Tarca
A., 2001. Contribution a l'étude de la pathologie des dermatoglyphes. Antropo,
1, 51-60. www.didac.ehu.es/antropo
Contribution a l'étude
de la pathologie des dermatoglyphes
Ana Tarca
Centre de Recherches Anthropologiques ,"Fr.Rainer" de l'Académie Roumaine, section Iassy, Str. Lascar Catargi, 14; 6600 - Iassy, Roumanie
Mots-clés:
Dermatoglyphes, Distorsions, Affections oculaires
L'auteur réalise une étude des dermatoglyphes sur 200 sujets (100
hommes et 100 femmes) provenant de Moldavie, présentant graves affections oculaires
congenitales. Le stade avancé de dégradation de la vue est suggestivement
exprimé par la multitude des anomalies (distorsions) ayant de profondes significations
cliniques. Ces distorsions sont présentes en proportions proches à celles
que l'auteur a signalé chez les sourds-muets, chez les handicapés mentaux,
en affections cardiaques et chez les parents avec des enfants qui présentent
des malformations multiples. Il y a une seule distorsion qui pourrait être specifique
pour les affections oculaires, la disposition en réseau dense et très dense
des crêtes papilaires epidermiques dans la region Thénar/I (chez 80% des
femmes affectées et chez 38% des hommes), sur les deux mains
des porteures.
The author present a study of dermatoglyphics on a group (sample) of 200 subjects
(100 men and 100 women) from Moldavia, suffering from grave congenital ocular affections.
The advanced degree of sight's degradation, is suggestively expressed at the sample's
level, by a multiple distortions with serious medical implications. These distortions
registred high frequencies which are closed to those recorded at deaf-mutes mental
handicapped, in congenital cardio-vascular disease or at parents with plurimalformed
children, all from Moldavia. Only one distortion might be specific to ocular affections,
that is a certain disposal of the dermal ridges as a dense or very dense network
at the level Thenar/I region (with 80% of affected women and 38% men) and on both
hands of patients.
Actuellement, on sait bien qu'une malformation squelettique ou organique,
un trouble physiologique ou neuropsychiatrique déterminés par l'action
des agents génétiques ou tératogènes dans les premiers 4-5 mois
de développement intra-utérin (lorsque les crêtes papillaires épidermiques
se définissent), se reflètent dans l'iconographie complexe des dermatoglyphes
sous la forme des renversements de la normalité, les soi-disantes distorsions
ou anomalies dermatoglyphiques. Les recherches réalisées en la dermatoglyphie
pathologique des dernières 20 années ont démontré que la plupart
des anomalies dermatoglyphiques sont communes pour la majorité des maladies
ou affections cliniques, les différences entre elles consistant seulement dans
le pourcentage des apparitions de ces anomalies. Cette spécificaté réduite
des distorsions dermatoglyphiques, même pour les maladies congénitales
à l'hérédité bien précisée, est mise au crédit
de l'intervention des facteurs externes au niveau de l'utérus durant le processus
d'embryogenèse, facteurs qui varient en nombre et intensité.
Parmi les nombreuses maladies génétiques recherchées dans la perspective de la pathologie des dermatoglyphes, celles qui sont les moins citées dans la littérature de specialité sont les affections oculaires congénitales, pour lesquelles on a rapporté seulement quelques études par cas clinique ou par nombre restreint de sujets affectés. Pour ces raisons, dans ce travail, nous nous sommes proposés de faire l'étude de la pathologie des dermatoglyphes dans les affections oculaires graves, le premier de ce genre dans la population roumaine.
Matériel
et méthodes
En vue d'atteindre les objectifs proposés, on a fait des investigations
dermatoglyphiques sur 200 sujets provenant de Moldavie (100 hommes et 100 femmes)
dont la moitié est aveugle par naissance, le reste présentant d'autres
affections oculaires congénitales graves: amblyopie, myopie forte, atrophie
optique pigmentaire, choroïdose
myopique, aniridie uni-et bilatérale, glaucome infantile, cataracte congénitale,
etc. Parallèlement avec la prise d'empreintes, on a également entreprit
une enquête individuelle concernant l'existence de la maladie dans l'ascendance
de la famille des personnes affectées, tout comme chez leurs descendants; il
en résulte que la plupart des affections oculaires graves sont héréditaires,
quelques-unes d'entre elles étant même des maladies familiales (albinisme,
myopie forte, cataracte).
