l)

Polynucléaires neutrophiles (%)

Plaquettes

0,43

0,37

Tableau 2. Corrélation entre les paramètres leucocytaire el les plaquettes.

Table 2. Correlation  between Leukocytes and platelets.

 

Typologie de l’anémie

Selon le TCMH                                                                                                  

La distribution des malades en fonction de la teneur corpusculaire moyenne en hémoglobine est représentée dans la figure 4. Le taux moyen de TCMH est de 25,24 pg avec un écart type de 5,35 pg. Les anémies hypochromes constituent environ deux tiers des anémies.

Figure 4. Classification des anémies selon le TCMH

Figure 4. Anaemia classification according to MCH

 

Selon le VGM

La figure 5 montre que, les anémies microcytaires viennent en tête avec 39%, puis les macrocytaires à 37,8% et enfin les  normocytaires  à  raison de  23,2%.

Figure 5. Classification des anémies selon le VGM.

Figure5. Anaemia Classification according to MCV.

 

Selon le TCMH et le VGM combinés

Les anémies microcytaires hypochromes sont les plus fréquentes (31,72%) suivies des anémies macrocytaire normochromes (19,5%) et des anémies macrocytaires hypochromes (18,3%) puis des anémies normocytaires normochromes (12,2%).

 

Anémies

Effectifs

Pourcentage (%)

Normocytaires Normochromes

10

12,2

Normocytaires Hypochromes

9

10,98

Microcytaires Normochromes

6

7,3

Microcytaires Hypochromes

26

31,72

Macrocytaires Normochromes

16

19,5

Macrocytaires Hypochromes

15

18,3

Tableau 3. Classification générale selon le volume globulaire (VGM) et la teneur corpusculaire moyenne en hémoglobine (TCMH).

Table 3.  General Classification of anaemia by MCV and MCH criteria.

 

Les résultats obtenus montrent que plus le taux de VGM augmente plus la teneur corpusculaire moyenne en hémoglobine est important. Cette association est démontrée par un coefficient de  corrélation, de r= 0,70 .

 

Figure 6. Corrélation entre le taux de VGM et TCMH.

Figure 6. Correlation between MCV and MCH.

 

Sévérité de l’anémie

La représentation graphique (figure 7) de la répartition des malades en fonction du taux  d’hémoglobine montre que:

- Presque la moitié des  malades (45%) ont un taux d’hémoglobine inférieur à 6,5 g/dl.

- 33% des cas ont un taux d’hémoglobine compris entre 8 et 10 g/dl. 

- 22% des patients ont un taux d’hémoglobine compris entre 6,5 et 8 g/dl.

Figure 7. Répartition du taux d’hémoglobine (g/dl) chez les malades.

Figure 7. Haemoglobin Concentration distribution of the ills( g/l).

 

Discussion

Les mutations socio-économiques et démographiques que subit le Maroc ont une influence sur la santé de la population.

Au Maroc, comme dans tous les pays en voie de développement, l’anémie représente  le problème de santé le plus fréquent qui affecte tous les groupes d’âges de la  population, avec une prédominance chez les femmes et les enfants. L’analyse de son évolution au Maroc entre 1994 et 2001 révèle une diminution de unités de prévalence chez les femmes et les enfants et une augmentation  de 10 unités chez les hommes.

Dans la présente, la population observée est constituée de 51% des femmes (52% des femmes anémiques d’origine rurale et 48% d’origine urbaine) et 49% des hommes (70% d’origine rurale et 30% d’origine urbaine). Cependant il faut noter que 61% des malades proviennent de milieux socio-économiques particulièrement défavorables d’origine rurale, alors que 39% des malades sont issus de la  zone urbaine où les conditions de vie sont meilleurs  que celles dans les milieux ruraux. Par ailleurs la dernière enquête nationale menée en 2001 révèle que le problème d’anémie est indépendant du milieu de résidence (Ministère de la Santé Publique, 2001).