Les 400 fiches dermatoglyphiques analysées ont été recueillies
durant les années 1997-1998 dans les Centres et des Ecoles d'aveugles de Moldavie
et dans le Laboratoire de Santé Mentale (L.S.M.) de Iassi.
On a utilisé des méthodes de travail classiques (Cummins et al., 1961), perfectionnées à l'aide des nouvelles méthodologies de traitement et d'interprétation pratiquées dans les études de dermatoglyphie pathologique (David, 1973; Holt, 1963; Schauman et al., 1976, 1991; Tarca, 2000). Pour tous les indicateurs analysés on a recherché les différences sexuelles et bilatérales, tout comme leur disposition sur l'une ou sur les deux mains des porteures, tout en ayant en vue de rapporter les résultats à la normalité et aux données offertes par la littérature ou celles que nous avons obtenues dans les cas des autres maladies génétiques graves.
Résultats
et discussions
L'analyse individuelle des fiches
dermatoglyphiques des personnes affectées a mis en évidence une ample et
intense charge pathologique souligné par la multitude d'anomalies ayant de graves
implications médicales qui ont couvert une grande partie des aires digitales
et palmaires. Pour l'ensemble de l'échantillon, le fort degré d'atteinte
de la vue est suggestivement exprimé par une incidence bien supérieure
à la normalité des plus importantes distorsions dermatoglyphiques ayant
de profondes significations pathologiques, auxquelles s'ajoutent aussi quelques renversements
de la ligne classique du dimorphisme sexuel et des différences bilatérales
(pour quelques-uns des indicateurs dermatoglyphiques). Par celles aspects notre lot
se rapproche du comportement des sujets présentant d'autres maladies tout aussi
graves que les maladies oculaires (David, 1973; Holt, 1975; Schauman et al., 1991;
Tarca, 1992, 1994).
Nous allons présenter par la suite les principales anomalies dermatoglyphiques
signalées au niveau des doigts.
-
Une augmentation sensible de la fréquence
pour les arcs (A) surtout chez les femmes
(12,30%) associée à la disposition d'un grand nombre d'entre eux et sur
les doigts V, I, et IV (tableau 1).
A = arcs; B = boucles; T = tourbillons
A = arches; L = loops;
W = whorls
Doigts |
Main |
Hommes N = 100 |
Femmes N = 100 |
Total N = 200 |
||||||
A |
B |
T |
A |
B |
T |
A |
B |
T |
||
I |
G |
3,00 |
60,00 |
37,00 |
9,00 |
55,00 |
36,00 |
6,00 |
57,50 |
36,50 |
D |
3,00 |
48,00 |
49,00 |
7,00 |
55,00 |
38,00 |
5,00 |
51,50 |
43,50 |
|
G+D |
3,00 |
54,00 |
43,00 |
8,00 |
55,00 |
37,00 |
5,50 |
54,50 |
40,00 |
|
II |
G |
20,00 |
47,00 |
33,00 |
20,00 |
41,00 |
39,00 |
20,00 |
44,00 |
36,00 |
D |
16,00 |
45,00 |
38,00 |
20,00 |
41,00 |
39,00 |
18,00 |
43,00 |
39,00 |
|
G+D |
18,00 |
46,00 |
36,00 |
20,00 |
41,00 |
39,00 |
19,00 |
43,50 |
37,50 |
|
III |
G |
11,00 |
64,00 |
25,00 |
17,00 |
54,00 |
29,00 |
14,00 |
59,00 |
27,00 |
D |
13,00 |
60,00 |
27,00 |
14,00 |
59,00 |
27,00 |
13,50 |
59,50 |
27,00 |
|
G+D |
12,00 |
62,00 |
26,00 |
15,50 |
56,50 |
28,00 |
13,75 |
59,25 |
27,00 |
|
IV |
G |
2,00 |
57,00 |
41,00 |
7,00 |
48,00 |
44,00 |
4,50 |
52,50 |
42,50 |
D |
1,00 |
44,00 |
55,00 |
7,00 |
46,00 |
47,00 |
4,00 |
45,00 |
51,00 |
|
G+D |
1,50 |
50,50 |
48,50 |
7,00 |
47,00 |
45,50 |
4,25 |
48,75 |
46,75 |
|
V |
G |
3,00 |
80,00 |
17,00 |
10,00 |
71,00 |
19,00 |
6,50 |
75,50 |
18,00 |
D |
1,00 |
83,00 |
16,00 |
12,00 |
69,00 |
19,00 |
6,50 |
76,00 |
17,50 |
|
G+D |
2,00 |
81,50 |
16,50 |
11,00 |
70,00 |
19,00 |
6,50 |
75,75 |
17,75 |
|
I-V |
G |
7,80 |
61,60 |
30,60 |
12,60 |
53,80 |
33,40 |
10,20 |
57,80 |
32,00 |
D |
6,80 |
56,00 |
37,20 |
12,00 |
54,00 |
34,00 |
9,40 |
55,00 |
35,60 |
|
G+D |
7,30 |
58,80 |
33,90 |
12,30 |
53,90 |
33,70 |
9,80 |
56,40 |
33,80 |
Tableau 1.
Répartition des principaux modèles digitaux en fonction de doigts, main
et sexe
- Un renversement significatif de la ligne classique du dimorphisme sexuel
dans la distribution des boucles (B) et des tourbillons (T) qui
suppose une fréquence plus élevée des premiers modèles (boucles),
chez les hommes et, pratique égale chez les deux sexes pour les tourbillons
(tableau 1). Cette distorsion d'ensemble a entraîné beaucoup d'autres,
tout aussi graves sous l'aspect de leurs implications cliniques qui consiste en une
croissance de la fréquence des cas où
les hommes ont 8-9 boucles sur les doigts (30% par rapport à 21% chez les femmes),
tandis que les femmes détiennent jusqu'aux
7-8 tourbillons sur les doigts (25% par rapport à seulement 15% chez
les hommes).
- Une diminution substantielle des différences bilatérales, allant
jusqu'à leur mise à égalité, concernant la fréquence des
modèles digitaux (A, B, T), plus
accentuée dans la série des femmes, qu'on retrouve aussi bien au niveau
de chaque doigt qu'au niveau de leur ensemble (tableau 1).
- La présence des boucles du type raquette à 32% des femmes et 25% des hommes, modèles qui, dans les lots normaux provenant de Moldavie (Tarca: Thèse, 1995), soit manquent, soit apparaissent exceptionnellement. La disposition sur les doigts, dans l'ordre décroissant de la fréquence, est échelonnée: V3IV>III>II>I chez les hommes et IV>V>III>II>I chez les femmes (tableau 2). Ce modele de succession a eté mis en évidence aussi chez les parents de Moldavie ayant des enfants plurimalformés (Tarca, 1997,1998).
Doigts |
Main |
Boucles
du type raquette |
||
Hommes |
Femmes |
Total |
||
I |
G |
4,00 |
2,00 |
3,00 |
D |
1,00 |
2,00 |
1,50 |
|
G+D |
2,50 |
2,00 |
2,25 |
|
II |
G |
3,00 |
3,00 |
3,00 |
D |
4,00 |
2,00 |
3,00 |
|
G+D |
3,50 |
2,50 |
3,00 |
|
III |
G |
2,00 |
4,00 |
3,00 |
D |
5,00 |
6,00 |
5,50 |
|
G+D |
3,50 |
5,00 |
4,25 |
|
IV |
G |
11,00 |
13,00 |
12,00 |
D |
3,00 |
7,00 |
5,00 |
|
G+D |
7,00 |
10,00 |
8,50 |
|
V |
G |
11,00 |
10,00 |
10,50 |
D |
4,00 |
6,00 |
5,00 |
|
G+D |
7,50 |
8,00 |
7,75 |
Tableau 2. Fréquence par doigts des boucles du type raquette
Une dernière anomalie qui, sous l'aspect des conséquences sur les
porteurs, peut être comparée à celle des asymétries viscérales
("situs viscerum inversus"), concerne
l'augmentation de la fréquence pour la radialité des structures digitales.
Cela suppose un renversement par rapport à leur orientation normale (dans le
sens des aiguilles d'une montre sur les doigts de la main gauche et inversement sur
ceux de la main droite). Le pourcentage moyen de la radialité est de 9,60% chez
les hommes et de 9,20% chez les femmes (tableau 3), valeurs qui se rapprochent sensiblement
de celles que nous avons rencontrées chez les parents d'enfants plurimalformés
provenant de Moldavie (11,70% chez les pères et 11,40% les mères).