La répartition des malades par tranche d’âge a montré que les mêmes prévalences sont observées chez les groupes d’âges de 16 à 30 ans (37%) et  de 45 ans et plus (37%); alors qu’elle n’est que 29% dans la tranche  comprise  entre 30 et 45 ans.

Cependant, la répartition des malades par sexe et par classe d’âge fait apparaître que les femmes et les hommes anémiques ont à peu prêt les mêmes fréquences. Ceci peut être dû au hasard ou bien à la taille  de l’échantillon. Or les femmes sont plus à risque d’être anémiques beaucoup plus que les hommes pour des raisons divers: la multiparité, les grossesses multiples, la menstruation, l’allaitement etc… A noter cependant que nette question n’a pas été soulevé durant l’enquête pour des raisons d’inconfort des patientes.

D’après les résultats de la répartition des malades selon la situation professionnelle, la couche de la population la plus démunie est constituée: d’ouvriers, paysans et de sans emploi, ces derniers sont les plus concernés avec 86% des malades ne pratiquent aucun emploi, 13% des malades sont des ouvriers alors que 1% sont des cadres moyens. L’inactivité professionnelle  concerne 48% des femmes et 38% des hommes anémiques. Ces résultats concordent avec celles du ministère de la santé (2001) (Ministère de la Santé Publique, 2001).

Les signes cliniques les plus rencontrés aussi bien chez les hommes que chez les femmes et indépendamment de l’âge sont: asthénie, pâleur anormale de la peau et de la muqueuse, dyspnée, palpitation, vertiges et  ictère. La comparaison de nos résultats avec celles d’autres travaux (Henri et al, 1992) nos permet de retrouver les mêmes  signes classiques de l’anémie avec une variante concernant le profil épidémiologique et socioéconomiques de nos patients. Cette anémie est souvent bien tolérée malgré son intensité élevée dans la majorité des cas.

Sur le plan biologique, cette partie a été réalisée afin de pouvoir dégager l’intérêt de l’hémogramme dans la classification et le traitement des différents types d‘anémie.

Les paramètres érythrocytaires, notamment l’hémoglobine et l’hématocrite, sont positivement corrélés avec les lignées leucocytaires, surtout les polynucléaires neutrophiles (r=0,32, p<0,05). En effet, ces cellules sont responsables de la défense immunitaire.

Les anémies sont différenciées selon la teneur corpusculaire moyenne en hémoglobine (TCMH), le volume globulaire moyen (VGM) et le taux d’hémoglobine (Hb).

Les anémies hypochromes représentent à peu prés  deux tiers  des anémies diagnostiquées (63,4%). Alors que les anémies normochromes ne représentent que 36,6%. L’anémie hypochrome se voit chez les deux sexes avec une légère augmentation chez les femmes. Par contre, l’anémie normochrome est  un peu marquée  chez les hommes et les femmes. Notons l’absence de signification entre le sexe et le  taux de TCMH. Ces résultats concordent avec d’autres travaux (Rokoto et al, 2000).

Les anémies microcytaires hypochromes sont les plus fréquentes (31,72%) suivies des anémies macrocytaires normochromes (19,5%) et des anémies macrocytaires hypochromes (18,3%) puis des anémies normocytaires normochromes (12,2%). Ce qui indique que les anémies microcytaires corrèlent avec l’hypochromie, ces résultats collent à la littérature (Bernard et al, 1990). Les anémies microcytaires sont les plus fréquentes (39%) dans notre étude, ces résultats concordent avec ceux des autres travaux (Organisation Mondiale De La Santé, 1992; Abissey et Mignonsin, 1991), suivies des anémies macrocytaires (37,8%). On peut dire que les anémies microcytaires représentent le type d’anémie le plus répandu dans la population marocaine (Ministère de la Santé Publique, 2001).Une macrocytose est retrouvée chez 58% des patients âgés de plus de 45 ans, ce chiffre est endigué avec les résultats de (Djibo et al, 2000), la différence des valeurs de VGM chez les deux sexes statistiquement n’est pas significative. En revanche,  l’anémie microcytaire a été observée d’une manière remarquable chez les patients de moins de 30 ans et ce pour les deux sexes. Par contre la tendance macrocytaire des hématies est retrouvée chez les plus âgés. Toutefois, c’est grâce aux résultats du taux de réticulocytes et du myélogramme que l’on peut s’orienter sur les différentes causes, nous conclusions rejoignent celles de la littérature (Bernard et al, 1990; Abissey et Mignonsin, 1991; Zittoun et Zittoun, 1992) qui insistent sur le fait que l’anémie macrocytaire peut s’accompagner d’une moelle pauvre, d’une moelle morphologiquement normale, d’une dysérythropoiése ou d’un envahissement malin. En effet, une mégaloblastose a été notée chez 10 patients de notre échantillon, ce qui évoque le diagnostic de l’anémie de Biermer.