Doigts |
Hommes
N = 100 |
Femmes
N = 100 |
||||
G |
D |
G+D |
G |
D |
G+D |
|
I II III IV V |
3,00 32,00 6,00 5,00 - |
7,00 27,00 4,00 12,00 - |
5,00 29,50 5,00 8,50 - |
8,00 19,00 10,00 6,00 1,00 |
7,00 27,00 5,00 8,00 1,00 |
7,50 23,00 7,50 7,00 1,00 |
|
9,20% |
10% |
9,60% |
8,80% |
9,60% |
9,20% |
Tableau 3. Fréquence de la radialité des structures digitales
Le stade avancé de dégradation anatomique et fonctionnelle de l'organe
de la vue des sujets est suggestivement exprimé par la multitude des anomalies
dermatoglyphiques palmaire. Ainsi, le region Hypothénar (Hp) offre une gamme
plus vaste de telles anomalies:
-Une croissance de la fréquence des configurations (modéles) dans
ce region, (tableau 4) conduit au changement de sa position dans la formule classique
de distribution des modèles en ordre décroissante de la fréquence:
IV>Hp>III>Th/I>II au lieu
de IV>III>Hp>Th/I>II comme
pour les populations normales. Nous avons signalé cette situation chez les sourds-muets
et les handicapés mentaux de Moldavie (Tarca,
1994), chez les parents des enfants présentant de multiples malformations de
la même région (Tarca, 1996, 1998), à malformations congenitales du
cord (Tarca, 2000), tout comme dans les collectivités villageoises endogames
de Moldavie, Maramures et Bucovine (Tarca: Thèse, 1995; Tarca, 1998, 1999).
Hp = zone Hypothenar; Th/I = zone Thenar/espace I; [II, III, IV] espaces interdigitales
Hp = Hypothenar area; Th/I = Thenar area/interdigital I; [II, III, IV] interdigitals area
Sexe |
N |
Main |
Hp |
Th/I |
II |
III |
IV |
Hommes |
100 |
G |
30,0 |
4,0 |
- |
15,0 |
47,0 |
D |
37,0 |
1,0 |
5,0 |
48,0 |
35,0 |
||
G+D |
33,5 |
2,5 |
2,5 |
31,50 |
41,0 |
||
Femmes |
100 |
G |
28,0 |
6,0 |
3,0 |
18,0 |
54,0 |
D |
37,0 |
3,0 |
6,0 |
46,0 |
38,0 |
||
G+D |
32,0 |
4,5 |
4,5 |
32,0 |
46,0 |
||
Total |
200 |
G |
29,0 |
5,0 |
1,5 |
16,5 |
50,5 |
D |
37,0 |
2,0 |
5,5 |
47,0 |
36,5 |
||
G+D |
33,0 |
3,5 |
3,5 |
31,75 |
43,5 |
Tableau 4. Répartition des modèles dans les cinq regions palmaires en fonction de main et sexe
-Une incidence élevée pour l'arc radial (Ar) dans
le region Hypothenar (figure 1b) de 5% chez les hommes et 4% chez les femmes,
par rapport à seulement 0,2-2% dans les populations apparemment normales (Holt,
1975; Tarca, 1996). On a également signalé des pourcentages semblables
chez les sourds-muets (6,8%) et les handicapés mentaux de Moldavie (4,0%),
chez les parents des enfants présentant des malformations multiples de la même
région (6,50%) et des unités villageoises avec un haut degré d'endogamie
de Moldavie (le Village Sabaoani = 4,75%); Maramures (le Village Sugatag = 7,45%)
et Tara Dornelor ( le Village Coverca = 8%). Dans tous ces cas Ar est
plus fréquent chez les femmes et
sur les paumes droites des sujets des deux sexes (Tarca: Thèse, 1995). Dans
notre lot, des 15 porteurs de Ar en Hypothenar à 66,66%, Ar
est présent exclusivement sur les paumes droites (tableau 5). On remarque dans
le tableau 5 le poids plus élevé pour la disposition bilatérale de
l'arc radial (Ar) chez les hommes par rapport aux femmes (25%, respectivement
14,28%). Tout comme dans d'autres affections graves, mais surtout chez les sourds-muets,
la présence Ar dans le region Hypothénar est toujours accompagnée
d'un triradius ulnaire (tu) et Ar est seul, ou par deux triradii
(t' t'' ), lorsque celui-ci est associé à un boucle radial (Ar/Br)
(figure 1b) ou carpal (Ar/Bc).
-Une fréquence extrêmement grande pour la boucle à direction
ulnaire (Bu)
(figure 1a; 1c) du region Hypothenar
(tableau 5), qui en moyenne peut atteindre 12,75% (14% chez les hommes et 11,50%
chez les femmes) par rapport à seulement 2% dans les populations de masse (Cummins,
1961; Schauman et al., 1991; Tarca, 2000). Le porcentage moyen de 12,75% est assez
proche de celui de 11% que l'on a constaté chez les parents aux enfants avec
multiples malformations. Dans le
tableau 5 il faut remarquer le haut pourcentage pour la disposition Bu
sur les deux paumes des porteures, avec
des valeurs supérieures dans la série des hommes (40% par rapport à
35,29% chez les femmes), ce qui suppose une action malformative plus intense du facteur
agissant sur la vue de ceux-ci.
-Une incidence relativement grande du modèle parathénar ou de la
boucle distale Bd (figure 1b) comme il a été nommé après
avoir été découvert par Cummins (1971) chez un patient présentant
une malformation congénitale du cord. Dans notre lot, le modèle parathénar
ou Bd enregistre un pourcentage moyen de 3% chez les hommes et de 1,5%
chez les femme, par rapport à 0,40% enregistré par David (1971), ou de
0,85% par Hook et Bonenfant (1975) dans les populations apparemment normales. Des
valeurs proches des sujets présentant de graves affections oculaires ont été
citées par Liane Borbolla (1979) (2,94%) dans quelques malformations isolées
des yeux, tandis que des pourcentage plus élevés ont été rapportés
par le même auteur pour l'idiotie mongoloîde (6,15%), l'épilepsie
(9,91%) et la schizophrénie (50%), d'où
résultent les graves et profondes implications cliniques de cette configuration
du Hypothénar (Bd). Bien qu'on remarque une disposition prépondérante
exclusive sur les paumes droites des porteures des deux sexes (tableau 5), on peut
constater que 20% des hommes porteures présentent cette anomalie sur les deux
mains, ce qui suppose une action malformative plus accentuée par rapport aux
femmes.
Ar = arc radiale; Bu = boucle ulnaire; Bd = boucle distale
Ar = radial arch;
Lu = ulnar loop; Ld = distal loop
Disposition |
Ar |
Bu |
Bd |
||||||
Hommes |
Femmes |
Total |
Hommes |
Femmes |
Total |
Hommes |
Femmes |
Total |
|
Seulement sur la main gauche |
(1) 12,50 |
(1) 14,28 |
(2) 13,33 |
(7) 35,0 |
(4) 23,53 |
(11) 29,73 |
- - |
(1) 33,33 |
(1) 12,50 |
Seulement sur la main droite |
(5) 62,50 |
(5) 71,43 |
(10) 66,66 |
(5) 25,0 |
(7) 41,17 |
(12) 32,43 |
(4) 80,0 |
(2) 66,66 |
(6) 75,00 |
Sur les deux mains |
(2) 25,00 |
(1) 14,28 |
(3) 20,00 |
(8) 40,0 |
(6) 35,29 |
(14) 32,55 |
(1) 20,0 |
- - |
(1) 12,50 |
Total porteures |
8 |
7 |
15 |
20 |
17 |
37 |
5 |
3 |
8 |
Tableau 5. Répartition des modèles très rares de la zone Hypothénar de la paume en fonction de leur disposition sur une seule main ou sur les deux mains
- Une fréquence extrême élevée, par rapport au normal
pour la présence dans la paume des sujets de 2, 3 ou 4 triradies tt', tt't'',
t't''tu, etc. (figures 1a, 1b, 1c, 1d). Pour l'ensemble de l'échantillon
étudié, ces combinaisons de triradies atteignent une fréquence moyenne
de 31% chez les hommes et de 30% chez les femmes. Dans les deux sexes ces combinaisons
de triradies détiennent un pourcentage plus grand sur les paumes droites (35%
chez les deux sexes par rapport à 27% chez les hommes et 25% chez les femmes
pour les paumes gauches). Nous avons rencontré des valeurs proches chez les
handicapés mentaux (28,76%), chez les sourds-muets (28,04%) et chez les parents
des enfants avec malformations multiples squelettiques, organiques ou neuro-psychiques
provenant de Moldavie (26,5%). Parmi les 200 sujets étudiés, 87 ont présenté
de telles combinaisons des triradies, 40,23% avec une disposition sur les deux mains
des porteures, 40,23% seulement sur la droite mains et 19,54% seulement sur la gauche
main (tableau 6).