Presque la moitié des malades enquêtés ont un taux d’hémoglobine inférieur à 6,5 g/dl, ces résultats concordent avec ceux des autres travaux (Djibo, 2000). Cette portion des malades hospitalisés pour  une anémie très marquée ne peut que témoigner  soit de l’absence d’un diagnostique précoce de l’anémie ou bien de l’inaccessibilité aux service de santé, tout en sachant que ces deux facteurs sont liés à la situation socio-économiques des malades. La distribution des malades selon les classes d’âge et le taux d’hémoglobine supporte l’hypothèse d’une certaine augmentation de la prévalence de l’anémie très marquée (taux d’hémoglobine inférieure à 6,5 g/dl) chez les malades plutôt âgés (>45 ans). En effet, plus l’âge est élevé plus il y a de concurrences sur les ressources financières du patients ce qui pourrait affecter l’état sanitaire du  malade. Sur le plan étiologique les causes sont dominées par la malnutrition, les hémoglobinopathies et de nombreuses infections associées à l'hygiène. Ces étiologies  varient en  fonction de l’âge, du sexe, et du niveau socio-économique des patients.

 

Conclusion

  L’anémie est un problème réel de santé en pratique  médicale quotidienne. Elle est diagnostiquée aussi bien chez les jeunes que chez les personnes âgées. Les facteurs sociodémographiques jouent un rôle important dans l’apparition et l’évolution de l’anémie. En effet   il faut signaler que l’âge, le niveau d’instruction et la situation professionnelle des malades agissent de façon remarquable sur l’état sanitaire des anémiques. Le statut socioéconomique des patients en plus de l’incessibilité au service de soin,  joue un rôle indépendamment des milieux de résidence.

La répartition des malades par sexe et par classe d’âge fait apparaître que les femmes et les hommes anémiques ont à peu prêt les mêmes fréquences. Le niveau d’instruction et l’activité quotidienne des malades varient de façon remarquable par sexe, l’âge  et le milieu de résidence.

Les signes cliniques rencontrés sont les mêmes signes classiques de l’anémie avec une variante concernant le profil épidémiologique et socio-économique.

Sur le plan biologique, les anémies microcytaires par carence martiale sont les plus répondues, suivies des anémies macrocytaires liées a une carence vitaminique ou à un problème associé à la morbidité des sujets. Les anémies microcytaires hypochromes sont les plus fréquentes suivies des anémies macrocytaire normochromes et des anémies macrocytaires hypochromes puis des anémies normocytaires normochromes.

La répartition des malades en fonction de leur taux d’hémoglobine met en évidence une anémie très marquée dans la majorité  des cas (hémoglobine inférieure à 6,5 g/dl).

Au niveau étiologique les causes sous jacents de l’anémie sont dominées par la malnutrition, les hémoglobinopathies et de nombreuses infections associées à l'hygiène. Ces étiologies  varient en  fonction de l’âge, du sexe et du niveau socio-économique des patients.

 

Références bibliographiques

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Djibo, A., Doudou Hlidou, M., Granic, G. et Degbey, H., 2000, Anémie macrocytaires enquête diagnostique a NAIMEY ( NIGER) a propos de 85 cas. Médecine d’Afrique Noire: 47 (6).

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