Disposition |
Hommes |
Femmes |
Total |
Seulement
sur la main gauche |
9
: 44 = 20,45 |
8
: 43 = 18,60 |
17
: 87 = 19,54 |
Seulement
sur la main droite |
17
: 44 = 38,64 |
18
: 43 = 41,86 |
35
: 87 = 40,23 |
Sur
les deux mains |
18
: 44 = 40,91 |
17
: 43 = 39,53 |
35
: 87 = 40,23 |
Total
porteures |
44 |
43 |
87 |
Tableau 6. Disposition chez les porteures des combinaisons de 2, 3 ou 4 triradies
- Un pourcentage élevé pour les cas où la ligne T, qui part du triradius axial t, ou t' ou tD, finit son cours sur les champs 11 et 12 de la paume au lieu de 13 comme elle apparaît chez les personnes normales - situation très fréquente chez les sujets présentant des anomalies des chromosomes sexuels et somatiques, mais pas seulement (Holt, 1963). Dans notre lot, ce renversement concernant le trajet de la ligne T atteint 19% chez les femmes et 14% chez les hommes et peut être rencontré particulièrement sur les paumes gauches (25% chez les hommes et 23% chez les femmes par rapport à seulement 3%, respectivement 15% sur les paumes droites). La plupart des porteures (tableau 7) présentent cette anomalie exclusivement sur les paumes gauches (particulièrement dans la série d'hommes); mais il faut mentionner que dans le lot des femmes affectées elle est assez bien représentée sur les deux mains (31,03% par rapport à 12,0% chez les hommes).
Disposition |
Hommes |
Femmes |
Total |
Seulement
sur la main gauche |
22
: 25 = 88,0 |
14
: 29 = 48,27 |
36
: 54 = 66,66 |
Seulement
sur la main droite |
- |
6
: 29 = 20,69 |
6
: 54 = 11,11 |
Sur
les deux mains |
3
: 25 = 12,0 |
9
: 29 = 31,03 |
12
: 54 = 22,22 |
Total
porteures |
25 |
29 |
54 |
Tableau 7.
Disposition chez les porteures pour la finalisation de la ligne T dans
les champs 11 et 12 de la paume
Le region suivante de la paume, Thénar/ espace interdigital I a attiré
notre attention par une diminution sensible de la fréquence pour les configurations
(models) qui, (tableau 4), se situe sous la limite minimale de l'échelle normale
de variabilité (5-25%). De plus, on constate un changement de la ligne classique
des différences sexuelles dans le sens des valeurs plus élevées chez
les femmes au lieu des hommes (tableau 4), comme c'est le cas dans les populations
normales. Une autre anomalie grave, en Thenar/espace interdigital I consiste en une
augmentation de la fréquence des cas où
les crêtes papillaires épidermiques présentent un arrangement tout
à fait spécial (figure 1) en réseau dense (figure 1a) et très
dense (figure 1c) (80% chez les femmes et 38% chez les hommes). Cette disposition
est bilatérale chez 72,05% des femmes porteures et 62,07% des hommes porteures.
Chez les parents des enfants avec malformations multiples, le rèseau dense et
très dense du Thénar/ espace interdigital I est rencontré seulement
chez les parents dont les enfants présentant aussi une affection oculaire. Etant
donné ce motif il peut être considéré comme spécifique pour
les affections
oculaires graves. Mais en, tenant compte du fait que notre étude est le prémiér
de ce genre au niveau national et étant donnée la pénurie d'informations
sur le plan européen et mondial, il est très utile de continuer, développer
et approfondir les recherches dans cette direction.
Dans l'Espace interdigital II, la seule anomalie ayant de profondes implications médicales, qui a été rapportée aussi à d'autres maladies génétiques (Schauman et al., 1976, 1991), est la réduction supérieure à la moyenne (21 mm chez les femmes et 24 mm chez les hommes) de la distance entre les triradies a et b (emplacées sous les doigts II et III). Cette distance (figures 1a, 1b) qui delimite l'espace interdigital II, à 65% des hommes et à 33% des femmes présentant une disposition majoritaire sur chacune des deux mains pour les deux sexes (64,61 chez les hommes et 51,51 et les femmes) (tableau 8).
Disposition
de la distance a-b |
Hommes |
Femmes |
Total |
Seulement
sur la main gauche |
6
: 65 = 9,23 |
6
: 33 = 18,18 |
12
: 98 = 12,24 |
Seulement
sur la main droite |
17
: 65 = 26,15 |
10
: 33 = 30,30 |
27
: 98 = 27,55 |
Sur
les deux mains |
42
: 65 = 64,61 |
17
: 33 = 51,51 |
59
: 98 = 60,20 |
Total
porteures |
65 |
33 |
98 |
Tableau 8. La disposition chez les porteures de la distance beaucoup plus réduite entre les triradies a et b qui delimite l'espace interdigital II
Dans l'Espace interdigital III, on remarque une réduction sensible du poids des modèles (tableau 4), qui a mené au changement de la position de cette region dans le schéma classique de distribution: IV>Hp>III>Th/I>II au lieu de: IV>III>Hp>Th/I>II. A cette anomalie d'ensemble on ajoute une intense diminution des différences sexuelles dans la distribution des modèles, plus accentuée chez les femmes par rapport aux hommes (tableau 4). La baisse substantielle du poids des modèles dans l'Espace III interdigital (en particulier sur les mains gauches) est due, principalement, à une autre grave anomalie, qui consistent dans la suppression partielle Cx (figure 1c) ou compléte Co (figure 1a), du cours de la ligne C sur 116 sujets des 200 étudiés (tableau 9) (figure 1). Présents avec des fréquences élevées dans la plupart des affections squelettiques ou organiques, dans des troubles physiologiques ou neuro-psychiques (Schauman et al., 1976,1991), dans des anomalies des chromosomes sexuels ou somatiques (Holt, 1963), les deux types modaux de la ligne C (Cx = le type modal proximal et Co = le type modal absent) - tel que Chris Plato les avait nommés en 1971 - sont rencontrés chez des populations normales dans un pourcentage qui va jusqu'à 15% pour Cx et de 2-3% pour Co. Dans notre échantillon, la suppression partielle, Cx, atteint une fréquence moyenne de 27,25% (33,5% chez les hommes et 21,0% chez les femmes) et la supression compléte, Co, de 11,50% (10,50% chez les hommes et 12,5% chez les femmes).
Des 69 porteurs hommes et 49 femmes, un grande nombre présente cette anomalie seulement sur les paumes gauches ou sur les deux mains (tableau 9).
Cx
= suppression partielle du cours de la ligne C; Co = suppression compléte du
cours de la ligne C
Cx = partial suppression of the C line; Co = compléte suppression of the C line
Disposition |
Formes
de suppression |
Hommes |
Femmes |
Total |
Seulement
sur la
main gauche |
Cx |
27:69
= 39,13 |
17:49
= 34,69 |
43:116
= 37,07 |
Co |
7:67
= 10,14 |
6:49
= 12,24 |
13:116
= 11,20 |
|
Cx
+ Co |
33:69
= 49,27 |
23:49
= 46,94 |
56:116
= 48,27 |
|
Seulement
sur la
main droite |
Cx |
14:69
= 20,29 |
6:49
= 12,24 |
19:116
= 16,37 |
Co |
2:69
= 2,90 |
3:49
= 6,12 |
5:116
= 4,31 |
|
Cx
+ Co |
16:69
= 23,19 |
9:49
= 18,37 |
24:116
= 20,69 |
|
Sur
les deux mains
dans toutes
les variantes possibles |
CxG
- CxD |
13:69
= 18,84 |
8:49
= 16,33 |
20:116
= 17,24 |
CoG
- CoD |
5:69
= 7,24 |
6:49
= 12,24 |
11:116
= 9,48 |
|
CxG
- CoD |
1:69
= 1,49 |
1:49
= 2,04 |
2:116
= 1,72 |
|
CoG
- CxD |
1:69
= 1,49 |
2:49
= 4,08 |
3:116
= 2,58 |
|
Total |
19:69
= 28,36 |
17:49
= 34,69 |
36:116
= 31,03 |
|
Total
porteures |
69 |
49 |
116 |
Tableau 9.
Fréquence de la disposition
des types modaux Cx et Co chez les porteures
Sans prétendre avoir épuisé la liste des anomalies palmaires
qui, jusqu'à de nouvelles recherches, reste ouverte, la dernière que nous
avons signalée dans les affections oculaires graves est le sulcus palmaire transverse
ou la Ligne Simienne
(figure 1d) dont l'incidence chez les populations apparemment normales ne dépasse
pas 2,50%. Cette ligne est présente dans 50% des personnes avec le symptôme
Langdon Down (Holt, 1963; Schauman et al., 1991) et elle est assez fréquente
dans les affections somato-psychiques graves (David, 1973; Schauman et al., 1976).
Dans notre échantillon, cette configuration rare de crête avec de multiples
implications cliniques enregistre un pourcentage moyen de 4,5% chez les hommes et
de 4% chez les femmes. Elle se retrouve plus sur les paumes gauches chez les deux
sexes (5% chez les hommes et 6% les femmes par rapport à 4%, respectivement
2% sur les paumes droites). Des deux sexes, les femmes atteignent des pourcentages
supèrieurs par rapport aux hommes par la disposition exclusive sur les mains
gauches (71,43%, respectivement 42,86%). Pour sa présence sur les deux paumes
(tableau 10), les hommes présentent des valeurs doubles par rapport aux femmes
(28,57% respectivement 14,28%).
Disposition
du sulcus |
Hommes |
Femmes |
Total |
Seulement
sur la main gauche |
3
: 7 = 42,86 |
5
: 7 = 71,43 |
8
: 14 = 57,14 |
Seulement
sur la main droite |
2
: 7 = 28,57 |
1
: 7 = 14,28 |
3
: 14 = 21,43 |
Sur
les deux mains |
2
: 7 = 28,57 |
1
: 7 = 14,28 |
3
: 14 = 21,43 |
Total
porteures |
7 |
7 |
14 |
Tableau 10.
Fréquence chez les porteures de la disposition du Sulcus palmaire
transverse
Conclusions
L'étude des empreintes digito-palmaires
des sujets présentant de graves affections oculaires nous a permis de mettre
en évidence que les affections de la vue sont ilustrées par une multitude
d'anomalies ayant de profondes significations cliniques qui ont couvert beaucoup
de regions digitales et palmaires.
Ces anomalies sont présentes en hautes proportions à la fois chez
les hommes et chez les femmes et avec valeurs proches de celles que nous avons signalées
chez les sourds-muets, chez les handicapés mentaux et chez les parents avec
des enfants qui présentent des malformations multiples. Beaucoup des anomalies
qu'on a constatées dans notre échantillon ont enregistré des fréquences
élevées en ce qui concerne leur disposition sur les deux mains des porteures
des deux sexes. Or, la présence de ces anomalies sur une seule main a de graves
significations médicales. Par conséquent,
il est évident que leur disposition bilatérale chez la plupart des personnes
affectées témoignent une fois de plus de la gravité des affections
oculaires chez les sujets étudiés.
Avec quelques réserves, jusqu'à de nouvelles recherches, on apprécie
que parmi les multiples anomalies que nous avons mises en évidence dans les
affections oculaires graves, il y a une seule qui pourrait être spécifique
à ces maladies. Il s'agit de la disposition en réseau dense et très
dense des crêtes papillaires épidermiques dans le region Thénar/espace
interdigital I qui manque des populations normales, tandis qu'il apparaît dans
notre lot chez 80% des femmes affectées et chez 38% des hommes. Cette distorsion
est présente, dans la plupart des cas, sur les deux mains des porteures.
Si les recherches futures vont confirmer notre hypothèse concernant la
spécifité de cette anomalie dermatoglyphique, elle pourra être utilisée
dans le dépistage précoce des affections oculaires graves parmi les personnes
apparemment saines mais porteures.
Ar = l'arc radiale Bu = la boucle ulnaire Br = la boucle radiale Bd = la boucle distale (model parathenar) T = tourbillon RD = reseau dense en Th / I region RTD = reseau très dense en Th / I region Cx = suppression partielle de la ligne C C0 = suppression compléte de la ligne C a, b, c, d = triradii subdigitales I, II, III, IV = espaces interdigitales de la paume 1,2, &, 13 = les champs de la paume t = triradius axiale t'; tD et t'D = triradius distale tu = triradius ulnaire |
Ar = radial arch Lu = ulnar loop Lr = radial loop Ld = distal loop (parathenar model) W = whorl DN = dense network in the Th / I area VDN = very dense network in the Th / I area Cx = partial deletion of the C line C0 = total deletion of C line a, b, c, d = subdigital triradii I, II, III, IV = interdigitals spaces of the palm 1,2, &, 13 = the fields of the palm t = axial triradius t'; tD et t'D = distal triradii tu = axial triradius |
Figure 1.
Les principaux distorsions de la paume des personnes avec affections oculaires
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